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Parce que c'est toi - Chloé Duval

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ROMANCE CHOUPI TROP CHOU INSIDE


Présentation de l'éditeur: Claire, Québécoise d’adoption et traductrice, passe beaucoup trop de temps à travailler, ce qui l’empêche de faire des rencontres. C’est du moins l’avis de son amie Magalie, bien décidée à forcer le destin en jouant les entremetteuses. Profitant d’une visite de Théo, un ami français, Magalie l’invite à un rallye géocaching en pleine nature, activité dont Claire est une habituée.

Théo est photographe, et un novice complet en géocaching. Suivant Claire de cache en cache et d’énigme en énigme, il va tomber sous le charme du paysage… mais aussi de sa co-équipière ! Malheureusement, il ne lui reste que deux nuits à passer au Québec. Peut-il s’autoriser à rêver d’une histoire avec elle ?

Un peu de douceur dans ce monde de brute mesdames et messieurs aujourd'hui avec une romance non seulement francophone mais aussi éditée par une maison d'édition de romances uniquement francophones (et en numérique) appelée Láska. Romance doudou aujourd'hui que je vous présente écrite par Chloé Duval, une copine française installée au Québec, un peu comme son héroïne Claire.

Je sais, je sais, on va m'accuser de copinage mais je vous promets que ce n'est pas le cas. Je ne parlerai pas de Parce que c'est toi de cette façon si je n'avais pas aimé...d'ailleurs je pense que je me serais abstenue d'un article plutôt que de mentir - il faut savoir conserver ses amis, quand on en a sans pour autant vous mentir, sinon y a plus de confiance ma p'tite dame et mon p'tit monsieur. Heureusement Parce que c'est toi est une réussite totale. Bien que courte, normal c'est une novella, c'est une première romance maîtrisée et adorable que nous a concocté Chloé. 

L'histoire est simple mais elle fonctionne bien parce que les éléments sont bien dosés. Une bonne histoire, un brin d'humour et de passion, des personnages secondaires sympas et des personnages principaux comme on les aime. Impossible de ne pas aimer Claire. C'est une fille faussement simple, parce qu'en fait elle est géniale, mais elle n'est jamais énervante de "parfaititude". Comme toute bonne héroïne de romances qui se respecte elle se dévalue constamment mais j'ai beaucoup aimé qu'elle sache prendre les devants lorsque c'est nécessaire. Elle ne laisse pas toutes les initiatives à Théo et c'est super plaisant à lire. Oui elle est timide et plongée dans son boulot, oui elle pense qu'elle n'est pas super jolie mais lorsque l'opportunité se présente, elle sait la saisir et nous offrir un moment over couinant. 
Théo quant à lui est un vrai prince charmant, au cœur brisé comme il se doit mais qui lui aussi sait ne pas s'embourber dans de mauvaises décisions ou de faux choix par pur auto-flagellation. J'ai bien aimé un retournement de situation qui m'a fait pousser des hauts cris et tapoter frénétiquement sur mon clavier de téléphone pour envoyer un mail illico pronto à Chloé en mode "Non mais ce n'est pas possible!".

Les personnages secondaires sont attachants, le couple que forme Magalie et Alex est adorable et le point de départ plutôt sympathique à l'intrigue principale. Nicolas me reste plus obscur mais c'est normal. Avec son côté geek prononcé et son air renfrogné il m'intrigue. 

A côté de la romance, Chloé Duval nous faire partager son amour pour le géocatching, très peu connu en France et c'est carrément dommage vu comme ça à l'air chouette, et le Québec. C'est une véritable déclaration d'amour à son pays d'adoption qu'elle écrit dans les lignes de Parce que c'est toi. Si vous n'êtes pas convaincue d'aller au pire visiter le Québec et au mieux de vous y installer, c'est que vous avez un cœur de pierre. Entre les descriptions de paysages qui vous font regretter le béton parisien - pour ma part - et celles de Montréal, le Québec devient votre destination numéro 1 pour vos prochaines vacances. J'ai adoré me promener avec les personnages dans le Québec de Chloé Duval. Cette passion est presque plus contagieuse que la romance en elle-même et c'est un dépaysement total que vous propose Chloé Duval pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore ce beau pays.

J'ai également appris énormément sur le géocatching, sorte de chasse aux trésors en pleine nature avec toute une variante d'énigmes et de prix à faire voyager dans le monde. Une activité qui doit être passionnante de pratiquer et sur laquelle je vais me pencher un peu plus avant.

Parce que c'est toi est une romance doudou, un petit bonbon à savourer avec une tasse de thé et des cookies ou une tasse de chocolat chaud et des madeleines. J'ai hâte de lire l'histoire de Nicolas et Pénélope, héros du tome 2 qui sortira vite j'espère.

En attendant, si vous voulez découvrir Parce que c'est toi ou les éditions Láska, je ne peux que vous recommander de faire un tour sur le site des éditions et de penser à vous abonner à leur publication. Pour en savoir plusc'est par là.

En tout cas je félicite chaudement Chloé Duval et la princesse Chi-Chi pour le dessin de la couverture - eh oui! - je vous recommande cette romance doudou à souhait et je vous donne rendez-vous très bientôt pour une petite surprise spéciale Parce que c'est toi.

La malédiction Grimm - Polly Shulman

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COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE

Présentation de l'éditeur: Elizabeth  s’ennuie au lycée. Sur les conseils de son professeur préféré, elle se présente pour un emploi de bibliothécaire. Après un entretien étrange, la voilà engagée. Or, elle s’aperçoit que le Dépôt n’est pas une bibliothèque ordinaire : aucun livre à l’horizon, uniquement des objets Mais surtout plane un mystère autour d’une collection située au sous-sol : la mystérieuse Collection Grimm. Elle abrite des objets de contes de fées,  comme les bottes de sept lieues ou le miroir magique de la belle-mère de Blanche-Neige…

Des contes de fées! Et des bons! Après la grosse déception que fut La belle et la bête de Gans, j'avais besoin de retrouver un peu de cette magie frôlant parfois l'absurde qui émane des contes de fées populaires, que ce soit ceux de Perrault ou ceux des Grimm. Je dois admettre que la couverture m'a tout d'abord attiré l’œil, je l'ai trouvé très belle dans son genre foutoir. Heureusement, la quatrième de couverture annonçait une intrigue originale et je n'ai pas été déçue une seule seconde par ce que j'ai découvert en soulevant la couverture.

Elizabeth est une héroïne qui n'est pas sans rappeler Cendrillon. En effet, sa maman chérie, celle qui lui lisait les contes de fée lorsqu'elle était enfant, est morte et son père - ce père si aimant - s'est remarié avec une femme ayant deux filles. Comme le conte bien nommé, les deux demi-sœurs sont affreuses, la belle-mère n'aime pas sa belle-fille et lui fait faire les corvées ménagères et le père sonne aux abonnés absents. Comble du malheur pour notre héroïne, pour payer les frais de scolarité des deux demi-sœurs, Elizabeth doit quitter son chic lycée privé et ses amis, pour intégrer le lycée public où elle demeure terriblement seule.
Pas d'inquiétude! Les similitudes avec Cendrillon s'arrêtent là. Polly Shulman sait rester subtile et c'est en brossant légèrement un portrait inspiré du conte, qu'elle nous offre une héroïne imparfaite et touchante. Bon démarrage donc...

Elizabeth a un grand cœur, elle n'hésite pas à donner ses tennis de sport à une SDF, est gentille et courageuse, passionnée par les contes de Grimm et surtout parfaitement normale. Ce n'est pas une super belle fille ou supra intelligente. Elle est un peu comme nous toute et j'apprécie de plus en plus le fait de pouvoir m'identifier facilement à un personnage principal. C'est sans doute idiot mais particulièrement dans un roman ado/young adult je rentre plus vite dans l'histoire.
Elizabeth est aussi entourée d'amis très différents : Marc Merrit, le beau gosse basketteur et star du lycée, un brin menteur mais qui a bon fond et son petit frère Andrea, Anjali la magnifique magasinière indienne et sa petite sœur Jaya, un brin sorcière sur les bords en plus d'être fouineuse mais marrante et Aaron Rosendron, le magasinier tatillon anti-Marc Merritt et amoureux d'Anjali. On trouve aussi le Dr Rust, sorte de Merlin de bibliothèque, Mrs Callenders qui appelle tout le monde "mon chou" et le Professeur Mauskopf qui a su repérer le vrai talent d'Elizabeth. J'ai beaucoup aimé toute cette petite bande, c'était vraiment sympa de suivre leurs aventures. Il y en a pour tous les goûts entre Marc qui est doué au baskett, Anjali douée en informatique et Aaron qui a du flair bien qu'il soit particulièrement agaçant pendant un long moment du roman. Si j'adore Elizabeth, c'est finalement Aaron qui reste le personnage que j'ai préféré, celui qu'on apprend le plus à connaître et que j'ai hâte de retrouver puisqu'il est le spécialiste du Leg Wells sur la science-fiction.

En plus de bons personnages, l'histoire est tout à fait originale. La malédiction Grimm n'est pas qu'une simple réécriture de conte comme c'est la mode en ce moment. Polly Shullman ne s'attarde pas sur les personnages de contes de fée mais bien sur ce qui fait toute leur singularité: les objets magiques. Qui n'a jamais rêvé d'utiliser les bottes de sept lieues ou le miroir de la belle-mère de Blanche-neige? C'est chose faite dans la Malédiction Grimm avec en prime une caution à déposer sous forme de morceaux de soi. Autre originalité, chaque personnage est capable de voir ou de ressentir la magie d'une façon qui lui est propre. Alors qu'Elizabeth sent littéralement la magie, Aaron la voit, Marc doit la toucher et Anjali l'entend. J'ai vraiment adoré toute cette partie de l'intrigue où on se laisse embarquer sans hésiter. C'est vraiment original et agréable de voir que l'on peut se renouveler avec des contes vieux de plusieurs siècles.

Le mélange de la magie et du monde "réel" se fait sans heurt ni explication confuse. Elle est là, elle est connue d'un petit nombre et c'est tout. Point de départ simple mais toujours efficace, l'auteure ne s'attarde jamais à nous décrypter son univers. On y rentre avec Elizabeth, on apprend et on doute de la sincérité de l'un ou l'autre des personnages tout en étant parfaitement à l'aise.

Les relations entre les personnages sont également intéressantes et finement menées. Mr Maukorpf fait figure de père sans pour autant jouer au père suppléant, se contentant de surveiller Elizabeth de loin, le Dr Rust dans son rôle de Merlin un peu distrait ouvre aux adolescents un monde nouveau et enchanteur tandis que les histoires d'amour et d'amitié entre nos quatre ados sont bien maîtrisées. Sans que cela soit surprenant au possible - avec un peu de flair on se doute de ce qui va arriver - j'ai trouvé leurs histoires croisées mignonnes et crédibles. J'ai aussi beaucoup aimé la diversité ethnique des personnages, souvent peu utilisée en littérature pour ado. Anjali est indienne, Marc est métisse alors qu'Aaron fait figure de prince de conte de fée européen avec ses cheveux noirs et sa fossette au menton. Un petit groupe hétérogène ou filles et garçons ont besoin les uns des autres.

Vous l'aurez compris, j'ai dévoré ce roman avec délectation. Une utilisation intelligente des contes de fées - dont l'un de mes préférés Jorinde et Joringel - des personnages sympathiques, une immersion totale...j'attends la suite: The Wells Legacy. J'ai hâte de découvrir comment Polly Shulman va s'attaquer à la science-fiction.

Le Club de la Pluie au Pensionnat des Mystères - Malika Ferdjoukh

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Présentation de l'éditeur: Quand Rose Dupin fait son entrée au collège à l’internat des Pierres-Noires, elle ne se doute pas de ce qui l’attend. Elle fait la connaissance de Nadget Mellaoui et de son sourire ravageur, ainsi que d’Ambroise, le fils des gardiens de l’internat, et de son chien Clipper. Il pleut ce jour-là sur Saint-Malo. Mais, depuis la tour de l’internat, ce sont des appels au secours qui pleuvent sous la forme de petits papiers. Qui peut bien envoyer de tels messages ? Un mystère que devront résoudre Rose, Nadget et Ambroise, réunis au sein du Club de la Pluie.

Malika Ferdjoukh est de retour et ce n'est jamais trop tôt! Cette fois-ci, l'auteure nous emporte à Saint-Malo dans l'internat du collège des Pierres-noires où les mystères s'accumulent. Une directrice absente, des objets volés, de mystérieux indices et une fine équipe...les intrigues se multiplient sous la pluie bretonne.

Je ne vais pas râler sur le fait qu'une fois encore, c'est un roman bien trop court que nous propose Malika - même si oui, c'est carrément über trop court en fait - parce que la suite ne saurait tarder...donc je vais passer l'éponge pour une fois. Autoritaire mais magnanime voyez-vous. 

Revenons à nos moutons, où plutôt à nos pensionnaires. Ils sont trois, Rose, Nadget et Ambroise et nous entraînent avec eux dans deux petites histoires, L’énigme de la tour et Le voleur de Saint-Malo, bien sympathiques. 

Comme toujours c'est un véritable régal de retrouver la plume de Malika Ferdjoukh et son don pour croquer les personnages qu'elle met en scène. Rose, Nadget et Ambroise sont très différents mais complémentaires et surtout très attachants. J'ai adoré d'emblée Rose et sa façon de parler très décontractée. On retrouve en elle un peu d'Enid Verdelaine, elle est très drôle et ses premiers échanges avec son père qui la conduit au pensionnat sont hilarants. Nadget quant à elle est complètement l'opposée de Rose un brin tomboy car elle est super jolie et super coquette, toujours avec un miroir à la main. Cependant, il ne faudrait pas croire que Nagdet est complètement idiote parce que féminine. Joli pied de nez à tout ce qu'on entend en ce moment, Nagdet est super intelligente et fait preuve de beaucoup de finesse, elle met Rose dans sa poche en quelques instants. Quant à Ambroise, c'est un bon petit gars, qui n'hésite pas à aider ses deux nouvelles amies.

J'ai beaucoup aimé que la première histoire soit racontée par Rose et la seconde par Nagdet car le changement de point de vue permet non seulement de mieux connaitre les protagonistes mais aussi de varier le ton et la plume. Bien que s'adressant aux 9-12 ans, il y a dans Le Club de la Pluie au pensionnat des mystères toute la verve de Malika Ferdjoukh qui plaira aux plus vieux. 

Les intrigues sont très simples et souvent résolues à la dernière minute par un coup de bol mais vu l'âge des héros, je trouve ça plutôt bien trouvé. Malika Ferdjoukh sait très bien se mettre à la portée de ses lecteurs sans les prendre pour des idiots.

Ce nouveau roman de Malika ne serait pas complet sans des allusions et références au cinéma américain! Rassurez-vous, Fred Astaire et Gene Kelly sont bien là! Nadget est une fan des comédies musicales américaines, avec un peu de chance cela déclenchera des vocations.
Enfin, elle n'oublie pas de nous parler de la Bretagne. Ce n'est pas pour rien que le pensionnat se trouve à Saint-Malo. Kouignamann, pluie et marée, j'ai l'impression de rentrer à la maison en lisant ses lignes. 

Sans surprise, j'ai adoré! Un roman intelligent et bien écrit, parfait pour tous les détectives en herbe...et les confirmés! J'ai hâte de retrouver notre petit groupe cet automne dans Le Club de la Pluie dans la tempête.

La femme au carnet rouge - Antoine Laurain

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Résumé: Un vol à l'arraché, un sac abandonné dans une poubelle et un libraire. Voici le point de départ de La femme au carnet rouge d'Antoine Laurain. Propriétaire de la librairie Le carnet rouge, Laurent, notre héros se prend alors au jeu de retrouver la femme au sac mauve, celle qui porte un parfum lourd passé de mode, aux dires de sa charmante fille, écrit ses pensées les plus saugrenues dans un carnet rouge et possède un porte-clef avec des hiéroglyphes. Ce qui n'était qu'un jeu prend très vite une tournure moins badine lorsque Laurent se rend compte qu'il est en train de tomber amoureux de cette inconnue.

Après le chapeau de Mitterrand, c'est le sac de la femme au carnet rouge qui occupe Antoine Laurain, un objet comme fil conducteur de l'intrigue et lien ténu mais bien présent entre les personnages.

En baguenaudant sur internet, je me suis rendue compte que je suis une lectrice plus enthousiaste pour ce livre que les autres. Sans doute parce que je n'ai pas lu Le Chapeau de Mitterrand, dont on dit tant de bien pour sa drôlerie. Du coup, je n'attendais pas spécialement grand chose de ce roman à part un joli moment de détente et je dois admettre que je ne suis pas déçue le moins du monde. 

Il y a plusieurs raisons à cela: des personnages touchants et bien croqués, une histoire simple certes mais qui sait éviter les écueils du genre et une jolie écriture. Tous les éléments sont réunis pour une jolie histoire, parfaite pour vous délasser après une sale journée. 

J'admets que j'ai été touchée par les personnages, sans doute parce qu'ils sont peu nombreux et bien décrits. Tout d'abord il y a Laurent, quarante ans, libraire parisien, divorcé, père d'une ado survoltée, intelligente et profondément sympathique, un brin rêveur et qui entretient une relation avec une journaliste....antipathique (oui, je ne l'aime pas elle). De l'autre côté, Laure, quarante ans, veuve, orpheline, doreuse dans un atelier et avec pour seule famille son ami gay.
Laurent et Laure sont tous les deux des êtres qui ont besoin, et méritent, un peu d'amour et d'attention. En même temps qu'il examine le sac à main de Laure, on en apprend plus sur Laurent. Sa fille est super drôle et joue un rôle assez marrant dans l'intrigue. Je les ai trouvé émouvants tous les deux, ils sont pleins de failles, de doutes, ça n'est jamais parfait mais souvent très juste dans la description des émotions humaines. Il n'y a pas de premier amour mais une première rencontre à la faveur de plusieurs évènements particuliers.

Le portrait du libraire est extrêmement mignon et réaliste. On sent qu'Antoine Laurain connait des libraires et qu'il veut leur rendre hommage en décrivant ce métier exigeant mais indispensable - comment ça je prêche pour ma paroisse? .... oui peut-être. Portrait extrêmement touchant du libraire, de son métier, de ses passions et de son quotidien. Un joli clin d’œil à tous ceux et celles qui font vivre le livre aujourd'hui. Il faudrait aussi mentionner l'écrivain à la page blanche, clin d’œil sans doute à l'auteur lui-même, une petite pointe que j'ai trouvé assez drôle.

Ce que j'ai aussi apprécié dans La femme au carnet rouge, c'est qu'il s'agit d'une très jolie histoire d'amour, simple mais bien menée sans rebondissement inutile ou longueur superflue. Parce que c'est un livre ramassé et court, il est impossible de s'ennuyer et il évite les écueils. 

C'est vrai cela dit que La femme au carnet rouge est moins drôle et pétillant que Le chapeau de Mitterrand. C'est plutôt une histoire à déguster comme un petit bonbon à la fraise. La femme au carnet rouge, c'est une balade dans Paris au printemps, un petit rayon de soleil, une histoire d'amour à savourer le temps d'une pause bienvenue.

La fin du monde a du retard - J.M. Erre

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COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

ATTENTION TRANCHES DE RIRE INSIDE

Présentation de l'éditeur: Construit sous la forme d'une course-poursuite, "La fin du monde a du retard" met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s'évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s'est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l'humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l'ombre, ils iront de péripétie en rebondissement jusqu'à l'incroyable révélation finale...

Dans la clinique Saint-Charles, "trois toqués au guide Dumachin", on trouve, à côté de Madame Bergougnoux, septuagénaire à gaine persuadée que les aliens sont prêts à débarquer pour l'emmener dans leur grand vaisseau, Alice et Julius. Julius est là pour amnésie, ou presque. Un peu parano, pas mal frappé du bulbe, il est surtout convaincu qu'un complot planétaire se trame, orchestré par un groupe appelé Tiresias et qu'il est le seul à pouvoir sauver le monde, même si celle-ci à du retard. Alice quant à elle est amnésique aussi depuis que tout son mariage a explosé, littéralement..."Le premier événement qui me vient à l’esprit, donc :
Lieu : la salle des fêtes de Chèvreville-les-Eaux.
Date : le jour de mon mariage.
Événement : j’ai tué deux cent soixante-deux personnes, en trois secondes.
Mon ressenti : à mon avis, on ne doit pas être loin
d’un record du monde. [...] En conclusion, j’ai été mariée deux heures et vingt-trois minutes. Là aussi je dois m’approcher d’un record du monde. Tiens, il faut que je vérifie." Autre particularité de la jeune femme, elle n'éprouve plus aucune émotion, ni peur, ni angoisse, ni bonheur, rien. "C’est vrai qu’en tant qu’être humain, je suis handicapée. En revanche, pour un légume, je suis remarquablement évoluée." En d'autres termes, elle va bien.



Armé de capsules de nespresso, (what else), qu'il sniffe pour se donner un coup de fouet, Julius, 1m55 au garrot, a préparé son évasion dans les moindres détails...mais il n'avait pas prévu les deux agents envoyés à ses trousses et il se retrouve, pour son plus grand plaisir - il faut dire qu'elle est plutôt mignonne la jeune Alice - embarqué avec la jeune femme dans une course poursuite éperdue à travers Paris pour semer leurs poursuivants et révéler "l’extraordinaire vérité cachée derrière notre triste et médiocre réalité".

J'étais déjà conquise par J.M. Erre avant même d'avoir ouvert La fin du monde a du retard, tout simplement parce que j'avais adoré Le mystère Sherlocket Série Z. J.M Erre est un ovni dans le paysage littéraire français. Ses récits sont loufoques - sans toutefois être dénués de logique - l'humour est omniprésent: calembours, jeux de mots, références etc. parcourent toutes les pages. La fin du monde a du retard ne fait pas exception à la règle.

La fin du monde a du retard est donc bourré d'humour, dès les premières phrases nous retrouvons avec un énorme plaisir le style et la décontraction de J.M. Erre. Il y beaucoup de Pennac et un peu de Queneau dans le style de l'auteur mais il sait être rester lui-même et apporter une petite touche personnelle qui me réjouie tout à fait. Je sais que les reproches qui sont parfois fait à J.M. Erre est justement cet humour omniprésent qui a lassé certains lecteurs. D'une façon purement personnelle, j'adhère à cet humour débridé et je trouverai dommage que J.M. Erre se réfrène. C'est ce qui le caractérise, ce qui m'incite à ouvrir chacun de ses livres en étant sûr de finir morte de rire, à glousser toute seule comme une andouille dans le métro. J.M - si tu me permets - ne t'arrête pas, nous avons désespérément besoin d'humour en ce moment je crois!

Bon on a compris Persie, c'est drôle mais what else? (non je ne suis pas du tout lourde avec cette blague). Et bien le reste c'est une histoire de complot montée un peu à l'envers. Les théories de Julius sont intéressantes car elles déconstruisent le complot traditionnel et place les auteurs et la "fictionnalisation" des gens comme le vrai complot. Il y a même des QCM à la fin de chapitre pour vérifier notre degré d'aveuglement. J'adore.
"Quiz de la Caverne – Calculez votre coefficient d’aveuglement
Question n° 1 :
   Qui gouverne le monde ?
A. Le lobby judéo-maçonnique ;
B. Le lobby extraterro-bolchevique ;
C. Le lobby luxembourgo-monégasque ;
D. Personne. D’ailleurs, c’est le bordel."

Les personnages sont encore une fois à la hauteur de nos espérances. Entre Julius, paranoïaque au dernier degré, doté de fort élan chevaleresque et amoureux, Alice aussi sensible qu'une betterave, Ours le pote geek à fond dans l'idée du complot, Gaboriau le commissaire de police à 4 jours de la retraire et son lieutenant Matozzi, ravi d'envoyer pépé dans les orties, on a de quoi faire. Il ne faudrait pas oublier l'abbé Saint-Freu - que l'on retrouve depuis Serie Z, cette fois avec presque toute sa tête. 

L'intrigue peut sembler simpliste, après tout il s'agit d'une histoire de course-poursuite et complots, rien de bien original vous me direz mais c'est largement compensé par une fin explosive, bourrée de rebondissements que pour ma part je n'avais pas vu venir. 
Mais oubliez tout ça, oubliez l'humour, oubliez les personnages hauts en couleurs et la reconstruction des complots parce que ce n'est rien à côté de la déconstruction narrative opérée par J.M Erre dans La fin du monde a du retard.  Nous avons notre Julius qui prend par le menu tous les points d'une aventure: "c'est un peu trop tôt pour un retournement de situation mais pas pour une péripétie", "c'est toujours à ce moment que le héros se voit confronté à un traitre" ou encore "il y a toujours un moment ou le héros doit se retrouver dans l'eau avant de renaître pour sa quête" (citations peu ou prou exactes). Il se joue complètement de tous les codes et clichés narratifs qui composent normalement une histoire et brise en quelque sorte le 4ème mur car Julius n'est pas le seul à commenter les péripéties qui lui arrive, le narrateur omniscient s'y met aussi et parle aux lecteurs•trices. Ainsi, il nous dit lorsqu'il est temps de mettre fin à un dialogue, de passer sur une intrigue parallèle ou de relancer l'action qui s'enlise et c'est ce que j'ai préféré. 
Non seulement, J.M. Erre s'amuse avec son intrigue mais il s'amuse aussi avec la littérature et les codes qui la régisse. 

Voila, vous avez compris, je suis absolument conquise et acquise à la cause de J.M. Erre - que j'aurai adoré avoir comme professeur. La fin du monde a du retard est un grand cru, à dévorer ABSOLUMENT.

Pour info, l'auteur passe demain à la grande librairie. J'ai hâte de le voir en vrai. Et si vous n'êtes toujours pas convaincu, vous pouvez allez ici sur le site de Buchet-Chastel, vous pourrez même lire le début du roman!

Douze minutes avant minuit - Christopher Edge

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Présentation de l'éditeur: Londres, 1899.
Tous les soirs, douze minutes avant minuit, un phénomène inquiétant frappe un hôpital psychiatrique : les patients se mettent à écrire frénétiquement d’étranges messages sur des papiers, des murs, et même leur peau. Penelope Tredwell, propriétaire à treize ans du célèbre magazine
Le Frisson illustré, et auteur d’histoires terrifiantes, décide d’enquêter.
Bientôt prise au piège dans une véritable toile d’araignée, Penelope regarde d’un oeil angoissé les minutes s’écouler : chacune d’elles la rapproche du vénéneux complot qui se prépare…

Vous me connaissez, je suis incapable de résister à un roman policier jeunesse qui se passe à l'époque victorienne. J'entends déjà les mauvaises langues du fond "Persie est incapable de résister à la période victorienne". Oui bon d'accord je suis faible tout le monde le sait merci bien. Du coup, quand j'ai reçu le tome deux de la série de Christopher Edge, je me suis dis que c'était vraiment bête de passer à côté du tome un et c'est comme ça que j'ai ouvert Douze minutes avant minuit et son héroïne Penelope Tredwell.

Pour ceux et celles qui ont lu The Agency (Tome 1, Tome 2), je m'attendais, peu ou prou, au même "genre" d'intrigues mais en un peu plus simple, tout simplement parce que The Agencyétait à destination des grands ado/young adult, alors que Douze minutes avant minuit est plus destiné au pré-ado. Finalement après l'avoir lu, je me rends compte que l'intrigue de Douze minutes avant minuit est bien sombre et que cela pourra aussi plaire aux ados un peu plus vieux.

Tout commence comme une intrigue policière un peu flippante. À la veille du nouveau siècle, Montgommery Flinch, l'auteur à succès du Frisson illustré, est convoqué par le directeur de l’hôpital Bedlam - l'asile psychiatrique de Londres - pour régler un mystère insoluble.
C'est vrai qu'avoir une héroïne de treize ans, indépendante et aussi éveillée peut être un problème pour le lecteur qui aurait dépassé la puberté. Cela dit, ça passe plutôt bien car Penelope est vraiment attachante et se sert plus de son intellect que de ses muscles ce qui rend le personnage crédible. En cela, elle n'est pas si loin d'un Lemony Snickett, jeune détective de treize ans lui aussi. Le contraste entre ce petit bout de femme et le monde des adultes qui l'entoure est plutôt bien fait car on ne manque pas durant le roman de lui rappeler que non seulement elle est jeune mais qu'en plus, elle est une fille - tare suprême vous en conviendrez comme Cheshire.
L'intrigue policière est intéressante et la jeune fille ne manque pas d'intuition. J'ai vraiment aimé le personnage de Penelope. Elle est dégourdie, elle n'a pas sa langue dans sa poche et c'est une fille maligne. j'ai vraiment pris plaisir à la suivre dans ses aventures, le contact est assez naturel et on a vraiment envie qu'elle finisse par sauver les adultes de leurs propres bêtises. 

Ce qui différencie surtout Douze minutes avant minuit de la série Agency, c'est la dimension fantastique que Christopher Edge donne à son récit. En effet, si l'essentiel du roman tombe dans le genre du policier, on ne peut nier que l'auteur ait voulu pimenter son récit par de petites touches de fantastiques. Douze minutes avant minuit devient de ce fait, un récit beaucoup plus flippant et étrange qu'attendu. Je ne peux pas en dire beaucoup plus au risque de vous gâcher le suspense mais Christopher Edge maîtrise bien à la fois le récit fantastique et le polar qu'il met en place. Il n'hésite pas à dépeindre une Londres noire et dangereuses, sans oublier les personnages tout droit sortis d'une ruelle sombre de Dickens.

J'ai été vraiment étonnée par la tournure assez sombre du récit, j'avoue que j'attendais quelque chose de plus "gentillet" que ça. C'est une excellente surprise donc, un vrai roman policier victorien pour les ados qui ne les prend pas pour des quiches.
À découvrir.

Dieu me déteste - Hollis Seamon

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COUP DE CŒUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: New York, hôpital Hilltop. Richard Casey aura bientôt 18 ans. Comme tous les adolescents, il voudrait faire la fête, draguer, s’envoyer en l’air, tomber amoureux…La différence, c’est que Richard sait qu’il ne fêtera jamais ses 19 ans. Il est un peu plus pressé que les autres et, pour vivre fort, il lui faut déjouer les pièges de tous ceux qui préféreraient le voir vivre un peu plus longtemps. Heureusement, Richard a de la ressource, du courage et un solide sens de l’humour. Alors il va ruer dans les brancards. Et si Dieu le déteste, il est prêt à rendre coup pour coup.

Vous n’êtes pas près d’oublier Richard Casey, comment il mena une révolution contre le corps médical, se glissa dans les draps de la jolie fille de la 302, réussit une évasion périlleuse avec la complicité d’un oncle dysfonctionnel, évita de tomber sous les coups d’un père vengeur, et joua finalement son destin au poker, dans un des plus beaux bluffs jamais montés contre le sort.

Il est très difficile de parler de ce genre de livre parce que souvent vous vous retrouvez face à deux camps: le camps des déjà convaincus et celui des totalement réfractaires. Pas besoin de vendre le livre aux déjà convaincus donc, ils l'ont acheté et lu dans la foulée. Quant aux totalement réfractaires ce sont ceux qui hurlent avec horreur "un livre sur des adolescents en soin paliatif mon Dieu quelle horreur, non je n'en veux pas. Trouvez-moi quelque chose de plus léger." Ce sont les mêmes en général qui se précipitent ensuite sur le Kinderzimmer de Valentine Goby - avoir un enfant à Auchwitz - ou le Réparer les vivants de Maylis de Kerangal - transplantation cardiaque mon amour - dans le genre léger on repassera. Nous ne sommes jamais à une contradiction près. D'une façon générale, les enfants malades ce n'est jamais vendeur...et pourtant...


Non, Dieu me déteste n'est pas une vaine tentative d'explorer le filon de Nos étoiles contraires de John Green, vraiment pas. Tout simplement parce que, comme j'ai pu le lire parfois sur les blogs, Dieu me déteste n'est pas un roman young adult. C'est vraiment un roman pour adulte avec un narrateur adolescent, ce qui n'est pas du tout la même chose. Hollis Seamon a écrit ce roman après avoir passé beaucoup de temps en hôpital avec son fils malade. Elle a voulu rendre hommage à ses enfants en soin palliatifs qui se battent avec dignité.


Honnêtement je déteste à la base ce genre de roman où les gens meurent, où on parle de misère humaine parce que j'ai déjà les journaux et la télé pour ça. Seulement là, il y a quelque chose de tellement plus fort que je n'ai pas hésité une seconde et croyez-moi, arriver à me faire lire ça c'est déjà un exploit.


Dieu me déteste est un livre drôle. Oui drôle. Il y a, malgré le sujet, beaucoup d'humour et beaucoup d'occasions de rire, à commencer par une soirée d'Halloween mémorable.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'y a jamais d'apitoiement dans le roman, jamais. Il n'y a pas de pathos. Le roman est émouvant, certains ont pleuré - pas moi - mais il n'est jamais volontairement tire-larme. La grande force de ce roman tient aussi dans la voix du narrateur. Richard est un vrai adolescent avec tout ce que cela comporte: langage cru, envie débordante de vivre et de faire des conneries, envie de draguer la jolie nana du 302 parce que Sylvie même sans cheveu, elle reste sublime.


Richard est bien en vie et n'a pas l'intention de se laisser partir sans réagir. Même s'il a une DMD, une Dieu me déteste, parce qu'à 17 ans on n'est pas censé connaître mieux les couloirs de l'hosto que celui de son lycée, il n'est pas "encore crevé" et il a envie d'en profiter à fond. J'ai d'emblée adoré ce personnage. Il est touchant de sincérité, c'est un p'tit con de 17 ans mais un p'tit con touchant parce que c'est un battant. Sylvie aussi dans son genre est incroyable. C'est une tête de mule, elle est parfois horriblement méchante mais tout comme Richard elle ne veut pas se laisser abattre et surtout, elle l'aime bien ce gars de la chambre d'en face.


Dieu me déteste, c'est l'histoire des adultes qui les entourent et qui souffrent au-delà des mots. La maman de Richard, mère-fille à 16 ans, qui depuis, vit uniquement pour son fils au point de cumuler plusieurs jobs et de dormir recroquevillée aux pieds de son lit. Une mère courage qui ne dort presque plus pour assurer à son petit garçon les meilleurs soins possibles. Sa grand-mère, elle aussi mère-fille fait partie de cette famille atypique. Jeune mamie de 50 ans, rock'n'roll, elle comprend parfaitement la colère de son petit-fils. Il y a aussi son oncle, pas toujours présent mais qui sait être là lorsqu'il y a une bêtise à faire. Les parents de Sylvie, le père qui boit un peu trop et qui hait viscéralement le jeune Richard qui tourne autour de sa fille. Les aides-soignants enfin, qui vivent jour après jour avec les épées de Damoclès au dessus de la tête mais qui savent faire face, sans jamais baisser les bras.


Les adultes sont aussi touchants que les deux adolescents que Hollis Seamon met en scène. Tout le monde souffre, chacun à sa façon. La nuance est une chose importante dans un roman pareil et l'auteure s'en sort à la perfection sachant manipuler les sentiments de chacun, les peurs, les doutes mais aussi les instants de grâce.


Dieu me déteste est un roman plein de vie, avec une fin que chacun interprétera à sa façon. J'ai été émue et bouleversée par cette histoire, une grosse révélation et un coup de cœur pour moi, d'autant plus important que je voudrais vous parler de la maison d'édition qui nous a permis d'avoir ce petit bijoux en France.


Dieu me déteste est publié dans la collection de La belle colère.La Belle Colère c'est une maison d'édition qui veut promouvoir les voix d'adolescents à destination des adultes. Pour retrouver le feu de L’attrape-coeur ou Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur."L’adolescence est un âge de bruit et de fureur, de violence et de sexe, d’exaltation et de dépression, d’amour et de colère. En bref, un âge éminemment littéraire.""La ligne éditoriale de « La belle colère » peut se résumer ainsi : des romans pour adultes dont les héros sont des adolescents. Des livres qui s’adressent aux adultes et se tendent, une fois refermés, aux plus jeunes, non pas parce qu’ils seraient adaptés à leur « niveau de lecture », mais simplement parce qu’ils nous ont profondément marqués." Une magnifique ligne éditoriale qui nous gratifiera de quatre romans par an.

Avec Les douze tribus d'Hattie, Dieux me déteste figure dans mes révélations 2014. Ne passez pas à côté.

Les suprêmes - Edward Kelsey Moore

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POUR CELLES ET CEUX QUI ONT AIMÉ "LA COULEUR DES SENTIMENTS" ET "LES BEIGNETS DE TOMATES VERTES"

Présentation de l'éditeur: Elles se sont rencontrées à la fin des années 1960 et ne se sont plus quittées depuis : tout le monde les appelle “les Suprêmes”, en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies. Complices dans le bonheur comme dans l’adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines aussi puissantes que fragiles ont, depuis leur adolescence, fait de l’un des restaurants de leur petite ville de l’Indiana longtemps marquée par la ségrégation leur quartier général où, tous les dimanches, entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de nourritures diététiquement incorrectes tout en élaborant leurs stratégies de survie.

Vous vous imaginez bien qu'avec un résumé pareil et une couverture qui sent bon les années 60', j'étais O-BLI-GÉE de le lire. Comment ça, je suis d'une mauvaise foi éhontée? Oui bon, peut-être. J'adore les récits qui se passent dans le sud des Etats-Unis au sein des communautés afro-américaines. Je ne sais pas pourquoi, mais la chaleur du Sud, la bonne odeur du poulet frit et le parler un peu trainant des gens du coin m'ont toujours séduite. Cette vision idyllique doit évidemment être nuancée par la ségrégation raciale, il suffit de lire La couleur des sentiments pour s'en convaincre, mais j'aime toujours autant le Sud des États-Unis, bien plus que New York. C'est donc avec un avant-goût de bonheur que j'ai ouvert Les suprêmes d'Edward Kelsey Moore. 

Odette, Clarice et Barbara Jean, c'est un peu les filles de Skeeter, Minnie Jackson et Abileen. Nées dans les années 50, elles se sont rencontrées alors qu'elles étaient encore gamines et ont grandi ensemble depuis, main dans la main à travers toutes les épreuves de la vie. Si la ségrégation raciale se dilue durant leur enfance, certaines auront tout de même à en souffrir. 
Nous retrouvons donc nos Suprêmes en 2005, chez Big Earl, le dimanche après la messe - chacune dans une paroisse différente - pour le traditionnel repas dominical. Les Supêmes sont entourées de leurs maris, amis eux-aussi depuis près de quarante ans. Edward Kelsey Moore passe du passé au présent pour recomposer le parcours et la personnalité de ses trois femmes que l'on rêverait de rencontrer. 

Il y dans ce roman, une sorte de discours à trois voix comme dans la Couleur des sentiments, Odette est la seule qui bénéficie d'un récit à la première personne du singulier tandis que Clarice et Barbara Jean ont le droit à la troisième du singulier. J'ai bien aimé cette différence de traitement entre les trois personnages, il n'y a finalement rien de déséquilibré et ça semble naturel. Cela donne un peu plus de poids à Odette sans vraiment affaiblir Clarice ou Barbara Jean. Edward Kesley Moore parvient sans peine à donner une vraie vie et un poids particulier à chacune de ses trois héroïnes.

J'ai adoré le personnage d'Odette, sans doute parce que c'est elle dont on connait le mieux la voix, mais aussi parce que c'est personnage incroyablement fort et attachant. Un croisement entre Abileen - qui devine toujours tout - et Minnie - avec sa grande gu***** - Odette est le pivot central de l'amitié des Suprêmes. Avec son mari James, elle forme le couple le plus équilibré de la bande....mais c'est sans compter sur le fait qu'Odette voit des fantômes. Comme sa mère. Tare familiale qu'elle tente de cacher aux autres, c'est une femme forte, une amie réelle sur laquelle les autres peuvent s'appuyer à tout moment. 
Clarice, c'est une snob. Un petit bout de bonne femme qui fait attention à sa ligne, sait impeccablement tenir une maison et gère sa vie à la baguette. Sauf lorsqu'il s'agit de son crétin de mari, Richmond qui la trompe avec le moindre derrière remuant venu. Volontiers mesquine, parfois méchante, elle sait reconnaître ses tords et n'hésite pas à aller de l'avant, à s'épanouir pour ressembler plus à son amie Odette qu'elle aime plus que tout. Même si c'est celle avec laquelle j'ai eu le moins d'affinité, Clarice est touchante parce qu'elle exorcise son mal-être dans la pratique du piano et que mine de rien elle évolue.
Barbara Jean enfin - ah que j'aime les Jean et Mae annonciatrices du Sud - malmenée par la vie est sans conteste la plus bouleversante des trois. Entre son mari Lester, de vingt ans son aîné, son passé douloureux, et son amitié indéfectible des suprêmes, Barbara Jean ne pouvait être qu'une femme touchante qu'on aurait envie de réconforte un peu comme la patronne de Minnie Jackson.

L'auteur aime énormément ses héroïnes et nous dépeint leur vie à travers leurs manies, leurs forces et leurs faiblesses. On pleure un peu, on rit beaucoup mais toujours dans la nuance. J'aime assez que le récit soit ramassé, sans trop de fioritures ni de détails inutiles. Pas besoin de tout expliquer au lecteur, on comprend bien où il veut en venir.

Allez, je me tais sinon je risque de trop en dire et ça serait dommage. Si vous aimez les ambiances du Sud des USA, si vous aimez Fannie Flagg et La couleur des sentiments, alors n'hésitez pas. Les suprêmes est un roman adorable, plein de tendresse et d'émotion, plein de rire et de larmes pour passer un très bon moment auprès de ces trois femmes attachantes.

Avis de tempête - Harry Dresden Files tome 1 - Jim Butcher

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Présentation de l'éditeur:


Harry DRESDEN
Enquêtes paranormales.
Consultations & conseils.
Prix attractifs.


Tous les bons magiciens s’appellent Harry, et Harry Dresden est le meilleur. Techniquement, c’est même le seul dans sa « catégorie » : lorsque la police de Chicago est sur une affaire qui la dépasse, c’est vers lui qu’elle se tourne. Car notre monde regorge de choses étranges et magiques… et la plupart ne s’entendent pas très bien avec les humains. La magie, ça vous flingue un gars en moins de deux !

Je sais, je suis toujours en retard pour découvrir les séries géniales que tout le monde connait depuis des lustres - Cheshire tu te tais s'il te plaît - mais après tout comme dirait le proverbe, mieux vaut tard que jamais. J'étais un peu en panne de lecture; les nouveautés c'est bien mais il faut savoir parfois revenir aux sources. Ni une ni deux je me suis jetée sur Harry Dresden et son look de privé des années 50. Grand bien m'en a pris. Je devrais arrêter de douter des recommandations qui me sont faites, un point c'est tout.

C'est d'abord l'atmosphère qui m'a séduite dans ce premier tome des aventures d'Harry Dresden. On ne sait pas trop où l'on débarque, sans doute dans un de ces polars noirs des Etats-Unis, ambiance 1950. Privé en imper, jeune dame à voilette noire qui cache une larme, l'adultère comprenez-vous. Sauf qu'Harry Dresden est magicien...oui tout de suite on n'est un peu moins dans l'ambiance. Harry est donc magicien et détective privé, ça ne s'invente pas. Consultant pour la police, il se retrouve bientôt au centre d'une enquête qui le dépasse.

J'ai adoré le personnage d'Harry Dresden. Il est dans la purée jusqu'au cou mais ne manque jamais de faire rire le lecteur. Tout, mais absolument tout, tourne mal autour de lui, ce mec porte vraiment la poisse et pourtant on rit beaucoup. Il y a un petit air de Charley Davidson(ou plutôt Charley a un petit air de Harry Dresden): deux enquêteurs dans le paranormal, deux personnalités qui attirent les ennuis...Les ressemblances s'arrêtent là mais j'ai bien aimé cette petite réminiscence d'une autre série.

À côté de l'humour et du personnage principal j'ai grandement apprécier le fait que l'univers d'Harry Dresden soit complexe, on le sent bien, mais que tout ne soit pas expliqué dès le premier tome. En effet, il s'agit surtout ici d'une introduction à un univers magique, riche et dense. Cela promet de nombreux épisodes bien croustillants, ne serait-ce que sur le passé d'Harry. À la fin du premier tome, on en sait finalement très peu sur le monde d'Harry, sur l'organisation de la magie et même sur les autres créatures existantes. Si on croise bien une vampire, la rencontre est brève mais promet de futures passes d'armes intéressantes.
J'aime bien le fait que l'introduction soit mesurée et non massive, c'est absolument destructeur de balancer des explications à la louche et sans discernement. Jim Butcher évite l'écueil sans soucis. 

Un très bon démarrage pour cette série d'Urban Fantasy que je vais poursuivre avec grand plaisir.

Sacrées souris - Lois Lowry

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Présentation de l'éditeur: Pour vivre nombreuses, vivons cachées. Hildegarde, la Maîtresse Souris qui préside à la destinée des deux cent vingt souris de l’église Saint-Bartholomew, le sait bien. Toutes doivent apprendre à se faire discrètes pour ne pas effrayer les dames du comité paroissial. Elles savent que, sinon, une terrible épreuve les menace : le Grand X. Mais le danger devient de plus en plus proche. Ce sera bientôt le jour de la Bénédiction des Animaux, et les habitants de toute la région viendront à l’église avec leurs chiens, leurs chevaux et… leurs chats.

On connaissait Lois Lowry pour son excellent roman dystopique Le Passeur  - que je recommande chaudement, c'est un grand livre qui fait réfléchir à la manière de 1984 d'Orwell - voici qu'elle nous revient avec un roman pour les plus jeunes Sacrées souris!. Lois Lowry n'a plus besoin de faire ses preuves, ses romans pour enfants sont de petites perles à savourer. Si dans le Passeur, elle nous proposait une véritable réflexion sur la société, dans Sacrées souris!, c'est le parcours de toute une communauté qu'elle met en scène.

Hildegarde n'a pas la tâche facile. Lorsque l'on doit gérer 220 souris d'église, il n'est pas question de dormir sur ses lauriers. Entre une souris qui se permet de mettre bas sans la prévenir, sa rivale qui veut prendre sa place, la Bénédiction des animaux qui approche à grand pas et la menace du grand X qui plane toujours sur leurs têtes, Hildegarde aurait bien besoin de repos. 

Le roman a beau être court, il n'en est pas moins dense: riche de sens et de symboles. Hildegarde est un personnage assez hors norme qui m'a marqué par sa personnalité de cheffe bien trempée. Elle est dure, à la fois envers les membres de sa communauté - untel est assez stupide, telle autre n'arrête pas de mettre bas et ça la dégoûte - mais aussi envers elle-même. Elle s'astreint à une discipline et une rigueur qui font d'elle une parfaite souris d'église. 
Je n'ai pas trouvé le personnage d'Hildegarde sympathique car il faut avouer qu'elle ne l'est pas mais elle est remarquable par son dévouement pour sa communauté et ses talents de cheffe. Pas facile d'être une souris qui prend de l'âge et qui se sent investie d'une mission pareille. 

Comme souvent avec Lois Lowry, on sent bien l'importance de la religion chrétienne, c'était déjà le cas dans le Passeur sous forme de symboles, ici, ce sont plutôt les rituels qui sont mis en avant. Cependant, cet aspect du roman n'est pas gênant pour celles et ceux qui ne seraient pas croyant car elle sait bien utiliser son cadre afin de planter un décor et une ambiance, sans jamais faire de prosélytisme. Au contraire, c'est même intéressant de voir ces petites souris, à la manière de celles de Cendrillon, s'affairer pour que tout fonctionne dans l'église: rogner les fils qui dépassent des coussins ou des chasubles, nettoyer les taches faites par le vin de messe ou encore les voir chanter les cantiques d'église le dimanche.
Le roman ne manque également pas d'humour car à côté de l'austère Hildegarde, il y a toute une galerie de personnages assez truculents, avec leurs remarques farfelues ou joyeuses. Entre évitement des hommes et sauvetage impromptu, Hildegarde nous entraîne avec sa marmaille dans les tréfonds d'une petite église de campagne et de ses rituels jusqu'à l’apothéose final!

Un très joli roman, plein de rebondissements et d'entraide. De sacrées souris en somme que je vous engage à découvrir. 

Luther l'alerte - Neil Cross

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Présentation de l'éditeur: Tous ses collègues s'accordent à le dire : John Luther est un excellent flic. Un homme impressionnant par son physique et ses principes ; un détective intuitif admiré pour ses résultats. Mais la réalité est plus sombre. A force de côtoyer le mal, Luther est en train de perdre pied. Une situation qui inquiète son épouse, impuissante à apaiser ce mari lancé dans une guerre personnelle contre le crime. Et face à un tueur d'enfants qui joue avec ses nerfs, combien de temps Luther parviendra-t-il à rester du bon côté de la loi ?


Si le nom et la couverture de ce roman vous disent quelque chose il y a deux possibilités: primo, que vous l'ayez déjà lu et dans ce cas, bravo, secundo, que vous soyez un amateur de la BBC et du polar anglais et que du coup, vous ayez déjà vu ou entendu parler de la série Luther où le héros est incarné par un Idris Elba magistral. Personnellement, comme je suis TOUJOURS à la bourre, je fais partie de la catégorie 2.b qui a déjà entendu parler de la série, a vu des extraits sur youtube mais n'a pas encore eu l'occasion de visser ses fesses dans un canapé assez longtemps pour mater un épisode entier. Forcément, quand Luther l'alerte est sorti en poche, j'étais super intriguée, poussée par une force maîtresse vers ce petit opus à la couverture sanglante. Oui je sais je suis vachement lyrique aujourd'hui mais c'est parce qu'on est dimanche et que je travaille, enfin là présentement non, mais vous saisissez l'idée globale du bazar. 

Je me demandais un peu si ce roman arrivait à la suite de la série, ce qui m'aurait rendue super triste, je n'aurai pas voulu me spoiler, ce serait trop bête mais Neil Cross, l'auteur de la série britannique star, pense à tout. Il nous plonge cette fois dans la toute première aventure de son héros, un prequel pour mieux comprendre John Luther et l'individu violent qu'il commence à devenir.

L'intrigue est assez violente, des familles massacrées - avec détails s'il vous plaît - des enfants enlevés, un type complètement fou à poursuivre. En plus de ça, John Luther doit rendre service à son collègue qui vient de se faire passer à tabac pour avoir aidé un vieux militaire à conserver sa maison. Au prise avec un mafieux et ses acolytes, Luther franchit la limite de la loi et se voit coller les services internes aux fesses. Rien que ça.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Luther que je trouve très attachant. Il voit des crimes horribles au quotidien et doit gérer à la fois l'amour qu'il éprouve pour son travail mais aussi sa rage. Sa femme en revanche m'a passablement gonflée. Elle sait qu'elle est injuste envers son mari mais ça ne l'empêche pas de le tromper quand même en tentant vainement de se déculpabiliser. Comment te dire chérie, ton mari vient de découvrir une mère ouverte en deux, on lui a pris son bébé et il le cherche...effectivement il n'a pas trop le temps de s'occuper de toi là...my eyes are rolling so hard I can see the back of my brain...
C'est typiquement le genre de personnage que je déteste dans les romans policiers. J'imagine que lorsque tu épouses un inspecteur ou une inspectrice de l'unité des crimes violents, tu peux t'attendre légitiment que ton/a conjoint/e ne soit pas toujours en super forme. Il semblerait que ce ne soit pas évident pour tout le monde.

Sinon les collègues de Luther sont également sur la brèche et s'était intéressant à lire. Il n'y a pas que lui qui plonge, les autres inspecteurs sont eux aussi victimes de leur métier. Entre celui qui traque les pédophiles sur internet et qui doit se gaver de films d'horreur coréens pour pouvoir dormir, la jeune qui ne passe quasiment aucun moment avec son compagnon ou la cheffe qui doit laisser sa fille de 10 ans dormir chez les voisins, aucun n'est indemne.

L'histoire est bien maîtrisée, avec pas mal de rebondissements, de croisements d'intrigues appréciables. Une bonne idée donc d'avoir lancé ce prequel, cela permet d'approfondir notre connaissance du personnage.

Une histoire choc digne des grands thrillers américains, un héros auquel nous sommes immédiatement attachés, une violence permanente, Luther L'alerte nous plonge irrémédiablement dans la descente aux enfers d'un homme courageux. Pour tous les amateurs de romans policiers à l'anglaise, que vous connaissiez la série ou non.

Intrigue à Giverny - Adrien Goetz

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Présentation de l'éditeur: Et revoici Pénélope, l’intrépide Pénélope, dans le tourbillon d’une enquête pleine de mensonges, de meurtres et de Monet. Alors que la fameuse conservatrice-détective assiste à un dîner au Musée Marmottan-Monet, deux fines connaisseuses de l’œuvre du grand peintre impressionniste disparaissent. Le lendemain, l’une est retrouvée morte alors que l’autre, une religieuse du nom de sœur Marie-Jo, est aperçue à Monaco par Wandrille, le compagnon de Pénélope - Monaco où doit avoir lieu l’achat d’une toile inédite de Monet pour célébrer le mariage du prince Albert et de Charlène.
Qui est la mystérieuse sœur Marie-Jo ? Pourquoi la Principauté ? Et qui a tué Carolyne Square ?  Pénélope et Wandrille courent de Charybde en Scylla et de Giverny à Monaco pour tenter de résoudre ce mystère. L’amitié de Monet avec Georges Clemenceau va soudain prendre sens. Quelle a été l'étrange vie du paisible M.Monet ?

Pénélope et Wandrille reviennent chez Adrien Goetz pour une nouvelle intrigue. Après Intrigue à l'anglaise, Intrigue à Versailles et Intrigue à Venise, le lecteur est plongé dans le mystère de Giverny et de la vie de Monet. 

J'aurai dû aimer Pénélope et Wandrille. Tout d'abord, parce que je suis conditionnée pour aimer les intrigues de ce genre qui empruntent à Agatha Christie, Maurice Leblanc ou Georges Simenon. Ensuite parce que je ne suis pas censée résister à une héroïne qui s'appelle Pénélope et qui est conservatrice. Mystère + histoire + une Pénélope, je devais aimer....et bien non.

Quelle cruelle déception, ça me rend triste tient! C'est toujours désolant d'être déçu par un roman. Je n'avais pas lu les premiers opus mais ce n'est pas ça qui m'a dérangée. J'ai vite compris les relations qui unissaient Pénélope et Wandrille, que ce dernier était fils de ministre récemment retourné au pouvoir et qu'il venait d'être nommé rédacteur en chef d'un magasin de jardin monégasque. Jusque là...pas d'anicroche. J'ai compris aussi que Pénélope après un premier poste assez prestigieux se retrouve aux gobelins et s'intéressent de près à Monet depuis qu'ils ont redécouvert des tapisseries - les serpillères comme ils les appellent. 

Les personnages étaient assez sympathiques, un petit couple qui se piquent d'être détective, un peu d’esbroufe même si l'ensemble est moins frais que Tuppence et Tommy Beresford, une sœur mystérieuse, un meurtre, des tableaux qui apparaissent ou disparaissent: les ingrédients étaient intéressants. 
L'intrigue est vraiment bien inscrite dans un contexte actuel. L'auteur se replace dans l'époque en suivant l'actualité instant par instant, ici une exposition au musée Marmottan-Monet ou bien le mariage d'Albert de Monaco. C'est assez agréable de sentir le roman pris dans notre réalité. Cela lui donne un relief bienvenu que l'on retrouve peu ailleurs. Il y a même des petits clins d’œil à des personnalités connues comme une conversation que surprend Pénélope entre une certaine Clémentine et un Franck (les aficionados des émissions d'Histoire pour grand public reconnaitra sans peine de qui Adrien Goetz parle) et ça m'a faite sourire. 

Cependant, malgré toutes ces qualités, je me suis très vite lassée des aventures de Pénélope et Wandrille. D'une part, l'intrigue principale m'a laissée de marbre. Monet aurait-il été un espion à la solde de Clemenceau? Pourquoi et comment est-il devenu si riche? En fait je n'y ai pas cru du tout, c'est peut-être trop contemporain pour moi pour le coup mais je ne me suis pas laissée embarquer dans l'histoire. De plus, j'ai trouvé le récit extrêmement brouillon. Je m'explique:
L'histoire commence par le meurtre de Carolyne Square et la lecture du petit encadré relatant le meurtre par Wandrille, assis au soleil à la terrasse d'un café monégasque. Nous revenons ensuite deux jours plus tôt pendant le cocktail donné à Marmottan-Monet puis nous passons à Wandrille puis retour à la veille de la réception etc etc. Ces allers-retours m'ont rebutée, j'avais l'impression d'avoir une histoire pas dans le bon ordre sans que cette chronologie bouleversée apporte quoi que ce soit de positif ou d'intéressant à la narration. Dommage car dès le début cela a cassé mon intérêt pour l'intrigue. Là où Agatha Christie nous aurait dépeint par le menu les gens à table avec Pénélope dont cette sœur Marie-Jo et Carolyne Square, Adrien Goetz nous donne des bribes finalement peu engageantes. J'imaginais déjà ce que Dame Agatha aurait pu faire d'une telle scène et j'étais déçue de ne pas retrouver un grain de malice semblable. 

Du coup je me suis franchement ennuyée, heureusement le roman est court, la sauce n'est pas délayée à l'infini. Je ne deviendrai pas une fan de Pénélope et Wandrille et ça me peine, mais c'est comme ça. Et vous? Avez-vous déjà lu les Intrigues d'Adrien Goetz?

Miss Alabama et ses petits secrets - Fannie Flagg

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Présentation de l'éditeur: Birmingham, États-Unis. Ex-Miss Alabama, Maggie Fortenberry a pris une grande décision : elle va mettre fin à ses jours. Elle n'est ni malade ni déprimée, son travail dans une petite agence immobilière est plutôt agréable, mais elle a trouvé malgré tout seize bonnes raisons d'en finir, la principale étant peut-être que, à 60 ans, elle pense avoir connu le meilleur de la vie.
Maggie a donc arrêté la date de sa mort et se consacre désormais en toute discrétion à en régler les détails.
Or, peu de temps avant de passer à l'acte, Maggie est invitée par une collègue, Brenda, à un spectacle de derviches tourneurs. La représentation étant dans moins d'une semaine, elle décide, pour faire plaisir à Brenda, de retarder l'ultime échéance.
Elle est alors loin de se douter combien les jours à venir vont être riches en secrets dévoilés et en événements imprévus, lesquels vont lui montrer que l'existence a encore beaucoup plus à lui offrir qu'elle ne le croyait. 


C'était la grande news du moment, le grand cirque intérieur: l'arrivée dans nos librairies le 5 mai prochain du dernier roman de Fannie Flagg, Miss Alabama et ses petits secrets. Comme beaucoup d'entre vous j'en suis sûre, la nouvelle a causé un choc aussi bien que le ravissement le plus complet. Si vous ne connaissez pas encore Fannie Flagg et son célébrissime Beignets de tomates vertes, je ne peux que vous encourager à le lire. C'est un roman doudou comme je les aime: Le Sud des États-Unis, une fratrie et ses valeurs ajoutées, un rien turbulente, des personnages très attachants et des recettes d'Alabama (si si c'est vrai), vous ne pourrez pas être déçu. En plus, bandes de veinards, il y a même un film!

Mais revenons à nos moutons. Miss Alabama et ses petits secrets est sorti en 2010 aux États-Unis. L'auteure ne quitte pas son Sud adoré et nous explorons les quartiers de Birmingham car cette ancienne Miss Alabama est à présent agente immobilier dans sa ville natale. Maggie a la soixantaine, est encore magnifique mais n'a rien vraiment accompli dans sa vie. Sans dire qu'elle a raté sa carrière, elle doit surtout sa reconversion à Hazel, la naine pétulante qui fonda l'agence immobilière des années auparavant. Mais voila, à présent Maggie est seule. Son amie Hazel est morte, l'agence décline, Maggie n'a pas d'homme dans sa vie, pas d'enfants, plus de famille pour tout dire, elle se sent bien désœuvrée et n'a plus de projet. Dès lors, pourquoi continuer à vivre une routine amère? C'est donc sereine qu'elle planifie son suicide - qu'elle compte maquiller en disparition - méticuleusement. C'était sans compter sur Brenda, sa collègue et amie, une petite bonne femme noire à perruque, candidate à la mairie de Birmingham. Pour lui faire plaisir, Maggie décide de repousser son suicide, une décision qui va se révéler plus étonnante que prévue.

Je ne sais pas trop comment vous parler de ce roman finalement parce que je ne voudrais pas décourager les fans de Fannie Flagg mais je ne veux pas non plus faire un éloge dithyrambique d'un roman que j'ai bien aimé mais sans plus. Dilemme, dilemme. Avouez que c'est plus grand dilemme que celui de Chimène et Rodrigue!

Je pense que j'attendais tellement de Miss Alabama que j'ai été fatalement déçue. C'est le problème après un excellent livre, on attend tellement du suivant que la déception est un risque à prendre. Miss Alabama n'est pas un mauvais livre loin de là, c'est simplement qu'il manque ce petit ingrédient magique qui a fait des Beignets de tomates vertes un roman inoubliable.

J'ai beaucoup aimé les personnages d'Hazel et Brenda même si j'ai trouvé dommage qu'ils soient relégué au second plan. Hazel est un vrai personnage à la Flagg: c'est une naine mais qui ne se laisse jamais démonter par la vie ou sa petite taille. Après tout, lorsqu'on la voit on ne l'oublie pas, elle est intelligente et enthousiaste, du coup pourquoi s'en faire? C'est une petite perle de sucre comme on les adore chez cette auteure. Malheureusement elle n'apparait que par flashback ou évocation des personnages ce qui la rend trop rare à mon goût. Cela dit, le procédé est intéressant car on ressent un vrai manque, à la façon de Maggie. Quant à Brenda, je l'adore, elle me fait penser au personnage de la couleur des sentiments ou des suprêmes. J'aurai vraiment adoré qu'elle soit l'héroïne car elle a beaucoup de saveur. Entre son combat pour l'égalité des gens, la mairie et sa lutte contre ses kilos en trop, Brenda est aussi un personnage Flaggien adorable.
Barbs, la vilaine du roman est une affreuse harpie qu'on a envie d'étrangler. Après un mari violent, c'est au tour d'une femme sans scrupule de faire l'objet de l'ire de l'auteure. C'est une bonne femme absolument effroyable qui nous est dépeint! Positivement affreuse mais on y croit, le personnage sonne vrai. Pas de rire narcissique, pas de pose, juste de la méchanceté et de la malhonnêteté en boîte.

J'ai beaucoup aimé aussi la description de Birmingham. On sent que l'auteure aime cette ville et la connait bien. On navigue ainsi entre les différents quartiers, anciennement quartiers blancs et noirs, et surtout "la colline", là où se trouve les demeures les plus prestigieuses. Miss Alabama explore aussi les problèmes sociaux qu'a traversé la ville, notamment ceux liés aux mouvements pour les droits civiques. Cette histoire de la ville est vue à travers les expériences des différents protagonistes et même si ce n'est pas poussé au point de La couleur des sentiments, ce n'est pas non plus le propos.

Ce qui m'a le plus dérangée finalement, c'est l'héroïne...Maggie est parfaite dans son genre. Toujours très élégante, elle est calme, posée, elle a du charme en plus d'être belle et surtout tout est parfaitement en ordre dans sa vie. Elle organise son suicide comme d'autres une soirée avec monsieur l'Ambassadeur. Elle ne doit laisser aucune dette, aucun vêtement qui ne soit pas donné à qui de droit etc. L'ensemble est fatigant. Je comprends le personnage mais je ne m'y attache pas du tout. J'ai ressenti le tout comme assez froid, dénué de sentiments. Ce que j'aimais dans Les beignets de tomates vertes c'était justement la vie qui battait dans les personnages et leur histoire alors qu'ici Maggie est tellement concentrée sur son suicide que le récit devient plat. J'ai eu du mal à m'intéresser à l'intrigue principale du coup et j'ai trouvé quelques ressorts un peu prévisibles.

Je suis triste de ne pas avoir accroché avec Maggie, parce que j'étais prête à adorer ce roman et à en faire un coup de cœur absolu. Ne croyez pas que c'est un roman raté, c'est un très bon moment de lecture mais on passe à côté du chef-d’œuvre des tomates vertes. Je vais aller me consoler avec le film tient!

L'exception - Auður Ava Ólafsdóttir

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Présentation de l'éditeur: « Tu seras toujours la femme de ma vie. »
Dans le vacarme d’un réveillon de nouvel an, María n’entend pas ce que Floki, son mari, lui annonce : il la quitte pour son collègue, spécialiste comme lui de la théorie du chaos.
Heureusement, dans la nuit de l’hiver polaire, Perla est là, charitable voisine d’à peine un mètre vingt, co-auteur de romans policiers et conseillère conjugale, qui surgit à tout moment de son appartement de l’entresol pour secourir fort à propos la belle délaissée...
Ni Perla la naine surdouée, ni María l’épouse idéale démunie devant une orientation sexuelle désormais incompatible, ni les autres acteurs de cette comédie dramatique à l’islandaise – adorables bambins, belles-familles consternées ou complices, père génétique inattendu – ne détournent le lecteur d’une alerte cocasserie de ton, d’une sorte d’enjouement tendre, de brio ininterrompu qui font de l’Exception un grand roman de la déconstruction et de la reconstruction narcissique à la portée du commun des mortels.

Je suis passée à côté du raz-de-marée Rosa Candida lorsque celui-ci est sortie. Bien sûr j'en avais entendu parlé - même si de façon persistante je confonds encore ce livre avec Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé - mais je ne l'ai pas lu. Oui vous êtes habitués à ce genre de début d'article. Vous le savez bien maintenant, je suis toujours en retard sur les nouveautés mais je finis toujours par me rattraper.
Afin de combler mes lacunes - en retard peut-être mais bien élevée sûrement - j'ai décidé de lire son dernier roman L'exception pour voir de quoi il retournait.

Bien, bien, bien...
Oui merci Greggory
il est de ces livres qui vous tombent des mains. Sans être forcément mauvais, ils vous déçoivent simplement et/ou vous ennuient. L'exception est de ceux-là. Je pense que la quatrième de couverture et les éloges qui ont été faits sur le livre ont contribué à mon désappointement, néanmoins je ne m'attendais pas à l'abandonner en plein milieu à coup de soupirs désolés. Cheshire est témoin du phénomène..."Et croyez-moi, ce n'est pas drôle".

Lorsqu'on me propose un récit drôle, touchant, avec moult péripéties et une naine surprenante et que...rien...non vraiment, rien, il y a de quoi être déçue.
Pas de bol pour Olafsdottir, j'avais lu juste avant ou juste après - dans tous les cas la comparaison est défavorable - Miss Alabama et ses petits secrets où là aussi, un personnage est une naine mais cette fois-ci, tout à fait géniale! Du coup, à côté d'Hazel, Perla fait un peu pâle figure, d'autant plus qu'une fois sur deux je ne comprends absolument pas le baratin qui lui sort de la bouche. Ses longs monologues un peu loufoques censés remonter le moral de l'héroïne m'ont largement ennuyée et je n'ai pas accroché plus que ça.

Je disais donc que la quatrième de couverture me promettait un récit enjoué et moi naïvement je m'attendais à une histoire à l'anglaise pleine de rebondissements, de personnages loufoques et drôles. Finalement j'ai eu le droit à un roman très mou, longuet où les personnages m'ont fatiguée plus qu'autre chose. L'héroïne et son mari ne valent pas mieux l'un que l'autre - non mais sérieux...250 pages où on tourne en rond avec elle d'un côté qui pense qu'il va revenir et lui qui dit que non, il aime un autre homme et qu'il ne rentrera pas - et j'ai cru lire une retranscription de Toute une histoire, le soleil en moins puisqu'on est en Islande et qu'il fait jour entre 11h et 15h.
J'ai cru comprendre que Perla pouvait être la véritable héroïne du roman...moui...si on veut. Si on rajoute à tout ça, un père biologique qui revient et une adoption en cours, on obtient un livre qui essaye d'être à la fois drôle et tragique et ça ne fonctionne pas.

Non, non vraiment avec la meilleure volonté du monde, je n'ai pas pu! Le côté drôle du livre m'a laissée comme ça:

Je vous jure que l'image est animée
C'est clair que les personnages m'ont - légèrement - gonflée, là l'exception (héhé) de Bambi le petit garçon qui est effectivement très mignon. Il ne comprend pas bien ce qu'il se passe, reste collé dans les jupons de sa mère tout en voulant faire la fierté de son papa. Lui était touchant et c'est joli personnage de bébé qu'elle réussit à écrire.

Après ça, ce n'est pas tout à fait noir, il ne faut pas abuser non plus. Si l'histoire en soit ne casse pas trois pattes à un canard unijambiste, j'ai trouvé assez intéressante la forme narrative qu'utilise Olafsdottir. Le récit jongle, assez habilement, entre la première personne du singulier - Maria - et la troisième. Cela crée un contraste intelligent qui permet de renforcer notre rapport au personnage même si dans mon cas la sauce n'a pas prise pour d'autres raisons.

Alors non, on ne peut pas dire que je recommande franchement L’exception même si j'aurai bien aimé parce qu'à lire le résumé, l'ensemble était tentant. Dommage.

Les tribulations d'une cuisinière anglaise - Margaret Powell

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UN VRAI RÉGAL!

Présentation de l'éditeur: Dans l'Angleterre du début des années 1920, la jeune Margaret rêve d'être institutrice, mais elle est issue d'un milieu modeste et doit "entrer en condition". De fille de cuisine, elle devient rapidement cuisinière, un titre envié parmi les gens de maison. Confinée au sous-sol de l'aube à la nuit, elle n'en est pas moins au service de ceux qu'on appelle "Eux", des patrons qui ne supporteraient pas de se voir remettre une lettre par un domestique autrement que sur un plateau d'argent.

Elle saura leur tenir tête et rendra souvent son tablier pour améliorer ses conditions de travail, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin, sinon le prince charmant, du moins le mari qui l'emmènera loin des cuisines des maîtres.
 
Margaret Langsley, ce n'est pas un nom pour être en condition, c'est un nom pour faire du cinéma ça."
Cette petite phrase, c'est ce que s'entend dire la jeune Margaret par sa patronne, une Lady machine, qui trouve que son nom fait un peu vulgaire et tapageur. La jeune fille, qui vient de rentrer "en condition" comme on dit, va vite comprendre qu'entre "Eux", ceux d'en haut et elle, qui appartient à ceux d'en bas, il y a tout un monde.

Publié en 1968, ce témoignage de Margaret Powell, nous régale des souvenirs d'une fille de cuisine puis de la cuisinière qu'elle est devenue dans les maisons huppées - ou moins huppées - du Londres des années 20-30. De la patronne qui veut que les lacets de chaussures soient impeccablement repassés tous les jours à celle qui demande qu'on lui cuisine des plats dignes de Buckingham avec trois fois rien, c'est toute la diversité d'un métier disparu que Margaret nous raconte. 

On entre dans Les tribulations d'une cuisinière anglaise comme on entre dans un roman. Dès la première page, on est saisi par le franc-parlé de Margaret et sa joie de vivre car croyez-moi, cette jeune fille sait où elle va! Pas question pour elle d'être malheureuse même si tous les jours n'ont pas été rose. C'est à la force de sa volonté qu'elle compte bien s'élever dans la société. Citadine d'une petite ville anglaise, Margaret voit le jour dans une maison où il y a trop d'enfants et où son père, pourtant travailleur loin des clichés du prolétaire du début du siècle, n'a pas de travail en hiver. Après un passage à la blanchisserie, elle se voit donc forcée d'"entrer en condition" ce qui la rebute. 

On s'attache très vite à cette femme qui écrit comme elle parle, qui n'hésite pas à parler de tous les tracas du quotidien: sexualité, fatigue, ennuie, amour, tout y passe avec un bon sens et un pragmatisme bien anglais. Elle s'étonne encore que ses patrons, démissionnaires au sujet du bien-être physique de leur employé/es, s'inquiètent constamment de leur morale. Comme elle le démontre si bien, lorsque l'on vient d'un milieu pauvre, entre la peur et l'ignorance, on sait que se retrouver enceinte, c'est la fin de tout.

J'ai vraiment aimé qu'elle commence son récit par son enfance, cela permet de mieux comprendre d'où elle vient et surtout ce qui la pousse à entreprendre un métier qu'elle déteste. C'est aussi une femme en avance sur son temps avec pas mal d'idées progressistes et féministes - même si je doute qu'elle se revendique comme telle - sur la place des femmes dans la société et les injustices qu'elles subissent. On sent également l'importance du mariage dans ce Londres de 1920/30 comme seul échappatoire possible à sa condition. C'est assez tragique de penser que seul ce biais là pouvait lui permettre de changer de statut social et de commencer une nouvelle carrière.

On découvre des choses aberrantes dans son récit, comme le maintient à tout prix d'une certaine classe sociale, peut importe ce que ça implique pour les employées: les mauvaises conditions de travail, les places dont on bouge parce que trop mal payées ou parce que la patronne est insupportable, les patrons qui aimeraient vous voir faire plus que cirer les parquets mais aussi les patrons humains qui prennent soin de leurs personnels.

Témoignage touchant tout autant qu'essai sociologique sur une société disparue, Les tribulations d'une cuisinière anglaise se dévore en une fois. Impossible de ne pas se prendre au piège et de continuer à lire alors même qu'il n'y a ni histoire ni suspense, autre que de savoir ce qu'est devenue Margaret Langley.

Ne craignons rien pour Meg, elle s'en est très bien sortie et on est ravi! Une plongée dans le monde "Upstairs Downstairs" qui nous laisse un petit goût de Downton Abbey.

Comment ma vie a changé après Stéphane ou La valse brillante - Caroline Gayet

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DÉDICACE SPÉCIALE A CONSTANCE 

MA ROMANCE VINTAGE: LE COUP DE CŒUR 

Présentation de l'éditeur: Après huit ans passée en Espagne auprès d'une tante désormais décédée, Nathalie revient chez ses parents à Paris. Elle qui pensait être guérie succombe à la minute même où elle revoit le beau Stéphane, celui-là même pour lequel elle s'est exilée si longtemps. Si le temps à passé, les rancœurs maternelles ne semblent pas s'être estompées et la mère de Nathalie s'oppose encore farouchement à l'amour de deux jeunes gens. Pourquoi la baronne de Karani vouait-elle une haine tenace à Stéphane? C'est ce que les amoureux devront découvrir pour atteindre le bonheur.

C'est la croix et la bannière pour vous parler de ce roman sorti en 1959 chez Denoël car il n'est plus disponible nul part. Je sais, je sais, ce n'est pas sympa de vous parler d'un livre tip-top - surtout d'une romance cool - de vous la mettre sous le nez pour vous dire "ah bah non c'est introuvable, tant pis, repassez plus tard".  
Cheshire: Moi j'aime bien quand tu fais ça...
Persie: Ne soutiens pas surtout!
Il faut dire que j'ai une une excuse et une super valable. Je vous explique. Ayant réussi à me débarrasser de mon chafouin pour quatre jours d’affilée - Ô bonheur -  j'étais entièrement libre pour une retraite spirituelle auprès de mon maître Jedi personnel, oui je sais vous êtes jaloux. Toc. Je me suis donc envolée pour d'autres cieux où la bière est bonne et les saucisses abondantes, elles galopent joyeusement dans l'herbe c'est adorable.
Comme il convient lorsque je suis en présence de mon honorable maître, la discussion dérive toujours peu ou prou vers la romance. Après avoir parlé des premiers Barbara Cartland - Serena et La fille de Serena - nous en sommes venues à la question fondamentale de la romance française.

Oui je l'avoue, pour moi la romance old school s'arrêtait à Woodiwiss et honnêtement, après mon expérience du Loup et la colombe, je n'avais pas vraiment - euphémisme mon ami - envie d'y refoutre les pieds. Heureusement, mon maître Jedi était là pour me parler de Caroline Gayet. Caroline Gayet, c'est de la romance des années 50-60 publiée chez Denoël et republiée chez Tallandier dans les années 70. Mon Jedi me promettait une romance mimi, un héros crousti-fondant et une héroïne qui sait ce qu'elle veut. Je n'ai pas été déçue.

La valse brillante se passe durant le règne de Napoléon III et d'emblée, on voit que l'auteure connait sa période. Un petit détail qui a tout de même son importance: lorsqu'il y a des scènes à l'opéra, nous ne sommes jamais à l'opéra Garnier car bien que commandé par Napoléon III, il ne l'a jamais vu terminé. Difficile donc de se rendre à l'opéra Garnier lorsqu'il n'est pas construit. Ça peut paraître complètement idiot de s'attacher à des détails pareils mais vous me connaissez maintenant, les détails historiques c'est mon dada. Rien ne me fait plus horreur que les anachronismes parce qu'il en ressort toujours quelque chose de faux dans l'ambiance. Je suis une partisane du fait que l'Histoire peut être plus romanesque que le roman, ce n'est pas toujours la peine de piocher dans des idées folles pour faire une bonne histoire.

La valse brillante n'a pas un scénario d'une originalité folle: deux jeunes gens, séparés par une mère haineuse, vont tenter malgré tout de pouvoir vivre leur amour. J'ai très vite compris pourquoi la baronne ne voulait pas que Nathalie épouse Stéphane mais au fond on s'en tape!

PARCE QUE:

1) C'est bien écrit. J'ai eu l'impression de lire un Julia Quinn, l'humour en moins parce que l'auteure maîtrise sa plume. Très jolie, fluide avec de belles descriptions, on évite constamment les écueils classiques de l'écriture de la romance. Pas de gorge palpitante ni de membre turgescent, Caroline Gayet sait susciter l'émotion sans jamais tomber dans le cliché ou le vulgaire. Bien évidemment, comme le livre est publié en 1959, il ne faut pas s'attendre à trouver autre chose que de doux baisers mais l'ensemble est si joli et joliment écrit que c'est un régal.

2) Les héros sont très bien écrits. Là encore, pas de mystère, Caroline Gayet nous offre un duc magnifique, aussi beau physiquement que gentil. Il est amoureux, doux, attentionné. On est loin du mâle alpha dominateur ou du misogyne que l'on trouve chez Woodiwiss par exemple. Il n'est jamais paternaliste et sait que Nathalie est une grande personne, intelligente et capable de prendre des décisions par elle-même. S'il l'éloigne parfois pour mieux la protéger c'est surtout par amour. Oui Stéphane est une grande réussite et c'était extrêmement plaisant de retrouver ce rake repenti mais finalement amoureux fidèle.
Quant à Nathalie, à 25 ans c'est une femme au caractère affirmé qui revient en France. Ce n'est jamais une bécasse, elle est toujours dans le ton et concilie sa mère et son fiancé au mieux. En plus, elle a l'air parfaite mais n'agace jamais car elle ne se plaint pas, n'est pas bêcheuse pour deux sous. Bref, ce petit couple, j'ai adoré les découvrir et les voir surmonter les épreuves ensemble.

3) Même si on découvre vite le pot-aux-roses, l'histoire est très agréable. J'ai bien aimé les rebondissements, les personnages secondaires notamment le frère et la sœur de Nathalie qui sont adorables et l'ambiance de ce Paris du IInd Empire que finalement je connais bien mal en romance. Même la mère, insupportable parce que empêcheuse de tourner en rond, est quand même très bien car nous ne sommes jamais dans le too much. Il y a aussi un petit goût de Persuasion avec ces retrouvailles qui se font, je dois dire, en toute simplicité.

Alors voila, si jamais en fouillant dans le grenier des maisons de vacances de votre enfance, ou en lorgnant du côté des brocantes vous tombez sur La valse brillante, n'hésitez pas. Je vous garanti un très bon moment de lecture et un héros A-DO-RABLE.

Si jamais vous avez des éditions Denoël ou Tallandier à l'ancienne avec des auteures comme Caroline Gayet, Saint-avi, Concordia Merrel, ou Georgette Heyer surtout GARDEZ-LES. On ne les trouve plus nulle part et c'est bien dommage. Sinon, si vous voulez vous en défaire, pensez à votre Persie chérie, je suis toujours là pour accueillir les livres SDF.

Et vous, avez-vous aussi de très vieilles romances qui vous ont marqué? Dites moi tout!

Le diable à Westease - Vita Sackville-West

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Présentation de l'éditeur: «Pourquoi avoir choisi Mr Gatacre comme victime ? Je suppose que vous n'avez rien à lui reprocher ? - En partie parce qu'il était petit, frêle, facile à endormir... Et je ne tenais pas à ce qu'il souffre.»
Westease, adorable village de la campagne anglaise, préservé des horreurs d'une guerre encore toute fraîche, est bien tranquille... trop, peut-être ?
Lorsque Roger Liddiard, jeune et brillant romancier, s'y arrête au volant de sa Jaguar, il en tombe amoureux et décide de s'y établir, non loin du Professeur, vieux gentleman solitaire, du peintre Wyldbore Ryan, et de Mary Gatacre, la fille du révérend.
Voici que Mr Gatacre est assassiné, sans raison ni indice évidents... Liddiard brûle de résoudre l'énigme. Sans savoir à quel point sa propre responsabilité pourrait être engagée.

Publié en 1947 et traduit - ENFIN - en français, Le Diable à Westease est un petit bijoux de roman policier. 

J'adore Vita Sackville-West. J'aime le personnage d'abord, un brin excentrique, membre du groupe de Bloomsbury, intime de Virginia Woolf - promis je m'attaquerai un jour à leur correspondance - et le regard qu'elle porte sur sa propre société. J'étais assez impatiente de découvrir ce que son écriture mordante pouvait donner dans une intrigue à la Dame Agatha.

Il faut bien l'admettre, Le diable à Westease, c'est un Agatha Christie déguisé! Il lui manque un Hercule Poirot ou une Miss Marple mais les amateurs du genre se sentiront immédiatement dans leurs charentaises préférées. L'intrigue se déroule intégralement dans un petit village anglais perdu dans une campagne idyllique où il ne semble jamais pleuvoir. Hormis le pasteur, sa femme et sa fille, notre héros, un écrivain, rencontre un vieux Professeur dans son manoir ainsi qu'un peintre célèbre établi dans la région pour le calme et les paysages. Se mêlent alors une intrigue policière à une histoire d'amour entre le héros et la fille du pasteur. 

Ce qui m'a le plus séduite dans ce court roman est incontestablement le style de Vita Sackville-West. Elle a le chic pour les descriptions, les dialogues sont piquants et le roman est traversé de cet humour bien particulier qui caractérise l'auteure. L'humour noir n'est jamais loin et dans un polar de ce style c'est presque inattendu. Agatha Christie sait elle-aussi être très drôle mais lorsqu'elle utilise plutôt le grotesque pour se moquer de ses personnages - Poirot le premier - Vita Sackville-West se fait beaucoup plus incisive. 
Les personnages sont intéressants aussi et bien tranchés. Le récit se faisant à la première personne, c'est évidemment Roger dont nous sommes les plus proches mais cela n'empêche pas d'apprécier - ou de détester - les autres. Le professeur était intéressant avec ses longs monologues, ses explications un peu alambiquées mais celui que j'ai préféré est de loin le peintre. Roger le déteste presque instinctivement, du coup nous sommes toujours partagés entre ce sentiment et son exact opposé. Il est à la fois terriblement attirant et complètement repoussant, c'est assez étrange comme impression. Le lecteur est donc perdu entre faire confiance à l'instinct de Roger et l'importance de ne pas se fier au apparences. 

En plus du style j'ai littéralement adoré la résolution du mystère. Le lecteur va de rebondissements en rebondissements et c'est une excellente idée. La fin, telle qu'elle est conçue, permet au roman d'être véritablement original, Vita Sackville-West noie le poisson avec brio.

Je regrette simplement une petite chose: chez Dame Agatha, lorsque l'action se passe dans un village, vous pouvez être sûr•e qu'à la fin du roman, vous pouvez vous le représenter dans ses moindres détails: rues comme habitants. Malheureusement ici, le récit est assez pauvre en "vie de village". Les personnages principaux sont assez concentrés, il n'y a pas vraiment d'intrigue secondaire puisque tout est resserré autour du meurtre du pasteur. Certes, elle évite les écueils des récits alambiqués mais on perd quand même un peu de ce qui fait le charme de ces petits "whodunnit"à l'anglaise. Cependant, il s'agit là d'une critique de chipoteuse, je l'ai englouti avec une rapidité qui m'étonne moi-même.

Si vous êtes à la recherche d'une lecture divertissante, légère mais qui sait piquer votre curiosité et ne jamais vous lâcher, pas de doute, Le diable à Westease est fait pour vous. Comme en plus il est traduit en français...il n'y a plus d'excuses à avoir. Allez, taisez-vous, je ne veux rien savoir!

La ballade d'Hester Day - Mercedes Helnwein

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COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE 

EN LIBRAIRIE LE 15 MAI 



Présentation de l'éditeur: C’est l’histoire d’une fille qui ne veut pas aller au bal de promo, d’un apprenti poète qui l’a épousée pour trouver l’inspiration, et d’un petit garçon rondouillard qui, à défaut d’être cow-boy de l’espace, est ravi de tracer la route en camping-car avec eux. L’équipée sauvage d’Hester Louise Day s’annonce comme un fiasco épique. Parce que la famille, même bricolée, ce n’est jamais un long fleuve tranquille, surtout quand on est recherchés par la police et le FBI. Il faut dire que quand Jethro, son cousin de dix ans, s’est invité dans son road trip, Hester n’a pas réfléchi aux conséquences. Mais ce n’est pas trop son fort, les conséquences. Hester a pris la route parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Ça ne la dérange pas d’être rattrapée, mais pas tout de suite, pas trop vite. Avant cela, il y a des paysages sublimes à traverser, des rencontres inoubliables à faire, des éclats de rire et de colère, un peu d’amour ce serait bien, même si son jeune époux, Fenton Flaherty, n’est pas un grand sentimental. Un peu de rêve, un peu d’oxygène… Bref, une ballade belle et mélancolique comme celles dont on fait les grands blues. 

La Belle colère revient en trombe avec son deuxième titre La ballade d'Hester day, dans un genre tout à fait différent. Cette-fois ci, pas d'adolescents malades et en colère après Dieu, juste une jeune fille de presque dix-huit ans complètement paumée dans ses aspirations. Comme beaucoup d'adolescents, elle ne sait pas ce qu'elle veut, hormis qu'elle refuse la vie conformiste que lui destine sa mère: aller à l'Université, non pas pour être une femme libre indépendante et éduquée mais pour trouver un mari avec une bonne situation. Pas étonnant donc que pour la jeune femme bohème qu'est Hester, l'Université ne représente pas un idéal de vie.

Prise d'une envie soudaine d'avoir un enfant à élever, elle tente l'adoption mais se voit refuser par une fonctionnaire un peu sèche. La jeune fille s'embarque alors dans une aventure rocambolesque qui implique ses 18 ans et un mari en la personne d'un jeune poète un peu allumé qu'elle croise à la bibliothèque depuis plusieurs années.

J'ai juste adoré ce roman. C'est une colère d'adolescente bien différente de celle de Richard Casey. Hester Day est une jeune fille qui rêve d'évasion, d'imprévu et d'amour aussi, bien qu'elle ne se l'avoue pas vraiment. J'ai tout de suite aimé son personnage et sa façon de voir les choses alors même qu'elle est parfois une incroyable pisseuse. Son envie de liberté m'a émue tout comme sa démarche, complètement folle mais finalement très logique, en adéquation avec sa personnalité.
Fenton est plus dur à appréhender, on le comprend moins, sans doute parce que le roman est raconté par Hester à la première personne et que nous le découvrons à travers ses yeux. Il est borné, irascible, tout aussi pénible qu'Hester à certains moments, mais finalement on parvient sans peine à s'attacher à lui.
Quant à Jethro c'est un petit garçon qu'on a plaisir à suivre. Il a un petit côté T.S. Spivet avec sa passion pour l'astronomie et son désir de devenir cow-boy de l'espace.

C'est un road-trip marrant ou personne ne sait vraiment où il va ni ce qu'il va trouver à la fin du voyage mais ils parviennent tous à une meilleure compréhension d'eux même. Ils vont rencontrer plusieurs personnes le long du chemin, grandir au fur et à mesure que le voyage avance.
J'ai adoré me glisser dans cette caravane avec eux, de suivre leur périple et les relations humaines qui se nouent entre ces trois personnages que rien ne prédestinaient à se croiser de la sorte.

J'ai beaucoup aimé le style de Mercedes Helnwein, le ton qu'elle donne à Hester, l'humour aussi des personnages parce que ce road trip est allumé et complètement loufdingue plutôt qu'autre chose, rien n'est jamais tragique ou désespéré. Le but est véritablement, pour Hester Day, de trouver qui elle est et ce qu'elle veut dans la vie, de passer de l'adolescence à l'âge adulte. Si Richard Casey cri pour se faire entendre, Hester Day, elle, se fait la malle. D'étapes en étapes, de réflexions en réflexions, Hester grandit et le ton s'affirme. De drôle et un peu déséquilibrée, elle passe à posée et plus mûre.

Vous l'aurez compris, le style, les personnages, le road-trip et l'ambiance m'ont complètement emballée encore mieux qu'un paquet à Noël. J'y étais dans cette caravane je vous dis! Et d'autant plus que tout au long du roman s'égrènent des extraits de chansons folk des années 30. Pour un peu on se serait cru dans O'Brother. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir la chanson du film en tête...vous savez, celle-là. Laaaaaaaaaaaa lalilala...Du coup je n'ai pas pu m'empêcher de noter les titres des musiques citées en tête de chapitre et d'en faire la playlist. vous la trouverez juste ci-dessous, histoire de vous mettre dans l'ambiance pendant la lecture.

Encore une belle réussite pour la Belle colère, ce deuxième titre a su m’enchanter et me transporter ailleurs, le temps de la lecture. Je repars avec Hester, Fenton et Jethro quand ils veulent!

Playlist

17) Outlaw blues - Bob Dylan

Homesman - Glendon Swarthout

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COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE

Présentation de l'éditeur: Au cœur des grandes plaines de l'Ouest, au milieu du XIXe siècle, Mary Bee Cuddy est une ancienne institutrice solitaire qui a appris à cultiver sa terre et à toujours laisser sa porte ouverte. Cette année-là, quatre femmes, brisées par l'hiver impitoyable et les conditions de vie extrêmes sur la Frontière, ont perdu la raison. Aux yeux de la communauté des colons, il n'y a qu'une seule solution : il faut rapatrier les démentes vers l'Est, vers leurs familles et leurs terres d'origine. Mary Bee accepte d'effectuer ce voyage de plusieurs semaines à travers le continent américain. Pour la seconder, Briggs, un bon à rien, voleur de concession voué à la pendaison, devra endosser le rôle de protecteur et l'accompagner dans son périple.

Homesman est paru pour la première fois en 1988 et fut traduit une première fois sous le titre Le charriot des damnées. Il bénéficie aujourd'hui d'une toute nouvelle traduction grâce à Gallmeister qui conserve le titre d'origine et en donne une traduction liée à l'anglais "le rapatrieur".

Je me suis embarquée dans ce roman à la manière de Mary Bee Cuddy dans le voyage à travers le Territoire de loup, sur un coup de tête, parce que le résumé me plaisait et parce qu'on commençait à parler du film de Tommy Lee Jones. J'ai dévoré le roman en deux jours et j'en suis ressortie toute bouleversée. Je ne savais clairement pas dans quoi je m'embarquais.

Homesman est un livre magnifique sur la conquête des territoires de l'ouest des États-Unis, leur hostilité et les hommes et femmes qui tentent d'y vivre. Le roman s'ouvre sur l'histoire de Theoline Belknap et comment et pourquoi elle perdit la raison. Pas de doute, d'entrée de jeu vous êtes dans le récit. Une terre gelée, balayée par le vent et les intempéries, des hommes égoïstes qui ne voient pas ce qui se passe autour d'eux et qui laissent leurs épouses plonger irrémédiablement. 

Il y a dans ce roman, de magnifiques portraits d'être humains et je n'aurais pas assez d'une chronique pour en parler à fond. On ressent immédiatement un contraste entre les hommes et les femmes dépeints par Glendon Swarthout. Les maris sont égoïstes et lâches. Ils sont tous tellement centrés sur eux-mêmes qu'ils pensent que leurs femmes leur ont fait un sale coup à eux personnellement, sans penser un seul instant à la quantité de douleur qu'il faut pour faire basculer un être humain dans la folie. À aucun moment ils ne se remettent en question ni n'essayent de comprendre leurs femmes. Hormis le hollandais, qui n'a pas grand chose à se reprocher - mis à part une pingrerie peut-être - les autres sont assez méprisables. Ils abandonnent leurs femmes sans remord simplement parce qu'elles ne peuvent plus servir. Les pires étant Vester et le Norskie qui blâment leurs épouses sans sourciller alors qu'ils ont leur part de responsabilité dans leur malheur. J'ai pu comprendre sans aucun soucis la colère que ressent Mary Bee Cuddy face à cette injustice et pourquoi elle décide de s'embarquer dans cette histoire.

Mary Bee Cuddy est un superbe personnage. Une femme d'une force incroyable. Institutrice, elle s'embarque pour l'Ouest puis fait un héritage et s'installe à Loup où elle cultive et mène seule son exploitation. Un véritable exploit lorsque l'on considère que ses voisins s'en sorte moins bien alors qu'ils sont plusieurs. C'est une femme forte mais dotée aussi d'une très grande sensibilité aux malheurs des autres. À travers Mary Bee Cuddy on ressent aussi tous le poids de la misogynie ambiante. Célibataire à 32 an, elle a, physiquement comme psychologiquement, un côté masculin prononcé et on sent bien que cela gêne les gens autour d'elle. Comment trouver un époux pour la seconder lorsque l'on est une femme de caractère dans l'Ouest des USA du XIXe siècle? J'ai été touchée par la fragilité qui se cache derrière le personnage et le fait qu'elle maintienne consciencieusement l'apparence de cette force à toute épreuve. C'est une femme au cœur d'or, mélomane, à laquelle j'ai été terriblement attachée.

A côté de Mary Bee Cuddy, nous retrouvons George Briggs, un voleur de terre qu'elle sort d'une mauvaise passe et qui se retrouve obligé d'accompagner Mary Bee dans son périple. George Briggs est un vrai loup solitaire. Il parle peu, exprime très rarement ses pensées et sentiments, il reste assez inconnu des lecteurs. Malgré cela, c'est un personnage fascinant que l'on apprend à connaître un peu malgré soi et qui prend toute sa dimension dans le dernier tiers du roman.

Si les personnages sont particulièrement forts, il faut aussi voir que la nature elle-même, les grands espaces américains, est au cœur des préoccupations. Elle est tour à tour accueillante ou hostile, belle ou terrible. Homesman est un roman d'ambiance, à n'en pas douter. Comme le disent les affiches du film, il s'agit de la face cachée du rêve américain et c'est tout à fait ça. Non seulement, on y parle des revers de fortune de ceux qui croyaient s'offrir un avenir meilleur, mais en plus, les femmes devenues folles sont cachées et soustraites au reste de la communauté. Préserver le mythe avant tout, tel est l'objectif de la ville.

Homesman a su m'émouvoir comme je le suis rarement. C'est un livre dur, bouleversant qui ne peut vous laisser indemne. Préparez-vous à embarquer pour un périple hors du commun. 

Le grand hôtel Babylon - Arnold Bennett

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BIJOU VINTAGE

Présentation de l'éditeur: La fille du magnat américain Theodore Racksole veut un steak et une bière, mais un palace d’un si haut standing que le Grand hôtel Babylon ne saurait s’abaisser à des mets aussi vulgaires. Qu’à cela ne tienne : Racksole rachète donc l’hôtel.
Mais le milliardaire ne s’attendait pas à ce que la gestion hôtelière soit semée de tant d’embûches : la réceptionniste disparaît, le maître d’hôtel démissionne, un jeune diplomate est trouvé mort et son corps est subtilisé. Et que devient donc le prince Eugène, qui devait descendre au Grand hôtel Babylon et dont personne n’a de nouvelles ? Les énigmes s’accumulent et des machinations internationales semblent s’ourdir dans les corridors chics du palace.

Si vous ne connaissez pas Les moutons électriques - non nous ne parlons pas de ceux de Dick quoique...- je vous encourage vivement à mettre vos jolis nez dessus parce que cette maison d'édition publie des pépites. Plutôt à vocation littératures de l'imaginaire comme son nom l'indique, elle a aussi l'intelligence de ressortir des titres oubliés depuis longtemps. C'est grâce à eux que l'on doit la republication du Prisonnier de Zenda dans la collection Rayon vert - collection de classiques de la littérature populaire - ou encore Gagner la guerre de Jaworski dans la collection voltaïque que je vous recommande chaudement.

La grand hôtel Babylon d'Arnold Bennett, publié dans la collection Rayon vert, est un classique de la littérature britannique. Sorti en 1902, il s'agit sans doute du roman le plus connu de l'auteur, mort en 1931. Jamais traduit, il sort enfin en français pour notre plus grand plaisir.

Si je devais qualifier ce roman je ne pourrais faire autrement que de dire "britannique". Pour tous les amoureux de l'Angleterre, ce roman est absolument dans la veine des récits qui savent nous rappeler cette douce Albion. On y retrouve cet humour pince-sans-rire qui sait tant séduire de nombreux lecteurs allié à de nombreux rebondissements qui vous entraînent dans leurs sillages. 

Il y a tout dans ce grand hôtel Babylon, une histoire d'hôtel comme on les aime, déjà, mais aussi une romance, des princes et des Altesses royales, un meurtre, une subtilisation de cadavre, des kidnappings, des menaces au pistolet, des serveurs et des réceptionnistes indélicats et un directeur d'hôtel qui commence à tourner chèvre! Autant dire que le programme des réjouissances est plutôt sympathique. 

Ajoutez à cela un personnage principal intéressant avec qui je me suis tout de suite entendue - oui je m'entends bien avec les personnages imaginaires moi. Racksole est un milliardaire américain mais assez dénué des clichés que l'on pourrait attendre dans un roman paru en 1902. Certes, il achète l'hôtel parce que sa fille veut manger un steak et boire une bière et parce que ça le changera des chemins de fer, mais il est foncièrement bon et ne fait pas n'importe quoi avec son argent. D'un autre côté, ce n'est pas un businessman de folie toujours prêt à faire d'énormes profits. Il est assez lucide sur son argent, lorsque l'on met 1 millions de dollars à la banque, ça fait vite 2 millions en intérêts divers mais on ne le sent jamais âpre au gain. il est dynamique, soucieux de la qualité de ce qui l'entreprend et il adore sa fille sans toutefois la pourrir. Il ressemble un peu au père dans Le train bleu d'Agatha Christie mais en mieux, plus moral. 
Quant à sa fille, elle a un peu le côté gâté de Ruth - toujours du train bleu - mais là aussi, en mieux. Elle est certes une américaine, habituée à obtenir ce qu'elle veut mais elle n'en fait jamais trop non plus. Elle n'est donc jamais désagréable ou pédante. Elle sait ce qu'elle veut mais dans les limites du raisonnable. Là encore, il s'en sort bien.
J'ai moins accroché avec les princes que je trouve un peu trop fades à mon goût mais il faut admettre que Racksole prend pas mal de place. Quant aux méchants, ils sont à l'ancienne: machiavéliques et classes.

Je me suis embarquée dans cette lecture avec beaucoup de plaisir. Les rebondissements entraînent le lecteur dans des péripéties sympathiques qui vous feront passer un excellent moment. Un classique à redécouvrir sans modération.
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