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Le duc de fer (The Iron Duke) - The Iron Seas #1 - Meljean Brook

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COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: Il a libéré l'Angleterre du joug de la Horde. Pour tous, il est le duc de Fer, héros craint et adulé. Pourtant, quand un homme assassiné est retrouvé chez lui, Rhys Trahaearn comprend que certains ne le craignent pas. A commencer par Mina Wentworth, chargée de l'enquête. Séduisante, mystérieuse... et très douée. La posséder devient bientôt l'unique quête de Rhys, alors qu'une conspiration menace l'Angleterre.

Cela faisait un moment que j'avais le tome 1 en ma possession mais comme d'habitude, too many books, too little time. Aussi, alors que je n'avais plus rien à lire - comprendre, j'avais des tonnes de livres mais envie de n'en lire aucun - j'ai exhumé de ma bibliothèque le premier tome de la série The Iron Seas de Meljean Brook (à noter que seul le tome 1 est pour le moment sorti en VF). Bien m'en à pris cher•e ami•e lecteur/trice car j'ai découvert un univers Steampunk vraiment bien conçu qui ravira les fans du genre.

J'ai douté au départ du bien fondé de la publication du Duc de Fer dans la collection Crépuscule de J'ai lu pour elle. En effet, à part un résumé vaguement "romance" le premier quart de l'intrigue n'avait rien de vraiment romance et j'étais plongé dans de la plus pure SF. Un petit tour sur le site internet de l'auteure m'a permis de vérifier qu'en effet, elle se considère comme une auteure de Steampunk et de Paranormal Romance et que la série des Iron seas fait effectivement parti de ces séries de paranormal romances avec moult petites novellas entre deux tomes: soit un univers complet à explorer. Chic chic chic.

J'ai donc plongé la tête la première dans l'Angleterre de Mina Wentworth. Je dois bien admettre que ce qui m'a séduite d'emblée, et qui reste ce que j'ai préféré dans ce premier tome, est bien entendu l'univers: riche, complexe et pensé, c'est finalement assez rare de trouver son égal, combiné à de la romance. La plupart du temps, le steampunk sert de joli verni à une autre histoire mais n'est jamais vraiment le thème ni le sujet principal du roman. J'ai beau adorer The Parasol Protectorate, l'univers développé par Gail Carriger reste néanmoins très XIXe siècle. Pas de quoi perturber le lecteur. Un joli enrobage steampunk, notamment au niveau des vêtements et de quelques armes, relève le tout mais ce n'est peut-être pas ce que l'on retient le plus à côté des loups-garous piquants et de l'héroïne et son ombrelle. Ici au contraire, l'univers est particulièrement bien travaillé. Le Steampunk représente la base même du récit. Tout l'outillage développé par le Forgeron - des yeux mécaniques aux objets pour des jeux érotiques en passant par les bras-pillons et les jambes haches - nous plonge dans un monde hybride où l'homme est allié à la mécanique, des "steamborg" qui ressemblent à leurs cousins cyborg - l'homme allié à la cybernétique - le numérique en moins. La présence des nanoagents utilisés pour contrôler les bogués mais servant aussi à soigner et réparer l'homme et la femme blessée ont une réelle importance, jusqu'aux petits détails qui font penser à l'épisode de Doctor Who: Are you my mommy?

A côté de l'attrait steampunk qu'a exercé sur moi The Iron Duke, j'ai été très agréablement surprise par la gestion de l'Histoire et du temps. Pour moi, il ne faisait aucun doute que le Steampunk ne pouvait que se placer dans une Angleterre victorienne, en pleine Révolution industrielle. Cependant, Meljean Brook brouille les pistes. Si nous sommes bien en Angleterre, l'époque victorienne est quant à elle, bien moins sûre. En retraçant l'Histoire des deux cent dernières années, on se rend compte que l'intrigue pourrait se placer aussi bien à la Renaissance qu'à notre époque. Si les vêtements portés par les personnages sont indubitablement XIXe siècle, on nous parle de Léonard de Vinci comme s'il venait juste de mourir. Les armes et technologies que possède l'inspectrice sonnent très XXIe siècle mais les mentions faites des Français font penser soit au XVIIe siècle - il y a un Colbert dont on ne sait pas s'il est lié au personnage historique ou non - soit au XVIIIe siècle notamment pour le côté colonies et antilles. Rajoutez à ça la mention d'un Cromwell parti aux Amériques et vous vous retrouvez avec un grand pot-pourri bien symapthique. J'ai vraiment trouvé ces détails surpuissants. Ils perdent le•a lecteur/trice dans ses repères temporelles pour créer un univers véritablement unique. Pas une simple uchronie mais bien un monde parallèle avec une évolution diablement différente. Dire que j'ai apprécié être trimballer comme ça est un euphémisme.

Le monde que nous offre Meljean Brook est donc riche et complexe mais aussi très sombre tout en sachant garder une part de magie: bateaux volants contre misères humaines, l'ensemble est mesuré et crédible et cela fait froid dans le dos.

Cet univers vraiment complet à bien des égards en perdront plus d'un je l'admets volontiers. Il est difficile d'y rentrer, de comprendre l'Histoire de ce monde perdu entre plus de quatre cent ans de notre propre Histoire et qui jongle avec le temps et la Science-fiction. Cependant, je pense qu'il vaut vraiment le détour ne serait-ce que pour le travail de l'auteure. Personnellement je suis tombée dedans et j'espère ardemment que les autres tomes seront eux-aussi bien inscrits dans cet univers et qu'ils permettront d'en apprendre encore plus. (Si vous voulez connaître l'Histoire de ce monde - sans spoiler - rendez-vous sous la bannière de spoiler, qui est un faux spoiler).

L'univers des Iron seas est rendu encore plus réel et crédible par l'écriture de Meljean Brook. Pour des novices en anglais je ne le conseille pas du tout en VO, elle est compliquée dans le bon sens du terme mais compliquée tout de même. Les phrases sont longues et riches d'adjectifs et d'adverbes. Meljean Brook ne fait pas dans la simplicité et son style et le monde qu'elle crée se renvoient l'un à l'autre. C'est aussi surprenant que la complexité de l'univers des Iron seas et c'est ce qui m'a vraiment plu. On reproche souvent à la romance une superficialité et une simplicité d'écriture qui la classe dans les romans de gare, ici, ce sont deux reproches qu'il est impossible de faire à The Iron Duke.

L'univers et le style ne sont pas tout, encore faudrait-il que l'intrigue générale et les personnages soient bons pour en faire un très bon livre. Les résumés ne donnent pas tellement d'indications quant à la teneur réelle de l'intrigue générale mais il s'agit bien d'une intrigue policière. Mina Wentworth, l'héroïne, est une inspectrice de la police londonienne en plus d'être la fille d'un noble. C'est elle qui est appelé chez le Duc d'Anglesey, Rhys Trahaearn, surnommé le Duc de Fer après qu'il ait réduit la Horde en miette en Angleterre en détruisant la Tour. Un complot à grande échelle se trame et implique jusqu'au sauveur de la nation. Entre pouvoirs politiques et magouilles de truands, Mina n'est pas au bout de ses peines. 

L'intrigue générale est très fortement liée au contexte global. Si je l'ai apprécié, j'imagine que les gens qui auront du mal à entrer dans l'univers de Meljean Brook devront prendre leur temps pour le lire et bien comprendre tous les retournements de situations. En plus de nous balader temporellement, l'auteure n'hésite pas à nous balader également géographiquement afin de mieux comprendre le monde de Mina et les différentes puissances en compétition. J'ai vraiment trouvé l'ensemble finement mené, pensé presque dans son intégralité. C'était très agréable de voir tout un monde se mettre en mouvement, un peu à la façon d'un Game of Thrones où il est capital de comprendre la politique globale de l'univers dans lequel on est plongé pour bien comprendre la trame générale. Les scènes d'action ne manquent pas et entre courses poursuites, explosions et abordages par des bateaux pirates, il y en a pour tous les goûts.

Fanart
Mina Wentworth est un personnage froid mais que l'on arrive à comprendre. C'est une force dont la dotée l'auteure. On comprend assez vite que la famille de Mina est une fierté pour la jeune femme mais aussi son plus gros soucis, d'où elle tire un caractère dur et déterminé. J'ai apprécié que la directrice de la police londonienne soit une femme et que sa meilleure inspectrice soit également une femme qui plus est métisse. En effet Mina est mi-mongole, mi-anglaise et sur ses traits se lisent ceux de l'occupant. Bien que noble, c'est une situation très difficile que vit la jeune femme. Heureusement elle peut compter sur le constable Newberry, grand gaillard roux et expat qui protège son inspectrice dans toutes ses missions. Débrouillarde, intelligente, courageuse, j'ai vraiment beaucoup aimé ce personnage. 
Je pensais aimer tout autant Rhys Trahaearn, le pirate et duc, grand gaillard graou dont je raffole habituellement mais finalement, l'effet est plus mitigé. J'ai aimé en revanche que Rhys soit un vrai pirate et pas une caricature comme on le voit souvent en romance - oui j'ai un titre en tête j'essaye de vous en reparler bientôt. Ce n'est pas le meilleur des gentlemen, il est macho comme il se doit, il n'hésite pas à exécuter ses hommes s'ils lui désobéissent mais il déteste l'esclavage et la torture ce qui donne un homme à multiples facettes avec une dureté qu'on a envie d'explorer. C'est étrange que je ne l'ai pas autant aimé que je le pensais parce qu'à part un côté macho qui sait être envahissant et étouffant par moment, je n'ai pas grand chose à lui reprocher. Mouais...si...son côté over-protecteur envers Mina par moment est juste insupportable.

On en vient donc au seul point noir de cette lecture: la romance elle-même. Si j'ai adoré le contexte, l'écriture de l'auteure et ses personnages (je n'ai pas parlé du meilleur ami de Rhys ou de Yasmeen la pirate ou encore d'Armichède Fox l'aventurier mais ils sont tous vraiment chouettes et j'ai hâte de les revoir), la romance m'a laissée de glace, sans doute parce qu'elle est déséquilibrée. Comprenez-moi, l'intrigue générale occupe les trois premiers quarts du roman et de ce fait, elle a le temps de se développer et de prendre sa juste place. La romance en revanche est esquissée très longtemps avec beaucoup d'hésitations et de balancements de la part de l'héroïne - hésitations justifiées cela dit, je ne râle donc pas - et pas mal de rentre-dedans assez agressif parfois de la part du héros. Sauf qu'arrivée au dernier quart j'ai eu soudainement l'impression que Meljean Brook s'était rendue compte que la romance avait été un peu délaissée et donc le ton change radicalement et nous virons cul par dessus tête dans une espèce d'orgie de scènes hot et de sentiments enflammés. Je n'y ai tout simplement pas cru. D'une part parce que je suis désolée mais Rhys m'a laissée de marbre, je l'ai trouvé parfois assez vulgaire dans sa façon de s'adresser à Mina et ça a le don de me faire sortir immédiatement du trip et d'autre part parce que les personnages sont tous les deux trop durs, avec trop de problèmes à surmonter pour que l'on croit à un revirement pareil. J'aurai préféré qu'ils se séduisent plus franchement tout au long du roman. L'épiphanie tombe comme un cheveu sur la soupe et les réticences de Mina sont balayées trop vite et bien maladroitement. La conséquence directe de cette reprise de l'importance de la romance sur le reste, est une fin d'intrigue policière assez bâclée. Je m'attendais à de grandes révélations sur la garde noire or là nous avons eu le droit a un gentil pétard mouillé balayé par les atermoiements intérieurs des deux héros qui rentrent en Angleterre. C'est franchement dommage car je suis sûre qu'il y avait moyen de bien concilier les deux. 

Ce bémol ne m'empêchera pas de lire la suite. Je veux revoir Archimède, héros du tome 2, et en apprendre plus sur cet univers vraiment très riche. 
Une romance en demi-teinte mais une superbe œuvre steampunkà dévorer immédiatement.

Voici les avis de Nanou (Serenity) sur le forum The Inn at Lambton et de Chi-Chi sur In need of prince charming.


Allez comme je suis sympa, je vais vous retracer un peu l'Histoire de ce monde pour que vous ne soyez pas perdu à la lecture. Il n'y a pas de vrai spoilers, ça vous permettra juste de vous repérer dans les méandres d'une histoire différente de la nôtre. 

Deux cents ans avant le début de cette histoire, l'Europe fut conquise par la Horde mongole qui cherchait à étendre sa domination sur le monde. L'Angleterre pensa pendant quelques temps échapper à ses invasions du fait de son caractère insulaire mais fut bientôt conquise elle-aussi par l'introduction de nanoagents cachés dans le sucre importé. Les nanoagents, robots microscopiques, s'introduisaient dans le corps des gens infectés que l'on appelle des bogués. S'ils avaient la vertu de renforcer les capacités physiques des individus et d'améliorer les conditions de guérison, lorsqu'ils étaient activés par ondes radios, ils permettaient le contrôle et/ou l'annihilation total des émotions et sentiments humains, faisant des bogués des esclaves dociles.

L'arrivée de la Horde bouleversa profondément la société européenne. Beaucoup de nobles s'enfuirent vers les Etats-Unis avant d'être contaminés et se font appeler des Expats. L'organisation du travail qui avaient réduit les bogués en esclavage, obligea les femmes à travailler et les mariages furent drastiquement réduits au sein des populations bogués, surtout pour les classes inférieures de la société. Afin de palier au manque de main-d’œuvre, la Horde organisa des Frénésies, sorte d'orgies collectives forcées. En manipulant les nanoagents des individus, ceux-ci étaient forcés contre leur gré à se livrer à ces débauches sexuelles. Il arrivait aussi parfois que des membres de la Horde participent à ses Frénésies, violant les femmes bogués et donnant naissance à des métisses. Les enfants issus de ces Frénésies étaient placés en crèches, lieux d'éducation collective pour une main-d’œuvre docile. Mina est le fruit d'une de ces Frénésies où sa mère fut violée par un ou plusieurs membre de la Horde donnant naissance à une petite fille d'apparence mongole. Ses parents étant nobles, ils firent des pieds et des mains pour la garder auprès d'eux plutôt que de l'abandonner en crèche. Rhys Trahaearn est aussi le fruit d'une Frénésie mais n'est pas métisse. 

Neuf ans avant le début de l'Histoire, Rhys Trahaearn, alors capitaine du vaisseau pirate La terreur de Marco, détruisit la Tour de la Horde qui servait d'émetteur radio activant les nanoagents. Les anglais bogués délivrés de la Horde et de son contrôle, mais conservant toujours le côté positif des nanoagents - force et auto-guérison - virent arriver de nombreux Expat, ravis de reprendre le contrôle de leurs terres et leurs places dans la société. Très puritain - Cromwell et ses partisans on fuit l'Angleterre au profit des Amériques - bon nombre d'entre eux viennent en Angleterre se faire infecter par les nanoagents pour guérir de maladies. D'autres en revanche, se montrent particulièrement condescendant face aux bogués et refusent d'être infectés. 

Rhys Trahaearn se vit offrir le titre de Duc ainsi qu'un magnifique domaine en récompense de ses loyaux service. Adulé par la population anglaise, il vit cependant comme un reclus, s'occupant avant tout de ses terres et de ses gens, comme il considère être son premier devoir.

La chute de la Horde en Angleterre permis la libération d'une partie de l'Europe à l'exception de certains territoires toujours contrôlés par celle-ci. La Horde n'a pas disparu, elle florit à l'Orient du monde et tente, via les zombies et la Garde Noire - une société secrète d'espions à son service - de reconquérir ses territoires perdus. Les zombies furent au départ créés par la Horde en punition de certaines rébellions françaises. Agissant comme une sorte de virus de rejet, les nanoagents sont infectés et ne peuvent se soigner, laissant les gens infectés dans un état de délabrement physique et moral dangereux où les émotions comme la colère et la haine sont exacerbés. Les gens mordus par un zombie deviennent peu à peu des zombies à leur tour. Si l'Angleterre s'est progressivement débarrassée de ses zombies, on en trouve encore en Europe et un trafic existe bel et bien.

Ajoutez à ça des kraken et des mégalodons dans les eaux de l'Atlantique, des ballons volants et des pirates de l'air et vous aurez The Iron Duke

Dune de David Lynch (1984) où "Le problème de la bonne adaptation"

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Résumé: En l’an 10191 AG (Après la Guilde), une seule substance permet de voyager dans l’espace : l’Épice. Cette substance, la plus convoitée de l’univers, ne se trouve que sur la seule planète Arrakis, aussi appelée Dune, planète aride et hostile, couverte de sable. Le Duc Leto Atréides remplace ses ennemis, les Harkonnens, à la tête du fief d’Arrakis, et part s’y installer avec sa concubine Jessica et son fils Paul. Les membres de la Maison Atréides pressentent un piège, tendu par le baron Harkonnen, mais ils doivent obéir à la volonté de l’Empereur. Peu après leur installation sur Dune, les Atréides sont trahis par le médecin personnel du Duc Leto et décimés par une attaque conjointe des forces Harkonnen et des troupes de l’Empereur. Paul et sa mère parviennent à fuir et se retrouvent seuls survivants de la famille Atréides. Perdus en plein désert, ils y rencontrent les Fremen, peuple indigène d’Arrakis et véritables maîtres du désert. Les Fremen attendent la venue d’un Messie qui les délivrera. Se pourrait-il que ce soit Paul ? (source)

Chronique un peu spéciale aujourd'hui car je vais autant m'intéresser au film Dune qu'à la réflexion que j'en ai tiré. Oui aujourd'hui, on se triture les méninges dans le Terrier!

Pour ceux qui n'aurait jamais vu ce film culte de la SF, Dune, sorti en 1984, est l'adaptation du premier tome de la saga de Frank Herbert publiée entre 1965 et 1985. Le Cycle de Dune est une œuvre complexe et dense qui mêle philosophie, théologie et réflexion sur le genre humain. Bref, ça poutre les amis.

Si vous suivez un peu la page Facebook du blog vous savez que j'adore les chronique du Fossoyeur de films (et maintenant de séries) et que je suis à 99% d'accord avec ses avis. Sa chronique sur Conan conjuguée à l'engouement de mon marin pour ce film ont réussi à me le faire voir et même plus, à l'apprécier alors que croyez-moi, ce n'était pas gagné d'avance. Avec Dune, je dois malheureusement déclarer forfait mais je comprends parfaitement ce qu'il aime dedans. Aussi je pense plus pertinent de vous mettre ici sa chronique complète, car il vous en apprendra plus que moins sur le parcours laborieux du film, ses différents montages et sur la saga de Frank Herbert. Si vous avez envie de découvrir l'univers des romans de Dune, le Fossoyeur, en passionné, vous incitera plus que le film à le découvrir.... 


... Ce qui ne va pas m'empêcher de vous donner ma version du Dune de Lynch (oui parce que balancer la chronique d'un autre à la place de la mienne, ça n'aurait pas été classe du tout...).

Soyons clair, je n'ai pas, mais alors pas du tout aimé. Croyez-moi ça me chagrine plus que n'importe qui d'autre parce que je suis une vraie fan de David Lynch. Si vous ne connaissez pas la série Twin Peaks, je vous conseille de vous jeter sur le magasin de DVD le plus proche - ou la DVDthèque municipale, celle de votre grand frère, petite soeur, whatever you want - et de combler cette lacune. Twin Peaks pour faire court - je suis sûre que j'y reviendrai - c'est un pur concentré de l'imaginaire de ce réalisateur azimuté, servi par un Kyle MacLachlan au menton proéminent et au cerveau à l'envers, le tout dans une micro bourgade des États-Unis. Une série psychédélique, bien ancrée dans son époque et qui pourtant fait mouche à chaque visionnage.

All right buddy!
C'est ça qui me chamboule le plus. Comment le réalisateur de Twin Peaks, Eraserhead ou encore Mulholland Drive a pu faire des choix scénaristiques et de mise en scène aussi tordus?

Avouez, elles sont grave flippantes non?
Le baron c'est le truc moche qui flotte là...
Parce qu'au fond, ne nous leurrons pas, ce n'est pas tant les choix esthétiques de David Lynch sur Dune qui ne fonctionnent pas que sa propre réalisation. Pourtant on aurait pu croire que l'esthétique de Lynch appliquée à Dune aurait été le coeur du problème vu le cinéaste... mais non. Ce qui veut déjà en dire long parce que vu la tronche des images, il y a de quoi s'inquiéter pour la suite. Des exemples? Les membres du Bene Gesserit ressemblent méchamment à des duègnes espagnoles du XVIe siècle en plus flippant, si si c'est possible (look left). Le baron Harkonnen ne ressemble lui à rien, à part à un corps grotesque en décomposition avancée (look right). Quant au gros vers sur Arrakis et bien...le vers de sable de Beetlejuice a juste l'air un peu moins toc. C'est dire. Parce que oui, finalement, cet esthétique de Lynch, à mille lieues de celle du roman - si j'en crois les spécialistes - n'est pas ce que je reproche au réalisateur au contraire. Pour le coup il fait preuve d'une véritable originalité en plus d'une prise de risque bienvenue. En prenant le roman à bras le corps et en lui imposant, parfois de force, une vision bien à lui, David Lynch produit finalement une oeuvre dont on sent pleinement qu'elle est sienne. Et ça...c'est le bien. Attention, cela peut tout à fait déplaire, il ne s'agit pas d'aimer aveuglément une adaptation sous prétexte que l'esthétique est celle d'un réalisateur bien distinct du reste de ses collègues et chacun à le droit d'adhérer ou non à une vision artistique. Appropriation ou non, le film peut quand même se viander gentiment comme c'est le cas ici.

En effet, Dune se perd dans les méandres de sa propre narration. Le problème majeur tient au fait que si vous n'avez pas lu le Cycle de Dune avant de découvrir le film, vous ne pigez rien du tout. L'univers complexe des romans ne parvient jamais entièrement à être traduit dans le film. Je vous avoue maintenant quelque chose: je n'ai jamais lu cette saga. Heureusement pour moi, j'ai visionné le film auprès de quelqu'un qui, contrairement à moi, est complètement fan de l'univers original et qui m'a aidé à décrypter certains morceaux de film qui restaient pour moi complètement obscurs. C'est un défaut incommensurable de ne pas faire rentrer le néophyte de l'univers Dune dans le film - Le marin me signale que pour ceux qui connaisse l'univers c'est peut-être l'esthétique qui du coup empêche de rentrer à fond dedans. Comme quoi, personne n'est jamais content!
J'admets que l'univers de Dune est horriblement dense et que le traduire à l'écran peut s'avérer difficile mais je persiste à penser que plus une œuvre littéraire est dense et complexe, plus la réalisation doit être rythmée et simple afin d'aller au but, tout en se permettant de construire les décors et les ambiances par une foultitude de détails en arrière-plan, appréciables par les fans d'abord et au deuxième voire troisième visionnage ensuite. Or ici, Lynch superpose à une histoire à plusieurs niveaux d'interprétations, une réalisation complexe qui tombe à plat.

De plus, voir David Lynch se prendre les pieds dans la gamelle de la première règle du cinéma me fait mal aux tripes. S'il y a une leçon a retenir du média cinématographique c'est bien la loi du "si tu veux parler de quelque chose, montre le". Or ici, en plus d'afficher une réalisation molle et lente, David Lynch retranscrit littéralement des phrases du roman en les faisant passer par les pensées des personnages. Voir Max von Sydow regarder Kyle MacLachlan et penser pour le spectateur "ce jeune homme fera un excellent dirigeant", sorry mais je m'en fracking tamponne. L'effet est encore plus grotesque lorsque Paul et sa mère sont attaqués par des mercenaires et que durant toute la scène nous avons le droit à l'intégralité des pensées de Jessica Atréides (Francesca Annis) qui semble contempler la scène de l'extérieur...alors qu'elle se fait agresser. Flippant? oui. Hors de propos? Carrément. Ce genre de choix de mise en scène me fait sortir de mes gonds et du film. Je comprends pourquoi David Lynch a tenté cette approche. Par les pensées des personnages il s'agissait sans doute de mieux les caractériser mais aussi de rajouter de la densité au monde représenté et nous faire comprendre quelques ressorts narratifs de Dune, le livre. Seulement voila, cela contrevient en beauté à cette première règle du cinéma et du coup l'effet tombe à plat. Je n'ai pas besoin de Max von Sydow pour comprendre que Paul Atréides est le héros et encore moins que l'on m'en rajoute une couche avec les pensées béates de sa mère. Je préfère nettement voir la caméra se concentrer sur le personnage qui a ce moment précis du film utilise "La voix", élément narratif majeur de la première partie du film. Si encore il n'y avait que ces deux exemples précis, je laisserai facilement couler. Après tout, une petite entorse à cette règle permet parfois d'apporter un peu de fluidité au récit or dans Dune cette "technique" est présente tout le long du film et avec plusieurs personnages. Cela ne fait que rajouter de la lenteur à la réalisation en plus de donner l'impression que David Lynch ne sait pas quoi faire de sa caméra.

On ne va pas charger la mule plus longtemps - que les fans de Dune se rassurent - il me reste un dernier point à aborder: les effets spéciaux. Une chose est claire: le film m'a fait saigner la rétine. Les effets spéciaux, notamment ceux des combats, sont une véritable horreur visuelle. Les boucliers de protection lors des combat font grossiers et même carrément ridicules.

Oui c'est ça les boucliers de protection...
Oui mais Persie t'exagères, le film date de 1984, tu ne peux pas attendre les prouesses de Gravity sur Dune....
Je suis peut-être un peu dure mais....
Oui merci Phoenix...
JURISPRUDENCE Star Wars les amis! Je suis désolée de jouer cette carte là mais le premier Star Wars remonte à 1977 et on avait le droit à des batailles de vaisseaux spatiaux... Je ne suis pas la plus grande fan de Star Wars au monde mais il faut admettre que les trois films (on ne va pas parler des autres n'est-ce pas?) ont bien vieilli, indépendamment des remasterisations parfois catastrophiques de Lucas. Je persiste à penser qu'il aurait dû s'apercevoir du "too much" et que par principe, lorsque cela risque de faire moche, mieux vaut s'abstenir...Je suis sûre que même en 1984 cet effet était déjà hideux.

Vous l'aurez compris, je trouve le film inregardable pour des néophytes de Dune et je remercie les Lords of Kobol de me l'avoir fait regarder en compagnie de mon marin fan de la saga de Frank Herbert, qui m'a répété tout le long du visionnage: "non mais je te jure les livres sont vraiment géniaux". Autrement, je ne suis pas sûre de vouloir toujours découvrir Arrakis, l'Epice et Paul Atréides. Il ne fait aucun doute que le Fossoyeur ne sera pas d'accord avec moi, mais je pense tout de même profondément et honnêtement qu'il faut avoir découvert Dune jeune et connaître l'univers du roman pour apprécier la version de Lynch.

Ne jetons quand même pas la pierre trop vite à ce pauvre David car le "ratage" que constitue pour moi Dune n'est pas entièrement la faute du réalisateur. C'est à partir de là que je me suis posée la question "Qu'est-ce qu'une bonne adaptation?". Après avoir pas mal cogité sur la réponse, ou les réponses, je vous livre quelques unes des pistes de réflexion. 

Une bonne adaptation est avant tout pour moi un film qui arrive à conserver l'essence du matériaux d'origine tout en étant le produit d'une création personnelle d'un•e réalisateur/trice.

Je m'explique. Une bonne adaptation ce n'est pas, comme on le pense souvent, un respect sacré du livre dont il est issu, en adaptant aveuglement 100% des scènes et sous-intrigue du roman en question. Cette mise en image d'un roman n'a aucun fracking intérêt whatsoever. Si l'intention première est de retrouver l'expérience vécue par la lecture du livre: relisez le livre.
Pourquoi? D'une part parce qu'aucun film ne sera jamais - sauf si vous êtes le réalisateur - le produit de ce que vous avez dans la tête. Il y a autant de versions d'une même histoire que de lecteurs. Jamais vous ne vous représenterez tel ou tel personnage de la même manière que votre voisin et c'est naturel puisque votre lecture est le produit de votre personnalité, votre vécu, votre culture et vos références culturelles ainsi que de vos précédentes lectures.
En second lieu et c'est sans doute le plus important, parce que le livre et le cinéma (ou la télévision puisqu'on parle ici d'un support visuel) sont deux médias différents, répondant à des codes et des styles de narration qui leur sont propres.Vous ne pouvez tout simplement pas transférer tel quel les codes du roman dans un film. Adaptation. Le mot est pourtant clair. Il s'agit de modifier le matériau d'origine afin d'en produire un film correspondant aux codes du genre. Pour autant, adapter, faire des coupes ici ou là pour faire rentrer un livre de 300 pages ou plus en un film de deux heures en moyenne n'est pas le seul élément permettant d'en faire une bonne adaptation.

Pour qu'une adaptation soit bonne, il faut également que le film soit le produit de l'imaginaire de son/a réalisateur/trice. En gros qu'il y ait une véritable intention artistique et une patte propre. L'équilibre est extrêmement dur à atteindre et peu - souvent - ne pas plaire car il est normal d'être apostrophé par la vision d'un•e autre sur un univers qui nous est propre ou familier. Cependant, c'est bien l'enjeu d'une adaptation correcte.

Pour bien comprendre ce que je veux dire, prenons quatre exemples. La Stratégie Ender, Hunger games 1, La dame en noir et Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. Vous vous doutez bien que ces exemples ne sont pas pris au hasard et qu'il y a peut-être déjà une hiérarchie dans mon propos. Si vous pensez cela alors, félicitations nous sommes sur les mêmes ondes cosmiques, sinon, nevermindje vous aime quand même.

La stratégie Ender est le parfait exemple d'adaptation loupée. Loupée car non seulement elle ne sait jamais prendre corps, esthétiquement très jolie mais narrativement vide, elle échoue aussi à faire un véritable travail d'adaptation. Comme le soulignait La Dame, non seulement elle vide le roman de sa substance et de son sens - crime impardonnable - mais le réalisateur se montre également incapable de se décoller de son matériaux d'origine. Alors qu'il s'agissait justement via la caméra de montrer ce qu'élude le roman, le réalisateur reste désespérément collé au récitempêchant ainsi de donner vie aux autres acteurs qu'il dirige.

Hunger Games quant à lui ne souffre pas d'autant de défauts que la Stratégie Ender car il n'a pas lissé les propos du roman. Chez Ender, la violence finissait par être complètement éludée, à peine suggerée pour en faire un film familial. Dans Hunger Games au contraire, le récit est respecté, trop peut-être car ce qu'il manque à ce film, c'est une véritable audace, la marque d'un réalisateur qui, prenant le récit à bras le corps, s'en empare pour nous en donner sa vision quitte à modifier quelques éléments narratifs. Hunger games ne manque pas de plaire aux amateurs du roman, ce qui est parfaitement normal puisqu'il en offre un décalque sympathique mais bien en deçà de ce que l'on attendrait d'un film - il a au moins le mérite de révéler Jennifer Lawrence.
Que ce soit dans Hunger games ou dans Ender, l'ensemble manque d'une véritable interprétation. Agréable copié-collé pour l'un ou lissage total pour l'autre, ça n'en reste pas moins des adaptations qui faillissent à leur but, elles n'adaptent pas, elles transposent, tout en offrant des films grands spectacles plutôt sympathiques.

Avec La Dame en Noir (The Woman in Black) de la Hammer adapté du roman de Susan Hill, nous arrivons dans une autre problématique. Il est bien évident pour ceux qui ont lu le roman que l'intrigue offerte par le film s'en écarte, n'hésitant pas à transformer la fin par exemple en même temps que le contexte original. Pour autant, est-ce une mauvaise adaptation? Je ne pense pas. Elle fait sans aucun doute ce que dois faire une adaptation, transformer un média en un autre quitte à enfreindre certaines règles. La dame en noir est un roman gothique de fantômes. La Hammer, en utilisant les codes classiques de son cinéma s'en empare pour donner, non pas un copié-collé du livre, mais bien un film d'horreur qui rentre dans sa ligne de production. Tout comme la patte d'un réalisateur, c'est ici un style de narration qui s'empare du récit.

Pour terminer sur ce point, c'est évidemment Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban que je voudrais aborder. C'est un exemple qui ne manquera pas de vous sautez aux yeux. En effet, il est flagrant que ce troisième volet des aventures d'Harry Potter est bien la vision d'Alfonso Cuaron sur l'univers de J.K Rowling. Cependant, le réalisateur espagnol, s'il s'accapare le monde du sorcier à cicatrice, n'en respecte pas moins les personnages, l'intrigue et l'essence de ce que la saga veut transmettre. Chose intéressante avec Harry Potter, la saga a bénéficié de 4 regards différents pour 8 films. De l'adaptation de qualité de Colombus qui n'arrive jamais à dépasser le roman, à celle de Cuaron, tournant radical en passant par Newell et Yates, Harry Potter a eu le luxe de s'octroyer quatre visions différentes pour son univers.

Bon d'accord, prendre un livre, tordre ses codes pour les faire s'adapter à ceux du cinéma tout en ayant une vraie vision artistique d'un réalisateur unique, ça sonne déjà coton. Que dire des adaptations  d'univers géants comme Dune (oui encore lui), ou Le seigneur des anneaux?
C'est sûrement pour ça que je suis plus indulgente avec Lynch parce que le travail effectué est encore plus complexe que pour l'adaptation d'un seul roman.
En plus de devoir respecter l’œuvre d'origine et d'être unique, les adaptations de ces gros univers balancent souvent entre fan service ou lissage complet. En effet trouver l'équilibre entre plaire à la fois au fan de l'univers d'origine et permettre un accès facile aux néophytes ce qui peut rarement contenter tout le monde on est bien d'accord.

On peut reprocher beaucoup de choses à Jackson sur Le seigneur des anneaux et le Hobbit mais il faut reconnaitre qu'il arrive à être subtil sur ce point. Certes, il est fort probable que Jackson n'ait rien compris aux Elfes de Tolkien mais en revanche, il arrive à recréer l'ambiance et un monde visuel qui rend hommage à l'oeuvre de Tolkien. Ses entorses aux romans payent parfois ou échouent mais il garde néanmoins en tête ces différents paramètres.

Alors oui, une bonne adaptation - c'est-à-dire, une adaptation qui respecte les différents codes que nous venons d'évoquer - peut ne pas plaire tout simplement parce que la vision du réalisateur est trop différente de la nôtre ou que notre conception du roman et de ses enjeux diffère. A l'inverse une mauvaise adaptation peut faire un bon film, divertissant, que ce soit pour ceux qui connaissent le livre ou non. Au final, la part du subjectif reste encore ce qui définie notre goût pour le cinéma.

Et vous? Quels sont vos adaptations préférées et pour quelles raisons?
Aimez-vous Dune de Lynch? 

Le mystérieux cercle Benedict - Trenton Lee Stewart

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Suite à la parution de cette intrigante annonce dans le journal, des dizaines d’enfants se sont portés volontaires pour passer une série de tests aussi insolites que difficiles. En fin de compte, seuls quatre candidats très spéciaux parviendront à les réussir. Mais déjà un autre défi les attend : une mission secrète que ne peuvent accomplir que des enfants d’une intelligence et d’une débrouillardise hors du commun. Pour la mener à bien, ils devront entrer incognito à la Très Originale Pension Scolaire, où l’unique règle est qu’il n’y a pas de règle.

Confrontés à des périls physiques et psychologiques plus effrayants que tout ce qu’ils auraient pu imaginer, nos héros n’auront d’autre choix que de se serrer les coudes. Mais cette amitié toute neuve sera-t-elle assez forte au moment d’affronter la plus terrible des épreuves ?(source)

Le mystérieux cercle Benedict est une série de romans jeunessesécrite par Trenton Lee Stewart et qui comprend dans sa version originale déjà trois volumes et une novella. En France, vous pouvez dores et déjà vous procurer les deux premiers tomes, le troisième sera disponible quant à lui au printemps 2014.

Ce roman m'a fait de l’œil dès sa sortie anglaise. Je le croisais partout à Cambridge dans les librairies et j'étais vraiment attirée par sa couverture. Le dessin, dans un style qui me plait beaucoup, a pu me faire penser qu'il s'agissait d'une histoire se déroulant dans une maison alors qu'en fait pas du tout. Quoi qu'il en soit, j'ai attendu, attendu, attendu et finalement, c'est grâce au rer parisien que j'ai décidé de craquer. Oui deux heures c'est beaucoup trop long comme temps de transport et il me fallait un bon livre pour décompresser. En plus, ma libraire jeunesse n'arrêtait pas de me le vanter et vu que nous avions toutes deux aimés Vango et Tobie Lolness, j'ai décidé de lui faire confiance. Merci Anne!

Si Le mystérieux cercle Benedict n'est pas le coup de coeur que je m'attendais à avoir, il n'en reste pas moins que c'est un roman extrêmement sympathique qui plaira au plus grand nombre. 

J'ai tout de suite aimé les parti pris de narration puisque nous commençons le récit par la découverte de Reynie et c'est son point de vue que l'on adopte. Cependant, ce point de vue est vite nuancé lorsque l'on rencontre les autres personnages. C'est intéressant parce que du coup, bien que l'on soit souvent plus proche de Reynie, cela n'empêche pas de bien comprendre qui sont les autres enfants du cercle Benedict et ce qu'ils ressentent. Il est toujours difficile de bien caractériser des personnages multiples et encore plus les membres d'un groupe mais ici, Trenton Lee Stewart s'en sort bien. C'est même très agréable de découvrir quatre enfants radicalement différents les uns des autres mais aussi des autres enfants que l'on croise à la Très Originale Pension Scolaire (TOPS).

L'intrigue se fait en deux temps. C'était plutôt sympathique de commencer par le recrutement de l'équipe. Les épreuves sont assez loufoques, on découvre les enfants un par un et leurs particularités ne manquent pas de nous sauter aux yeux. L'ensemble est peut-être un peu long à se mettre en place mais j'ai apprécié cette entrée en matière en douceur, notamment parce que la suite se révèle beaucoup plus punchy et que par la même occasion, ce sont d'autres capacités et d'autres relations entre les enfants que le roman met en avant. 
Dans un second temps, nous retrouvons notre super équipe à TOPS. J'ai adoré la description de la pension, les autres élèves et l'ambiance étrange qui y règne. D'habitude, les pensions font rêver. Comme Hogwards tout le monde a envie d'y être mais TOPS est légèrement différente. C'était extrêmement drôle de voir Reynie et les autres relever toutes les contradictions dans les non-règle établies par Monsieur Curtain, le directeur. Le personnage en soit est aussi excellent. Sur son fauteuil, son air faussement aimable ne trompe pas les enfants une seule seconde. Cette deuxième partie est aussi plus dynamique et entraînante quoique parfois un peu longue.
C'est sans doute le défaut majeur du roman à mon sens. Le rythme n'est pas toujours bien gérer et on passe d'une période un peu lente à une période plus dynamique sans parfois voir où cela va nous mener. C'est sans aucun doute le fait que le récit débute lentement, prenne son temps pour se poser, tandis que certains événements à la pension rendent le récit un peu plus vif. Ce n'est pas non plus un énorme problème soyons d'accord. Le livre ne vous tombera pas des mains et il se lit bien. Je regrette peut-être juste un peu qu'il ne se soit pas révélé être un super page-turner pour moi. 

Cependant, il y a deux points que j'ai particulièrement aimé dans Le Mystérieux cercle Benedict et qui font que je recommande cette lecture aux enfants à partir de 8 ans mais aussi aux ado.

Les personnages et notamment ceux des quatre enfants sur géniaux. Pourquoi? Tout simplement parce que l'auteur réussi à présenter quatre personnalités bien distinctes avec des défauts et des qualités qui empêchent toute hiérarchisation au sein même du groupe. En n'oubliant pas non plus la parité, deux garçons, deux filles, et la diversité, Trenton Lee Stewart permet la création d'un groupe hétérogène mais équilibré. Si Sticky est indubitablement le plus intelligent de la bande - il possède une mémoire eidétique qui lui permet de retenir absolument tout ce qu'il voit - il est peureux et a besoin des autres pour l'aider à avancer dans les épreuves. Reynie est un garçon intelligent doté d'un esprit d'analyse et d'une logique implacables. Les deux garçons se complètent bien d'ailleurs sur ce point. Bien que vif et leader naturel, Reynie est quelqu'un qui doute et qui aura besoin de ses amis pour surmonter ses peurs. Kate est une gamine débrouillarde et agile qui n'est pas dénuée d'intelligence même si elle ne se montre pas sous la même forme que celle de ses deux camarades. Quant à Constance, c'est un personnage très mystérieux mais sans aucun doute le plus réussi et le plus surprenant du lot. J'ai vraiment aimé ces quatre gamins parce qu'ils montrent tous des qualités différentes mais valables pour chacun d'entre eux. L'intelligence de Sticky n'est pas valorisée par rapport à l'habileté de Kate et c'est un message que je trouve particulièrement intéressant pour les enfants. Finalement, l'union fait la force et c'est le message positif que j'ai aimé retenir du roman.

A côté de ses personnages sympathiques, le roman est bourré d'énigmes et de devinettes. Il y a un petit goût des Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire dans Le mystérieux cercle Benedict avec ses enfants débrouillards qui doivent s'adapter, répondre à des énigmes, trouver des solutions à des situations désespérées et enfin, sauver le monde. J'adore les romans qui non seulement offrent des modèles positifs et diversifiés aux enfants mais qui sont aussi capables de les mettre au défi intellectuellement. Ils pourront toujours développer leur imagination avec les membres du cercle Benedict mais les énigmes et challenges sont pour moi un petit plus non négligeable. 

Un groupe d'enfants très sympas, des énigmes, un Mr Benedict mystérieux et attachant, un excellent moment de lecture. Je lirai la suite sans aucun doute!
N'oubliez pas de jeter un œil sur le site internet dédié aux livres. Vous trouverez même des quizz et des petits jeux pour accompagner la lecture! Amusez-vous bien. 

Deception (Le chant de la sirène) - Amanda Quick

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Présentation de l'éditeur: A vingt-cinq ans, Olympia Wingfield passe aux yeux de tous pour un bas-bleu. Membre de la vénérable Société des explorateurs, elle collectionne les récits de voyages, les cartes anciennes et se passionne pour les histoires de pirates et de flibustiers. Depuis des années, elle tente de mettre la main sur le journal intime de Claire Lightbourne, la femme du célèbre capitaine Jack. Un document codé qui recèle l'emplacement d'un fabuleux trésor ! Mais la ravissante Olympia n'est pas la seule à convoiter ce fameux journal : les descendants du capitaine Jack sont fermement décidés à récupérer ce qu'ils considèrent comme leur héritage... Lorsque, enfin, la jeune femme entre en possession du manuscrit, un homme étrange se présente chez elle. Avec ses cheveux longs et le bandeau de velours noir qui masque son oeil mort, Jared Chillhurst semble sortir tout droit des rêves les plus fous d'Olympia. Et ce qu'il lui propose est proprement stupéfiant ! 

Depuis Ravished - dont je ne me remets toujours pas tellement j'ai aimé - j'ai de très hautes attentes avec les romans d'Amanda Quick. Trop hautes peut-être? Deception n'en n'est pas une, loin de là, Amanda Quick sait utiliser un stylo c'est évident, seulement ce n'est pas le coup de cœur que j'attendais. Écrit en 1993, soit deux ans après Ravished, je n'ai pu m'empêcher de retrouver des similitudes entre les deux. Deception me fait penser à un Ravished, en moins bien. Du coup - dédicace à mon Shadock rouge - si vous n'avez pas aimé Ravished, peut-être que Deception vous plaira plus.

Ce n'était pas très compliqué de voir des liens entre les deux romans en même temps, vu les parallèles tracés entre les deux histoires. L'héroïne est jeune fille d'un petit village d'Angleterre, passionnée par de vieilles cartes marines et des légendes autochtones des Antilles, un gentil bas-bleu avec des neveux sur les bras. Immédiatement, j'ai pensé à ma chère Harriet avec ses fossiles, sa sœur et sa tante. Sa gouvernante est assez rude, est persuadée que le nouveau précepteur des enfants est un pirate venu spécialement pour corrompre sa maîtresse. Cela me rappelle, en moins énervante je l'admets, la servante d'Harriet qui hurlait à la bête dès qu'elle voyait Gideon. Un petit quiproquo sur les raisons qui poussent les héros à se rapprocher est là aussi, tout comme Olympia qui prend la défense de Jared. N'oublions pas le héros, sombre, réservé, avec un passé douloureux avec la gent féminine, un défaut physique apparent et un calme olympien. It rings a bell isn't it?

Malgré tout les deux histoires ne sont pas des copier-collés, soufflons les ami•e•s. En fait ce qui a été vraiment très intéressant avec ce livre, c'est qu'il est bourré de petits défauts et pourtant je l'ai lu avec un certain plaisir. Cela tient incontestablement à la plume d'Amanda Quick. Elle sait écrire, faire de bons dialogues et mener son histoire sans trop s'embourber dans des détails inutiles ou des surcharges de rebondissements superflus. 

Il n'y a que deux détails qui m'ont véritablement gênée sans pour autant gâcher complètement ma lecture. Tout d'abord le cliché sur le pirate. Bon d'accord Jared a un œil en moins et il cache sa cicatrice par un cache-oeil - sinon ce serait franchement creepy me direz-vous. Je sais que dans notre imaginaire collectif, ça fait très pirate mais était-ce pour autant obligé de le mentionner à chaque fois que quelqu'un rencontre Jared? Que l'héroïne pense à lui comme à un exotique pilleur des mers, que ça l'émoustille, je veux bien le concevoir. Après tout, elle est passionnée par les légendes des Antilles, les cartes marines et les coutumes des gens qui vivaient dans ces îles. Je comprends le mythe du pirate, d'autant que j'ai vu Albator le film il n'y a pas longtemps et d'accord, j'adhère au pirate sexy balafré avec un œil en moins. En revanche, j'ai du mal à imaginer que TOUT le monde dans le village le voit comme tel. A part l’œil en moins, il n'a rien d'un pirate - cela dit si j'en crois les romances sur les pirates que j'ai lues, même les capitaines de vaisseaux pirates peuvent n'en avoir que le nom...Facepalm. C'est un respectable commerçant en plus d'être un vicomte, il est bien habillé même s'il privilégie le confort à la mode, il est propre et sans jambe de bois. Oui je caricature mais les personnages du roman aussi. J'aimerais rappeler que l'action se déroule juste après les guerres napoléoniennes. Trafalgar et Lord Nelson ça dit quelque chose à quelqu'un? Le héros de la nation à qui il manquait un oeil et un bras? Non? Personne? Facepalm bis.
Je pense que si l'action s'était déroulée plus tard dans le XIXe siècle, la remarque sur le pirate aurait été mieux utilisée. Surtout que par moment j'ai eu l'impression qu'Amanda Quick laissait cette aspect de sa personne de côté. On en parle beaucoup au début et toujours sur le même ton pour ensuite ne quasiment plus aborder le sujet. 

Il n'y a pas que le côté "pirate" qui soit déséquilibré, la relation entre les deux protagonistes durant la première moitié du roman est assez...disons...étrange. Après une semaine seulement elle lui tombe dans les bras pour un baiser, sauf que nous n'assistons pas à la semaine écoulée, merci gentille ellipse narrative. Du coup, dès le chapitre 4 un baiser passionné et hop roule ma poule "j'appelle-mon-employeur-qui-ne-sait-pas-que-je-suis-vicomte-par-"ma sirène"", j'ai trouvé ça trop rapide et pas crédible. Surtout qu'ensuite ils reprennent leur relation "professionnelle" comme si de rien n'était, réputation de madame - entre-autre - oblige. On passe par une période assez maladroite de chaud et froid que je n'ai pas vraiment apprécié à sa juste mesure. La seconde moitié du roman en revanche est beaucoup plus maîtrisée et j'y ai plus cru. Leur relation s’épanouit plus naturellement.

Je sais que j'ai l'air sévère mais je vous promets que je n'ai pas détesté. Comme Amanda Quick écrit bien, ces défauts ne sont jamais insurmontables et je n'ai jamais eu envie de jeter mon livre par la fenêtre. En fait j'ai bien aimé les personnages principaux. Olympia est une jeune femme excentrique mais avec la tête sur les épaules. Elle est rafraîchissante mais pas trop naïve. Vers la fin, elle met au jour un twist assez sympa dans l'intrigue ce qui lui donne une plus grande maturité. J'aime beaucoup son attachement à ses neveux et la volonté de les protéger. Quant à Jared, s'il a moins de charisme que Gideon, son côté posé et calme est agréable. Il s'emporte en privé et seulement avec Olympia. Ce n'est pas non plus un rake, il est plutôt réservé et c'est un détail qui m'a plu. Pas de grands bouleversements, juste la bonne héroïne au bon moment. 

Quant à l'histoire et bien elle est plutôt sympa. Comme je le disais, pas de grands retournements de situations mais des moments de tensions bien désamorcés quand il fallait sans drame inutile. Les héros se parlent et même s'ils ne se comprennent pas toujours à 100%, aucun des deux n'est buté ou borné devant les arguments de l'autre. Leur relation coule même plutôt de source. Quant à l'intrigue du journal? Elle est finalement secondaire bien que présente comme un fil rouge continu. J'ai trouvé très intelligent la façon d'Amanda Quick de gérer les intrigues secondaires car elles apportent un petit plus au reste sans alourdir la narration principale. 

Alors voila, Deception n'est pas un coup de cœur mais ce n'est pas une horrible romance non plus. L'ensemble est sympathique sans être époustouflant. Si vous voulez une romance légère, sans prise de tête, je dirais que Deception est ce qu'il vous faut. Sinon, vous avez toujours Ravished!

Albator, corsaire de l'espace - Shinji Aramaki (2013)

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Résumé: Il y a un siècle, une guerre terrible éclata. Les colonies humaines éparpillées dans l'espace étaient en train de mourir et les colons voulurent rentrer sur une Terre, trop petite pour tous les accueillir. Les humains pensaient mettre fin au conflit en se raccrochant aux enseignements de la coalition GAIA mais l'humanité ne survivra plus très longtemps. La coalition GAIA a fait de la Terre un sanctuaire inviolable. Albator, pirate de l'espace au commande du vaisseau fantôme l'Arcadia, se bat depuis un siècle contre la coalition. Voyageant à travers l'espace, il représente une menace pour GAIA qui envoie un agent infiltré pour l'assassiner. Que découvrira Yama sur l'Arcadia?

CASTING

Réalisation .................................................. Shinji Aramaki
Scénario ...................................................... Harutoshi Fukui et Kiyoto Takeuchi d'après l'oeuvre de Leiji Matsumoto
Animateur de l'infographie .......................... Semin Tho
Albator ......................................................... Shun Oguri / Mathieu Moreau
Miimé ........................................................... Yü Aoi / Marcha Van Boven
Yattaran ........................................................ Arata Furuta / Martin Spinhayer
Yama ............................................................. Haruma Miura / Pierra Lognay
Esra (Isora en VO) ........................................ Toshiyuki Morikawa / Michelangelo Marchese
Nami ............................................................. Mäya Sakamoto / Sophie Frisson
Kei Yûki ....................................................... Miyuki Sawashiro / Delphine Moriau
Narrateur ...................................................... vf. Richard Darbois


Albator c'est beau...et chiant. dixit La Dame. Amen!

Ce qui rend cette chronique horrible à écrire....j'en ai marre!

Je ne suis pas une génération Albator. Je suis née un tout petit peu trop tard pour ça et étant l'aînée de ma fratrie, je n'ai pas eu la chance d'avoir un grand frère ou une grande sœur pour me guider dans les animés de la génération d'avant. Vous vous en doutez donc, je n'ai jamais vu l'animé Albator. Cependant, la bande-annonce du film poutrait grave - pardon pour le terme - et je ne pouvais décemment pas passer à côté. J'aurai adoré le voir en japonais mais il ne passait pas près de chez moi en VO, je l'ai donc vu en VF et je dois admettre qu'elle est tout à fait décente. Pas d'inquiétude donc, si vous voulez tenter l'aventure, niveau traduction d'animé je crois qu'on a eu pire. De plus, à une exception près, les noms des personnages et des navires ont été conservés dans leur version d'origine. Pour les fans de l'animé, ne vous étonnez donc pas si au lieu de votre cher Atlantis on vous parle de l'Arcadia. Avant d'aller au cinéma, je me suis quand même un peu renseignée sur le pitch de départ de la série, ses personnages etc. et en fait, on retrouve pas mal d'éléments de la série même si je ne sais pas trop comment ils les ont utilisé.
Appréciez le détail de la cicatrice
Je vais délibérément commencer par le positif, histoire que cette chronique ne soit pas que désolation. Graphiquement, Albator est magnifique. On retrouve un travail phénoménal sur les textures et l'ensemble si bien que certains personnages ont l'air d'être joués par de véritables acteurs. A l'exception de Kei et de ses seins de l'espace dans une scène complètement ridicule et sortie de nulle part - non sérieux je n'ai pas compris ce que ça foutait là, j'ai adhéré sans aucun soucis à l'esthétique du film. Les scènes de combats dans l'espace sont entraînantes et très belles à regarder. Albator a vraiment la classe et je dois admettre qu'il en impose. On retrouve un ensemble légèrement cyberpunk au niveau de l'Arcadia qui est l'une des grandes réussites du film. L'avant du bateau est somptueux et les effets réalisés sur la matière noire qui l'enveloppe sont proprement hallucinants. Les personnages ont l'air plus vrais que natures. On se fait plaisir à l'oeil et c'est déjà ça, croyez-moi.

Voila. On vient de faire le tour du côté sympa d'Albator, maintenant on va passer à la suite. Bon courage.

Parce qu'à part l'esthétique d'Albator il n'y a pas grand chose à sauver. Le scénario est décousu et parfois franchement incompréhensible. Les partis pris narratifs m'ont laissée pantoise sans compter le vide flagrant dans la construction des personnages.

Albator introduit l'intrigue via les yeux de Yama (ou John David mannequin pour slip de l'armée comme dirait La Dame, je suis désolée mais l'image est trop exacte pour que j'oublie) un jeune homme chargé d'infiltrer l'Arcadia et de tuer Albator. Dès le début on sent que Yama ne sera jamais un personnage crédible.
Physiquement, il aurait pu avoir écrit sur le front "kikoo c'est moi le nouveau Albator" pour aller un peu plus dans le "comment faire une fin prévisible et moisie". La mèche devant les yeux, la dégaine de poseur, tout sent le Albator mal digéré. De plus, c'est par ses yeux que nous sommes censés découvrir le véritable héros du film, le corsaire balafré, mais l'action se concentre tellement sur Yama et ses atermoiements de mes deux tentacules que le pirate au centre du récit fini par passer à la trappe.
A la limite, l'effacement d'Albator au profit de Yama aurait pu être acceptable si seulement ce dernier avait eu un peu de consistance. Seulement, le scénario ne lui donne jamais la place de le faire. Entre son frère, personnage de méchant en mousse, le triangle amoureux ridicule, les membres de l'Arcadia prêt à faire péter le monde parce qu'Albator le demande et ses QUATRE changements de camps en 1h40....rien à sauver je vous dis.

En conséquence, Albator a peut-être la classemais à part des attitudes de poseurs, quelques grandes phrases déjà entendues mille fois et une chouette aptitude au combat, le personnage reste creux.
Le personnage d'Albator se résume à cette scène....ça claque mais ça ne fait pas un film.
Jamais on n'arrive à le comprendre, ni à percer le mystère du corsaire qui sillonne l'espace depuis 100 ans. Personne ne se pose vraiment LA question au sujet d'Albator.  

Réunion du comité de rédaction du scénario d'Albator:

"Heu dites les gars, dans la bande-annonce on dit qu'Albator est poursuivi par la confédération GAIA depuis 100 ans. Bon je sais qu'on est dans le futur mais ce n'est toujours pas une longévité naturelle quand même. Vous croyez qu'on devrait en reparler à un moment dans le film?"
" Mais tu crois vraiment que ça intéresse les gens? Non ce qu'on veut savoir c'est si les infographistes arriveront à faire la scène des boobs volants de Kei. De la texture, nous voulons de la texture!"
"Non mais j'me disais que Yama aurait pu se poser la question, comme ça...non?"

C'est tout de même un élément dont on entend parler dans la bande-annonce. Le côté pirate maudit ça a quand même son intérêt mais non. Personne ne se pose JAMAIS de questions sur Albator. Quand le mec que vous poursuivez depuis 100 ans n'est toujours pas mort de vieillesse, à mon avis, ça serait utile de s'interroger sec. Et ça vaut pour l'équipage de l'Arcadia. Espèce de république bananière va!

Il faut admettre que les personnages ne sont jamais aidés par le scénario. On l'a vu, en se concentrant sur Yama, le personnage d'Albator disparait et l'intrigue se concentre sur la lutte fratricide d'Ezra et de Yama plutôt que sur la question essentielle de la rédemption d'Albator. De son passé et de son futur.

Albator de Shinji Aramaki aurait pu bien fonctionner malgré tout s'il avait prit le parti pris d'en faire la naissance d'un mythe plutôt que d'essayer maladroitement de conjuguer deux histoires. C'est là que le bât blesse. Albator n'est jamais vraiment compris du spectateur et Yama est une tête à claque creuse. Dur, dur de faire une légende avec ça. Si on compte que non honnêtement je n'ai pas du tout compris son histoire de nœud du temps - cela dit, à part Albator et Mimei je crois que tout le monde était largué - ça vous donne deux tiers du film chiants et incompréhensibles.

Cerise sur le gâteau qui finit par achever cette idée comme quoi Albator, corsaire de l'espace, aurait pu être un film mettant en place le mythe Albator, c'est la fin. On le sentait venir depuis le début que Yama était un mini-Albator: les indices sur l’œil droit infecté par une caméra, la coupe de cheveux etc. Le combat entre lui et Ezra achève de le placer comme le successeur du capitaine de l'Arcadia. La même cicatrice, le même œil en moins... Okay les gars ont a compris merci! C'était un peu lourdingue, certes, mais ça passait.
Alors pourquoi vous faites ressusciter Albator et Mimei pour leur faire tenir les mêmes poses qu'au début du film bordeyl? 360° et nous revoila EXACTEMENT au même point qu'il y a 1h40....WHY oh WHY?

C'est le côté WTF des scénaristes qui ont décidé, après en gros 40 minutes de film, d'en n'avoir plus rien à faire de l'histoire qu'ils étaient en train de raconter.

"Tient Toto et si on terminait le film là où on l'a commencé? Hein, histoire de faire perdre leur temps aux spectateurs."
" Tu as raison Toto bis, faisons ça et allons manger. J'ai faim." 

Vous l'aurez compris, grosse déception pour ce film. Je déteste sortir du cinéma en ne sachant pas exactement ce que j'ai vu et pire, en n'ayant pas compris ce que j'ai vu. Je laisse le mot de la fin au narrateur d'Albator. 

"Albator, capitaine de l'Arcadia navigue à travers l'espace et nul ne sait pourquoi."Voila...

Et si on se mettait à la BD? Episode 6: Blacksad

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COUP DE COEUR DE PERSEPHONE 



"Il y a des matins où l'on a du mal à digérer son petit-déjeuner. Surtout si on se retrouve devant le cadavre d'un ancien amour." Tout le cynisme et le calme de Blacksad dès l'ouverture de la BD. Aujourd'hui pour ce sixième numéro de "Et si on se mettait à la BD?" je vous propose de découvrir la série policière et animalière de Juan Diaz Canales et de Juanjo Guarnido. Bien que tous deux espagnols, Blacksad est avant tout une BD rédigée en français. Ouais, Cocorico. 

Il est assez peu étonnant que cette série soit un véritable carton. Il suffit de se pencher un peu sur la personnalité des deux auteurs pour se rendre compte que la qualité sera forcément au rendez-vous. Voyez-vous, ce qui fait la réussite de Blacksad est sans aucun doute le dessin animalier extrêmement expressif de Juanjo Guarnido - ma nouvelle idole. Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales sont tous deux issus du monde de l'animation. Ils se sont d'abord rencontrés chez Lapiz Azul, studio d'animation espagnol. Juanjo Guarnido travailla ensuite au StudioWalt Disney de Montreuil tandis que Juan Diaz Canales fonda sa propre société d'animation. Rien que ça...oui madame, oui monsieur. Les auteurs de Blacksad et l'animation c'est une longue histoire d'amour. 
 
Rien de plus facile dès lors, de comprendre pourquoi le dessin de Blacksad est d'une expressivité folle. On ressent parfaitement tout ce qui fait les prémices d'un grand dessin animé Disney. La Bête par exemple aurait tout à fait eu sa place dans la BD et ses expressions de colère ne sont pas sans rappeler celle du chat blasé. Vous l'aurez compris, avant même de découvrir les scénarii de Juan Diaz Canales, Guarnido m'avait totalement conquise par la beauté de ses dessins.
Le monde animalier représenté dans Blacksad est à couper le souffle. Non seulement le jeu sur les expressions est diversifié et particulièrement crédible, l'humanisation des personnages est, dès lors, extrême mais les animaux sont aussi choisi en fonction de la personnalité du personnage qu'ils représentent. Guardino et Canales tombent de fait, toujours justes. Smirnov, l'inspecteur de police calme mais efficace est un berger allemand, tandis que Weekly, journaleux à l'hygiène corporelle incertaine mais sympa au demeurant est une fouine. Ainsi, si le héros est un chat noir au museau blanc, ce n'est pas un hasard. John Blacksad, détective privé un rien blasé, correspond à la fois à l'archétype du privé américain des années 50 et au chat de gouttière qu'il est. D'un animal à l'autre se dégage un caractère propre que l'on ne retrouve pas forcément chez tous les membres d'une même espèce. Ainsi, deux chiens pourront véritablement être dissemblables tant physiquement que psychologiquement. Comme les humains, chaque animal de Blacksad est unique. Je me demande quel animal je serai si j'étais dans la BD du coup...



A côté des dessins, ce sont également les histoires qui ont su me captiver. Blacksad est une ode aux romans noirs des années 50, avec son détective en imper pourri, cynique et mal luné, riche en demoiselles sexy et aux gros bras qui n'ont pas des têtes de porte-bonheur. Cet aspect romans noirs est renforcé par l'utilisation de la voix-off, celle de John Blacksad, qui nous plonge immédiatement dans l'ambiance. Les réparties cinglantes au franc parlé que n'aurait pas renié Audiard, conjugué à la virulente critique de la société américaine d'époque, tout est là pour séduire le lecteur.
Chaque tome - la série en compte actuellement 5 - aborde un sujet précis, thème relié par les couvertures et les couleurs qui prédominent dans l'album. Femmes battues, racisme, jalousie, communisme et nazisme, Blacksad sait se renouveler à chaque tome.

Le personnage principal est également une source de réjouissance. J'adore son côté vilain matou un peu blasé, qui s'ennuie continuellement mais qui sait être efficace. Charmeur à ses heures perdues, il se détend au contact de Weekly, la fouine malodorante mais gentille qui lui file un coup de main sur ses enquêtes. Hormis quelques personnages que l'on retrouve d'un album à l'autre, les personnages secondaires changent et sont multiples ce qui permet aux auteurs de continuellement faire preuve d'inventivité.

Résumé du tome 1 Quelque part entre les ombres (BD Gest'): Par un moche matin couleur sépia, Blacksad, détective privé de son état - ou ''fouille-merde'' selon certains - est appelé par le flic Smirnov pour reconnaître un cadavre. Il reconnaît : c'est Natalia Wilford, une actrice avec qui il a vécu jadis la plus heureuse époque de sa vie. En bon flic, Smirnov lui conseille de garder le museau hors de cette affaire. En bon fouille-merde, Blacksad ne suit pas ce conseil avisé : un salaud a tué une femme et, par la même occasion, ses meilleurs souvenirs. Il va payer.

Ce premier tome nous introduit dans l'univers du détective privé. C'est sans doute celui qui ressemble le plus aux romans noirs américains. Il y a un petit côté Dahlia noir dans cette première enquête je trouve notamment parce que la victime est une célèbre actrice. Dans cet album nous faisons la connaissance de Smirnov et de Weekly, deux des personnages récurrents de la série. Si l'intrigue est simple, l'ensemble est efficace et prenant. Les dessins sont sublimes et le lecteur rentre immédiatement dans l'univers. Une introduction sobre mais parfaitement équilibrée qui ne peut que vous rendre accro. 

Le second tome Artic Nation traite, comme le sous-entend sa couverture blanche et noire de racisme. Balcksad, avec son corps noir et son museau blanc a étrangement un pied dans les deux univers. 

Résumé (BD Gest') : Oldsmill, le maître de la ville, est un tigre blanc. Karup, le chef de la police, un ours blanc. Huk, l'âme damnée de Karup, un renard blanc. Avec les autres animaux à pelage immaculé, ils forment la société WASP (W pour White, AS pour Anglo-Saxon, P pour Protestant). Tous les autres habitants, de la pie noire au renard brun-roux en passant par le chat tacheté et la biche châtain, ne sont que racaille. Et si la police n'est pas capable de maintenir l'ordre des blancs, les gros bras d'Arctic-Nation, le parti raciste, cagoulés et vêtus de robes blanches, s'en chargent sans états d'âme. Ils ont les cordes et les croix enflammées qu'il faut. Dans cette ambiance pas câline, câline, Blacksad, le chat détective privé, enquête sur la disparition d'une enfant de couleur. La mère de Kyle, Dinah, travaillait comme femme de ménage chez le même Karup et, selon quelques bonnes âmes, serait au mieux avec le fils Oldsmill. Un vrai noeud de vipères dans lequel Blacksad plonge les pattes et joue au justicier prompt à griffer si nécessaire. Son seul appui, le reporter d'un magazine à scandale Weekly. Un fouille-merde qui sera utile à John. Vaut mieux. Coups bas et coups tordus vont pleuvoir comme à Gravelotte.

Artic nation est l'album que j'ai sans doute le plus aimé de la série. De l'idée du racisme animalier - le blanc dominant encore les autres couleurs - à l'intrigue tout en rebondissement, tout m'a plu. Après une ouverture fracassante, on sent que l'album ira loin dans le questionnement sur l'Amérique du KKK, reproduction quasi exacte de notre propre Histoire.
John Blacksad apparait d'autant plus déterminé qu'il se bat pour retrouver une fillette disparue. Son engagement est touchant et l'on suit - parfois avec horreur - la progression du privé dans une ville gangrénée par la folie blanche. Loin de donner une impression de déjà vu ou d'une morale convenue, Artic nationétonne par ses rebondissements, jusqu'à la dernière planche. 
Le dessin est encore une fois l'une des grandes forces de la série, un soucis du détail qui ne manquera pas d'en impressionner plus d'un. 

Avec leur troisième opus, Âme rouge, Canales et Guarnido nous introduisent dans le Maccarthisme. L'occasion aussi pour John Blacksad, de découvrir le passé d'un de ses vieux amis et de vivre une histoire aussi belle qu'éphémère avec une belle intellectuelle.

Résumé (BD Gest'): John Blacksad s’ennuie dans son nouveau rôle de garde du corps d’un parvenu flambeur. Heureusement, on peut toujours compter sur le destin qui vous met dans les pattes de vieilles connaissances pour vous sortir du ronronnement du quotidien et de nouvelles rencontres pour éviter de vous empâter. En cette période de guerre froide, certains ont tendance à voir rouge et l’atome a des odeurs de soufre.   

J'ai aussi beaucoup aimé Âme rouge, non seulement à cause de l'époque qu'il évoque, la chasse des communistes aux Etats-Unis mais aussi les restes de la seconde guerre mondiale. Dans ce groupe d'intellectuels de gauche, les personnalités sont aussi complexes que fascinantes et ce n'est pas sans y perdre des plumes que John Balcksad se frottera à eux. L'histoire d'amour de Blacksad a aussi su m'émouvoir même si ce que j'ai préféré est bien sûr le contexte de l'intrigue. 
On ne manquera pas de reconnaitre également certains personnages historiques, ici animalisés, comme Hitler en chat - sans doute un clin d'oeil à Maus d'Art Spiegelman - ou MacCarthy lui-même en coq. 

L'enfer, le Silence, nous transporte dans la Nouvelle Orléans pour un album hommage à la ville et au jazz. 

Résumé; (BD Gest'): Le plus félin des détectives débarque à la Nouvelle Orléans. La faute à l'ami Weekly, qui, envoyé par le What's News faire un reportage sur le blues, lui a "dégoté" une affaire : retrouver la trace de Sebastian Fletcher, un pianiste de jazz surdoué mais héroïnomane, disparu en laissant derrière lui sa femme enceinte. Faust Lachapelle, son producteur et mécène, s'en inquiète, d'autant que, malade et voyant lui-même la mort approcher, il souhaite "tout laisser en ordre" avant le grand départ. Pour Weekly, c’est l'occasion de passer du bon temps à Big Easy. Pour Blacksad, c'est une sale affaire de plus qui commence, et les choses sont bien plus compliquées...

Changement de ton pour ce quatrième volume. L'action se déroule sur une nuit, une nuit sombre où Blacksad est transporté dans le monde du jazz et de la drogue dans une Nouvelle Orléans musicalement perturbée. Construit sur une succession de flashback et de scènes du présent, l'ensemble est original. Un album très sombre sur les secrets du passé qu'il faut lire d'une traite. 

Amarillo est le dernier opus en date. Plus léger que le précédent, John Blacksad nous emmène dans un road trip dans l'Amérique des beatnik. 

Résumé: (BD Gest'): Weekly doit quitter La Nouvelle-Orléans ; il y laisse John qui préfère rester pour chercher du travail sur place. Par chance, celui-ci croise justement un riche Texan qui lui propose de ramener sa voiture chez lui : un boulot simple et bien payé ! John accepte, mais, dans une station-service, il se fait voler la voiture par Chad Lowell et Abe Greenberg deux écrivains beatniks qui cherchent à rejoindre Amarillo, au Texas. Bientôt, une querelle entre les deux hommes, rivaux, vire au drame : Chad, poussé à bout, tire sur Abe qui meurt sur le coup. Obligé de fuir, Chad trouve refuge dans un cirque. John se lance à sa poursuite sur les routes américaines du Nouveau-Mexique, du Colorado, du Texas et de l'Illinois.

Album qu'il me reste encore à découvrir, je suis déjà fascinée par la couverture jaune, synonyme pour moi de plus d'humour et de légèreté que l'oppression de la Nouvelle Orléans et du vaudou.

Une excellente série au dessin sublime et à l'ambiance envoûtante à découvrir de toute urgence.

1. Quelque part entre les ombres 
2. Artic Nation
3. Âme rouge
4. L'enfer, le silence
5. Amarillo

Hors-série
Blacksad, les dessous de l'enquête (making off)
L'Histoire des aquarelles (Âme rouge)
L'Histoire des aquarelles (L'enfer, le silence)

Les secrets du IIIe Reich - François Kersaudy

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Présentation de l'éditeur: Le but de cet ouvrage n'est pas de faire table rase de tout ce qui s'est écrit jusqu'à présent, ou d'apporter au lecteur des révélations aussi sensationnelles qu'invérifiables. Il est plutôt de revisiter certains épisodes mystérieux du IIIe Reich, en faisant à l'occasion de chaque récit la part de ce qui s'est avéré, de ce qui est douteux et de ce qui est purement fictif. 
Pourquoi Hitler a-t-il multiplié les efforts -et les cadavres- pour dissimuler ses origines? Quel est le secret de l'envoûtement exercé sur les foules par cet artiste peintre au physique ingrat et au discours haineux? Comment le régime national-socialiste a-t-il pu survivre pendant douze ans, alors que ces dirigeants ne cessaient de se combattre? Que s'est-il vraiment produit pendant la Nuit des longs couteaux? Quelle est la vérité sur l'affaire Rudolf Hess, qui a donné lieu à tant de publications fantaisistes? Quelle était la nature exacte des relations d'Hitler avec femmes? L'amiral Canaris était-il un traître ou un héros? Qu'y a-t-il de vrai dans les informations contradictoires publiées sur la santé d'Hitler, au vu des notes prises par ses médecins? 
Le pari fait par l'auteur est que, sur tous ces sujets, les lecteurs trouveront la réalité plus passionnante que n'importe quelle fiction. 

Changement de décors aujourd'hui puisque je vous emmène à la découverte d'un ouvrage d'Histoire sur le gouvernement du IIIe Reich et les hommes qui l'ont composé. 

Ne vous fiez pas à la couverture ni au titre tapageur. Les secrets du IIIe Reich n'est pas, comme on pourrait le penser à tord, un énième livre à succès pour voguer sur une vague qui a certes la cote mais qui se révèle indigeste à maints égards. François Kersaudy est un historien spécialiste de la période, ancien professeur à la Sorbonne et à Oxford et le détenteur de onze prix littéraires français et britanniques. Grand spécialiste de Churchill, il est le seul à avoir publié un ouvrage sur les relations entre de Gaulle et Churchill et a aussi écrit des biographies de Goering et Lord Mountbatten. Oui ça envoie plutôt du lourd.

Autant commencer par ce qui fâche, je trouve que la couverture et le titre ne vont pas du tout avec le contenu du livre. Si je n'avais pas su que l'auteur était François Kersaudy, j'aurai certainement passé mon chemin. Je préfère également mettre en garde le lecteur. Il ne s'agit pas ici de se pencher sur la seconde guère mondiale, mais bien sur le IIIe Reich, l'institution politique et ses membres. Kersaudy n'aborde donc jamais la question de la Shoah puisque ce n'est pas là son propos. Sur une critique publiée sur le net, l'auteure regrettait justement que la question de l'holocauste juif ne soit pas abordée et que Kersaudy s'intéresse beaucoup plus à la question militaire et politique or Kersaudy EST un spécialiste d'histoire militaire et politique. Ne soyez donc pas surpris. Si vous cherchez un livre sur la Shoah, il en existe plein d'autres faits par d'excellents spécialistes de la question. 
Il n'y a rien de sensationnel dans ce livre. Comme l'explique François Kersaudy dans sa préface - dont je conseille vivement la lecture - il n'est pas question d'assommer le lecteur avec des révélations sur les crimes de guerre des nazis ni sur la face cachée - si tant est qu'il existe une face cachée - des dirigeants du Reich. Ce qui m'a plu dans la démarche de l'historien c'est avant tout d'admettre que son livre n'est pas exhaustif, qu'il n'est pas non plus péremptoire - notamment dans le cas de l'affaire Hess puisque certaines archives sont tenues secrètes par les Archives nationales britanniques jusqu'en 2017 - mais qu'il est en fait, le fruit des recherches passées. Faire le point en 2013 sur nos connaissances sur les différentes questions dont il traite est ce qui intéresse le plus l'auteur. 

Le présent ouvrage aborde donc huit questions d'importance mais parfois méconnues sur le IIIe Reich. Sur Hitler, Kersaudy se penche sur le mystère de ses origines, son talent d'orateur, son rapport avec les femmes et sa santé. Il examine également les relations qu'entretenaient les membres du gouvernement et se penche plus avant sur le cas de Rudolf Hess et de l'Amiral Canaris. Enfin, Kersaudy aborde en détail les évènements qui ont conduit à la Nuit des longs couteaux et son déroulement. 

Si certains sujets abordés par Kersaudy sont connus, comme la Nuit des longs couteaux, d'autres au contraire font encore partis des mystères qui entourent le gouvernement Hitlerien. J'ai été particulièrement passionnée par le chapitre sur "Le panier de crabe" dans lequel on apprend que les dirigeants nazis ne pouvaient pas se supporter. Chacun avait des dossiers compromettants sur ses ennemis et même sur le führer, histoire de se prémunir des coups bas des autres ministres du Reich. Il est proprement hallucinant de voir que chacun avait des prérogatives, ministérielles ou de directions, qui recoupaient en fait celles de quelqu'un d'autre, de sorte qu'il y avait constamment une guerre entre services, au profit d'Hitler lui-même. On prend alors la mesure de l'horreur: alors que les dirigeants du IIIe Reich nous apparaissent comme puérils à franchement stupides en passant par cupides ou complètement névrosés - pédophiles, violeurs, escrocs etc la brochette est "belle" - ils ont réussi malgré tout à dominer l'Europe pendant quelques années et à orchestrer le plus grand génocide de l'Histoire. On se prend alors des sueurs froides à la pensée de ce qu'aurait pu être la Seconde Guerre mondiale s'ils avaient été de véritables stratèges....
Les relations d'Hitler avec les femmes est également un chapitre intéressant qui permet de mieux "comprendre" ce personnage tordu. 

Sur les huit chapitres présentés par Kersaudy, deux font encore débats notamment parmi les historiens. Il s'agit du chapitre sur Rudolf Hess et l'organisation de son voyage secret en Angleterre en 1941 et celui sur l'Amiral Canaris présenté tour à tour comme un grand héros ou un traitre. Sur l'affaire Hess, Kersaudy lui-même nuance son propos, sachant que certains documents sont encore inaccessibles à ce jour. En ce qui concerne l'Amiral Canaris, c'est un chapitre qui m'a beaucoup plu, justement parce qu'il est tout en nuances. Il ne s'agit pas de faire l'hagiographie de l'Amiral directeur de l'Abwehr - les services secrets de la Wehrmacht - mais bien de montrer qui était cet homme, avec ses forces mais aussi ses faiblesses. 

J'ai lu sur le net une chronique affirmant que le style de Kersaudy est académique et pesant, personnellement j'ai trouvé l'ensemble fluide et souvent très drôle car il n'hésite pas à alléger son discours, lorsque c'est possible, par quelques remarques amusantes. C'est vrai qu'il cite souvent beaucoup de monde et qu'il n'y a pas de notice biographique sur chacun. C'est pourquoi je pense que si Les secrets du IIIe Reich est un livre grand public, il ne peut pas être abordé par des néophytes complets. Il faut connaitre un minimum les dirigeants nazis de l'époque.  Le livre est complété par de nombreuses notes de bas de pages, de notes en fin d'ouvrage ainsi que d'une bibliographie sélective très intéressante. Pas de sources primaires mais des ouvrages écrits à la portée du public. 

Pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur l'organisation politique du IIIe Reich ainsi que sur le personnage d'Hitler, je recommande absolument ce livre. Bonne lecture.

En ce moment en librairie : Episode 1

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Nouvel article pour ce début d'année, dicté par mon emploi du temps personnel, eh oui Persie a plongé dans le grand bain, je suis désormais une heureuse libraire - bien que fourbue mais je ne me plains pas. Puisque je passe donc mes journées entourée de livres, je me suis dis que ce serait une bonne idée de faire de temps en temps le point sur l'actualité littéraire. Je m'excuse par avance pour les sorties en SF/Fantasy et Romances que je ne pourrais pas traiter tout de suite, j'essayerai de leur consacrer un article perso un peu plus tard. 

Voici quelques unes - je ne peux malheureusement pas parler de tout - des sorties des mois de décembre/janvier qui m'ont tapé dans l’œil ou dont on entend beaucoup parler. A terme j'aimerai bien tout lire! Nous verrons si je peux mener à bien cet exploit.

Littérature contemporaine

Le Chardonneret de Donna Tartt

Présentation de l'éditeur: Qui est Theo ? Que lui est-il arrivé à New York pour qu'il soit aujourd'hui, quatorze ans plus tard, cloîtré dans une chambre d'hôtel à Amsterdam comme une bête traquée ? Qu'est devenu le jeune garçon de treize ans qui visitait des musées avec sa mère et menait une vie de collégien ordinaire ? D'ou vient cette toile de maître, Le Chardonneret, qu'il transporte partout avec lui ?
Voila dix ans qu'on l'attend ce nouveau Donna Tartt. Après Le maître des illusions et le petit copain, elle sort enfin son troisième roman. Enfance volé, vie brisée, à mi-chemin entre le polar haletant et un voyage initiatique dickensien, Le Chardonneret promet une lecture que vous n'êtes pas prêt/e de lâcher. Oui, je VEUX le lire...

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis (presque fini de lire)

Présentation de l'éditeur: "Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."
En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

C'est le livre coup de poing de la rentrée 2014, non seulement parce que son auteur Édouard Louis a 21 ans - normalien et directeur d'une publication collective sur Pierre Bourdieu - mais aussi parce que le roman autobiographique est un choc dans le paysage de la littérature française. Assez dubitative au début, craignant le coup de pub et le rabâche nombriliste moderne, j'ai découvert un roman d'une rare violence et d'une rare force qui s'interroge autantsur la société française - celle de la campagne profonde et d'une misère crasse - que sur la question du genre. Comment devient-on ce qu'on est? Peut-on être ce que nous sommes, loin de ce que nous avons été ou de ce que les autres pensent que nous sommes? 
Ce petit garçon efféminé qui sera plus tard cet adolescent découvrant son homosexualité dans un milieu ou être un "sale pédé" (sic) est une hérésie, nous livre un roman poignant et riche, sublimé par un travail sur deux langues françaises si éloignée l'une de l'autre. Bluffée. A lire sans aucun doute.

En cas de forte chaleur de Maggie O'Farrell

Présentation de l'éditeur: Comme chaque matin depuis trente ans, Robert Riordan part acheter son journal. Mais en ce jour caniculaire de juillet 1976, Robert part et ne revient pas.
Dans leur maison londonienne, Gretta, sa femme, s'interroge : quelle mouche a bien pu le piquer ? Doit-elle prévenir les enfants ?
À peine réunis, ces derniers tentent de prendre la situation en main : les placards sont retournés, les tiroirs vidés, chaque pièce fouillée en quête d'indices.
Mais, alors que le mystère autour de leur père s'épaissit, les vieilles rancoeurs ressurgissent. L'aîné en a assez : pourquoi est-ce toujours à lui de prendre en charge sa famille ? Quant aux deux soeurs, jadis si proches, quel événement a brisé leur lien, si terrible que la cadette a décidé de mettre un océan entre elles ? Et Gretta, a-t-elle vraiment tout dit ?

Depuis que j'ai lu L'étrange disparition d'Esme Lenox, Maggie O'Farrell est entrée dans le panthéon de mes auteures chouchous. Avec une plume sobre et élégante, elle sublime le tragique et sait aussi bien parler des lieux que des êtres humains. Spécialiste des secrets de famille, ce nouvel opus s'annonce déjà comme un incontournable de l'auteure. D'un village irlandais à New York, le lecteur est transporté dans les tourments de cette famille désunie. Les tabous tomberont-ils? 

Le Bois du Rossignol de Stella Gibbons

Présentation de l'éditeur: Jeune veuve, Viola Wither est contrainte de quitter Londres pour emménager chez son austère belle-mère dans sa demeure de l’Essex. À vingt et un ans, elle y voit ses rêves romantiques s’évanouir et son caractère enjoué bridé par l’ennui et les conventions. Pourtant, au mépris des convenances, l’intrépide transgresse les codes : elle flirte avec Victor Spring, son amour de jeunesse, quand celui-ci est sur le point de se marier.
La bucolique campagne anglaise, les bals grandioses, les passions déraisonnables, la cruauté des rapports sociaux – Le Bois du rossignol est une savoureuse et féroce étude de mœurs, une comédie pétillante et poivrée, dans la lignée d’une Jane Austen qui aurait revisité Cendrillon.

Pour les amoureux et les amoureuses de l'Angleterre début de siècle façon Downton Abbey, ce roman est fait pour vous. Une plume vive, une critique acerbe mais drôle des mœurs anglaises, c'est le roman qu'il faut pour passer un bon après-midi pluvieux.

Les vies parallèles de Greta Wells de Andrew Sean Greer (En cours de lecture)

Présentation de l'éditeur: New York, Greenwich Village, 1985. Greta Wells, une photographe, est atteinte de dépression : son frère jumeau Felix est mort du sida, et son petit ami Nathan vient de la quitter. Elle entreprend un traitement par électrochocs.
Le lendemain matin Greta découvre qu'elle a changé d'époque - nous sommes maintenant en 1918. Felix est bien vivant, il est fiancé à la fille d'un sénateur et a une liaison secrète avec son avocat, Alan.
Mais la voilà à nouveau projetée dans le temps - en 1941, cette fois. Greta a épousé Nathan, avec qui elle a fondé une famille. Elle fréquente aussi Léo, un homme plus jeune qu'elle.
ces vertigineux allers-retours sont bien plus que des changements d'époque : ce sont des mondes différents que doit affronter Greta, des vies alternatives parmi lesquelles il lui faudra, si elle en est capable, choisir celle qui lui convient. Dans le dédale du temps, une femme cherche son chemin...

Roman un peu particulier dans la selection que je vous propose car il est loin d'avoir des critiques unanimes. Excellent pour les uns, horripilant et bavard pour les autres, le résumé m'attire sans que je puisse encore dire si c'est mérité ou non. Dans tous les cas, je me lance. Nous verrons bien à l'arrivée!

L'incroyable histoire de Wheeler Burden de Selden Edwards (en cours de lecture)

Présentation de l'éditeur: Wheeler Burden vit à San Francisco en 1988. Il a donc peu de raisons de se réveiller un beau matin à Vienne en 1897. C'est pourtant ce qui lui arrive, de façon totalement inexplicable. Totalement démuni, il décide d'aller consulter un jeune thérapeute viennois, Sigmund Freud. Tandis que celui-ci réfléchit à son cas, Wheeler fait connaissance avec la ville où Mahler et Klimt révolutionnent leurs arts respectifs. Alors qu'il tombe amoureux d'une jeune Américaine de passage dans la capitale autrichienne, il réalise ce qui est en jeu dans cette curieuse mésaventure : l'incroyable possibilité de changer le destin des siens et, peut-être plus encore, celui de l'humanité tout entière. À quelques kilomètres de Vienne, dans le village de Lambach, vit en effet un petit garçon âgé de 6 ans, nommé Adolf Hitler. Wheeler est néanmoins loin de se douter de tous les risques qu'il encourt et des dangers qu'il y a à vouloir modifier le cours des choses.

Je ne pouvais pas passer à côté d'une histoire de voyage dans le temps, de la découverte de Vienne à la fin du XIXe siècle ainsi que d'une trame - certes qui semble convenue - sur la possibilité de voir Hitler enfant. Je viens de le commencer et si je dois admettre que le début est un peu décousu, l'ensemble est pour l'instant prenant. Racontée par la mère du héros, l'histoire de Wheeler Burden fait des va et vient entre son histoire personnelle - son enfance, sa personnalité - et la Vienne de 1897. Récit érudit sur la littérature et les arts de cette époque, on sent l'amour ou du moins l'intérêt que porte l'auteur à son sujet. Je vous en reparle bientôt.

Et toujours en vogue

L'Invention de nos vie de Karine Tuil

Présentation de l'éditeur: Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »… Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c’était à refaire ?
À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration…

« Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir » dit un proverbe qu’illustre ce roman d’une puissance et d’une habileté hors du commun, où la petitehistoire d’un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle. 


Au revoir là haut de Pierre Lemaitre (Goncourt 2013) 


Présentation de l'éditeur: Sur les ruines du plus grand carnage du XXe siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.


Romans policiers 

Mauvaise étoile de R.J Ellory

Présentation de l'éditeur: Texas, 1960. Elliott et Clarence sont deux demi-frères nés sous une mauvaise étoile. Après l’assassinat de leur mère, ils ont passé le plus clair de leur adolescence dans des maisons de correction et autres établissements pénitentiaires pour mineurs. Le jour où Earl Sheridan, un psychopathe de la pire espèce, les prend en otages pour échapper à la prison et à la condamnation à mort, ils se retrouvent embarqués dans un périple douloureux et meurtrier. Alors que Sheridan, accompagné des deux adolescents, sème la terreur dans les petites villes américaines bien tranquilles qui jalonnent leur route, une sanglante et terrible partie se met en place entre les trois protagonistes. Loin de se douter de la complexité de celle-ci, la police, lancée à leurs trousses, et en particulier l’inspecteur Cassidy ne sont pas au bout de leurs surprises.

Un des maîtres du polar américain nous livre une fresque fascinante et très noire sur le parcours de deux frères que tout va opposer. Un récit prenant!

Dossier 64 de Jussi Alder Olsen (en cours de lecture) 

Présentation de l'éditeur: Copenhague. Une brutale agression dans les quartiers chauds de Vesterbro incite Rose à rouvrir un cold case sur la disparition inexpliquée d’une prostituée. Cédant à ses pressions, le Département V exhume une affaire macabre datant des années 50, dont les ravages dévoilent le visage d’une société danoise loin d’être exemplaire…

Quatrième opus de sa série, ce tome nous plonge dans le Danemark politiquement affreux. J'ai lu le premier tire et j'avoue que je suis partagée. Encore un énième polar nordique sur la montée de l'extrême droite et les violences faites aux femmes - répudiation sociale pour les prostitués, stérilisation forcée de femmes jugées inaptes à la procréation etc. Si la narration en alternance entre 2010 et 1987 semble intéressant, je suis moyennement convaincue. J'arrive à saturation je pense. Je préfère le ton de Camilla Läckberg qui s'attaque, un peu comme Agatha Christie, aux petits travers des gens en sachant être sombre sans jamais abuser. Bref...à voir.

Jeunesse

Big Easy de Ruta Sepetys

Présentation de l'éditeur: Années 50 à La Nouvelle-Orléans. Josie Moraine, 17 ans, n'a pas tiré le gros lot. Fille d'une prostituée qui n'a rien d'une mère attentionnée, elle grandit dans une maison close du Quartier français, celui de la mafia, des affaires louches et des gens sans avenir. Pourtant, Josie a un rêve : quitter cette ville, surnommée The Big Easy et pourtant si peu "easy", pour entrer à Smith, prestigieuse université du Massachusetts.
Impliquée dans une histoire de meurtre, dépouillée par sa mère et endettée, tout pousse la jeune fille à suivre, elle aussi, la voie de l'argent facile. Mais Jo vaut mieux que cela... et ceux qui l'aiment le savent bien.

La Nouvelle-Orléans, l'ascension sociale d'une jeune fille qui veut s'en sortir par ses propres moyens et son intelligence. Un livre à mettre entre les mains des ados. Il est sur ma pal. 




W.A.R.P. Tome 1, Assassin malgré lui d'Eoin Colfer

Présentation de l'éditeur: Riley, un orphelin de l'époque victorienne, se retrouve projeté dans le XXIe siècle, bientôt suivi par son maître, le diabolique Albert Garrick, illusioniste et tueur à gages, lancé sur ces traces et celles de Chevie Savano, la plus jeune et la plus intrépide des agents du FBI.
Une hallucinante course-poursuite à travers le temps. Riley et Chevie sortiront-ils vivants de cette traque implacable? Pourront-ils empêcher le redoutable Garrick de s'approprier les clés du programme WARP et de changer le cours de l'Histoire?

Après la super saga Artemis Fowl, Eoin Colfer revient avec un nouveau héros pour une course poursuite dans le temps. Les amateurs du style et de l'inventivité de Colfer seront ravis par cette nouvelle histoire. J'ai hâte de le commencer. 

Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket "mais qui cela peut-il être à cette heure?" (Lu)

Présentation de l'éditeur: Le jeune Lemony Snicket vient d’être recruté comme stagiaire par S. Theodora Markson, pire détective de la région. Sa première mission le mène dans l’étrange ville de Salencres-sur-Mer. S. Theodora Markson, malgré ses méthodes catastrophiques, est chargée de retrouver une statue mystérieusement disparue…Qui l’aurait volée ? Mais est-ce vraiment la bonne question ? Or des questions, Lemony va s’en poser de plus en plus – hélas, jamais les bonnes…

Lu cette semaine c'est un super coup de cœur pour la nouvelle série de Lemony Snicket. L'auteur se met encore une fois en scène, cette fois ci durant son adolescence. Détective apprenti au service d'une société secrète, élève d'une professeure nulle, il ne devra compter que sur lui-même. Bourré d'humour et de références littéraires, ce nouveau volume est un petit bijoux! Je vous en reparle très bientôt!

Le passage du diable d'Anne Fine

Présentation de l'éditeur: Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécu enfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère – qui l’a gardé reclus, à l’écart du monde extérieur, et qui n’a cessé de lui répéter qu’il était malade. Un jour, des coups frappés à la porte vont tout changer.

Des voisins ont découvert son existence, et résolu de libérer Daniel de l’emprise de sa mère. Pris en charge par le docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peu que tout ce qu’il tenait pour vrai jusque-là n’était qu’un tissu d’histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de quoi ?

De sa vie d’avant Daniel n’a gardé qu’une maison de poupée. Et pas n’importe quelle maison de poupée : c’est la réplique exacte de la maison natale de sa mère, une maison qui recèle de nombreux et sombres secrets. Jusqu’à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?

C'est un livre noir que nous propose Anna Fine, loin de son univers du chat assassin. Un roman policier noir et gothique qui recèle de nombreux secrets de famille. On en reparle bientôt! 

Ce que j'ai oublié de te dire de J.C. Oates

Présentation de l'éditeur: C’est la dernière année de lycée pour Merissa et Nadia. Les deux filles ont plus que jamais besoin de leur meilleure amie, la singulière, l’étrange et abrupte Tink qui s’est suicidée six mois plus tôt. Chacune est seule avec des secrets qu’elles ne pouvaient partager qu’avec Tink. Des secrets inavouables qui ont mis en péril leur amitié, mais qui les ont également mises en danger. Tink aussi avait un secret, un secret très lourd mais jamais elle ne leur a confié son tourment… Comment continuer à vivre avec ses silences quand la seule personne qui vous comprenait est morte ?

J.C. Oates nous a habitué à des romans forts sur l'être humain, elle s'attaque également à la littérature jeunesse et propose dans la veine de ses romans adultes, un récit poignant sur les fêlures de l'adolescence. Secrets, humiliations et amitié sont au cœur de ce roman percutant servi par une superbe plume. Pour les amateurs/triches de Oates mais aussi pour ceux qui veulent découvrir son œuvre. 

Cœur brisé, tête coupée de Robyn Schneider


Présentation de l'éditeur: Ezra Faulkner, dix-sept ans, sportif, beau, brillant, appartient à la clique branchée du lycée d'Eastwoood High, en Californie. Mais un soir d'été un drame survient et sa vie bascule. Son année de terminale ne se passera pas comme prévu, Ezra ne sera plus le roi de la promo qu'on attendait...Brisé, il déjeune désormais à la table des losers. Parmi eux, il y a une nouvelle excentrique et fascinante : Cassidy Thorpe...

Pour celles et ceux qui aiment les romans de John Green, Coeur brisé, tête coupée, est un roman ado très fort. Amour, amitié et problèmes plus ou moins graves d'adolescence, ce roman plaira pour les destins qu'il met en place. Une belle découverte. 



Bandes dessinées

La princesse des glaces d'Olivier Bocquet et Léonie Bischoff adaptée du roman de Camilla Läckberg (Lue)

Présentation de l'éditeur: Erica Falck, trentenaire installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise où elle écrit des biographies, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête, Erica est vite convaincue qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. Stimulée par cette flamme naissante, Erica se lance à la conquête de la vérité et met au jour, dans la petite société provinciale qu’elle croyait bien connaître, des secrets détestables.

Pour les amoureux du polar noir scandinave, cette BD est parfaite. Le dessin est beau, certaines planches, saisissantes, rendent parfaitement le contexte et le ton sombre du roman original.
On en reparle très bientôt en détail.

En finir avec Eddy Bellegueule - Edouard Louis

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COUP DE POING - ATTENTION LIVRE CHOC

Présentation de l'éditeur: "Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."
En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

C'est le livre coup de poing de la rentrée 2014, non seulement parce que son auteur Édouard Louis a 21 ans - normalien et directeur d'une publication collective sur Pierre Bourdieu - mais aussi parce que ce roman autobiographique est un choc dans le paysage littéraire français.

J'avoue que j'étais assez dubitative au début. Dès que l'on parle sans cesse du même livre avec une critique élogieuse tout le temps, je m’écœure. De plus, je craignais le coup de pub sur le jeune auteur de 21 ans, le nouveau petit prodige de la littérature française et le pitch ne m'intéressait pas vraiment. J'avais surtout peur de lire une sorte de rabâchage nombriliste des petits tracas d'un jeune homme moderne et blasé. Cependant, après avoir vu Édouard Louis à la Grande librairie, j'ai largement révisé mon jugement et j'ai décidé de lire En finir avec Eddy Bellegueule. 

Je dois dire que j'ai été particulièrement frappée par la personnalité du jeune auteur. Il fait vraiment plus que ses 21 ans et lorsqu'on lit le livre, il n'est pas étonnant de voir pourquoi. Marqué très jeune par la misère et la violence de son milieu social, Édouard/Eddy Louisa dû se construire une carapace et grandir plus vite que les enfants de son âge. Jeune homme posé, maîtrisant une belle langue française, c'est très agréable de l'entendre parler et raconter ce qu'il a voulu transmettre dans ce livre. Je vous engage à voir l’émission de la Grande Librairie dans laquelle il intervenait.

A propos de son livre, il racontait que certaines maisons d'éditions parisiennes ont refusé de publier son roman parce qu'on "n'y croyait pas". "Les choses ne se passent plus comme ça maintenant, c'est caricatural". On aimerait...Avec En finir avec Eddy Bellegueule, c'est l'histoire de la France profonde qu’Édouard Louis raconte. Picardie entre 1990 et 2000, où le temps semble s'être arrêté chez les Rougon-Macquart, où on peine à croire que des français vivent encore de cette façon avec une voix toute tracée: l'échec scolaire, l'usine, les ribambelles de gamins dès 16 ans, le ménage pour les femmes et l'alcool pour les hommes. L'alcoolisme, le racisme - alors que des émigrés dans ce village de Picardie, il n'y en a pas - et la violence sont le lot quotidien des enfants de cette région. Édouard Louis n'est pas tendre avec tous les gens qu'il a côtoyé pendant des années. Enfants, adultes, famille, tout le monde y passe mais il n'y a jamais de volonté de revanche. S'il s'exprime cru et clair, il ne condamne personne. Au contraire, il met surtout en avant le cercle vicieux dans lequel tous ces gens sont pris. Pourtant, ce dégage de tout ça une certaine tendresse, notamment envers sa mère, plus rarement envers son père, une sorte d'amour malgré la gêne. Il semble évident que ces gens ne savent pas communiquer, prisonniers des rôles qui leur sont assignés et auxquels ils pensent devoir se soumettre.

Au-delà de la question sociale de la France profonde, c'est aussi la question du genre qu'expose Édouard Louis. Constructions sociales par excellence, ces codes qui nous définissent en tant que membre de l'un ou l'autre camps sont passés au crible par les yeux du jeune protagoniste. La virilité qui se doit d'être exprimée par un panel d'actions ou de goûts: ne pas pleurer comme une gonzesse (sic), ne pas se comporter comme une tapette (sic), en opposition avec le rôle des femmes: le ménage, ne pas se battre. Un garçon qui ramène chaque dimanche une nouvelle fille à la maison est un dur - ah l'obsession d'être un dur qui jalonne l'enfance et l'adolescence d'Eddy - tandis que la soeur d'Eddy qui ramène un second compagnon après s'être séparée de celui qui la battait, risque de passer pour une salope (sic). Le père encore qui préfère que sa femme arrête de travailler car elle gagne plus que lui et que ça ne se fait pas, laissant le foyer avec 700 euros par mois pour 7 au lieu de 1700...Au milieu de tout ça, Eddy, enfant efféminée qui ne sait pas ce qu'il est ni à quel monde il correspond. Pire encore que de faire, dit-il à propos de l'homosexualité, c'est d'être ou de paraître. Cette tâche indélébile qui colle à la peau du jeune garçon comme des stigmates grecs. Édouard Louis disait que l'orientation sexuelle en soit ne veut rien dire, qu'elle doit se lire dans le contexte sociale dans laquelle elle se vit ou ne peut se vivre. C'est particulièrement vrai dans son cas, cette incapacité d'être ce qu'il est et de l'exprimer, de le découvrir et de l'expérimenter sereinement.

Ne croyez pas qu'il s'agit simplement d'une réflexion pure sur le genre ou l'homosexualité. L'expérience d'Eddy est au contraire un cas pratique des problèmes inhérents à être différent dans nos sociétés et dans certains milieux - il fera plus tard la comparaison avec les milieux bourgeois où être efféminé pour un homme est moins vu comme une déviance d'un comportement dit normal. C'était particulièrement émouvant et voir la souffrance du jeune homme, sa volonté de fer d'être normal et de lutter contre ses désirs. De la maîtrise de son corps à la volonté de "guérir" de son homosexualité, la souffrance est palpable, de même que les remarques qu'il doit essuyer à longueur de temps. Eddy c'est la tapette, la tarlouze, la tante, la tantouze (sic) etc. Autant de termes énumérés à longueur de pages qui donne la nausée et fait enrager contre la bêtise humaine.

En finir avec Eddy Bellegueule est un livre extrêmement violent. Dès la première page, celle-ci nous attend, nous saute à la gorge et ne nous lâche plus. C'est une lecture crue qui fait mal tant par les mots que par les actions des protagonistes. La fuite d'Eddy qui pourtant n'aurait rien tant donné que d'être ce qu'on attendait de lui, pour que les coups s'arrêtent et qu'on l'aime enfin, ne devient vitale que lorsqu'il comprend qu'il ne sera jamais de ce monde là et qu'il doit vivre sa différence.
Je disais qu'il avait essayé de guérir son homosexualité, ces passages sont extrêmement violents aussi par leur cruauté qu'excerce Eddy contre lui-même, comme s'il était responsable d'être né ainsi.
Non, non et non, l'homosexualité n'est pas un choix ni une maladie à guérir et il est déplorable qu'à l'heure actuelle dans un pays comme la France, de nombreux adolescents soient contraints à souffrir pour être ce qu'ils sont.

J'ai découvert un roman d'une rare violence et d'une force rare qui s'interroge autantsur la société française - celle de la campagne profonde et d'une misère crasse - que sur la question du genre. Comment devient-on ce qu'on est? Peut-on être ce que nous sommes, loin de ce que nous avons été ou de ce que les autres pensent que nous sommes?
En mélangeant deux langues, celles des autres et la sienne, Édouard Louis retranscrit pour le lecteur de véritables morceaux de vie. 

 Un roman coup de poing qui ne conviendra pas aux plus sensibles mais que l'on doit pourtant lire. J'espère qu'il continuera d'écrire et que son prochain roman tiendra plus du domaine du rêve et du bonheur...parce qu'il le mérite. 

Jake Djones Gardien du temps - #1 Mission Venise - Damian Dibben

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Présentation de l'éditeur: Tandis qu'il rentre du collège en un jour londonien pluvieux, Jake Djones, 14 ans, est enlevé par des ravisseurs peu communs. Ils prétendent agir pour sa propre sécurité et l'emmènent au quartier général de leur organisation, en Normandie au XIXe siècle! Ils connaissent bien les parents de Jake, et veulent comme lui les retrouver. Mais ça ne va pas être facile : ces derniers sont perdus... quelque part dans le passé.

Je n'avais jamais entendu parler de Jake Djones, ni sur les blogs que je lis fréquemment, ni dans la presse, ni sur le net. J'étais passée complètement à côté de cette parution, jusqu'à ce que ma collègue, la Capitaine jeunesse - tenez-vous bien - me montre les deux premiers tomes de cette série. Le résumé avalé, je me dis que je DOIS découvrir Jake Djones, vous pensez: voyages dans le temps, c'est carrément ma branche.  

Le roman m'a tenue en gros deux soirées, autant dire que je l'ai littéralement englouti. C'est donc d'une bonne surprise dont je vais vous parler aujourd'hui.  

Ce que j'aime bien dans ce genre de romans où l'on suit plusieurs héros, c'est que souvent il y en a pour tous les goûts. C'est bien le cas ici, à n'en pas douter, chacun peut tenter de se retrouver ou d'éprouver plus de sympathie pour l'un ou l'autre des personnages. Dans ce premier tome nous suivons donc un petit groupe de quatre adolescents, trois garçons, une fille, dont deux sont anglais, un est américain et la dernière est françaises, tous nés à des époques différentes. Ils ont entre 14 et 16 ans et sont véritablement différents les uns des autres ce qui forme une bande hétéroclite dont on veut connaitre les aventures.
Je dois admettre que Damian Dibben sait bien croquer ses personnages. Qu'il s'agisse des adultes de l'organisation ou des enfants chargés de sauver le monde, ils ont chacun leur place et leur personnalité propre. C'est vraiment très agréable en vérité, d'autant plus que dans ce premier tome, se noue une sous-intrigue chez les adultes dont je veux connaitre la suite. Pour les "grands" lecteurs comme moi, c'est particulièrement appréciable d'avoir une histoire parallèle dans laquelle je peux me retrouver. Les personnages se répondent bien également, leurs relations bien esquissées et rapidement mises en place avec un léger suspense qui nous fait dire qu'on en voudrait bien encore un peu.

Damian Dibben fait le choix, classique somme toute, de faire débuter son intrigue par un mystère pour le héros: pourquoi ses parents ont disparu et qui vient de l'enlever sans ménagement? Outre que ces deux questions trouvent très rapidement des réponses - il n'est pas question de faire languir inutilement le lecteur - nous sommes embarqués aux côtés de Jake. Je disais que c'était une technique classique, faire entrer le lecteur ou le spectateur dans un univers en même temps qu'un novice, c'est effectivement une ficelle largement utilisée. Cependant, je pense qu'elle est souvent un excellent point de départ à une intrigue et à un univers nouveau et plus facile à maîtriser. Ici les explications semblent logiques, sans être répétitives et ne sont pas juste "exposées" entre deux paragraphes. Peu d'auteur•e•s peuvent se permettre de présenter un monde/une organisation comme le font Georges R.R. Martin et Robin Hobbs. Du coup, je trouve l'emploi de ce procédé plutôt bien mené. 

Nous faisons donc la connaissance de Jake et des autres personnages en même temps que ce dernier. J'ai beaucoup aimé le voir évoluer. Un peu effrayé au départ, l'adolescent prend vite de l'assurance - retrouver ses parents et éblouir Topaze Sainte Honoré sont deux bonnes motivations - et c'est très agréable de le voir se comporter presque en véritable agent à la fin du tome 1. Même si ses initiatives ne sont pas toujours heureuses, on sent un garçon compétent. J'ai beaucoup apprécié Charlie et Mlle de Saint Honoré aussi. Charlie et son goût pour la cuisine, ce qui est assez rare je dois avouer en littérature jeunesse, et Topaze est une bonne héroïne, efficace et sûre d'elle sans être jamais arrogante. Ce qui n'est pas le cas de Nathan...qui m'a fait beaucoup penser à Nathan Fillion. Il est horripilant au possible mais parfois terriblement attachant. Une ambivalence intrigante et bienvenue.

En ce qui concerne le voyage dans le temps, je trouve que l'auteur s'en sort très bien. Damian Dibben parvient à éviter les écueils du genres notamment parce qu'il a l'intelligence de situer son intrigue hors des grands évènements historiques. Si le lecteur se promène dans l'Italie du début du XVIe siècle, puis en Allemagne à la même époque, à aucun moment nous ne croisons de personnages historiques, ni ne nous retrouvons en plein milieu d'un évènement marquant. En plaçant ses intrigues dans un décor, plus que dans un espace temps, Dibben reste maître de sa narration et peut, de la sorte, faire vivre de véritable intrigues et aventures à ses personnages tout en utilisant un contexte particulier. C'est une donnée qui m'a séduite, à aucun moment je n'ai souffert des anachronismes ou clichés inévitables dans ce genre de romans. C'est reposant!

J'ai adoré son concept de société secrète basée sur le Mont St Michel au XIXe siècle avec des agents de toutes les époques se retrouvant là dans un pot-pourri de costumes et de coutumes. L'idée également que certaines personnes puissent voyager dans le temps, grâce à des capacités particulières est aussi sympathique. Pas de machine mais une potion qui active un don présent en ceux qui voyagent et entraînent avec eux, passagers et matériels. Un brin de science, de l'imagination...tout ce que j'aime.

Un récit aux personnages bien croqués, qui rentre rapidement dans le vif du sujet et prend le lecteur par la main jusqu'à la dernière page.

Bon, on lit la suite non? Je te confirme Cheshire, on lit la suite!

La Tectonique des plaques - Margaux Motin

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Présentation de l'éditeur: Cuites, dérapages et autres séismes dans sa vie de mère célibataire... À 35 ans, Margaux Motin raconte les récents bouleversements qui ont secoué son existence. En magnitude 10 sur l'échelle de Richter, sa nouvelle histoire d'amour avec son meilleur pote, pour qui elle change radicalement de vie. Et comme toute nana post-trentenaire qui prend des décisions rapides, le retour de flammes sera brutal. 

Ce livre m'a fait de l’œil tout le mois de décembre. J'aimais beaucoup sa couverture, le format de la nouvelle collection Tapas:-* et le style de dessin. Aussi, dès que j'ai pu mettre la main dessus, je n'ai pas hésité. Sitôt pris, sitôt lu. Le temps d'une pause déjeuné je suis entrée dans l'univers de Margaux Motin.


Je n'ai pas lu ses deux premières BD, j'entrais donc dans son univers par la petite porte, presque en catimini. Au départ, j'ai eu un peu peur de ne pas apprécier du tout. Si j'aimais l'idée de planches qui se suivent pour raconter une histoire - donc pas de planches indépendantes mais pas un vrai récit suivit non plus - j'avais du mal à me retrouver tout le temps de le propos de Margaux Motin. BDGest' n'était pas très sympa dans leur chronique vis-à-vis de ce tome, le trouvant vain et nombriliste où tout le monde est beau, mince, branché et où personne n'a jamais l'air de travailler, juste de picoler entre potes. C'est vrai que la prédominance de ces scènes m'ont laissé un peu à part dans le récit. Ce n'est pas vraiment ce qui m'attire le plus car je ne m'y reconnais pas vraiment. Toutefois, je trouve la critique un sévère parce que Margaux Motin n'a jamais prétendu raconter autre chose que sa propre vie, le message est clair. De plus, l'auteure a beaucoup d'humour sur elle-même comme dans cette planche où on la voit allongé de dos, sur le côté dans une pause un peu sexy avec les commentaires de son amoureux. Sauf que lorsque l'on regarde de l'autre côté, elle est horriblement malade, avec la tête en chou-fleur. Moins glamour mais très drôle. 

Si j'avais quelques doutes au début, plus j'avançais, plus je trouvais le personnage de Margaux, mère nouvellement célibataire en galère vraiment attachant. Les interactions de Margaux et de Poupette, sa fille, sont un petit régal, un mélange de drôleries et de situations improbables. C'est très drôle et Margaux Motin a une sacré répartie pour sortir des remarques à sa fille de 5 ans, je vais définitivement adopter certaines, elles m'ont fait éclater de rire. Le personnage essaye de gérer sa vie de femme célibataire, puis nouvellement en couple, sa fille, son job et ses aspirations et c'est plutôt galère.

Il y a aussi d'excellentes anecdotes sur la vie de couple, fraiche ou moins fraiche et les copines qui organisent un relais sophistiqué pour rester à ses côtés. Ce qui m'a plu c'est que malgré quelques planches branchouilles, ça sent le vécu dans La tectonique des plaques.

Ma planche préférée..."Sa mère la pinata j'suis aveugle!"
Et puis...j'adore le dessin. J'aime beaucoup ses personnages, la façon de les mettre en scène et leurs expressions assez réalistes pour certaines. J'aime beaucoup les montages qu'elle fait entre photos et dessins mais aussi tous les dessins en transparence pour signifier ses pensées, le décalage est drôle et surprenant. J'arrivais très bien à m'imaginer Margaux Motin en train de se dire "mais qu'est-ce que je raconte?" ou penser dans sa tête "mais mémé pourquoi tu me parles de ton colon, je te connais depuis 5 minutes!"

J'ai fini par me laisser porter par l'histoire, mélange d'anecdotes rigolotes et de petites tranches de vie avec les hauts et les bas.

De toutes les dessinatrices que je connais, je crois que c'est Margaux Motin que je préfère, ces dessins sont vraiment agréables à regarder, expressifs, marrants. 

Si vous aimez le blog de Margaux Motin, n'hésitez pas à découvrir son dernier livre! 

En ce moment en librairie: Episode 2 "Des albums choupi trop chou!"

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De retour avec notre rendez-vous: "En ce moment en librairie" mais aujourd'hui pour vous parler des albums pour enfants. Grâce à la gentillesse de mon Capitaine Jeunesse, je m'occupe un peu du rayon jeunesse à la librairie et j'ai sous les yeux les albums pour enfant qui passent dans les rayons. Plusieurs d'entre eux méritent vraiment d'être vus et lus, du coup je vous propose un petit panel de mes coups de coeur et il y en a pour tous les goûts et tous les âges!


Rouge et Bleuetde Delphine Berger-Cornuel

L’amour est compliqué. Surtout lorsqu’on est ignoré par l’être aimé. Petit ourson est amoureux, mais Bleuet, la petite poupée, a le cœur froid, si froid qu’elle ne le voit pas. Indifférente a tout ce qui l’entoure, elle ne s’intéresse à personne.C’est alors que le grand oiseau noir enlève la fillette. Le courageux ourson tentera l’impossible pour la sauver.
Cet album en noir et blanc est une véritable petite perle. Comme le dit le résumé l'amour c'est compliqué, surtout quand on est un petit ourson au cœur tout chaud, amoureux d'une poupée au cœur tout froid. Nous suivons les aventures du petit ourson alors que la poupée se fait enlever par un grand oiseau noir. L'ourson ira jusqu'à briser son petit cœur tout chaud pour la poupée au cœur froid. Rassurez-vous, tout est bien qui fini bien et même d'une façon plus surprenante que l'on croit. A côté d'une histoire choupitrognonne, des dessins d'une grande sobriété mais très délicats qui fait de ce petit album par la taille, un grand album par le contenu. 
A partir de 4 ans mais aussi pour les plus grands. 

C'est toi le printemps? Chiaki Okada, Ko Okada
 
C'est l'hiver dans la grande forêt. Le premier hiver de Petit Lapin, trop petit pour grimper aux arbres comme ses frères.
"Bientôt viendra le printemps, lui dit sa maman. Alors tu seras grand. Tu pourras grimper aux arbres et voir la mer au loin..."
Le printemps ? Qu'est-ce que c'est ? À quoi ressemble-t-il ?
Soudain, BOUM BOUM BOUM... Des pas dans la forêt !
"Le printemps arrive !" se dit Petit Lapin.
Au grand ours blanc qui se dresse devant lui, impressionné, Petit Lapin demande:
"C'est toi le printemps ?"
Le grand ours sourit, prend Petit Lapin dans ses bras et le soulève, bien plus haut que les branches.
"La mer !" s'écrie-t-il.
Enfin, Petit Lapin voit grand, voit loin, comme ses frères.
Il est temps pour les deux nouveaux amis de se séparer. Le grand ours s'en va continuer sa route vers des contrées plus chaudes et Petit Lapin rentre chez lui en courant :
"Maman ! J'ai rencontré le printemps !"
 
L'illustratrice japonaise, très connue dans son pays natal, nous offre avec son mari - qui l'aide à écrire les textes - un magnifique ouvrage sur le printemps. J'ai été littéralement fascinée par les dessins de Chiaka Okada. Non seulement l'histoire est adorable mais les dessins sont splendides. Soignés, pensés, ils plairont aux grands comme aux tous petits. Une vraie petite perle pour passer l'hiver en attendant le retour du printemps. 

Petit ours mal peigné et le ballon rouge de Chris Wormell



Un jour, un ballon rouge traversa les airs et atterrit aux pieds de Petit Ours Mal Peigné qui donna un coup dedans. Le ballon s’envola et disparut entre les branches d’un chêne. Petit Ours attendit que le ballon retombe. Mais rien ne se passa. Alors, Petit Ours interrogea les lapins, escalada l’arbre où se trouvait l’écureuil, dérangea le hibou et chercha dans le nid de la cigogne. Mais un ballon, ça rebondit !

Après les aventures de Petit ours mal peigné et les 6 souris blanches, choupitrognon lui aussi, nous retrouvons notre petit ourson dans une nouvelle aventure. Cette fois-ci c'est le ballon rouge qui s'échappe dans un arbre contraignant petit ours à grimper toujours plus haut. Il va rencontrer les occupants de l'arbre, pas toujours contents de se faire réveiller par un ballon rouge et un ours! 

Albums choupitrognon à partir de 3 ans (et plus). 



Ours blanc a perdu sa culotte de Tupera Tupera

Ours blanc est stupéfait : il a perdu sa culotte ! Il ne se rappelle même plus à quoi elle ressemble…
Aidé par son ami Souris, il se lance à sa recherche. Les deux compères croisent au cours de leur quête une multitude de culottes : hélas, ce n’est jamais la bonne.
Mais la culotte d’Ours blanc est peut-être moins loin qu’il ne le pense…
En tournant les pages de ce livre découpé, l’enfant découvre le propriétaire de chaque culotte : attention aux drôles de surprises !

Le premier livre à culotte du monde! Cet album complètement barré mérite bien un petit coup d’œil. Il fera, sans aucun doute, rire petits et grands! 

Pour les 3 ans.
La Belle au bois dormant de Kuniko Craft d'après les frères Grimm 

Le conte des frères Grimm magnifiquement illustré à l'ancienne, une pure merveille. Dans cet album terriblement élégant, la finesse du dessin se dispute à la mise en page soignée et délicate.  

Un énorme coup de coeur pour ce livre qui m'a fait pensé à mon vieux Grigrigredinmenufretin que j'avais lorsque j'étais petite. On retrouve une maturité dans le dessin qui ne peut que mettre en valeur ce conte traditionnel. 

Pour une autre vision de la Belle au bois dormant.

A partir de 6 ans.
 Parents mode d'emploi de S. Duchesne et M. Escoffier

Félicitations ! Tu viens d’adopter un couple de parents qui, nous l’espérons, te donneront entière satisfaction. Voici tout ce que vous devez savoir sur les parents. Ce que vous devez éviter à tout prix. L’hygiène, le dressage, les sorties, les idées reçues… Tout ce qu’il faut savoir !

Eclats de rire garantis avec ce Parents mode d'emploi. Après Petit frère, petite soeur: mode d'emploi et Zizi, Zezette: mode d'emploi, le nouvel ouvrage de S. Duschesne et M. Escoffier, est là pour donner d'excellentes idées à nos chers petits trésors....ou pas.

A partir de 4 ans. 

Le prince tigre de Chen Jiang Hong

Au coeur de la forêt profonde, la Tigresse pleure la mort de ses petits. Des chasseurs les ont tués. Depuis, elle rôde autour des villages, le coeur empli de haine et de chagrin. Un soir, elle détruit les maisons, dévore les hommes et les bêtes, mais cela n'apaise pas sa colère, au contraire. Le pays est plongé dans la terreur. Le roi consulte la vieille Lao Lao, qui lui déconseille formellement de lever une armée. Une seule chose, selon elle, peut apaiser sa colère. Le roi doit lui donner son fils unique, Wen. Le roi et la reine ont le coeur brisé. Wen est si petit! Son père l'accompagne pourtant aux abords du territoire de la Tigresse. «Je n'ai pas peur», dit-il à son père. Il marche longtemps, puis, fatigué, s'endort au pied d'un arbre. Déjà la Tigresse a senti son odeur...

Nous quittons l'Europe pour la Chine où Chen Jiang Hong nous entraîne. Dans ce très beau conte chinois, l'auteur nous fait suivre les aventures et la relation inattendue qui se noue entre une tigresse blessée par la mort de ses petits et Wen, le petit prince. A découvrir sans hésiter.

A partir de 5 ans
Le plus malin de Mario Ramos

"C’est moi le plus malin! Aujourd’hui sera jour de festin ! ricane le loup. Au menu : grand-mère et petite groseille au dessert.» Arrivé devant la maison de la grand-mère, le loup frappe doucement à la porte: toc toc toc. Il n’y a personne. Seulement une chemise de nuit déposée sur le lit. Le loup enfile la chemise, il sort effacer ses traces de pas devant la maison. Et vlan ! Un courant d’air ferme la porte. Surpris, le loup fonce se cacher dans les bois, déguisé en Grand-mère… 

Si nous n'aurons plus de nouvel album de Mario Ramos qui nous a quitté bien trop tôt, son œuvre n'est pas prête de disparaitre. Réédition de ses albums de loup, Le plus malinmet en scène un loulou déguisé en grand-mère. Détournement du conte du petit chaperon rouge, Mario Ramos nous offre une histoire très drôle d'un loup qui ne fait pas vraiment peur!

A partir de 3 ans. 
Spécial coup de cœur - les anciens qu'on aime toujours

La provision de bisous de Zou de Michel Gay

Zou s’apprête à partir en colonie de vacances. Il veut à tout prix éviter de faire bébé mais, en même temps, il sait que tous ses bisous quotidiens vont lui manquer : ceux du soir, ceux du matin, ceux pour rien… Ne t’inquiète pas, Zou, disent Papa et Maman, on a une solution. Et les voilà qui confectionnent une énorme provision de bisous. Zou n’aura qu’à ouvrir sa boîte à bisous quand il se sentira seul. Mais la boîte réserve une surprise…
Vous posiez-vous aussi la question : où vit Zou ? La réponse est dans ce livre. Zou vit dans un monde de zèbres ! Ses voisins sont des zèbres, ses amis sont des zèbres… Façon de dire, pour Michel Gay, que nous sommes tous un peu coquins, un peu voyous, bref un peu tous de drôles de zèbres.

J'ai craqué sur ce petit volume déjà ancien de Michel Gay rien qu'à cause du titre et puis je l'ai lu et j'ai fondu. Une nouvelle aventure de Zou où cette fois-ci, le petit zèbre doit affronter une première épreuve: partir loin de papa et maman. Mais et mes bisous? 
Avec l'idée amusante et originale de la provision de bisous, cet album - disponible en lutin poche - est parfait pour affronter cette peur des tous petits: le premier départ!

Petit bout tout doux de Claude Lager et Claude K. Dubois

"Louise a un petit bout, un petit bout tout doux qui l'accompagne partout..." 

COUP DE CŒUR pour cet album que je lisais petite!! Un retour aux sources et retour en enfance bienvenu. 

Une histoire de doudou perdu, égaré et pourtant indispensable. Parce que le doudou c'est le compagnon idéal pour les tous petits (et même les plus grands), celui qui essuie les pleurs et apaise les cauchemars du soir. 

Un album chouchou à redécouvrir. 
A partir de 3 ans. 

Voila les amis, c'est fini pour aujourd'hui. Si vous aussi vous avez croisé des albums choupitrognons ces derniers temps, n'hésitez pas à en parler dans les commentaires! 
Bon dimanche à tous et à toutes!  

Londres par hasard - Eva Rice

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Présentation de l'éditeur: Tara, adolescente un peu rebelle dont l'enfance a été assombrie par la mort tragique de sa mere, vit avec père vicaire et ses sept frères et sœurs dans un presbytère de Cornouailles. Quand, lors d'un mariage, elle est remarquée par un producteur de disques pour sa belle voix, sa vie tranquille de jeune provinciale va basculer. Bientôt, accompagnée de sa sœur Lucy - ravissante jeune femme qui brise tous les cœurs mais qui ne rêve que de vieilles pierres -, elle partira pour Londres où elle enregistrera un disque et connaîtra le succès artistique, en même temps que ses premiers amours avec un photographe de mode. Les deux filles seront plongées dans le bouillonnement culturel du Londres des « Swinging sixties». Lucy va même se rapprocher d'un certain chanteur et joueur d'harmonica qui deviendra par la suite l'une des plus grandes icônes de l'histoire du Rock. 

 Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas - ce qui était mon cas avant d'ouvrir ce roman - Londres par hasard est le second roman d'Eva Rice après L'amour comme par hasard. Si dans le premier nous suivons les histoires de Charlotte et de Pénélope, le second s'intéresse plutôt aux sœurs Jupp, Lucy et Tara.  

Je n'avais pas lu L'amour comme par hasard mais je dois dire que ça ne m'a pas gênée. L'auteure arrive sans trop de mal à produire une histoire originale sans que se fasse sentir l'appel du premier tome. C'est vrai cependant qu'avoir lu les aventures de Pénélope et Charlotte doit apporter un petit plus à la lecture de Londres par hasard, cela dit, ma lecture a été fluide. Lecteur, lectrice, vous pouvez donc absolument commencer - ou finir - par celui là sans aucun soucis. 

Cette facilité de lecture s'opère notamment grâce au choix de la narration à la première personne. En effet, c'est Tara qui nous raconte d'abord l'histoire de sa famille et de son village natal, puis la sienne et celle de sa sœur dans le Londres des 60's aux côtés de personnages tous plus fantasques et extraordinaires les uns que les autres. Il est donc plus simple de repartir de zéro et de réintroduire le lecteur dans cet univers précédemment d'écrit par l'auteure.  
Je suis, en général, très difficile sur la narration à la première personne et encore plus lorsqu'il s'agit d'une voix de femme - de jeune femme ici - qui raconte ses débuts dans le monde des adultes. Pourtant, je me suis très vite laissée charmer par la voix de Tara, au propre comme au figuré.

On pourrait croire le personnage de Tara - et même l'histoire en elle-même - diablement cliché avec l'apprentie chanteuse qui part a Londres rencontrer le succès mais Eva Rice est beaucoup plus fine que ça. D'abord parce que Tara est attachante, entière et pas diva pour un sou. Chanter elle aime ça, elle est douée mais au fond, elle veut faire plaisir à sa mère disparue et faire comme le lui dit Inigo "quelque chose de cette voix". Elle chante d'abord pour les autres parce que ce qu'elle aime c'est le cheval. Tara est bien loin des critères de starification de notre univers et j'ai aimé ce décalage. Une jeune fille sur qui la "gloire" tombe dessus sans qu'elle ne le désir vraiment sans vouloir à tout prix être transformée, le concept m'a séduite. Si Tara Jupp deviendra aux yeux du monde Miss Cherry Merrywell, elle reste toujours Tara Jupp pour le/a lecteur/trice. 

L'utilisation de la première personne du singulier pour aborder deux personnages était également très intéressant car Lucy est un personnage central de l'intrigue. J'avoue que j'ai eu peur au début. Lucy c'est l'équivalent de Scarlett Johanson et j'ai redouté que Tara se retrouve complètement dans son ombre avec un balancement horripilant entre "je la déteste elle est trop belle" et "je l'admire, elle est trop belle". Heureusement, Eva Rice a plus d'un tour dans son sac et le personnage de Lucy, qui sous d'autres plumes aurait pu être cliché à mort, devient une jeune femme particulièrement intéressante. Lucy adore les vieilles pierres. Dotée d'une mémoire photographique (marque déposée), elle voue une vénération à l'architecture britannique et à l'art en général. Passion extrêmement rare et novatrice en littérature, ça nous change de la mode, elle dote Lucy d'une personnalité forte, originale et indépendante. C'est un personnage extrêmement frais et vrai. Bizarrement, je n'ai eu aucun mal à imaginer quelqu'un comme Lucy. Sa beauté est parfois un atout mais également un trait de personnalité qu'elle tente de faire oublier. 

De la même façon, on pourrait penser que l'histoire dans la capitale avec découvertes et déceptions amoureuses, les 60´s, n'aura rien de bien palpitant mais c'est sans compter sur presque la première moitié du roman où l'on suit plutôt les deux sœurs dans leur village natal. C'est toute une adolescence qui se joue durant 200 pages, narrée dans un entrelacs de sentiments confus, d'espoirs et d'amitiés déçus. C'est là qu'intervient le personnage de Mathilda. Jeune fille timide, femme complexe et blessée, Mathilda forme avec Lucy, une paire intrigante où se mêle amitié et rancœur. L'évolution des deux jeunes femmes et leur relation était la pointe de drame parfaite qui complétait ce roman. Durant toute ma lecture j'ai cru que l'histoire allait être un drame à l'anglaise. De petits signes avant coureur, quelques remarques ici où là mais en réalité, ce n'était pas la peine de m'inquiéter. L'auteure sait parfaitement mélanger les drames - petits ou grands - de la vie avec les coïncidences bienheureuses et les fins en douceur. Du coup, l'histoire de Lucy et Mathilda s'insérait à merveille dans ce décor sucré qu'est le Londres des années 60. Je les vois bien incarnées par les deux actrices du "Sad Cypress" d'Hercule poirot, Kelly Reilly en Lucy et Elisabeth Dermot Walsh en Mathilda. 

Si vous aimez à la fois le charme de la campagne anglaise et le tumulte Londonien, vous allez être servi parce que Londres par hasard, c'est un peu tout ça. On croise aussi bien une vraie Lady et un Évêque qui fait peur qu'un des membres des Rolling Stones ou des icônes de la mode et de la photo de l'époque. Un pot pourri bien dosé où chacun semble avoir acquis sa juste place. 

Je fus réellement charmée par l'intrigue et les personnages, leurs évolutions, leurs peines, leurs joies et les retournements de situation. Servi par une très jolie langue, Londres par hasard est un délicieux bonbon anglais acidulé à consommer avec un bon thé durant un après-midi pluvieux. 

Le passage du diable - Anne Fine

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COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécu enfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère – qui l’a gardé reclus, à l’écart du monde extérieur, et qui n’a cessé de lui répéter qu’il était malade. Un jour, des coups frappés à la porte vont tout changer.
Des voisins ont découvert son existence, et résolu de libérer Daniel de l’emprise de sa mère. Pris en charge par le docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peu que tout ce qu’il tenait pour vrai jusque-là n’était qu’un tissu d’histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de quoi ?
De sa vie d’avant Daniel n’a gardé qu’une maison de poupée. Et pas n’importe quelle maison de poupée : c’est la réplique exacte de la maison natale de sa mère, une maison qui recèle de nombreux et sombres secrets. Jusqu’à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?

Cela faisait longtemps que je n'avais pas été impressionnée à ce point par un roman jeunesse. Que d'envergure, que de force et de prise de risque de la part d'Anne Fine dans ce roman qui joue subtilement avec le fantastique et l'horreur. Nous sommes bien loin des aventures bon enfant du chat assassin car ici, l'assassin ne se limite pas aux souris. La couverture, déjà bien inquiétante, est loin d'être révélatrice dans la tension réelle qui se dégage de l'histoire d'Anne Fine. J'avais bien compris que ça allait être noir, je ne savais pas à quel point. 

Le passage du diable est un roman à destination des 15 ans et plus. Ça semble bateau à dire parce que je parle beaucoup de romans ado/Young adult sur ce blog mais je vous assure que la prescription n'est pas superflue en ce qui concerne Le passage du diable. Dès les premières pages, le•a lecteur•trice est pris dans cette atmosphère pesante et étrange, de la même façon que l'on peut être pris, englué dirai-je, dans Rebecca de Daphnée du Maurier. 

Pour être claire, j'ai tout aimé: que ce soit le style d'Anne Fine, l'intrigue, l'ambiance, le jeu subtil sur le fantastique présent simplement ce qu'il faut. Tout. J'ai tout aimé. 

Écrit à la première personne, c'est en effet le jeune Daniel qui raconte son histoire, le roman vous prend à la gorge dès les premières pages. Au contraire du jeune narrateur, nous sommes capables bien vite de comprendre que quelque chose cloche dans le comportement de sa mère, son omniprésence aux pieds du lit de son fils et sa volonté farouche de l'isoler du reste du monde. De ce fait, l'arrivée du Docteur apparait comme une bouffée d'air pur même si le jeune Daniel n'est pas au bout de ses malheurs. Cela dit, si on se rend compte que Mrs Cunningham n'a pas un comportement rationnel, on ne peut s'empêcher de se demander si derrière ses actes il n'y a pas une vraie raison qui la pousse à agir ainsi. Malgré les mensonges et sa folie, je n'ai pu m'empêcher dès le début, d'éprouver de la peine pour Mrs Cunningham. Ce début de roman est particulièrement agressif, il voue secoue et vous met mal à l'aise. Le destin de Liliana est tragique dans le sens le plus pur du terme et je n'ai pu m'empêcher de trouver le personnage très beau. La description qui s'en dégage tout au long du roman est fait de contrastes et de révélations surprenantes mais permet de brosser le portrait d'une femme courageuse et aimante malgré ses peurs et ses angoisses profondes. Les domestiques de High Gates enrichissent de ce fait un récit farci de mystères où rien n'est jamais ce qu'il semble être.

Deux parties composent ainsi le récit et si elles sont assez différentes en elles-même, une tension commune est bien filée tout au long de l'intrigue. J'ai beaucoup aimé la première partie où le jeune Daniel se retrouve dans la maison du Docteur, avec sa femme, la gentille Mrs Marlow et ses filles dont la jeune Sophie, adorable par son originalité et sa spontanéité. Fraiche et vive, elle met un peu de couleur dans le ciel gris de Daniel. Quant à la seconde partie, qui met notre héros aux prises avec son passé, elle le voit faire face à la concrétisation de ses peurs. Si l'angoisse était diffuse dans la première partie - le/a lecteur/trice se demandant d'où provient la tension que l'on ressent depuis le début - elle prend véritablement corps dans la seconde. 

La Maison est un symbole de première importance, presque un personnage en soit, puisqu'elle se retrouve déclinée sur plusieurs variations. Il y a d'abord la maison de Daniel et de sa mère, Maison-prison dont on ne sait pas bien si elle protège ou punie puis la Maison des Marlow, celle où il fait bon vivre, où l'enfance peut s'épanouir et se sentir protégé avant de se heurter à High Gates. Celle-ci, présente à la fois à travers la maison de poupée et la vraie demeure familiale, est l'enjeu véritable de l'intrigue car de la première se dégage une ambiance malsaine à laquelle répond la seconde. Il s'agit presque d'une métaphore filée où se dispute des jeux en miroir en lien direct avec le mystère que tente de résoudre le jeune garçon. C'est une idée qui m'a beaucoup plu, de même que les figurines en bois sont eux-aussi les allégories de personnes bien réelles, High Gates est le passage du diable.

En plus de la tension qui se dégage de chaque page, qui nous fait lire plus vite pour voir si Daniel va s'en sortir, si les menaces qui pèsent sur lui ne sont pas trop grandes, Anne Fine mélange subtilement le fantastique à son récit à la manière d'un Henry James et de son fameux Tour d'écrou. Les éléments surnaturels sont suggérés à travers le comportement des personnages ou leur destin funeste sans que jamais vraiment nous n'ayons d'explications nettes sur le sujet. La fin seule, présage de la réalité des faits ou de leur absence de réalité. Ce n'est jamais tapageur, toujours fait finement de sorte que l'ambiance fantastique prédomine sur n'importe quel autre ton. 

La langue enfin, simple mais belle, toujours poignante et dans la veine des écrits fantastiques d'il y a deux siècles, rehausse encore ce roman jeunesse magistral.
Parfait pour un éveil au fantastique, parfait aussi pour les amateurs d'émotions, d'ambiance et d'excellent récit, Le passage du Diable est une merveille. Je ne peux donc que recommander ce coup de cœur absolu. 

Quatre sœurs la BD - Malika Ferdjoukh et Cati Baur : tome 1 et 2, Enid et Hortense

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Les Quatre sœurs, c'est mon roman jeunesse préféré de l'univers entier, rien que ça. Les Sœurs Verdelaine et la Vill'Hervé je les adore au point que je regrette toujours que Charlie, ma préférée, n'ai pas son tome consacré, rien que pour pouvoir recroiser le beau Valéry. La bande dessinée de Cati Baur et de Malika Ferdjoukh était sortie une première fois chez Delcourt mais je n'avais pas eu l'occasion de la lire. Elle est tout récemment ressortie chez Rue de Sèvres, la maison d'édition BD de l'Ecole des Loisirs qui nous promet cette fois la série complète. Ni une ni deux, j'ai donc pu mettre la main sur les deux premiers tomes disponibles, Enid et Hortense.


Découpées de la même façon que les romans, c'est à dire en quatre volumes, la BD suit pas à pas les livres qu'elle met en scène.

J'ai adoré voir vivre à travers le dessin mes cinq sœurs préférées - quid des sœurs Bennet me direz-vous, je répondrais que des cinq, je n'en aime que deux...Je ne sais pas si je les imaginais véritablement comme ça en lisant le roman mais la BD m'a tout de même convaincue. Les sœurs Verdelaine sont différentes les unes des autres, tant physiquement que psychologiquement et on arrive bien à les distinguer.

Charlie, avec son air de lutin et ses cheveux courts, reste ma préférée et j'adore le look que Cati Baur lui donne, avec ses pull trop grands, sa salopette et son pantalon à bretelles. C'est un style qui me ressemble assez dans ce que j'aime et je me sens donc très proche de l'aînée des Verdelaine. Geneviève à un physique très agréable, elle fait très douce et cela dégage un contraste assez marrant lorsqu'elle fait du baby-sitting pour les jumelles Desroulliere. Bettina est superbe et bénéficie souvent de gros plans très jolis sur ses cheveux roux et ses tâches de rousseurs et même si c'est la sœur que j'aime le moins, je la trouve réellement touchante qu'à partir de la fin du tome 2, la bande dessinée lui rend joliment hommage avec son petit nez en pointe. Hortense se fait très discrète dans le premier tome mais heureusement, la seconde histoire lui est consacrée et c'est un personnage - dans le sens fantasque du terme - qui se révèle aux lecteurs et lectrices. Enid enfin est vraiment drôle parce qu'elle ne se rend pas compte qu'elle est encore un bébé pour ses sœurs et que sa lubie de sauver sa chauve souris Swift en plein orage aurait pu avoir des conséquences terribles. Avec sa jolie bouille et ses barrettes roses, elle apporte de la gaieté dans la Vill'Hervé.

 Présentation de l'éditeur: Orphelines depuis peu, les soeurs Verdelaine vivent à la Vill'Hervé, une grande maison en bord de mer. Enid, c'est la plus jeune, celle qui ne comprend pas vraiment les choses de l'amour, celle que personne ne croit quand elle dit qu'elle a entendu un fantôme hurler dans le parc. Ni Geneviève, ni Hortense, ni Bettina... Pas même Charlie l'aînée qui s'occupe de toute la petite tribu. 

Dans ce premier tome, nous apprenons donc que les filles Verdelaine vivent désormais seules, à la suite de la mort de leurs parents, Lucie et Fred. C'est Enid, la plus jeune qui nous entraîne tout d'abord dans leur grande maison au bord de la mer, la Vill'Hervé, où le vent s'engouffre dans un bruit de hibou asthmatique. Les fuites, la chaudière qui déconne, le macaroni - cet escalier biscornu - l'aile des filles et l'aile de Bettina avec salle de bain perso - lenteur de douche de la demoiselle oblige - mais heureusement il y a aussi les pâtisseries de Geneviève, les vêtements bien repassés et Charlie et ses outils. Il y a aussi Basil, l'amoureux de Charlie, médecin de son état qui vient aider la tribu Verdelaine dès qu'un nez se met à couler. 

Les filles ont aussi un secret, elles parlent toute à leurs parents disparus, qui apparaissent toujours vêtus n'importe comment. Réconfortant et douloureux, ces apparitions sont l'occasion pour les filles de confier ce qu'elles ont sur le cœur. 

A côté de la grande tempête qui s'abat sur la Vill'Hervé, détruisant le puits et le vieil arbre, Colombe, une jeune fille dont les parents sont à l'étranger, vient passer les vacances chez les Verdelaine au grand dam de Bettina qui redoute une rivale. Il faut dire que Colombe est aussi belle que gentille et ça a de quoi énerver. Sauf que non...Colombe a tout de Miss parfaite mais elle est vraiment adorable, bien élevée et c'est une bonne nature. Elle n'en veut jamais à Bettina pour ses impolitesses et ses vacheries, ne la dénonce pas, parce qu'elle sait que cela ne sert à rien. C'est finalement Bettina qui nous apparaît comme une insupportable ado, jalouse et mauvaise jusqu'à la fin du tome. Il lui faudra faire encore un peu de chemin avant de grandir! 

Colombe est très joliment dessinée et correspond bien à l'image que je m'en faisais et le beau Juan avec ses cheveux roux et ses tâches de rousseurs était parfait aussi!

 Présentation de l'éditeur: Dans ce deuxième tome de ta série, il est question d'Hortense, 11 ans, qui passe sa vie dans les livres et se demande ce qu'elle va devenir : un personnage de sa série préférée ? Chirurgienne des maladies incurables pour venir en aide à sa nouvelle amie Muguette ? Ou bien comédienne ? Mais pour monter sur scène, Hortense va devoir vaincre sa timidité... C'est dans son journal intime dont elle nous livre des extraits, qu'Hortense s'interroge et partage les hauts et les bas de sa vie d'adolescente. 

Enfin nous découvrons Hortense, 11 ans et malheureuse, noyée dans la masse de ses sœurs. Trop de filles dans cette maison, trop de caractères différents et surtout trop de Bettina qui ne voit sa petite sœur que pour se moquer d'elle. Lorsque Hortense rencontre Muguette, une petite fille gravement malade mais pleine de vie et d'espièglerie, l'adolescente se dit qu'il est temps d'agir. Grâce à cette nouvelle amitié et aux cours de théâtre, Hortense sort lentement mais sûrement de sa coquille et se découvre une passion. 

J'ai beaucoup aimé que ce tome-ci prenne une forme qui lui est propre, notamment avec les pages du journal d'Hortense qui jalonne la lecture. C'est donner vie au roman d'une façon visuelle fort agréable. 

Parallèlement à Hortense, c'est Bettina qui vit une histoire peu commune avec un magicien nommé Merlin aussi drôle et gentil que laid. Entre la peur d'être rejetée par ses amies et la découverte de l'amour, Bettina passe de l'odieuse à l'émouvante. Les deux premiers tomes en font finalement un personnage de premier plan parfois au détriment de Geneviève ou Charlie que l'on voit moins.

J'ai beaucoup apprécié ce que Cati Baur a fait de Merlin. Le garçon a d'immenses oreilles et un grand nez mais il est immédiatement attachant comme dans le roman. On a envie de rire avec lui et de le voir faire des tours de magie. C'est un personnage que j'avais déjà adoré dans le roman et ici, tout comme Colombe dans le tome 1, Cati Baur a su le retranscrire juste comme il fallait. De la même façon j'ai trouvé le personnage de Muguette très juste. On voit bien qu'elle est malade, avec ses yeux cernées et ses cheveux très courts qui ont l'air d'être un petit duvet, mais en même temps, il se dégage une très grande force de son personnage ainsi que beaucoup d'humour. Cati Baur a gardé toutes les expressions de Muguette, les "Maine et Loire" ou autre "Tarn et Garonne" qui m'ont toujours beaucoup plu.

Ces deux premiers tomes des adaptations des Quatre sœurs retranscrivent avec brio mes romans chéris. Des larmes de rire en passant par celles de tristesse, des disputes aux franches rigolades, c'est avec une joie non dissimulée que l'on se replonge dans les aventures des cinq filles Verdelaine. Il est indéniable que l'on sent la complicité des deux auteures. Une lettre de Malika Ferdjoukh au début du premier tome retrace d'ailleurs leur rencontre et leur projet. De l'inspiration très hollywoodienne de Malika Ferdjoukh, toujours très friande du cinéma de l'âge d'or, aux choix de Cati Baur, la BD finale ressemble bien à la mise en image des romans. 

L'humour et les mots d'esprit qui les jalonnent non pas disparu non plus et c'est avec le sourire et en attendant la suite que l'on referme ces deux premières bandes dessinées.

J'ai déjà parlé des dessins de Cati Baur pour ses personnages mais il faut encore mentionner tous les décors et les paysages. J'adore plus que tout la Vill'Hervé, absolument magnifique. Elle figurait déjà dans le Top 10 des maisons dans lesquelles je voulais vivre mais la voir presque en vrai est insoutenable. Immédiatement, nous sommes plongés dans l'ambiance et la Vill'Hervé et les cinq Verdelaine prennent corps. Trois pages de BD c'est tout ce qu'il aura fallu pour m'avoir, sans parler de la plage, des falaises d'Hortense et de la chambre de Geneviève avec son lit que l'on peut entièrement fermer. J'ai hâte d'arriver dans les autres tomes lorsque les filles vont à Paris. La capitale sous les pinceaux de Cati Baur ne doit pas manquer d'attraits.

La maison idéale, au bord de la mer!

Je ne peux donc QUE vous recommander ces deux premiers tomes, dans l'attente fébrile des deux derniers. Ceux qui ont lu les romans vont juste adorer, pour les autres, c'est une excellente occasion de découvrir l'univers des cinq soeurs Verdelaine et de Malika Ferdjoukh.

Dessin préparatoire de Cati Baur, trouvé sur son blog

Quatre murs - Kéthévane Davrichewy

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Présentation de l'éditeur: La maison familiale est trop vaste pour une femme seule. En ce jour de déménagement, les quatre enfants, devenus adultes, s’y retrouvent pour la dernière fois. Leur père est mort. Dans les pièces vides qui résonnent, les propos en apparence anodins se chargent de sous-entendus. Ces quatre-là se connaissent trop pour donner le change, d’autant que leur mère, profitant qu’ils soient pour une fois ensemble sans enfants ni conjoints, soulève la question de l’héritage.

Deux ans plus tard, rien n’est résolu : les frères et sœurs ne se parlent plus guère, et surtout pas de leur passé. Sur l’insistance de leur mère, ils ont pourtant accepté de se retrouver en Grèce, le pays de leur origine, dans la maison où l'aîné vient de s'installer.

Ce voyage est, pour chacun d’entre eux, l’occasion de revenir sur l’ambivalence de leurs relations. Comment en sont-ils arrivés là, eux qui étaient tout les uns pour les autres ?

Lorsque j'ai reçu ce nouveau roman de Kéthévane Davrichewy, il n'était pas encore sorti mais déjà on en parlait partout. Avec ce résumé alléchant, les commentaires sur la prose de l'auteure ou encore ceux sur sa façon très fine de dépeindre les relations familiales compliquées, je pensais que j'allais vraiment aimer ce récit à quatre voix. Pas de chance, l'auteure n'a pas su me séduire. Bien au contraire, le roman et ses personnages ne m'ont pas plu. 

Je suis une grande adepte des histoires de famille, j'aime ça. D'ailleurs Les Douze tribus d'Hattie d'Ayana Mathis que je suis en train de lire est tout à fait dans cet esprit: raconter les déboires d'une famille déconstruite par les événements de la vie. Cependant, j'ai trouvé que Quatre murs n'arrivait jamais à dépasser le discours nombrilistes des enfants, se concentrant exclusivement sur la voix du "moi" au lieu du "nous", sûrement peut-être parce que les protagonistes ne veulent plus d'un "nous". Paradoxalement d'ailleurs, le titre est bien choisi, quatre enfants, quatre murs...mais quelles interactions peut-on avoir avec un mur?
Le roman est découpé en trois parties - sans compter le prologue - chacune s'intéressant à l'un des membres de la fratrie, ou aux jumeaux. Chacun leur tour, alors que nous avançons dans l'intrigue et parcourons avec eux le chemin vers la Grèce, ils évoquent leur enfant, leurs failles, leurs doutes, leurs espoirs déçus et ceux qu'il leur reste encore. 

Entre Saul, adulte complètement blasé qui veut tuer l'un des membres de sa famille pour une raison qui échappe longtemps au lecteur, Hélène que l'on blâme pour tout ce qui leur est arrivé et qui se protège par une épaisse carapace et les jumeaux aux rêves brisés, je n'ai pu me défaire de cette ambiance lourde. Pour dire la vérité j'ai trouvé l'ensemble extrêmement pesant et autocentré, chacun se renvoyant à la tête ce qui leur est arrivé et cela devient vite insupportable. Je n'ai pas senti, du tout, que les protagonistes tentaient de comprendre quoi que ce soit sur leurs vies, leurs malheurs ou pourquoi leurs relations les uns avec les autres devenaient inexistantes. Ils se contentent de ressasser leurs malheurs et ce qu'ils ont raté. 
Le résumé mentionne le deuil, celui du père, celui de leur cousin, l'accident de voiture qui a handicapé la petite dernière mais je n'ai pas ressenti de questionnements communs sur le sujet. Chaque personnage est enfermé dans sa petite bulle et ne semble pas prêt à vouloir réellement communiquer avec les autres. 

Si j'ai compris les épreuves par lesquelles sont passées chacun des membres de la famille, je ne m'explique pas la lourdeur du texte. Après les romans de Maggie O'Farrell, je trouve que celui-ci manque d'envergure. Je n'ai réussi à m'attacher à aucun personnage, sauf peut-être Hélène, la seule qui veuille vraiment se tourner vers l'avenir, un avenir apaisé, sans le venin des autres membres de sa famille, et plus encore, je n'ai pas vraiment réussi à les comprendre. 

En revanche, j'ai apprécié l'écriture de Kéthévane Davrichewy et les jeux de style qu'elle emploie dans ce roman à quatre voix: première personne pour Saul, troisième personne centrée sur Hélène ensuite et enfin une troisième personne neutre, dans ce face-à-face des jumeaux. 

Sans avoir détesté Quatre murs, je ne peux pas dire que j'ai su l'apprécié. Vite lu, vite oublié, je ne retiens finalement pas grand chose de cet affrontement. 

Mais qui cela peut-il être à cette heure? - les fausses bonnes questions de Lemony Snicket #1

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Présentation de l'éditeur: C'est l'histoire d'une ville, c'est l'histoire d'une fille, c'est l'histoire d'un vol. Je séjournais dans la ville, j'enquêtais sur le vol, j'étais persuadé que la fille n'y était pour rien. J'avais pas loin de treize ans et j'avais faux. Faux sur toute la ligne. J'aurais dû me demander : «Pourquoi aller raconter qu'on vous a volé un truc quand ce truc n'a jamais été à vous en réalité ?» Au lieu de quoi, je me suis posé la mauvaise question - quatre mauvaises questions au bas mot. Ce qui suit est le rapport détaillé de la première.

Vous connaissez tous je penseLes désastreuses aventures des orphelins Baudelaire et ses personnages, Violet, Klaus et Prunille (Sunny pour la VO) qui nous ont entraîné dans leurs folles histoires toutes plus horribles les unes que les autres. Si j'avais été déçue du treizième tome, il me tardait néanmoins de retrouver la plume de "Lemony Snicket". 

Nous voilà donc plongés dans l'adolescence de l'auteur pour cette nouvelle série en 4 volumes Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket. C'est un réel délice de retrouver la plume pleine d'humour de Lemony Snicket. Comme dans les Orphelins Baudelaire, nous sommes prévenus à l'avance de ce qui ne va pas aller, des erreurs que vont commettre les personnages - surtout lui - tout en parvenant à conserver une bonne dose de mystère. 
Qui est la personne avec qui Lemony Snicket avait rendez-vous? Quel est son projet secret? Que fait-il à Salencre-sur-mer avec une mentor plus nulle que nulle et pourquoi dire qu'on vous a volé une statuette si elle n'a jamais été à vous en premier lieu? 
Cela fait beaucoup de questions, auxquelles le jeune Lemony Snicket, va devoir répondre et parfois, de travers!

Depuis Londres, le lecteur est traîné dans cette ville imaginaire qu'est Salencre-sur-mer, ville réputée pour son extraction d'encre qui se retrouve dans les stylos plumes. A présent à la dérive, la ville se vide et ses derniers habitants ont des motifs pas toujours très clairs. C'est là que le jeune Lemony va tenter de se débarrasser d'une mentor incompétente, rencontrer une adolescente qui s'entraîne à devenir journaliste, un bibliothécaire peu regardant, une jeune fille à la recherche de son père et plusieurs mystères insondables dont les résolutions nous attendent dans les tomes suivants. 

J'ai été séduite sans hésiter par le style de Lemony Snicket. Toujours enlevé et drôle, il ne prend pas non plus ses lecteurs pour des idiots et son propre personnage est plutôt dégourdi pour ses 13 ans. A côté de ce style joyeux et entraînant, le roman est bourré de références littéraires. Je ne sais pas dans quelle mesure les adolescents qui liront le livre seront capables de les comprendre mais pour les plus vieux, grands ados ou adultes, c'est un véritable régal. 

Un récit drôle, entraînant, intelligent. Ma chronique est courte mais je n'ai pas grand chose d'autre à dire hormis: lisez-le et faites-le lire!

Les douze tribus d'Hattie - Ayana Mathis

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COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l'existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d'Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

Je l'avais repéré depuis Noël et sans savoir pourquoi, au départ je ne pensais pas qu'il s'agissait d'une histoire de famille. Une relecture attentive m'appris que "douze tribus"étaitpour les enfants et petits enfants d'Hattie et les commentaires élogieux que j'avais entendu sur le roman m'incitèrent fort à m'y intéresser d'avantage. Si j'ai mis un peu de temps à le lire, c'est parce qu'il est incroyablement dense et fort. Mon esprit avait besoin de petites pauses afin de mieux digérer les informations que l'auteure dispensait sur sa tribu. 

En ouvrant Les douze tribus d'Hattie, je m'attendais au récit d'une famille sur fond de lutte pour les civil rights movement. C'était procéder là à une déduction rapide qui aurait sûrement fait dresser les cheveux sur la tête de Sherlock Holmes. Comme quoi, j'ai pu accumuler des tas de préjugés sur ce roman avant de le lire. 

J'ai adoré la construction du livre. En effet, pas de récit linéaire ici avec un début, un milieu et une fin. Ayana Mathis se montre bien plus maligne et donne à son roman une tout autre envergure. À chaque chapitre nous avançons dans le temps tout en suivant un ou deux membres différents de la famille: Philadelphia et Jubilee puis Floyd, Six, Ruthie, Ella, Alice et Billups, Franklin, Bell, Cassie et Sala. Je me suis laissée emporter par ces différents chapitres qui n'ont pas toujours de liens entre eux, bien plus facilement que si elle nous avait raconté l'histoire entière de la famille Sheperd de A à Z. Le lecteur doit alors recomposer les destins croisés des personnages, accepter aussi les non-dits et les trous que l'on peut combler de temps en temps au détour d'une page, d'une ligne, d'un mot. J'ai trouvé ça très agréable finalement cette absence de récit suivit. C'était différent et bienvenu.
Des années 1920 avec les jumeaux Philadelphia et Jubilee aux années 60 avec Cassie et Sala, c'est un demi-siècle que balaye cette histoire familiale. Pourtant, s'il s'agit bien d'une histoire de famille, le décor et le contexte ne sont pas réellement importants. Bien que l'on parle du pays de Jim Crow, de la différence entre le Nord et le Sud des États-Unis et de ce qui fait la vie des afro-américains de l'époque, il ne s'agit pas pour Ayana Mathis de dresser une fresque de la condition des noirs dans l'Amérique du milieu du siècle dernier à la façon de Kathryn Stockett dans La couleur des sentiments. Bien entendu, cette Histoire est toujours présente en filigrane mais l'auteure s'attache beaucoup plus à ses personnages qu'à un quelconque contexte historique ce qui rend le roman finalement plus abordable à un plus grand nombre.

J'ai adoré voguer d'un univers à l'autre, passant d'un enfant à un adolescent puis trouver le récit d'un jeune adulte avant de me plonger à nouveau dans l'histoire d'un nouveau né mais plus que tout, c'est le portrait d'Hattie que j'ai adoré. Si l'histoire semble se concentrer sur ses enfants et sa petite fille, il s'agit bien en vérité de brosser le portrait de cette femme exceptionnelle qu'est Hattie Sheperd. Jeune fille brisée par la vie, elle se mue en une femme froide et distante, toujours présente bien que peu aimante en apparence. Chaque enfant, qu'il le veuille ou non, est viscéralement lié à sa mère et c'est bien d'elle dont il est question. Que ce soit pour Floyd et ses errances dans le Sud ou Six et sa foi déviante, Bell et sa haine, Cassie et sa folie, tous à leur façon sont liés à Hattie quand bien même cela leur déplaît. C'est une femme extrêmement courageuse qui nous est décrite. Les enfants en veulent à Hattie, sur sa froideur, sa dureté mais finalement, ils peuvent tour à tour se rendre compte que c'est sa façon à elle d'exprimer son amour. Au-delà des apparences, Hattie éprouve énormément d'amour pour ses enfants, elle essaye toujours d'agir pour leur bien quand bien même eux ne le voit pas ainsi. 
Les histoires de Ruth et d'Ella m'ont bouleversée profondément, elles sont très puissantes. Celle de Cassie et de Bell également. En règle général c'est aussi le portrait d'une génération de femmes perdues qui se dessine entre les lignes d'Ayana Mathis. Si les récits sont bouleversants, il n'y a néanmoins aucune trace de pathos ou de larmes forcées. Les douze tribus d'Hattie n'est jamais tire-larmes, jamais voyeur mais toujours juste.

Si j'ai adoré l'histoire globale des Douze tribus d'Hattie, c'est aussi l'écriture d'Ayana Mathis qui m'a séduite. Légèrement désuète dans son emploi de certaines expressions, je l'ai trouvé très élégante. Travaillée sans que cela ne gêne la lecture - je trouve que parfois une langue trop travaillée rend difficile une lecture fluide - le style de cette auteure m'a entraînée dans son sillage.

À travers de petits moments de vie de chacun de ses enfants, c'est le portrait d'une femme, belle et forte bien que maintes fois éprouvée par la vie que nous offre Ayana Mathis en la personne d'Hattie Sheperd. Un roman fort qui vous tord l'estomac et parvient à vous broyer le cœur sans aucun pathos ni larme futile. Un petit bijou de premier roman et une auteure à suivre. 

La belle et la bête - Gans (2014)

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Résumé (pour ceux qui vivraient dans des grottes/bois/ruines sans livre): Un riche marchand se trouvant ruiné, décide de déménager avec ses trois garçons et ses trois filles, à la campagne. Un jour, recevant de bonnes nouvelles de la ville et se croyant de nouveau riche, il promet à ses enfants de leur ramener des cadeaux. Belle, la plus jeune demande alors qu'il lui ramène une simple rose. Malheureusement, les bonnes nouvelles tournent court et le père doit rentrer chez lui. En chemin il s'égare, tombe dans un château enchanté et est couvert d'or par son généreux protecteur mais outrepassant l'hospitalité de son hôte, il se voit lié à échanger une vie contre la rose qu'il a prise. Belle décide donc de prendre la place de son père. 

CASTING

La bête / Le Prince ................................................ Vincent Cassel
Belle ...................................................................... Léa Seydoux
Le père .................................................................. André Dussollier

Perducas ................................................................ Eduardo Noriega
Astrid .................................................................... Myriam Charleins
Clothilde ............................................................... Sara Giraudeau
Anne ...................................................................... Audrey Lamy
Jean-Baptiste ......................................................... Jonathan Demurger
Maxime ................................................................. Nicolas Gob
Tristan ................................................................... Louka Meliava
La princesse .......................................................... Yvonne Catterfeld



De tout temps la Belle et la bête a été, et reste, mon conte préféré. Je connais toutes les versions depuis l'antiquité grecque et le mythe d'Eros et Psyché jusqu'aux réécritures modernes. J'ai bien sûr vu, entre autre, la version de Cocteau, que j'adore, et celle de Disney, que j'aime tout autant pour d'autres raisons.  Il se trouve aussi que j'aime Christophe Gans, notamment pour son superbe Pacte des loups, un film travaillé tant au niveau esthétique que du scénario, avec une bonne brochette d'acteurs qui savent ce qu'ils font. 

Les deux ensembles, c'était presque un gage de qualité. Même si je ne suis pas une grande fan de Léa Seydoux, on va dire que ça dépend des films, Vincent Cassel en bête, je ne pouvais pas vraiment manquer ça. Oui je suis faible et j'ai depuis toujours une faiblesse pour Vincent Cassel, l'érotisme qu'il dégage et sa voix qui me ferait faire n'importe quoi. Chic, chic, chic donc?

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On est d'accord

Non pas trop en fait. Je suis d'autant plus déçue que le film ne manque pas de bonnes idées mais qui ne sont jamais totalement exploitées. J'aurais eu moins de mal à lui pardonner si au moins un élément dans le film semblait abouti, ce qui n'est même pas le cas. Malheureusement, la technique ne comble  pas les lacunes et les failles de la narration, au contraire, les deux entraînent irrémédiablement le spectateur à comtempler une œuvre inachevée et froide. 

Je dois admettre en revanche qu'on ne peut pas reprocher à Christophe Gans d'avoir travaillé son univers. On sent très bien un lourd travail de recherche tant dans les décors, les costumes ou l'atmosphère. C'est indéniable. De la même façon on sent un lien très net avec Le pacte des loups, que je ne peux que vous conseiller. On retrouve le même travail sur l'esthétique, le jeu des couleurs sur les robes de Marianne (Émilie Dequenne) ou de Belle, la façon de filmer les acteurs et notamment les actrices, ce jeu de lumières et sur les textures etc. Que ce soit sur les peaux des acteurs et surtout des actrices où sur l'importance de la nature dans ses films, la pluie pour le Gevaudan, la neige pour La belle et la bête, la patte de Christophe Gans est bien là. Seulement, si dans Le pacte des Loups j'appréciais le mélange qu'il créait entre le Gevaudan et les effets spéciaux, ici tout est numérique, trop. Que ce soit la maison de Belle ou le château (et par extension le domaine) de la bête, il n'y a rien de réel dans cet univers, tout, depuis les roses, jusqu'aux pièces du château semble artificiel.

Paye ton ambiance!
Vous me direz "c'est bien mignon mais nous sommes quand même dans un conte de fée, artificiel? Normal". Hum...non. Je ne remets pas en cause la qualité du numérique utilisé, on sent la précision, et l'ensemble est très loin d'être laid comme ce serait le cas de mauvais effets spéciaux ou numériques. Mon problème vient plutôt de l'univers choisi. J'ai eu, tout le long du film, l'impression d'être dans l'imaginaire d'une enfant de huit ans, biberonnée aux Waltz Disney à l'ancienne. Sans aucun doute je suis sûre que j'aurais adoré l'univers de Gans gamine mais je suis plus vieille et ce décors pseudo médiévale-elfique m'a juste écœurée comme un bonbon trop sucré. En fait, je trouve l'ensemble assez "emprunté"à l'ambiance de la série Once up on a Time, le soucis étant que OUAT sonne kitch parce qu'elle ne se prend pas au sérieu. En jouant avec les codes des contes de fée, elle reproduit un univers sucré et féeriquement enfantin mais en s'en foutant royalement, or Gans est affreusement sérieux. Pas de second degré dans son La belle et la Bête.

J'ai eu également un problème avec l'expression de la temporalité dans le film. Puisque nous sommes dans un conte, il m'aurait semblé convaincant de ne pas situer l'action dans le temps. Après tout, il s'agit d'une bulle dans le temps, sanctifiée par les mots "once upon a Time". Seulement ici, j'ai eu l'impression que tout était melangé. Le début fait penser au XIXeme siècle, notamment dans les costumes du père de Belle et de ses frères, les sœurs font plus début XIXeme, les robes de Belle dans le château de la Bête sont connotées XVIIIeme et l'histoire de la bête et de son épouse est bien implanté dans un XVIeme siècle largement fantasmé. Comme pour le reste, j'ai eu l'impression qu'on ne savait pas trop où on allait. J'aurai sans doute préféré une uniformité, histoire de ne pouvoir être perturbée par aucune période historique. 

L'impression globale que j'en retire, est surtout une froideur d'images, un univers de papier glacé qui ne m'a pas convaincu et l'idée générale que Gans ne sait pas à qui s'adresser: aux enfants? Aux adultes? Que ce soit la froideur ou l'incapacité du film à savoir à qui il s'adresse se retrouve d'ailleurs dans la narration elle-même. On bascule complètement d'un film pour enfants à un film pour adulte sans jamais trouver le ton juste, ce qui n'arrange pas les lacunes du scénario. 

Ce qui n'arrange pas le scénario, c'est que le film est joué avec les pieds...par la barbe de Merlin quelle horreur!
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Non sérieux....il n'y avait aucun bon acteur français disponible? Ils ont tous l'air de sortir d'un cours de théâtre pour débutant. Je refuse tout bonnement de parler de Léa Seydoux, qui est une véritable catastrophe ici. Il n'y a que. Vincent Cassel qui a l'air de savoir ce qu'il fait et de ne pas trop s'ennuyer et encore, lorsqu'il joue le prince, parce que lorsqu'il joue la bête...Ceci dit, l'actrice allemande qui interprète la princesse meurt mieux que Marion Cotillard et c'est un vrai soulagement. Au moins si le film passe à l'étranger, nous n'aurons pas honte pour ça. 

Malgré tout, il y a de bonnes idées qui donne quand même de l'espoir, Gans n'avait pas complètement la tête ailleurs. 
Le film s'ouvre sur le conte lui-même, lu par une maman - dont on ne voit que le bas du visage de profil - à ses deux enfants. C'est assez classique, on sait en quelques secondes où Gans veut en venir mais ce n'est pas vraiment gênant dans la mesure où cela introduit le conte et offre un jeu de miroir sympathique. Après tout, nous n'allons pas voir la belle et la bête pour voir une toute nouvelle histoire dont on ne connaîtrait pas à l'avance le déroulement. Même si Léa Seydoux n'est pas la meilleure conteuse du monde, ça passe plutôt bien. C'est exactement la même chose avec l'histoire de la princesse et du prince. On comprend très vite pourquoi la Princesse est perturbée par l'obsession de son mari pour cette biche dorée mais là encore, je n'ai pas trouvé que cela gênait. En revanche j'ai trouvé un peu plus dérangeant le fait qu'après un mois à la campagne, le potager de Belle soit plein de citrouilles, de salade et d'autres légumes, mon petit doigt me dit qu'il faut un peu plus d'un mois pour faire pousser des citrouilles aussi grosses qu'une tête de statue du château de Versaille. Quand en plus elle rajoute à la traditionnelle demande du paternel "que veux-tu que je te ramène?""Une rose, je n'ai jamais réussi à en faire pousser ici".

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What? Oui...un mois et elle désespère déjà de faire pousser une rose. Sachant qu'elle fait pousser des citrouilles et que durant une grosse partie du film il neige à énormes flocons, on peut légitimement penser que l'action se passe vers la fin de l'automne début de l'hiver - voire carrément en hiver si on considère les montagnes de neige qu'il y a dans le film: est-ce qu'elle sait que ce n'est pas vraiment la saison? *Facepalm* 

En plus de cette ouverture intéressante, Gans a su réutiliser certains éléments du conte original et les réinterpréter. Les roses sont présentes partout et en quantité même jusqu'à l'écoeurement, notamment en envahissant chaque centimètre carré du château et du jardin de la bête. Le miroir de la bête, censé lui montrer ce qu'il veut voir, est ici utilisé pour montrer à Belle l'histoire du prince/Bête. Ces flash back et la présence des miroirs étaient plutôt bien vu malheureusement - en ce qui concerne la séquence des miroirs, nous reviendrons sur les flash back - l'effet tombe à plat car les scènes se répètent dans le même schéma: Belle courant au ralenti vers le miroir qui bascule/s'inverse etc pour laisser place à la seconde histoire. Ces séquences font penser à des publicités pour du parfum et m'ont instantanément fait sortir du film. 

Le plus gros problème du film reste tout de même l'inconsistance des personnages et le fait que l'on ne croit pas une seule seconde à l'histoire d'amour qui est en train de naître (?) sous nos yeux, mais alors pas-du-tout. 

Ce n'était pas du tout mal vu l'idée de donner de la profondeur au prince en développant son histoire, ici avec sa femme et la biche doré. C'était donner à son récit une nouvelle tournure qui le différencie profondément de ce qui a été fait avant. Sur papier, cela permettait à la fois un joli contraste entre le prince et la bête mais aussi de donner du relief au personnage de la bête tout en restant centré sur le personnage de Belle puisque c'est son point de vue qui dirige la narration.
Oui, sur papier c'était génial sauf que c'est raté et à de nombreux points de vue. 

Tout d'abord dans les flash back où le Prince est mis en scène aux côtés de son épouse, c'est de cette dernière dont on adopte le point de vue, du coup on voit finalement très peu le Prince. L'intrigue de la biche dorée, nymphe des bois faite femme et du père Dieu des bois - un thème très XVIeme siècle qui m'a fait penser à la chanson "La blanche biche"- était intéressante en soit mais elle retire au prince toute la cruauté qu'il est censé posséder. Il n'est pas vraiment égoïste, il chasse une biche - il est d'ailleurs moins cruel que Renaud dans la chanson de la blanche biche - dans ces conditions je vois mal la rédemption qu'il peut y avoir dans sa relation avec Belle. Parce que c'est bien de cela dont il s'agit: un homme, puni pour son comportement qui s'ammende auprès d'une femme qui lui apprend l'amour. Là, il l'avait déjà et il regrette amèrement son erreur. Le personnage n'a aucun relief. En plus, je ne sais pas pourquoi, mais une fois transformé en bête, il a l'air vachement plus petit et honnêtement....il ne fait pas peur. La bête de Gans ressemble à un gros chat.
Dans la photo promotionnelle du film, avant même que l'on ait les premières images, Vincent Cassel posait avec ses vrais traits. J'aurai adoré que Gans conserve cette idée et travaille sur une bête humaine et sur la vraie transformation. Je suis sûre que cela aurait largement mieux fonctionné que l'interprétation qu'il a choisi ici, d'autant plus que niveau bête humaine, Vincent Cassel nous a prouvé dans Le pacte des Loups qu'il était capable d'être excellent. 

Le second problème que l'utilisation des flash back posent, est le fait que la relation Prince/Princesse est finalement plus développée que la relation Belle/Bête qui est, elle, carrément inexistante. Ils se parlent trois fois au diner, pour s'engueuler. En revanche, on sent très bien la tendre et même sensuelle relation qu'entretiennent le Prince et la Princesse, c'est finalement l'Histoire qui m'a le plus intéressée... Cela ne fait que mettre encore plus en avant ce manque dans la relation Belle/Bête. Au moment où Belle apprend pourquoi il a été transformé en bête, donc au moment où l'histoire commence, elle se termine déjà avec l'attaque du château. Christophe Gans a privilégié l'action (course poursuite, bataille) au développement des relations des personnages et c'est un très mauvais calcul car plus encore que l'action, ce qui importe dans la Belle et la Bête c'est comment la Belle, par sa personnalité, sa gentillesse et son amour transforme ce prince corrompu, cette bête, en homme aimant.
Cela donne du coup l'impression assez désagréable que Belle n'agit ici qu'en pâle copie de la Princesse. Ce n'est d'ailleurs pas tellement une impression si l'on regarde les deux actrices: même blondeur - artificielle chez Seydoux qui aurait dû garder sa couleur dorée naturelle qui la rend moins maladive - même boucles. Cela va jusqu'aux plans identiques des deux femmes, se penchant et embrassant leurs chiens. Ça m'a profondément dérangée car non seulement on ne peut pas croire que la Bête l'aime pour elle-même mais pire, les femmes sont remplaçables du moment qu'elles conservent quelques caractéristiques, au choix, blondeur, beauté...
(note: je voulais vous montrer les deux actrices côte à côte mais je n'arrive absolument pas à trouver une image d'Yvonne Catterfeld dans le film...elle passe complètement à la trappe, tout comme les photos de Cassel en prince).

Vous vous en doutez, puisqu'on se demande comment la Belle et la Bête tombent amoureux l'un de l'autre, le film est froid. L'érotisme et la sensualité sont les deux grands absents, ils se sont faits porter pâle. C'est d'autant plus flagrant que les photos promotionnelles du film sont largement plus sexy que le film en soit. Ils ne se touchent pas, la seule amorce de baiser un peu palpitant se finie par la Belle qui s'enfonce dans un lac gelé! Si, si, je vous jure. Cela dit, cela résume assez bien la portée sensuelle du film.  Quant à la scène de transformation, elle est plutôt sobre. Soit. Gans évite une transformation à la Walt Disney qui risquait d'être très laide au final mais comme d'habitude une bonne idée est balayée dans la foulée par un truc absurde. La bête redevient le prince, la caméra prend un peu de hauteur pour voir la Belle se pencher sur la bête endormie qui barbote dans la flotte et...rien. Allez hop, c'est fini au dodo, y a plus rien à voir, moi je vais rouler une pelle au jardinier. La transition m'a brûlé la rétine! Dans le genre, absence total de romantisme et ou de tension amoureuse ça se pose là.

Ouais le petit truc dans le fond,c 'est le jardinier  prince
Toute la symbolique du conte est zappée: pas de découverte de l'autre, de passion, or c'était le propos du récit de Madame de Villeneuve. A l'image de l'esthétique du film, le résultat est froid.

On en vient au point qui fâche vraiment, mais alors, vraiment beaucoup? Vincent FRACKING Cassel. Quand vous choisissez Vincent Cassel, l'acteur qui dégage le plus de testostérone de tout le cinéma français, le type qui vous fusille du regard et qui vous envoute avec la voix la plus sexy de la planète - avec Richard Armitage - c'est que vous voulez donner à votre film du piquant. Non parce que dans Le pacte des loups, il émane de lui quelque chose d'assez bestial, de dérangeant, de brut mais aussi de très attirant - et ne parlons pas du reste de la filmographie de Cassel qui sait tout faire. Pour rappel Vincent c'est ça:

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Je m'excuse pour ce gif misogyne mais franchement...sexy or not sexy?

Et ça:


Et ça:


Et ça:

Et ça:

Et ça:

Bref. Vincent Cassel c'est de l'hormone en furie. On aurait donc pu légitimement supposer avoir une Bête vraiment bestiale, un Prince véritablement naughty...mais non. Rien, que dalle, nada, niente, nothing etc. C'est comme si on prenait Clive Owen - autre grand mâle testotéroné - pour le rouler dans du jambon et basta. Un pur gâchis. Le prince est bien mais peu présent, la bête est lisse et sans personnalité ce qui ruine totalement ce grand acteur. Je reviens à mon idée initiale de la bête humaine ça aurait eu plus de gueule - excuse my French.

On aurait tord de croire que la bête est le seul personnage atteint de platitude extrême. Au contraire, c'est même le plus développé. C'est dire... Tous les personnages sont inconsistants. Pire, ils sont réduits à être des archétypes de personnages de contes: le père gentil mais un peu dépassé, le frère qui dilapide l'argent de la famille, le pseudo-poète, les sœurs frivoles, la belle princesse, le méchant cupide etc. On ne sait pas qui ils sont à la fin du film. Je refuse de parler du méchant, Perducas (non ceci n'est pas une blague), l'acteur est carrément doublé. Je ne vois pas l'intérêt de prendre un acteur étranger pour le doubler, un petit accent serait mieux passé. Astrid ne sert à rien hormis à faire des prédiction catastrophique - non sans blague! Belle est de loin la pire: alors qu'elle est censée être l'héroïne, le spectateur ne parvient pas à la cerner. Elle passe d'une émotion à une autre sans cohérence. Elle est triste puis minaude, elle essaye d'être rebelle puis joue à la pétillante. Elle agace plus qu'elle ne convint. On ne ressent aucune empathie, le spectateur n'est jamais de connivence avec la Belle. On ne croit pas plus à ses saillies qu'à ses angoisses.

J'aimerais finir cette chronique sur la mention des tadums...oui les tadums, la horde de petits chiens de la princesse condammés par le paternel à être...super mignon? Ils ressemblent à des cavaliers King Charles avec des gros yeux. C'est proprement ridicule parce que ça tombe à plat, surtout la mention "ils devinrent les meilleurs amis de Belle". Quoi? Ils passent leur temps à se planquer, elle n'arrive jamais à en choper un et leur seule interaction c'est quand Belle leur fait une blague, cachée derrière un rideau. Youpi c'est l'éclate totale! *Facepalm*

Les Tadums, comme l'esthétique sucrée, l'absence de sensualité, montre que Gans ne sait pas ce qu'il veut faire de ce film. On sent qu'il essaye de ménager la chèvre et le chou, de faire un film familial tout en attirant les adultes mais ça ne fonctionne pas. A jouer sur les deux tableaux, Gans nous propose un conte revisité froid, sans saveur qui n'arrive jamais à parler au spectateur. Une déception.

En ce moment en librairie - épisode 3 - Du vieux et du neuf

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Nous revoici pour un troisième épisode de "En ce moment en librairie". Cette semaine nous parlerons de littérature adulte, la jeunesse et les ado attendrons encore un tout petit peu mais les nouveautés ne manqueront pas je le promets. 

Aujourd'hui au programme, du roman fort, le retour attendu de deux auteurs connus, du polar et la redécouverte de deux grandes dames de la littérature britannique! Que du bon donc! 

Mais commençons tout d'abord par deux nouveautés (pas si nouvelles mais il faut me pardonner les délais), deux romans poignants ou les femmes sont au centre de toutes les attentions. 

Agaat de Marlene Van Niekerk

Présentation de l'éditeur: Milla est clouée sur son lit, paralysée. Seule sa domestique noire prend soin de cette femme abandonnée de tous. Quarante ans plus tôt, Milla régnait pourtant en maîtresse sur cette grande ferme près du Cap, et sa vie était pleine de promesses. Maintenant, la mort est proche, et sa mémoire passe en revue les souvenirs éparpillés d’une vie en morceaux : la décision d’adopter Agaat – une petite fille noire – quand son mariage avec Jak ne lui donne pas les enfants espérés, puis la naissance tardive d’un fils qui transforme Agaat en servante, et les conflits incessants avec son mari… 
Milla est condamnée au silence, mais en clignant des yeux, elle espère encore communiquer avec Agaat qui veille sur elle, malgré tout. Entre loyauté et vengeance, fierté et tendresse, un combat silencieux s'engage entre les deux femmes, pendant qu’à l’extérieur le monde de l’apartheid vit ses toutes dernières heures. 

Publié dans la collection "Du monde entier" de Gallimard, Marlène Van Niekerk aborde l'histoire de son pays et de l'apartheid à travers le regard de deux femmes qui s'affrontent dans une bataille silencieuse. Un récit qui promet d'être plein d'émotions et de contradiction. L'auteure est originaire du Cap et est de langue afrikaans. 


Présentation de l'éditeur: Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l'existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d'Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

C'est la découverte de la rentrée qui est publiée aux éditions Gallmeister. Un petit bijou sur une famille noire-américaine brisée par la vie à l'image de leur mère, l'incroyable Hattie Sherped. À travers ses quatorze personnages et son demi siècle américain, c'est la vie d'une femme hors normes, froide mais aimante que nous propose l'auteure. Du pays de Jim Crow à Philadelphie, c'est la destinée d'une famille et surtout de leur mère qui embarque le lecteur. Dur mais magnifique, ce premier roman est une vraie réussite. À lire absolument! 

Le Soldeur de Michel Field

Présentation de l'éditeur: Quoi de plus anodin que de se débarrasser de quelques livres superflus qui encombrent une bibliothèque pléthorique ? Qui croirait qu'une telle décision puisse changer le cours d'une vie ?Un homme, un jour, se décide à vendre quelques livres de sa bibliothèque. Chez le soldeur, il croise une jeune femme qui le subjugue. Il voudrait la revoir. Elle lui propose un pacte. Elle lancera un mot comme on lance un défi, et lui devra rassembler les livres autour de ce mot, les lui raconter et s'en défaire pour n'en garder qu'un. Pour elle.
Le trajet chez le soldeur devient un rite, bientôt une obsession, et il se sépare de tous les livres qui ont nourri sa vie. Pris dans une spirale vertigineuse, c'est par pans entiers qu'il va vider cette bibliothèque constituée depuis l'enfance et devenue au fil du temps le miroir de sa vie.

Roman à destination des amoureux des livres et de la littérature, le produit de la rencontre de deux passionnés, une histoire d'amour sur fond de bibliophilie. Michel Field, journaliste mais aussi agrégé de philosophie, nous surprend avec un récit tendre doublé d'une réflexion sur l'importance de nos bibliothèque comme miroir de nos vies.

La fin du monde a du retard de Jean-Marcel Erre (en cours de lecture)

Il sera l'invité de la grande librairie, jeudi 20 mars 2014

Présentation de l'éditeur: Construit sous la forme d’une course poursuite, La Fin du monde a du retard met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s’évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s’est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l’humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l’ombre, ils iront de péripéties en rebondissements jusqu’à l’incroyable révélation finale.

J.M. Erre c'est un peu le Jasper Fforde français, mon auteur chouchou, ma petite bouffée d'oxygène et de fous rires décomplexés. Loufoque, terriblement drôle, chacun de ses romans est un petit bijou d'humour décalé. Professeur de français dans le Sud de la France, il y a dans son écriture une totale décontraction vis-à-vis de la langue. Il ne se prend pas au sérieux et joue avec les mots pour son simple plaisir. Si vous cherchez de quoi vous détendre après une journée bien pourrie, je ne peux que vous conseiller ses romans!

Expo 58 de Jonathan Coe

Présentation de l'éditeur: Londres, 1958. Thomas Foley dispose d’une certaine ancienneté au ministère de l’Information quand on vient lui proposer de participer à un événement historique, l’Exposition universelle, qui doit se tenir cette année-là à Bruxelles. Il devra y superviser la construction du Pavillon britannique et veiller à la bonne tenue d’un pub, Le Britannia, censé incarner la culture de son pays. Le jeune Foley, alors qu’il vient de devenir père, est séduit par cette proposition exotique, et Sylvia, son épouse, ne voit pas son départ d’un très bon œil. Elle fera toutefois bonne figure, et la correspondance qu’ils échangeront viendra entrecouper le récit des nombreuses péripéties qui attendent notre héros au pays du roi Baudouin, où il est très vite rejoint par de savoureux personnages : Chersky, un journaliste russe qui pose des questions à la manière du KGB, Tony, le scientifique anglais responsable d’une machine, la ZETA, qui pourrait faire avancer la technologie du nucléaire, Anneke, enfin, l’hôtesse belge qui va devenir sa garde rapprochée…

Jonathan Coe a de nouveau frappé! Après son analyse de la société britannique depuis les années 60 jusqu'aux années Blair, sans oublier l'ère Tatcher, l'auteur récidive avec un nouveau roman qui s'attaque cette fois à l'Angleterre et la Belgique. Toujours drôle et incisif, ce récit plaira aux amateurs de Coe et ne manquera pas, je pense, de séduire les néophytes.

Les O'Brien de Peter Behrens

Présentation de l'éditeur: Tout commence en 1887 au fond de l'arrière-pays canadien : à la disparition de son père, le jeune Joe O'Brien, brusquement chef de famille, met tout en œuvre pour assurer la subsistance des siens. Dur à la tâche, brillant, il comprend vite que rester enterré dans le Pontiac ne lui suffira jamais. Après la mort de leur mère, il organise avec l’aide d’un vieux jésuite le départ de la fratrie pour une nouvelle vie - les filles au couvent, un frère au séminaire, l’autre en Californie et Joe à l’assaut du continent !
Sa rencontre avec l’indépendante Iseult Wilkins donne subitement un sens à sa quête de réussite : de Venice Beach à Montréal en passant par la Colombie-Britannique, Joe ne cessera dès lors d’œuvrer à l’établissement de son clan.

Une grande saga familiale qui mèle découverte du Canada et récit iniatique, Les O'Brien est fait pour séduire celles et ceux qui aiment les histoires de clan. Dans ce début de XXe siècle, la famille O'Brien devra affronter bien plus des obstacles physiques. La Première guerre mondiale, les années folles, la crise de 29 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, c'est l'histoire des États-Unis et des mentalités que nous dépeint Peter Behrens. 

Une famille délicieuse de Willa Marsh

Présentation de l'éditeur: La vie tranquille de Mina et Nest à Ottercombe House est troublée par la visite de leur grande soeur Georgie, qui perd la tête, le temps que sa fille Helena trouve un endroit pour la placer. Mais Georgie prétend vouloir révéler des secrets de famille et leur nièce Lyddie se réfugie chez elles.

Dans la lignée de ces récits de famille, où secrets et fausses confidences se mêlent, Willa Marsh nous sert un récit où s'entremêle souvenirs et nostalgie d'un temps ancien et histoires d'amour contemporaines. L'auteure de Meurtre entre sœurs récidive avec une nouvelle histoire de fratrie. Ce roman est sans aucun doute sur ma liste.

La femme au carnet rouge d'Antoine Laurain (lu et approuvé)

Présentation de l'éditeur: Un soir à Paris, une jeune femme se fait voler son sac à main. Il est retrouvé par Laurent Lettelier, libraire de profession, qui ne trouve pour seuls indices sur sa propriétaire que quelques effets personnels (un ticket de pressing, un roman, une pince à cheveux, un carnet...). S'ensuit un jeu de piste romanesque.

Point de départ de ce nouveau roman d'Antoine Laurain, l'auteur du Chapeau de Mitterand, un autre objet: un sac à main mauve. Ce sac et son contenu sont les seules choses qui relient Laure et Laurent que rien n'aurait vraiment rapproché autrement. Ce très joli roman, qui a le mérite d'être ramassé sur lui-même et qui ne se perd jamais en rebondissements inutiles, offre au lecteur une romance par procuration. De l'étude du sac jusqu'à tomber amoureux de sa propriétaire, Laurent le libraire attachant, se prend à son propre jeu. C'est également un très joli clin d’œil au métier de libraire et aux auteurs qui se rêvent en Proust. Délicieux!

Au royaume du polar et de l'espionnage

Solo de William Boyd

Présentation de l'éditeur: 1969. Espion chevronné, membre surdoué des services secrets de Sa Majesté, James Bond célèbre ses quarante-cinq ans avec une mission peu ordinaire : mettre un terme à la guerre civile qui déchire le Zanzarim, petit pays d’Afrique occidentale. Aidé par la ravissante Grâce mais piégé par les forces rebelles, il est grièvement blessé. Dès lors, il ignore les ordres de M, son énigmatique patron. Poussé par un désir téméraire de vengeance, il s’engage en solitaire dans une folle aventure, qui l’emmène à Washington. Il y découvre un réseau d’intrigues géopolitiques et devient le témoin d’autres atrocités.007 tient sa revanche. Mais aura-t-il vraiment raison de son ennemi, l’homme aux deux visages ?

James Bond revient enfin! Après Ian Fleming, le pape du fameux agent 007, c'est au tour de William Boyd de s'attaquer à ce monstre de la littérature d'espionnage britannique. Dépoussiérer la saga et lui redonner un nouveau souffle en littérature, voila le paris osé de Boyd. C'est donc un James Bond moins oldschool qui est offert au lecteur, moins raciste et sexiste que d'habitude mais qui aime toujours les martinis. Ouf, l'honneur est sauf. 

Le Duel de Arnaldur Indridason (lu et approuvé)

Présentation de l'éditeur: Pendant l’été 1972, Reykjavík est envahi par les touristes venus assister au championnat du monde d’échecs qui oppose l’Américain Fischer et le Russe Spassky. L’Américain se conduit comme un enfant capricieux et a de multiples exigences, le Russe est accueilli en triomphe par le parti communiste islandais, le tout sur fond de guerre froide.
Au même moment un jeune homme sans histoire est poignardé dans une salle de cinéma, le magnétophone dont il ne se séparait jamais a disparu. L’atmosphère de la ville est tendue, électrique. Le commissaire Marion Briem est chargé de l’enquête au cours de laquelle certains éléments vont faire ressurgir son enfance marquée par la tuberculose, les séjours en sanatorium et la violence de certains traitements de cette maladie, endémique à l’époque dans tout le pays. L’affaire tourne au roman d’espionnage et Marion, personnage complexe et ambigu, futur mentor d’Erlendur, est bien décidé à trouver le sens du duel entre la vie et la mort qui se joue là. 


Pour les fans de la série policière d'Arnaldur Indridason, ce tome doit faire parti de votre collection. Dans un contexte de guerre froide qui se joue aussi bien sur un échiquier qu'en dehors, où les hommes sont tels les pions noirs et blancs, Marion Brem se bat pour trouver le responsable de la mort d'un garçon innocent. Sur fond d'histoire islandaise, d'épidémie de tuberculose, la tenacité de Marion Briem nous entraîne dans une intrigue qui va droit au but. Chose remarquable, nous sommes incapables, une fois le livre refermé, de savoir si Marion est un homme ou une femme (le prénom Marion était apparemment assez rare en Islande). Une prouesse d'écriture qui mérite d'être relevée, bravo également au traducteur. 

Luther l'alerte de Neil Cross

Présentation de l'éditeur: Sur la corde raide qui s'étend entre le Bien et le Mal se tient John Luther, inspecteur à la crim' londonienne. Redoutablement intelligent, intuitif et obsessionnel, le Samaritain est aussi dangereux. Pour lui, pour ceux qui l'entourent et pour les sadiques qu'il traque. Mais après seize ans de service, cette nouvelle enquête pourrait bien devenir son pire cauchemar.
Tous ses collègues s'accordent à le dire : John Luther est un excellent flic. Un homme impressionnant, par son physique, ses principes ; un détective intuitif, admiré pour ses résultats.
Mais la réalité est plus sombre. Insomnie, dépression, accès de violence, à force de côtoyer le mal, Luther est en train de perdre pied.
Une situation qui inquiète. À commencer par son épouse, impuissante à apaiser cet homme lancé dans une guerre personnelle contre le crime. Et l'enquête qui s'annonce ne va rien arranger : face à un tueur d'enfants qui joue avec ses nerfs, combien de temps encore Luther parviendra-t-il à contrôler ses démons et à rester du bon côté de la loi ?


Pour les fans de la série Luther, voici le prequel de la série de Neil Cross enfin sorti en poche. Plus aucune raison de passer à côté de cet inspecteur sur la brèche. 

Les nouvelles traductions

Le diable a Westease de Vita Sackville-West 

Présentation de l'éditeur: Westease, adorable village de la campagne anglaise, préservé des horreurs d'une guerre encore toute fraîche, est bien tranquille... trop, peut-être ?
Lorsque Roger Liddiard, jeune et brillant romancier, s'y arrête au volant de sa Jaguar, il en tombe amoureux et décide de s'y établir, non loin du Professeur, vieux gentleman solitaire, du peintre Wyldbore Ryan, et de Mary Gatacre, la fille du révérend.
Voici que Mr Gatacre est assassiné, sans raison ni indice évidents... Liddiard brûle de résoudre l'énigme. Sans savoir à quel point sa propre responsabilité pourrait être engagée.


Nouvelle traduction de ce roman de Vita Sackville-West, c'est la plume de la romancière scandaleuse en son temps que l'on découvre. Membre du groupe de Bloomsbury, amante de Virginia Woolf, incisive et acide, cette lady britannique ne manquera pas de plaire aux passionnées de littérature édouardienne. 

Oyé oyé! Elizabeth Gaskell revient sur les tables des libraires. L'auteure de Nord et Sud et Femmes et filles se voit gratifiée de deux nouvelles traductions de deux œuvres très différentes: un récit de femme bafouée d'une part et un travail beaucoup plus social de l'autre. Un régal!

Ruth Elizabeth Gaskell

Présentation de l'éditeur: Publié en 1853, Ruth est un des romans majeurs d’Elizabeth Gaskell. Traduit partiellement au XIXe siècle, l’édition d’aujourd’hui est la première à paraître dans son intégralité.
Avec Ruth, Elizabeth Gaskell trace le portrait d’une jeune femme qui émeut, sinon bouleverse, une orpheline naïve que la vie n’a pas épargnée, sans cesse victime de l’hypocrisie de la société victorienne toujours sûre de son bon droit et de la viabilité de ses préjugés. Et pourtant, en dépit de la tragédie, toujours la lumière s’immisce dans sa vie… par la magie d’un instant, la bonté de certains êtres.


Dans la veine des romans des soeurs Brontë, c'est la noirceur du monde mais aussi sa beauté que nous offre Elizabeth Gaskell.

Mary Barton Elizabeth Gaskell

Présentation de l'éditeur: Angleterre, 1839. Les ouvriers des filatures de Manchester, durement éprouvés par la misère et la maladie, se mettent en grève. La jeune et jolie Mary Barton, apprentie couturière, vit seule avec son père, syndicaliste aux positions radicales. Courtisée à la fois par Jem Wilson, le fils de l’ami de son père, et par Harry Carson,  le fils du patron des filatures, elle va devoir choisir.

Premier roman d'Elizabeth Gaskell, publié anonymement mais qui déclencha la polémique lorsqu'on apprit qu'il était l'oeuvre d'une femme, c'est un peu de Nord et Sud que l'on sent ici. Les thèmes de prédilection de l'auteure (amour, condition ouvrière) sont servis par une langue superbe et un récit habile. 

Voila pour ce nouvel épisode de "En ce moment en librairie". Il me resterait pour finir de vous parler des prix d'Angoulême 2014 que je recommande chaudement: Come Prima, La propriété (dont nous reparlerons)et Mauvais genre. Découvrez la BD et bonne lecture à vous tous.
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