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Channel: Persephone & the Cheshire Cat
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Qui veut la peau de Roger Rabbit? (1988)

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FILM DOUDOU
ATTENTION POSSIBLE SPOILERS

Résumé: Eddie Valiant, ancien flic et détective privé imbibé de whisky, est appelé aux studios de Maroon Cartoon afin d'enquêter sur la belle Jessica Rabbit, femme de Roger Rabbit lapin toon à la mode. De mauvaise grâce Eddie Valiant accepte de prendre des photos compromettantes de Jessica avec Marvin Acme, concurrent de R.K. Maroon. Valiant se retrouve alors pris dans une histoire folle lorsque la police toon accuse le farfelu Roger Rabbit d'avoir tué Marvin Acme et que le lapin vient lui demander de l'aide. 

CASTING

Bob Hoskins ................................................. Eddie Valiant
Christopher Lloyd ......................................... Juge Doom (Juge Demort)
Joanna Cassidy .............................................. Dolores
Stubby Kaye .................................................. Marvin Acme
Alan Tilvern .................................................. R.K. Maroon
Joel Silver ...................................................... Raoul (réalisateur)
Richard LeParmentier .................................... Lieutenant Santino
Richard Ridings ............................................. Angelo

VOIX

Charles Fleischer .............................................. Roger Rabbit (VO)
Luq Hamett ...................................................... Roger Rabbit (VF)
Lou Hirsch ....................................................... Baby Herman (VO)
Richard Darbois ............................................... Baby Herman (VF)
Kathleen Turner ............................................... Jessica Rabbit (VO)
Amy Irving ....................................................... Jessica Rabbit Chant

 

Robert Zemeckis c'est un peu LE réalisateur de mon enfance qui m'a donné tous mes films cultes et qui continue de produire de façon régulière de très bon films dont nous n'avons pas à rougir.
Pour vous rappeler un peu qui est le bonhomme, il a quand même réalisé les trois Retour vers le futur (AWESOME isn't it?), Forest Gump, Apparences, Seul au monde, Le pôle express, La légende de Beowulfet l'excellent Drôle de Noël de Scrooge. Une filmographie peu importante au regard de celles d'autres réalisateurs mais la sienne calme tout de suite. La qualité sur la quantité.


Qui veut la peau de Roger Rabbit c'est un peu ma madeleine de Proust. Comme les Retour vers le futur, je les connais par coeur, répliques par répliques, si bien que je ne vous conseille pas de faire une projection commune avec moi. Je risque fort de mourir avant les 15 premières minutes, la tête pendant lamentablement par un bout de peau à mon corps mort et refroidi, tel Nick-nearly-Headless, et vous, la hache à la main et un procès de notre belle République aux fesses. Avouez, ce serait gâcher la projection.
Comme je l'ai revu il y a deux jours, je me suis dit: allez tu vas tenter de leur parler d'un film pour lequel tu n'as aucune espèce d'objectivité. Challenge accepted.

Mélanger des images d'animation et acteurs véritables dans un film était sacrément culotté. Culotté parce qu'il fallait que le concept fonctionne, et sur papier en 1988 je ne suis pas sûre que ça allait de soi, et que celui-ci ne vieillisse pas. Ce n'était pas tout à fait gagné. Or, Zemeckis nous offre du point de vue de la technique, un film qui fonctionne non seulement à sa sortie, mais aussi 25 ans plus tard. L'alchimie entre les acteurs et notamment Bob Hoskins et les personnages de dessins animés (en particulier Roger et Jessica) est bien présente à l'écran. Jamais ridicule, ce mélange d'images animés et de film s'articule très bien et on y croit.


Zemeckis a l'intelligence de ne pas surcharger l'écran. S'il adjoint à sa pellicule de l'animé, il ne rajoute pas d'effets spéciaux à gogo qui nuirait au propos. Dans Qui veut la peau de Roger Rabbit, ce Los Angeles imaginaire, frontalier de Toonville (Toontown en VO), prend toute sa place. Ce n'est pas compliqué dès les premières minutes de croire au désespoir du réalisateur devant l'incapacité de Roger Rabbit à produire des étoiles dès lors qu'on lui fait tomber un piano sur la tête. Le parti-pris de réalisation s'impose d'emblée au spectateur.

Au-delà de la technique pure, ce qui fait la réussite de Qui veut la peau de Roger Rabbit est bien évidemment le couple principal que forme Eddie Valiant et Roger. On ne peut pas rester de marbre devant ce lapin toon complètement attaqué du bulbe et ce détective bourru, toujours de mauvais poil, qui ne pardonne pas aux toons la mort de son frère Theodore. Roger, avec ses tics de langage, sa voix tremblotante et ses gags tous plus stupides les uns que les autres, ne peut qu'enchanter le spectateur. Ces deux êtres là vont mettre presque tout le film à se comprendre mais l'alchimie qui en résulte est à la hauteur de ce que promet le film.


A côté de Roger et Eddie, nous retrouvons les deux rôles féminins, Jessica et Dolores. Si Jessica Rabbit semble être une caricature de la femme fatale, elle se montre non seulement bien plus intelligente et perspicace que Roger (à qui elle sauve la vie et non l'inverse) mais elle inverse aussi les stéréotypes puisque chez les toons, c'est Roger qui fait baver d'envie et de jalousie, et non Jessica (je vous renvoie à Betty Boop pour une explication Poupoupidoupou!). Il devient alors évident que celle-ci nous revoie notre image de la société où une femme complètement disproportionnée peut attirer tous les hommes. J'aime beaucoup cette idée qui se veut finalement une moquerie de nos canons de beauté bien qu'apparemment fait pour faire baver un spectateur masculin. Ce genre de renversement assez intéressant ce prolonge en VF (à mon sens) par la voix grave de Jessica loin des minauderies aiguës que l'on pourrait attendre.
Quant à Dolores, elle est une aide précieuse pour Eddie mais n'est jamais cruche ni faire-valoir. C'est un personnage à part entière, intelligent et qui fait avancer l'intrigue.

L'idée du méchant, trait-d'union entre le monde toon et le monde des humains, est interprété par mon Doc Emmett Brown. Si vous ne connaissez pas (honte sur vous, honte sur votre famille, honte sur votre vache!) Retour vers le futur vous ne pourrez pas comprendre mais pour les autres: imaginez un peu Doc en méchant? C'est purement magnifique. Il est complètement barré, au croisement entre un général de la SS et un toon psychopathe. Jamais entièrement toon, les effets fonctionnent et soulignent même le côté disproportionné du personnage qui n'appartient pas vraiment, du fait de son côté psychopathe, à la grande famille de Toonville. La voix aigrelette et le manque d'humour (ou plutôt l'humour encore plus douteux que celui de Roger) achève de nous convaincre que Demort doit être trempeter.


L'humour est aussi bien évidemment un attrait majeur du film et je dois dire que les dialogues n'ont pas pris une ride!

Alors voila, ROGER est CULTISSIME (oui overdose de majuscule). Si vous le connaissez revoyez-le, si vous ne le connaissez pas, regardez-le. Sinon je vous envoie Cheshire...je vous jure que je le fais.....

Des yeux bleu trottoir - Anaïs Sautier

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Présentation de l'éditeur: Dans la famille Disque, ça ne tourne plus très rond. Finies les soirées surprises pleines de vie et de chansons. Un lourd silence s’est installé depuis que Doris, l’extravagante mère de Louis, a délaissé sa chère guitare, qui rythmait la vie de la famille, et déambule d’un air absent dans la maison. Otto, le jeune frère de Louis, un vrai moulin à paroles, passe désormais de longues heures dans sa chambre, enfermé dans un silence glauque. Sans même jouer aux Lego. Quand il ne tabasse pas ses copains d’école. C’est que le père, Marc, est là sans être là. Chaque soir, assis devant une télévision qu’il ne regarde pas, il tripote son « naïfone », guettant fiévreusement l’arrivée d’un message. Louis, quinze ans, ne supporte plus ces parents qui font semblant. La tristesse d’Otto lui fait mal. Moins pourtant que la vérité à venir, carrément « chanmé »…

Dans la famille de L'école des loisirs, on retrouve souvent des romans Marie-Aude Muraillien sur les thèmes difficiles de l'adolescence et de la famille et surtout de leurs mutations. Anaïs Sautier, place ici son premier roman dans cette veine des récits à la fois drôles et touchants qui abordent avec simplicité les peurs des enfants et des ados. 

La famille Disque est une famille tout à fait normal en apparence si ce n'est que c'est une famille qui se disloque tout doucement. La maman a délaissé sa guitare et la maison a perdu ses rythmes fous, le père Marc est absent, branché sur son téléphone dans l'attente de messages. Les parents Disque vont divorcer. Otto le petit dernier s'enferme dans un mutisme étrange tandis que Louis, le narrateur, 15 ans, en proie lui-même aux affres de l'amour, est en rébellion constante. 

Louis est un ado finalement très ordinaire avec ses petits problèmes et sa vision de la famille, sa mère qui reprend doucement sa vie en main, son père qui joue au jeune avec sa nouvelle copine, une femme plus jeune que lui.
Des yeux bleus trottoirs n'est pas fondamentalement novateur dans le domaine. L'écriture à mi-chemin entre Marie Desplechin et Marie-Aude Murail est agréable et colle bien aux propos du narrateur même si elle a un petit goût de déjà-vu. L'intrigue est classique aussi, une famille qui se sépare et doit se recréer, un ado qui balance et un petit complètement perdu. Seulement, il y a un détail qui fait que j'ai beaucoup aimé ma lecture malgré les petits défauts du roman (une fin un peu trop rocambolesque par exemple).

Otto. Otto est un petit garçon précoce mais pas précoce drôle comme on en voit souvent en littérature. Généralement les auteurs nous dépeignent les enfants surdoués avec un petit côté farfelu et cool en omettant complètement tout ce que cette différence peut impliquer aussi au quotidien: un caractère difficile, des rituels à observer, une fragilité extrême. Ici, on sent bien qu'Otto est un petit garçon différent des autres avec sa logorrhée et ses angoisses. Ce personnage m'a énormément plu et touché de même que la relation qu'il entretient avec Louis. Tantôt ombrageuse, tantôt tendre, on sent très bien l'amour de Louis pour Otto et son besoin finalement de protéger son petit frère. C'est pour moi l'une des grande réussite du roman que de faire en sorte qu'Otto soit finalement le vrai ciment de cette famille éclatée et que tous prennent à coeur que la transition se fasse le plus naturellement du monde pour ce petit garçon fragile. 

Malgré quelques défauts, dû sans aucun doute au fait que Des yeux bleu trottoir soit un premier roman, il faudra laisser à Anaïs Sautier le temps de trouver sa voix, ce roman a su, grâce à l'un de ses personnages, m'émouvoir véritablement. Je pense qu'Anaïs Sautier est une auteure à suivre.  

L'alchimiste des ombres - Les Lames du Cardinal #2 - Pierre Pevel

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SERIE COUP DE COEUR

Présentation de l'éditeur: Paris, 1633. Les dragons menacent le royaume. Surgis de la nuit des temps, ils sont avides de pouvoir et décidés à restaurer leur règne absolu. Usant de sorcellerie, ils ont pris apparence humaine et créé une puissante société secrète, la Griffe noire, qui conspire déjà dans les plus grandes cours d'Europe. Pour déjouer leurs sinistres complots, Richelieu a reformé son unité d'élite, une compagnie clandestine d'aventuriers et de duellistes rivalisant de courage, d'élégance et d'astuce. Six hommes et une femme aux talents exceptionnels prêts à braver tous les dangers et à risquer leur vie pour la Couronne : les Lames du Cardinal. Mais alors qu'ils ont rendez-vous, par une nuit d'orage, avec une espionne italienne aussi belle que dangereuse qui prétend détenir les clés d'un complot à venir, ils sont loin d'imaginer l'ampleur de la tragédie qui va s'abattre sur la France et les obliger à affronter leur plus terrible adversaire : l'Alchimiste des ombres...

Il y a quelques temps je vous parlais du tome 1 des Lames du Cardinal de Pierre Pevel. Ma procrastination aidant, je ne vous parle de la suite que maintenant alors que j'ai fini de lire ma trilogie quasiment au moment où j'écrivais ma première chronique. Aucun rapport avec mon avis sur le roman cela dit, juste une bonne vieille procrastination. 
Même si la surprise du premier tome a disparu, L'Alchismiste des ombres se place dans la droite ligne du premier tome des Lames et concrètement, j'y ai retrouvé tout ce que j'avais apprécié dans celui-ci. 

Bien que nous connaissions davantage les personnages, certains mystères s'épaississent à leur sujet - pourquoi Agnès n'a-t-elle pas fini son noviciat? Comment Leprat a-t-il attrapé la rance? Quels secrets cache le capitaine? Qui est vraiment Saint-Lucq? - tandis que d'autres trouvent leurs réponses comme ce qui s'est réellement passé à La Rochelle lors du siège raté. L'auteur distille les informations tout au long des trois tomes ce qui permet une approche en profondeur des personnages, de leur histoire et de leur psychologie, bien mieux que ce qu'il aurait pu faire en une fois. On dépasse alors le côté stéréotypé des personnages pour comprendre ces individus et voir au-delà du masque. On comprend mieux ce qui agite Agnès, ses peurs et ses espoirs. Leprat également, qui balance toujours entre sa casaque bleue des mousquetaires et l'habit des lames. Le taquin Marciac, le silencieux espagnol, le fidèle Ball, le profond Arnaud de Laincourt et le mystérieux Saint-Lucq complètent, aux côtés du Capitaine La Fargue, les Lames et leur mystère. 

Ce second tome prolonge l'intrigue du premier en s'appesantissant néanmoins plus sur les intrigues de cour que sur l'action proprement dite. Certes, nos amis rencontrent de temps à autre dragons et autres dracqs mais entre l'italienne espionne mercenaire qui cherche à se mettre sous la protection de Richelieu et les intrigues à la cour de Louis XIII qui implique Anne d'Autriche et la duchesse de Chevreuse, nous sommes plongés dans un monde plus politique. C'est l'une des grandes qualités de cette série, la manipulation habile de l'action et de l'Histoire, cette jonglerie entre notre Histoire et l'uchronie que Pierre Pevel met en place. Pour les lecteurs qui connaissent la cour de Louis XIII ou plus généralement le XVIIe siècle, c'est toujours un régal de voir comment il modifie l'Histoire et sa façon de croquer les personnages célèbres. La duchesse de Chevreuse est de ce point de vue là une véritable réussite. Indéniablement, Pierre Pevel a su comprendre la femme ambitieuse qu'elle était tout en montrant une de ses jolies facettes, son attachement profond et sincère à la reine qui n'avait d'égal que son mépris pour le roi. J'ai trouvé sa caractérisation très juste. 

L'écriture reste un régal. Léchée, elle affecte une caractéristique XVIIe siècle sans jamais trop en faire. Pas de recréation d'un parlé dans le vocabulaire mais plus un ton, un phrasé d'époque. Le lecteur reste immergé dans ce Paris du XVIIe siècle sans sentir néanmoins de décalage qui nuirait à la lecture. 

Si la fin du tome 1 nous incitait instamment à lire la suite, c'est encore pire avec le tome 2. Cette fin qui n'en est pas une, oblige le lecteur à enchaîner sur le tome 3 qui s'avère encore un cran plus sombre. A mesure que l'on s'avance dans l'intrigue, nous plongeons dans les méandres d'une France sombre, envahie par les traitres et les dragons. Nos héros s'en sortiront-ils sans trop de perte? C'est ce qu'il reste à découvrir dans le troisième tome Le dragon des arcanes.

Sin city (2005) - Rodriguez, Miller & Tarantino

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Résumé: Sin City est une ville infestée de criminels, de flics ripoux et de femmes fatales. Hartigan s'est juré de protéger Nancy, une strip-teaseuse qui l'a fait craquer. Marv, un marginal brutal mais philosophe, part en mission pour venger la mort de son unique véritable amour, Goldie. Dwight est l'amant secret de Shellie. Il passe ses nuits à protéger Gail et les filles des bas quartiers de Jackie Boy, un flic pourri, violent et incontrôlable. Certains ont soif de vengeance, d'autres recherchent leur salut. Bienvenue à Sin City, la ville du vice et du péché. (source)



CASTING


Mickey Rourke ............................................. Marv
Bruce Willis .................................................. Hartigan
Clive Owen .................................................. Dwight

Benicio Del Toro .......................................... Jackie
Jessica Alba .................................................. Nancy Callahan
Devon Aoki .................................................. Miho
Alexis Bledel ................................................ Becky
Powers Boothe ............................................. Senateur Roark
Rosario Dawson ........................................... Gail
Carla Gugino ................................................ Lucille
Josh Harnett .................................................. L'homme
Rutger Hauer ................................................ Cardinal Roark
Jaime King .................................................... Goldie / Wendy
Michael Madsen ........................................... Bob
Frank Miller .................................................. le prêtre
Brittany Murphy ........................................... Shellie
Nick Stahl ..................................................... Roark Jr. 
Elijah Wood .................................................. Kevin


Je sais, je sais... depuis un moment je ne vous parle que de "vieux" films (oui quand ils commencent à approcher la décennie c'est qu'ils ne sont pas de toute première jeunesse). Il se trouve que je n'ai pas foutu les pieds au cinéma depuis un moment par: 1) manque flagrant d'intérêt pour les films qui sont sortis ces derniers temps, 2) manque de temps (j'arrive déjà à peine à me concentrer sur un livre alors un film...) et 3) il se trouve que je suis dans Battlestar Galactica et une rétrospective Doctor Who. Yes indeed, plutôt busy Persie.

Ce n'est pas pour autant que je vous oublie et il se trouve que l'autre jour, j'étais assise dernière mon écran d'ordinateur, les doigts prêts sur le clavier à vous concocter une nouvelle histoire des aventures de mon incorrigible greffier, quand je me suis dis que j'allais me regarder un film en même temps (contradiction évidente avec ce que je viens d'écrire au-dessus mais oh! je fais ce que je veux, c'est mon blog). Du coup je suis partie dans Sin city et j'ai eu du mal à décrocher.


Sin city est une série de 7 comics de Frank Miller en noir et blanc reprenant tout en les détournant, les codes des polars noirs des années 50. Placée dans une ville tentaculaire corrompue et violente, l'action des comics suit différents destins. La ville de Sin city, à mi-chemin entre Las Vegas et Gottham city, ancre le récit dans une atmosphère particulière où sortir de chez soit équivaut à perdre un bras. Génialissime pour les uns, voyeur et inutilement violent pour les autres, ces comics ne finissent pas de faire parler d'eux.
Pour être parfaitement honnête je n'ai jamais lu un Sin City, je n'en connais que quelques planches qui ont circulé en comparaison avec le film. Si certains d'entre vous s'y connaissent, qu'ils n'hésitent pas à nous parler de l'adaptation, notamment au niveau scénario.


Je dois admettre que sur papier, adapter un comics en noir et blanc et über violent ce n'est pas le plus simple, beaucoup de contraintes pour un rendu incertain. Cependant, avoir l'auteur du comics dans l'équipe de réalisation ça peut aider (encore que...). Rajoutez là-dessus Robert Rodriguez et saupoudrez de Quentin Tarantino et voilà Sin City.
Je pense que je ne m'avance pas des masses en affirmant que le travail sur l'esthétique du film est franchement sublime. Non seulement le rendu est proche des dessins d'origine mais le travail que Miller avait entrepris sur la lumière est tout simplement retranscrit à l'écran par un jeu d'ombre et de brillance du blanc. Le blanc et le noir n'ont jamais été aussi nuancé. Un peu comme ce que fait parfois Tarantino, Miller et Rodriguez jouent, comme dans les comics, avec les couleurs pour souligner un fait ou caractériser un personnage. Ainsi, le Yellow Bastard est bien jaune pétant au milieu du noir et blanc, comme pour accentuer le côté dégueulasse (je n'ai pas d'autre mot, excuse my French) du type. Goldie quant à elle évolue dans un décor rouge, celui des draps et ses cheveux deviennent or, ce qui permet de la même façon de la différencier de sa soeur Wendy qui bien que jumelle de Goldie ne possède pas le petit truc qui a fait craquer Marv.

Des giclées de sang rouge, un éclat bleu ou encore une aura dorée pour renforcer le côté sexy du personnage, je pense notamment à Nancy dans sa danse sur le bar, renforce la narration d'une façon souvent plus subtile qu'un dialogue bien lourd ou qu'une surenchère absurde d'images qui forcent la caractérisation. Cela n'empêche pas d'ailleurs le noir et blanc d'être gerbant (si vous me pardonnez une fois de plus l'expression) et parfois plus choc et violent que la couleur. De ce point de vue là, pas de toute on est sans problème dans l'ambiance comics glauque, polars noir année 50 qui capitalisent sur le sexy des héroïnes et l'environnement urbain hostile.


Cet effet comics est à mon sens renforcé par l'utilisation massive de la voix-off. Souvent celle ci est employée quand on ne sait pas trop comment montrer un bout de scénario et plutôt que de laisser parler les images, on se croit obligé de rajouter une voix (cf. Oblivion qui dans les premières minutes du film nous expose, par le biais de la voix de Tom Cruise, la journée type du personnage pour finalement la remontrer en image juste après. Vous avez dit gâchis de pellicule?). Sauf qu'ici, la voix sert complètement le propos. Toujours dans le comics, la voix off sert de remplacement aux bulles, permettant ainsi aux personnages d'exprimer leur pensée. Ca peut paraître redondant parfois mais j'ai purement adoré être dans la tête des personnages. Combinée à l'image, cette utilisation quasi constante de la voix-off, permet de planter le décor. Toi spectateur, tu es bien dans un comics, dans un univers différent du notre. Etre dans la tête des personnages est aussi une façon de le comprendre et de partager son sort, point de vue intéressant puisqu'au premier abord, ce n'est pas le plus simple. Marv et sa gueule cassée, arrive à nous émouvoir parce qu'on comprend bien pourquoi il est en rogne contre la moitié de la ville tout en ayant un comportement quasi-suicidaire. Dwight reste finalement assez mystérieux sans doute parce qu'il parle finalement plus des autres que de lui-même. Hartigan est le personnage dont on peut être le plus proche, puisqu'il agit dès le début comme un chevalier servant au service de Nancy. Autre fait intéressant de la voix off c'est qu'elle ne fonctionne que pour les hommes. Jamais le spectateur ne rentrera dans la tête des héroïnes "sidekick. C'est un point que j'aborderai plus tard.

Ce qui fait aussi la qualité de la voix-off et même de la narration dans son ensemble, tient incontestablement dans le langage utilisé tout au long du film. Même en français il y a un choix certain sur le ton employé et le vocabulaire. Marv et Hartigan partage se parler cru des banlieues basses de la ville, type titi parisien années 50: "faudrait qu'j't'avoine le museau", "j'ai le palpitant qui déconne" etc. Un style particulier qui aide aussi à donner une personnalité forte ainsi qu'un véritable ton au film. Dwight donne quant à lui dans des tonalités plus lyriques, plus proches des autres personnages de Sin City moins introspective également. Quant à Jackie Boy, il est sans cesse entre deux milieux, comme son personnage.



Uploaded with ImageShack.usSin city c'est aussi trois histoires (dans la version cinéma, on me souffle dans l'oreillette qu'il y a deux histoires supplémentaires dans les bonus du DVD avec The man) imbriquées les unes dans les autres. La une et la trois notamment se répondent par un jeu de personnages et de criminels. Dans les deux cas, Marv et Hartigan doivent combattre la famille Roark. Si le premier affronte le frère évêque, le second se bat contre le frère sénateur et le fils de ce dernier. Si Nancy sert de lien entre la première histoire et la dernière elle marque aussi un lien avec la seconde, celle de Dwight, grâce à Shelly, la serveuse du bar où Nancy travaille. Cette seconde histoire justement sert finalement de pause dans un récit complexe de jeux de pouvoir à Sin City. Situé dans la vieille ville, l'action change alors de terrain et n'est plus sous la coupe de la police ou de la famille Roark, bien que les prostituées soient impliquées dans l'affaire Goldie/Marv. Histoire exutoire, prétexte à une débauche de violence et de giclée de sang, elle marque à mon sens le problème majeur de ce film (et des comics).

Si j'aime Sin city le film pour ses partis-pris esthétique et d'adaptation, son choix des acteurs et l'écriture du texte, si la violence débridée et le message pro-arme à feu et pro-républicain ne me gêne pas dans la mesure où je prends le parti de mettre tout ça de côté, j'ai un peu plus de mal à passer sous silence le rôle des femmes dans ce film.
Parce que oui, il y a une volonté flagrante chez Miller de retrouver une ambiance années 50 et films noirs. Suffit de regarder le personnage de Goldie pour s'en convaincre...A mon avis, plus proche de l'image de la pin-up vous avez Jessica Rabbit.


Parce que Sin city insiste sur les femmes, bien souvent fatales, il les place au premier plan. Elles sont toujours présentes à chaque histoire et forme un diptyque avec le héros dont elle est toujours le moteur. Marv se met en rogne à la mort de Goldie, dézingue un mec pour Lucille et finit le sale boulot pour Wendy. Dwight donne une bonne leçon à Jackie Boy à cause de Shelly puis pour Gail et ses filles de la vieille ville. Enfin Hartigan ne vit que pour Nancy dont il assure d'une façon où d'une autre la protection. Ce sont elles qui non seulement enclenchent l'action mais la font progresser. Elles servent de liens entre les histoires également et permettent qu'elles se recoupent.

Du coup vous avez envie de me dire: Si elles sont au centre de l'action, Persie pourquoi tu râles?

Je râle parce que tout ça c'est du trompe l'oeil. Oui les nana ont des flingues et sont un des éléments narratifs les plus importants du scénario mais justement elles ne sont que ça: un élément narratif, une jolie façade pour attirer le chaland. Les voix-off sont réservées aux protagonistes masculins. On s'en fout de savoir ce que pense Nancy alors qu'elle fait sa danse du ventre sur le bar, pourtant je suis sûre qu'elle aurait des choses à dire. On s'en fout aussi de savoir ce qu'attend Goldie ou Wendy de Marv à part les mêmes phrases répétées en boucle. Seuls les héros masculins ont le droit de s'entendre parler.


Si elles font bouger le héros, elles n'en restent pas moins finalement que des demoiselles en détresse - armées - attendant que le prince charmant viennent les sauver. Si c'est compréhensible pour Nancy (du moins au début de son histoire), ça l'est beaucoup moins pour Gail. Elle est quand même la chef des prostituées de la vieille ville qui tiennent en respect la police par l'emploi des armes. Mew est une arme sacrément mortelle mais elles ont quand même besoin de Dwight pour régler le problème que représente Jackie Boy. Si nous revenons sur Nancy, certes lorsqu'elle a 11 ans, Hartigan est un véritable héros qui s'explique sans sexisme apparent. Cependant, son comportement dans son histoire (la troisième) nous laisse le personnage, qu'on soupçonnait pourtant fort et affirmé dans les deux premières parties du film, coincé dans son rôle de fillette apeurée ayant besoin de l'Homme Hartigan pour la sauver du méchant Yellow Bastard. Relation d'ailleurs hyper malsaine entre les deux puisque la gamine de onze ans fini par tomber amoureuse de son sauveur, alors même que celui là la voit comme une fille avant de se rendre compte qu'elle a dix neuf ans et des pensées largement moins pures qu'une gamine de onze ans.

La vieille ville est vraiment synonyme pour moi de l'hypocrisie de ce traitement. On nous signale qu'il s'agit du domaine des femmes, que ce sont elles qui font la loi dans ces bas-fonds, droits qu'elles ont gagné de haute lutte contre la police et la mafia. Sur papier c'est nickel, en plus elles sont armées, elles assurent leur sécurité donc elles sont indépendantes. Or, nous parlons quand même de prostituées qui gagnent leur vie en vendant leur corps aux hommes. Je n'appelle pas vraiment ça de l'émancipation. Encore moins quand Dwight est émerveillé (émoustillé) de voir Gail fusiller à tour de bras de façon quasi-orgasmique: "ma Walkyrie". Entre la possession et le fantasme masculin qu'elle engendre, paye ton cliché Mr Miller. Si dans le texte, ces femmes là sont indépendantes et fortes, la relation qu'elles entretiennent à leur corps et que les personnages masculins ressentent est totalement biaisée.
C'est bien ça ce qui m'embête dans ce film, le corps féminin est avant tout un objet de fantasme pour le spectateur masculin, une jolie vitrine. La nudité féminine ne me gêne pas si elle est bien employée. Ainsi les scènes de Goldie me dérangent beaucoup moins que le commentaire sur Lucille "elle est gouine, avec un corps pareil elle pourrait se taper qui elle veut, va comprendre". Paye ta lesbophobie. *facepalm* Quant à Nancy, vous ne me direz pas que ce n'est pas pour se rincer l'oeil sur Jessica Alba (tapez Sin city gif sur google...éloquent, 70% des images sont celles des danses de Nancy).

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You see what I mean right?
J'en entends certains me dire Ouais bon d'accord, Nancy et Lucille on veut bien admettre c'est gonflé, mais les prostituées de la vieille ville ça se justifie non?
Mouaif...vous sentez le ton convaincu? Je persiste à penser que le choix des costumes est dans la lignée des "babes" dénudées de l'univers Miller (entendons nous bien, il s'agit toujours de l'adaptation des comics, donc le film n'est pas responsable à 100%). Wendy et Goldie sont en robe longue à plusieurs reprise, Becky est en pantalon et Mew est complètement couverte. Pas trop de poitrines, de fesses ou de cuisses pour celles-là. Pourquoi se rattraper en mettant toutes les autres à poil? On se le demande...presque.

J'aime beaucoup ce film malgré ce gros défaut que j'impute quand même plus volontiers à l'univers de Miller qu'à la réalisation de Rodriguez en elle-même. Il s'agit d'une adaptation de comics dans ses bons et mauvais côtés je suppose. Sauf si vous êtes allergiques à la violence débridée type Tarantino (qui réalise d'ailleurs la scène de voiture - normal - dans l'histoire de Dwight), je vous le recommande rien que pour l'esthétique globale du film et sa réflexion sur le milieu urbain. Oui Sin city c'est un film mais aussi un personnage à part entière finalement puisqu'elle définit nos héros et leur vision du monde.

Bon film! 

Fourth grave beneath my feet - Charley Davidson #4 - Darynda Jones

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Présentation de l'éditeur: Être faucheuse, c'est glauque. Charley a d'ailleurs pris quelques mois pour... se morfondre. Mais lorsqu'une femme vient frapper à sa porte convaincue qu'on essaie de la tuer, la jeune femme doit se relever. Dans le même temps, un pyromane s'attaque à Albuquerque et ses crimes pourraient avoir un rapport avec le très chaud Reyes Farrow, sorti de prison et de la vie de Charley depuis un moment. Il est grand temps pour la faucheuse de reprendre du poil de la bête !

Après une fin de tome 3 assez spectaculaire,évidemment sinon on ne serait pas dans un Charley Davidson, le tome 4 s'ouvre sur une faucheuse en pleine crise d'agoraphobie. Heureusement que Cookie est là pour la remettre dans le droit chemin, parce qu'accumuler des merdes dans son appart, achetés à télé boutique, au point que le chinois du coin de la pièce n'est même plus visible, ce n'est pas badass girl. L'appartement entre celui de Cookie et de Charley est à vendre et les filles bavent d'envie. Quant à Reyes, il se remet doucement à la vie civile après sa sortie de prison. 

Disons-le tout net, je ne me suis pas autant amusée dans ce tome que dans les trois précédents. Si l'histoire de la jeune femme qui pense qu'on veut l'assassiner m'a énormément plu, elle est bien menée et je n'avais pas du tout vu venir la résolution de l'énigme, toute l'histoire Reyes Charley commence gentiment à me gonfler. 

L'humour est toujours présent et Charley a le don de se fourrer dans des situations cocasses mais honnêtement entre elle et Reyes, ça commence à tourner en rond. 
Moi aussi j'ai mes Pet-peeves et ici Darynda Jones use et abuse de l'un d'entre eux à savoir "la rétention volontaire d'informations". C'est quelque chose dont j'ai horreur. Depuis le tome 3, Charley sait qu'elle a sans doute plus de pouvoir qu'elle ne le supposait. La bonne soeur lui a dit, Rocket lui a dit et Reyes lui a dit. Seulement on devine que ce dernier en sait d'avantage mais à chaque fois qu'elle lui demande des explications la réponse est invariablement la même: "tu peux faire plus que ça". 
Et une claque dans ta mouille Reyes? 

Si le côté sombre et mystérieux de Reyes me plaisait au début, je dois admettre qu'au bout du tome 4 où nous avons toujours les mêmes interrogations, je me lasse. 
Je pense donc que Darynda Jones arrive à un tournant dans son histoire. Soit elle prend la mauvaise décision et fait traîner en longueur à la fois l'histoire Reyes/Charley en même temps que l'histoire de Charley sur le plan de "Je suis la faucheuse mais en fait j'en sais que dalle", soit elle décide dans le tome 5 de se mettre au boulot pour donner un sérieux coup de pouce à l'intrigue principal. J'aimerai bien qu'elle conserve les intrigues secondaires, les enquêtes de Charlotte, parce que c'est clairement la partie que je préfère dans la série mais cela va demander beaucoup de jonglerie, notamment au niveau du rythme.

C'est le défaut majeur des séries selon moi qui ont du mal à s'équilibrer entre rétention d'informations pour garder du suspense et savoir lâcher de l'info pour que le lecteur ne se lasse pas. C'est ce que je reproche aussi dans la durée à la série des Fever de Karen Marie Moning. Des histoires avec des hauts et des bas qui aurait mérité plus de concision.

J'aime toujours Charley Davidson mais je me demande où l'auteur veut en venir. Pour moi, le cinquième tome marquera un véritable tournant et j'espère que Darynda Jones aura su bien le négocier.   

Fatherland - Robert Harris

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Présentation de l'éditeur: Berlin, 1964. Depuis que les forces de l'Axe ont gagné la guerre en 1944, la paix nazie règne sur l'Europe. Seule, l'Amérique a refusé jusqu'ici le joug. Mais dans quelques jours, le président Kennedy viendra conclure une alliance avec le Reich. Ce sera la fin du monde libre. 
Deux meurtres étranges viennent perturber les préparatifs. Les victimes sont d'anciens S.S. de haut rang jouissant d'une paisible retraite. Chargé de l'affaire, l'inspecteur March s'interroge. S'agit-il d'un règlement de comptes entre dignitaires? Mais, s'il s'agit d'affaires criminelles, pourquoi la Gestapo s'intéresse-t-elle à l'enquête? Quelle est cette vérité indicible qui tuent tout ceux qui la détiennent et semblent menacer les fondations mêmes du régime? Le mystère s'épaissit et, dans Berlin pavoisée, les bourreaux guettent, prêts à tout pour étouffer dans la nuit et le brouillard les dernières lueurs de liberté.

Après mes travaux de l'année dernière - sur les organisations criminelles nazies pour ceux qui ne sauraient pas - je m'étais jurée de ne pas ouvrir un roman sur la Seconde Guerre mondiale avant un délais raisonnable. Un an est passé et j'ai craqué. Evidemment quand on m'a dit que Fatherland de Robert Harris prenait place en 1964 dans une Europe fédérée autour d'une Allemagne nazie victorieuse, je n'ai pas pu résister (et puis entre les copines et mon ancêtre qui m'assurait que c'était génial, c'était obligé que je le lise). 

Incontestablement, Fatherland est un grand roman d'uchronie sur la Seconde Guerre mondiale. Il y a deux types d'uchronie : celles qui s'écartent largement de la réalité connue pour nous offrir un contenu WTF ex: Napoléon a gagné contre l'Angleterre et l'action se passe dans un Londres francophone de 2013. Cela laisse une marge certaine pour faire un peu ce que l'auteur veut. Puis il y a la seconde méthode, faire dériver le cours du temps d'un petit détail et entraîner une réalité alternative probable, glaçante parce que fondamentalement vraie.
Ici c'est bien évidemment la seconde solution qu'a privilégié Robert Harris. L'Allemagne et l'Europe de 1964 est une alternative pétrifiante à ce qu'aurait pu être notre univers avec une victoire allemande. Je suis admirative des choix fait par Harris pour son uchronie. Petits détails qui sembleront anodins, c'est ici une tactique d'espionnage anglaise qui échoue et qui entraîne une victoire maritime, c'est là un attentat qui échoue et qui laisse vivre Reinhard Heydrich en 1942. L'ensemble des jalons placés par Robert Harris offre au final un contexte historique et politique crédible. C'est peut-être à cause de ça que Fatherland est effrayant. Il ne l'est pas à cause du destin de son héros Xavier March, ni des secrets découverts, il l'est parce que l'Europe de 1964 post-victoire nazie mise en place par l'auteur est d'une incroyable véracité. C'est absolument saisissant de voir comment finalement une victoire allemande aurait pu changer tellement et si peu notre histoire. Une Union Européenne voit le jour, même si le leadership principal est assumé par un Adolf Hitler vieillissant. Une guerre froide existe malgré tout, bien que les protagonistes se soient déplacés, Allemagne contre Etats-unis, laissant un reste d'Union soviétique exsangue à la traîne.

Ce qui m'a le plus remué en découvrant la Berlin fantasmée de Robert Harris est de se rendre compte qu'il ne s'agit pas ici de guerre perpétuelle et que la vie continue. C'est un constat terrible n'est-ce pas? Que l'on puisse vivre dans une Allemagne rongée par le nazisme est impensable et pourtant c'est ce qu'arrive à créer l'auteur dans ces pages. Même si les uniformes noirs des SS et de la Gestapo hantent les rues pendant leurs occupations habituelles, les gens n'ont pas l'air sous pression. Ils travaillent, sortent, tombent amoureux, forment une famille, sont dévoués à l'Allemagne et au Führer. Certains vivent d'ailleurs très bien et s'adaptent parfaitement à cette période d'après-guerre. Il suffit de voir la femme et le fils du héros pour s'en convaincre. Ils obéissent, sont formés comme de bons petits soldats à vivre selon les règles stériles érigées par le parti. C'est sans aucun doute le plus ahurissant et le plus clair dans ce roman et l'ensemble est dépeint avec une vivacité et un réalisme surprenant et odieux.

Robert Harris connait bien la Seconde Guerre mondiale et ses développements. A voir les documents originaux qu'il a utilisé, les choix uchroniques qu'il a fait, les personnages qu'il a conservé ou éliminé, il est évident qu'il connait parfaitement cette période de notre Histoire. Il ne se contente pas d'ailleurs de partir du postulat que l'Allemagne a simplement gagné, ce ne serait pas lui rendre justice. Tout au long du roman il nous distille des informations sur la guerre, ses développements et l'Europe depuis 1945 que ce soit des éléments historiques, sociaux, politiques, religieux etc. qui permettent de recomposer sans aucun doute possible le chemin parcouru.
Là où le roman est aussi intelligent, tient dans ses choix de protagonistes. La quasi-totalité des hauts dirigeants nazies sont morts en 1945 avant de pouvoir être jugés. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les accusés à Nuremberg et de se rendre compte qu'il manque les personnages les plus horribles du régime. Bien évidemment, dans cette uchronie ils sont bel et bien vivants à quelques exceptions près, Harris faisant à mon avis le choix logique d'en faire mourir certains avant 1964. Là où je le trouve subtil, c'est d'incorporer à son récit des personnages historiques, ayant bien officié sous le troisième Reich qui sont suffisamment placés dans la hiérarchie nazie pour être potentiellement dangereux sans pour autant jamais toucher aux vaches sacrées du parti. Même si on parle d'Hitler ou d'Heydrich, jamais on ne les voit. On se contente de Globocnik et de Nebe.
Cela peut paraître un détail ou complètement secondaire puisqu'il s'agit d'uchronie et que donc on peut faire ce qu'on veut et faire dire ce qu'on veut aux personnages censés être morts mais je persiste à penser que les meilleurs romans historiques ne sont pas ceux qui mettent en scène des personnages particulièrement connus. Je trouve que dans 99% des cas, faire parler des personnages historiques célèbres est un échec. C'est investir tout un imaginaire sur une personne ayant existé et cela ne peut être plus loin de la véracité historique. Vous voyez un auteur faire parler Hitler? Hormis La part de l'autre d'Eric-Emmanuel Schmitt, je trouve le concept périlleux. L'excuser? En faire un monstre? (je reste convaincu que la réussite et la monstruosité du régime nazi ne tient pas qu'en la seule personnalité d'Hitler. Après avoir travailler sur les procès des médecins des camps de la mort, je peux vous garantir que certains étaient beaucoup plus cyniques dans leur pensé de l'extermination des juifs d'Europe que les gesticulations hystériques du Führer devant la foule.) Mais je digresse.
Ici, Robert Harris en nous offrant de véritables personnages du Reich, moins connus que les hauts dignitaires nazis, permet d'ancrer son récit dans un vrai paysage politique et donne du corps à la société qu'il reproduit. L'ensemble fonctionne sans aucune anicroche et met d'emblée le lecteur mal à l'aise face à cette implacable bureaucratie teutonne.

L'autre point fort de ce récit reste le personnage principal, l'anti-héros Xavier March. C'est un personnage diablement intéressant qui m'a fait penser par de très nombreux aspects à Finch, l'inspecteur du Doigt dans V pour Vendetta. La aussi, Robert Harris se montre subtil. Il aurait été largement plus simple d'accrocher le lecteur avec un héros, chevalier-blanc anti nazi à la Ned Stark. Quelqu'un auquel le lecteur peut s'identifier pour la pureté de l'idéal. C'eut été beaucoup trop facile et je préfère nettement notre Xavier March SS Sturmbannführer pour la Kripo (Kriminalpolizei). Le décalage entre ce qu'il représente, la police d'Etat nazie, et ce qu'il est, un homme bon et intelligent, pousse à réfléchir sur ce qui fait un homme. Xavier March est attachant par la réflexion qu'il porte sur le monde qui l'entoure et les choix qu'il fait face à des situations douloureuses. Il est prêt à remettre en cause le fondement même de sa vie pour chercher la vérité.
Comme Finch, Xavier March est un homme né à l'aube du système et qui y est entré l'un par conviction, l'autre presque par hasard. Bon petit flic bureaucrate il n'en reste pas moins un peu à la marge par leur volonté de garder une indépendance d'esprit et de réflexion. Rien n'est jamais ostentatoire, tout est naturel. Il est autant naturel pour Finch de s'interroger sur la personnalité du terroriste V que pour March d'enquêter sur le crime commis. March comme Finch perd peu à peu repères et certitudes et si pour l'Allemand les doutes commencent dès son divorce et la découverte de la photo de famille des Weiss, pour Finch c'est réellement son contact avec V qui le fait s'interroger sur le bien fondé de sa "démocratie". Dans le fond, Fatherland n'est que l'achèvement des doutes de notre anti-héros. Il n'apprend finalement rien qu'il ne sache pas déjà au fond de lui-même, une révélation, une prise de conscience de ce qui se joue autour de lui depuis 30 ans.

Cependant je reste légèrement sur ma faim. Il y a pour moi un léger problème de rythme dans la première moitié du roman qui aurait mérité un peu plus de légèreté dans le traitement de l'affaire policière avec des révélations qui arrivent finalement peut-être un chouille trop tard pour véritablement surprendre le lecteur averti. Evidemment si vous ne connaissez pas bien la Seconde Guerre mondiale cela ne vous choquera pas. Quant à la fin, si je suis évidemment d'accord avec le traitement de l'intrigue et du personnage, je pense quand même qu'il aurait fallu rajouter un épilogue. Je comprends ce qu'a voulu faire Harris ici mais je ne partage pas tout à fait son point de vue sur le traitement de la chose.

Fatherland est un roman qui vous atteint dès les premières pages, qui vous accrochent par son réalisme alors même que nous sommes dans l'Europe imaginaire de l'auteur. Xavier March, SS du Reich arrive à nous toucher et à nous entraîner avec lui dans l'horreur du nazisme avec une intelligence rare. Un grand roman. 

Et si on se mettait à la BD? Episode 1: Murena

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Nouvelle formule aujourd'hui car j'inaugure le rendez-vous BD du vendredi. Le principe est simple, vous présentez une ou plusieurs bandes dessinées que je suis en train de lire. Cela aura lieu le vendredi en parallèle des chroniques jeunesse.

Mais Persie pourquoi nous parler de BD que tu es en train de lire et pas une BD que tu as lu?
Question pertinente ami lecteur et amie lectrice (même si tu ne te l'es pas du tout posée, il faut bien que je trouve des ficelles pour introduire mes pensées). Réponse simplissime. Parfois, certaines BD et notamment des séries ne peuvent pas être commentées tome par tome, non seulement parce qu'à la vitesse à laquelle je peux les lire, j'aurai 12 ans d'avance dans mes chroniques et puis cela n'a pas forcément d'intérêt. Je préfère donc vous les présenter et revenir en parler une fois que j'aurai tout lu. La cohérence sur le long terme ça peut être payant. Cela dit, si je commente un Tintin, promis ce sera un tome à la fois. 

Aujourd'hui je vous parle d'une déjà connue et reconnue dans le monde de la BD, une série historique, je veux parler de Murena.


Murena est une bande dessinée historique belge écrite par Jean Dufaux et dessinée par Philippe Delaby. Les deux hommes collaborent aussi sur la bd Complainte des Landes perdues. Quant à Jean Dufaux, il signera le scénario du prochain Black et Mortimer. Il est l'auteur de 41 séries de bandes Dessinées et de quelques one-shot.

Présentation de l'éditeur: Mai 54, Rome, midi. 
Il fait une chaleur torride sur l'arène et les quelques gladiateurs survivants qui essaient encore de s'entretuer n'amusent plus personne, sauf l'empereur Claude, affalé dans les gradins déserts, avide d'entendre le dernier râle du dernier combattant. 

En dehors de l'arène, la vie est aussi féroce. Tout le monde veut le pouvoir, tout le monde est prêt à tuer pour l'obtenir. Agrippine, par exemple, seconde femme de Claude et mère de Néron, est en train de faire fabriquer un poison pour son cher époux : maintenant qu'il a reconnu son fils, il peut disparaître et lui laisser le trône. D'ailleurs, il faut faire vite : Claude parle de la répudier et d'épouser la femme qu'il aime, Lolia Paulina, mère de Lucius Murena. 

Evidemment, dans le colimateur d'Agrippine, la pauvre Lolia n'a aucune chance. Quant à Claude, il mourra empoisonné et son fils Britannicus sera écarté du pouvoir au profit de Néron. 

Voilà l'histoire de Rome telle qu'on nous la raconte dans les manuels scolaires, à ceci près qu'elle prend ici un relief surprenant : sanglante et crapuleuse, elle n'est que superstitions, trahisons, terreur et violence.

Bien que le personnage principal de Lucius Murena soit fictif - Lolia Paulina était bien la maîtresse de Néron mais elle n'avait pas d'enfant - la bande dessinée prend place dans la fin du règne de Claude et durant le règne de Néron. Les auteurs, qui se définissent comme des Alexandre Dumas qui "prenait plaisir à fréquenter l'histoire mais gardait l'indépendance par rapport à ses sources", sont néanmoins très bien documentés à la fois sur l'Histoire romaine mais également sur l'architecture et les costumes. Un glossaire, ainsi qu'une bibliographie, sont présents à la fin de chaque volume. Des erratum sont même signalés lorsque les auteurs ont commis un impair.
En 2009, le magasine L'Histoire a publié un Hors-série consacré à la série.

J'ai donc commencé cette série et j'ai dévoré comme il se doit les deux premiers tomes.
Je dois dire que j'ai vraiment hâte de lire la suite car dès les premières planches le lecteur est happé dans ce monde violent de la politique romaine des derniers Julio-claudiens. Même s'il y a des écarts avec la réalité, induits notamment à cause du personnage de Murena, l'ensemble reste extrêmement bien documenté et particulièrement plaisant à lire. Je trouve également les dessins très beaux même s'il est parfois difficile de différentier certains personnages.

Bien que Murena soit le personnage principal, nous suivons toutes les sphères du pouvoir et prenons parfois conscience avant le jeune homme des dangers qu'il coure. Si Agrippine ou Néron sont attirants, notamment à cause de leur légende noire, d'autres personnages sont d'ores et déjà intrigants comme l'ancien esclave Balba ou l'affranchi Pallas. Pour ceux qui s'inquièteraient d'éventuels clichés sur la vie sexuelle "débridée" des romains, sachez que je ne trouve pas cette BD vulgaire ni voyeuse. La nudité est - dans les deux premiers tomes - bien exploitée et les auteurs ne se complaisent pas dans des scènes racoleuses faciles, ce que je reprochais aux deux premiers épisodes de la série Rome justement. Les intrigues politiques et surtout familiales - n'oublions pas que tout ce petit monde était parent à plus ou moins grande échelle - tiennent la place centrale du récit.

Pour ceux qui aiment l'Histoire un peu romancée mais pas complètement à côté de ses cothurnes et la politique violente à la Game of Thrones, Murena est fait pour vous.

Pour l'instant, la série se compose de 9 tomes répartis en 3 cycles:

Cycle de la Mère:

1. La pourpre et l'Or
2. De sable et de sang
3. La meilleure des mères
4. Ceux qui vont mourir...

Cycle de l'Epouse

5. La Déesse noire
6. Le Sang des bêtes
7. Vie des feux
8. Revanche des cendres

Cycle de la Mort

9. Les épines

En attendant que je vous reparle de la série cycle par cycle, vous pourrez trouver des renseignements complémentaires sur le site de l'éditeur Dargaud et même les premières planches du premier tome ici. 

    Et si on se mettait à la BD?

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    Bienvenue dans le rendez-vous BD et romans graphiques de Persie et Cheshire. Dans cette page, vous trouverez les liens pour vous conduire vers les différents épisodes de notre rendez-vous et vers les liens des chroniques de BD ou romans graphiques que j'ai fait ces dernières années.



    La liste est mince parce que je me lance. Aussi les suggestions sont toujours les bienvenues (et même lorsque la liste sera plus étoffée). Bonne lecture.

    EPISODE: ET SI ON SE METTAIT A LA BD?

    Episode 1: Murena

    Episode 2: Le Scorpion
    Episode 3: Le tombeau d'Alexandre
    Episode 4: Long John Silver  
    Episode 5: Les aventures d'Astérix le Gaulois


    BD ET ROMANS GRAPHIQUES A DECOUVRIR:

    - Cadavre Exquis de Pénélope Bagieu
    - Sherlock Holmes et les vampires de Londresde Sylvain Cordurié et Laci
    - Hugo Cabret de Brian Selznick
    - Tamara Drewe de Posy Simmonds

    Cotillon - Georgette Heyer

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    Présentation de l'éditeur: La jeune Catherine Charing est dans une situation embarrassante : pour hériter de la fortune de son grand-oncle fourbe et acariâtre, elle doit épouser l’un de ses cousins. Entre Hugh le pasteur moralisateur, Dolphinton, le comte débile et Jack le joueur et coureur de jupon invétéré, Kit se sent moyennement emballée. En désespoir de cause, elle retrouve l'indolent Freddy, un autre de ses cousins et lui propose un marché audacieux: de fausses fiançailles. Ainsi en voyage à Londres sous une couverture respectable, Kitty pourra peut-être trouver une bonne situation qui la mette à l'abri d'un mariage forcé.

    Grâce à mon ancêtre, j'avais découvert et dévoré avec un plaisir que je ne peux pas nier, Un mariage de convenance et j'en étais ressortie enchantée. Ayant découvert que sur mon marché, le bouquiniste vend de la romance - pensez à mon ébahissement: il vend des Aventures et Passions vintage, ô joie - je me suis laissée tentée par Cotillon, récemment retraduit chez Milady romance.


    J'aime les histoires de fausses fiançailles. D'abord parce que j'aime le concept et ensuite parce que cela peut induire des quiproquo maîtrisés par l'auteur et donc drôles au contraire des quiproquo gonflants, ceux où il suffirait juste aux héros de se parler pour dissiper tout malaise...Les fausses fiançailles ça peut donner du très bon: The Duke and I et dans le cas présent...du moins bon.

    Disons le tout de suite, Cotillon ne restera pas longtemps dans mon esprit. Loin d'être un affreux roman, pas de Pet-peeves rédhibitoires en vue, il souffre néanmoins d'un mal assez terrible pour un roman: l'ennui. Je pense en toute sincérité que Cotillon est trop long. Il y a trop de développements inutiles, de pseudo-rebondissements et d'intrigues parallèles pour que le lecteur puisse véritablement suivre l'histoire de Kit et Freddy. Le roman aurait eu tout intérêt à bénéficier d'une intrigue resserrée, plus concentrée sur elle-même et le couple principal que sur tous les autres protagonistes.
    Conséquence directe de ce foisonnement d'intrigues secondaires et de personnages en tout genre, c'est que nos deux héros se noient complètement dans la masse. Pire encore, le couple est tout simplement inexistant.
    Il ne faut pas être Einstein pour se douter que les fausses fiançailles se termineront en vraies fiançailles mais ici, je suis désolée de le souligner, le roman aurait pu finir comme il avait commencé qu'on n'aurait pas vu la différence.

    Je pensais que Freddy était un personnage qui tirait sa filiation d'un Edward Ferrars - avec Henry Tilney, l'un de mes héros austeniens préférés - mais en réalité, Freddy reste un dandy inconsistant. Lors de son apparition dans les premières pages du roman, il ne fait pas l'effet d'un héros de romance. Dandy, maniéré, tatillon sur son apparence et celle des autres et pas vraiment vif d'esprit, je me suis dit qu'il pourrait se révéler attachant et évoluer un peu au contact d'une héroïne plus vive et surtout moins au fait de la vie londonienne que lui. Si effectivement, Freddy est un gentil personnage (cela dit les autres personnages masculins du roman sont tous plus ou moins détestables), il n'évolue pas vraiment. Il devient un peu plus vif d'esprit et par moment on sent un petit quelque chose remonter à la surface mais cela ne va jamais beaucoup plus loin et c'est frustrant. Frederick Standen avait un fort potentiel de héros qui n'est jamais véritablement exploité au contraire de Lord Rule qui dans Un mariage de convenance se révélait peu à peu. Il est peut être l'un des personnages de romance préféré de Sarah Wendell (l'une des deux Smart Bitches, Trashy Books) mais il ne me convainc pas autant qu'elle.
    En parallèle nous avons une héroïne qui, si elle prend peu à peu la défense de son cousin Freddy face à des gens comme Jack, on ne sent chez elle aucun intérêt amoureux. Elle est là surtout pour s'amuser et s'occuper des affaires des autres que ce soit Dolphinton son malheureux cousin ou Miss Broughty son amie et Camille son cousin français.

    Au passage, les Français se tiennent véritablement une sale réputation du début jusqu'à la fin et ça m'énerve toujours parce que moi, Perséphone, je suis britanophile, écossophile et irlandophile. Ca me gonfle du coup d'entendre toujours parler des femmes françaises comme des femmes légères et des hommes français comme d'incorrigibles bavards. Je leur présenterai bien Edmond Dantès pour voir.

    Il résulte de tout ça que nous suivons plus les débordements de Kit et les histoires amoureuses des autres que de Kit et Freddy et ça c'est plutôt mauvais. Il n'y a aucune possibilité de couinage, aucun moment où l'on se sent attendrie. Jamais Freddy n'essaye de séduire sa cousine même de façon maladroite qui amuserait le lecteur, jamais on ne sent chez Kit le véritable désir de changer ses fausses fiançailles en vraies. La résolution de l'intrigue - qui finalement n'est absolument pas un problème, le principe de base étant bien maigre et moins bien posé que dans The Duke and I - arrive dans les deux dernières pages comme un cheveu sur la soupe. Un résolution bien plate pour un roman dans la même veine.

    Cela dit parfois le couple de base n'est pas le meilleur du monde et le récit peut être enlevé par des personnages secondaires de bonnes factures...encore raté. Miss Broughty aurait pu être agréable si l'auteure, et à travers elle les autres personnages, ne cessait de répéter qu'elle est idiote et/ou encline à devenir une cocotte. C'est très irritant parce que le personnage est attendrissant, prisonnière d'une mère sans scrupule qui la vendrait au plus offrant, mais l'effet est anéanti par ce rabâchage. Camille...personnage lui aussi intéressant mais qui souffre également du rabâchage que c'est un français et donc qu'il n'est pas net/théâtral/bavard (pas de mention inutile malheureusement). Je crois que finalement je suis plus attendrie par l'histoire Camille/Olivia que par Kit et Freddy... Dolph est sans intérêt aucun, les parents de Freddy auraient pu être intéressants à condition de les voir plus d'une demie-page et Meg leur fille est horripilante et idiote.

    Seul Jack finalement est parfaitement réussi. Je dois dire que Georgette Heyer fait preuve d'une très grande finesse dans le portrait qu'elle fait de cet homme débauché et minable moralement, capable d'être odieux envers sa propre famille mais sans jamais se départir de son sourire. J'ai eu envie de le crépifier évidemment mais il est exactement ce qu'il est censé être. Je lui tire mon chapeau, c'est rare d'avoir des empêcheur de tourner en rond crédible sans être ridicule.

    Il y a aussi dans Cotillon un problème dû aux circonstances d'écritures de l'époque. J'aime le style de Georgette Heyer, il passe toujours bien à l'heure actuel et sait se montrer efficace dans son propos sans être redondant ni désuet. Seulement, si elle essaye parfois de faire du Jane Austen (à mon avis cela se sent plus dans Un mariage de convenance), elle écrit avec 100 ans de recul (au minimum). Du coup, et cela est très fort dans Cotillon, elle se croit obligée de rappeler de façon quasi continue les convenances, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. C'est horriblement gênant à la lecture parce que cela ne fait que marteler les mêmes remarques encore et encore. Ce que j'aime chez Jane Austen c'est que justement, toutes ces règles de conduite sont implicites, gravées dans le comportement des gens qui baignent dans cette société. Il suffit de lire quelques pages de Pride and Prejudice pour comprendre que Mrs Bennett et Lydia ne sont pas des modèles à suivre et l'auteure exploite en finesse leurs écarts de conduite. Cotillon en ce sens manque cruellement de finesse.

    Une lecture décevante pour le coup parce que je suis certaine que Georgette Heyer a écrit de meilleure histoire et que j'attendais d'elle qu'elle me divertisse avec légèreté.

    Je me laisserai bien tenter quand même par Adorable Sophy dans la même collection chez Milady Romance parce qu'après tout, avec les auteures prolifiques, il est évident qu'il y a du bon et du moins bon.

    Et vous, avez-vous lu du Georgette Heyer? Que me conseillez-vous? 

    Battlestar Galactica - Saison 1

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    Résumé: (Sans Spoiler sur les évènements du pilot): Après l'attaque des cylons, quelques vaisseaux humains parviennent à se sauver. La flotte se recompose lentement autour de la présidente Roslin et du Commandant Adama. Quatre des douze cylons se sont révélés (dont trois à la flotte seulement) et il s'agit maintenant pour les humains de retrouver la treizième colonies: la Terre. C'est sans compter sur les problèmes techniques, éthiques et politiques que pose la survie dans l'espace. 


    CASTING

    Edward James Olmos ..................................................... Commandant Adama
    Mary McDonnell ............................................................ Laura Roslin
    Katee Sackhoff ............................................................... Kara "Starbuck" Thrace
    Jamie Bamber ................................................................. Lee "Apollo" Adama
    James Callis .................................................................... Gaius Baltar
    Tricia Helfer .................................................................... Numéro Six
    Callum Keith Rennie ....................................................... Leoben Conoy
    Grace Park ...................................................................... Lt. Sharon "Boomer" Valerii
    Michael Hogan ................................................................ Colonel Saul Tigh
    Matthew Bennett ............................................................. Doral
    Paul Campbell ................................................................. Billy Keikeya
    Aaron Douglas ................................................................ Chef Galen Tyrol
    Nicky Clyne .................................................................... Spécialiste Cally
    Tahmoh Penikett ........................................................ Lieutenant Karl "Helo" Agathon
    Kandyse McClure ............................................... Sous-Officier Anastasia "Dee" Dualla
    Alessandro Juliani ........................................................... Lieutenant Felix Gaeta

    Je sens que je vais galérer pour cette chronique. Oui parce que parler de Battlestar Galactica en soi c'est complexe mais parler de la série sans spoiler c'est encore plus dur. Une gageure diraient certains. Du coup je vais faire cette chronique en deux temps: constatations générales d'abord sur la série, garanties sans spoiler et une seconde partie où je pourrais parler un peu plus des personnages et des épisodes, avec spoilers of course.

    Mais tout d'abord, pour celles et ceux qui ne connaitraient pas Battlestar Galactica, je vous invite à lire cette chronique-ci, qui vous présentera le pilote de la série qui dure trois heures, rien que ça. NE COMMENCEZ PAS LA SAISON 1 SANS AVOIR VU LE PILOT!

    C'est bon tout le monde est prévenu? On peut y aller? Let's go!

    SECTION SANS SPOILER




    J'ai donc enchaîné le fameux film d'introduction avec la saison 1 et ce que je peux d'ores et déjà vous dire, c'est que la série se poursuit dans la même veine de qualité que ce qui nous était déjà offert. De multiples pistes de réflexion s'offrent à nous et je pense que je serais bien en peine de tout explorer à fond. Chaque épisode ou presque pose une question sur un aspect de notre société et de son bien fondé en période de crise. Il est évident que ces questionnements ne peuvent que résonner dans notre inconscient collectif et individuel. Que faire à la place des personnages de la série?
    Que se soit le maintien des élections et d'un système politique démocratique, la question des prisonniers ou du choix militaire entre guerre et sécurité, c'est une multitude de questions qui se posent et qui peuvent également rester sans réponse. La saison 1 n'est ni plus ni moins que la continuité du pilot. Cela peut paraître finalement assez simpliste dans la forme mais il est évident avec la fin de la saison que la saison 2 sera sans doute radicalement différente. La saison permet de finir de poser les bases, de même que la mythologie de la série et il s'agit à présent d'avancer et de répondre à tout cela.

    Les cylons sont des êtres passionnants. Plus on avance dans la série, plus on se rend compte finalement qu'il y a des êtres "bons" et "mauvais" dans les deux camps. Je mets des "" car il est évident que la réflexion de Battlestar va au-delà d'un manichéisme primaire. Chaque personnage est complexe, avec de bonnes idées, des traits de caractère insupportables, de moments de bravoures ou d'actions stupides. Certains évoluent vite, d'autres lentement, mais tous ont une progression logique qui nous pousse à vouloir en savoir plus. Il y a évidemment la question de savoir qui sont les huit autres cylons et surtout qui sont les final five. Je dois admettre que finalement ce n'est pas, pour le moment ce qui me tient le plus en haleine. Je suis tellement préparée à ce que tous les personnages soient des cylons que plus rien ou presque ne peut m'étonner. On me souffle dans l'oreillette que tout ça va bien se complexifier après. Réponse dans ma prochaine chronique.

    La réalisation est toujours aussi impressionnante. Elle est sobre, sans fioriture inutile. Il n'y a jamais de surenchère dans les décors ou les costumes pour créer un univers différent du nôtre. L'ensemble est naturel sans être fondamentalement exotique, juste réaliste, gageure pour une série de SF. C'est une qualité que j'apprécie beaucoup car finalement, rien ne fait jamais cheap. Les batailles dans l'espace n'ont rien à envier aux plus grands films du cinéma du genre et l'organisation militaire est vraiment bien rendue.

    En fait je ne pourrais mieux parler de Battlestar que de dire à tous ceux qui ne connaissent pas la série qu'elle va bien au-delà de l'image SF qu'elle peut donner. Peu importe que vous ne soyez pas fan de ce genre de littérature et de films, que le space opera ne vous branche pas, que le space military non plus. Battlestar Galactica c'est avant tout une réflexion sur l'humain et sur nos sociétés. L'action est simplement placée dans un contexte de SF - brillant il faut l'avouer aussi - mais ce qui fait le génie de la série c'est surtout les questions que les scénaristes nous pose. Je ne peux que vous conseiller de la regarder.

    Quittons à présent le monde du spoiler-free pour nous plonger plus avant dans les rebondissements de cette saison 1.


    Je crois qu'on ne peut pas rester de glace devant cette première saison. Je sais, je sais, elle est moins bien que la saison 2 et 3 mais je ne peux pas encore juger. Ce qui me frappe surtout c'est que l'on rentre dans le vif du sujet à bien des égards. Je fais beaucoup rire le mangeur de muffins avec mes théories à la noix. N'insistez pas je ne dirais rien! On ne peut pas ne pas cogiter en permanence sur les motivations des personnages, les actions à venir et surtout: qui sont ces foutus cylons!

    Je vais tenter de parler de tous les personnages et des rebondissements des différents épisodes. Ca risque d'être un joyeux foutoir, donc pas de panique!

    Tout d'abord, je reste sur mes impressions premières: le Commandant Adama et Gaius Baltar sont mes personnages préférés et pourtant ils sont bien différents!
    J'aime beaucoup la dignité dont fait preuve Adama tout au long de cette saison 1. Les choix à faire sont loin d'être simples, je pense bien évidemment à l'épisode 1 mais il garde la tête froide. C'est un homme qui a bon fond et à plusieurs reprises il le démontre bien, avec Starbuck tout d'abord, puis avec Tigh lorsqu'il ramène sa femme à bord - même si à mon avis, ce choix là est super contestable vu la femme de Tigh. C'est véritablement un personnage pour lequel j'éprouve énormément d'empathie et qui sait me toucher. Je ne dis pas que je suis toujours d'accord avec lui mais dans l'ensemble, c'est l'un des rares à ne pas m'agacer prodigieusement.

    Gaius Baltar...c'est tout un poème, je sais que certains le déteste, moi je l'aime. J'aime sa complexité: responsable mais pas coupable et la présence de Six dans sa tête ne fait que renforcer cette complexité.
    Qui est numéro Six? Est-ce la même que celle qui était sur Caprica? Elle y ressemble puisqu'elle aime Gaius mais n'est-elle pas simplement le fruit de l'imagination de ce dernier? Si c'est le cas, comment se fait-il alors qu'elle soit au courant d'évènement à venir? Cela indiquerait-il que Gaius est lui-même un cylon? Mais si c'est un cylon, pourquoi l'avoir utilisé sur Caprica pour mener à bien l'invasion? Leur fallait-il un cylon supra intelligent capable de s'adapter à la société humaine pour en craquer les codes? Et si elle n'est pas juste le fruit de l'imagination de Gaius: mais que fout-elle dans sa tête bordel ?! Oui je sais ça fait beaucoup de questions. Cela dit, cela prouve aussi à quel point Gaius et la numéro Six dans sa tête sont passionnants. Leur duo est très drôle, surtout lorsque Six met Gaius dans des situations complètement absurdes.
    Je trouve surtout Gaius intéressant dans son choix de ne pas démasquer les cylons. Bien qu'il sache la véritable nature de Boomer, il la garde secrète, même si par la suite il lui prodigue des conseils sachant bien ce qu'elle est. Idem avec la femme de Tigh lorsqu'il doit faire les tests et qu'il déclare à Six qu'il n'y aura jamais de cylons. Pourquoi agir de la sorte? Parce qu'il veut éviter que les gens se soupçonnent? Dans un élan humaniste ou pour d'obscures raisons? Personnellement je pense pour l'élan humaniste de Gaius qui colle bien avec sa conversion à la religion des cylons. L'épisode 7 est forcément un épisode que j'aime beaucoup et je trouve ça diablement et perversement intelligent de l'accuser pour mieux l'innocenter, le mettant définitivement à l'abris d'une révélation gênante.

    Cet élément religieux est d'ailleurs une des questions que je préfère dans la série. S'oppose au polythéisme des humains le monothéisme des cylons. Cela n'a l'air de rien, ou bien moraliste mais la réflexion est plus fine que cela, la fin de la saison 1 nous ouvrant d'ailleurs la porte à des découvertes futures.

    Numéro Six et en particulier celle dans la tête de Gaius a su me toucher. Son amour dévorant pour le scientifique - dont je doute sérieusement de l'attachement - et sa soif d'enfants ont su m'émouvoir. Pas dit que cela continue mais c'est un personnage dont je veux connaitre les développements. A noter qu'elle est toujours hypersexualisée dans la tête de Gaius, avec des vêtements courts et décolletés alors que sur Caprica, elle se montre beaucoup plus classique, signe que l'imagination de Gaius a une influence sur elle.

    Si j'aimais beaucoup la présidente lors du pilot et le début de la saison, elle part complètement en sucette à partir de l'épisode 7 et entérine mon désamour avec l'épisode suivant. Non mais sans blague, lorsqu'on suspecte l'un des hommes les plus intelligents de la flotte et surtout, le seul à pouvoir mettre au point un système de repérage des cylons, d'avoir trahi sa race que faites-vous: 1) vous attendez prudemment le résultat définitif de l'enquête et/ou du procès avant de donner votre avis, 2) vous vous mettez de son côté 3) vous allez le voir dans sa cellule, vous le regardez droit dans les yeux et vous lui balancez que vous n'avez jamais pu le blairer et que vous êtes sûre qu'il est un traitre ? Je vous laisse deviner la position de Roslin....Autant je trouve la solution 2 politiquement stupide, autant la 3 est purement suicidaire. Lorsqu'en plus il s'avèrera que les photos accusants Gaius ont été truquées, elle se retrouve bien stupide. J'ai nettement préférée la réaction d'Adama au problème de la dénonciation de Gaius, plus mesurée. Surtout que lorsqu'ils ont besoin d'un bon candidat face à Zarek, les magouilles politiques de Roslin la pousse à proposer le poste à Gaius susceptible de se faire élire - ce qui me fait penser que maintenant qu'il est vice-président et si un jour il sort de Kobol, il deviendra président et j'ai hâte de voir ça! Roslin est un personnage qui change beaucoup, passant d'une institutrice au gouvernement, naïve mais capable en une politicienne redoutable. Quant aux derniers épisodes sur sa folie de récupérer la lance d'Apollon, peut-être a-t-elle raison de poursuivre cette chimère, sa décision portera sûrement ses fruits mais je trouve complètement absurde de retourner Starbuck contre Adama et de mettre en péril la flotte entière pour une flèche. N'est-ce pas ce qu'elle reprochait à Adama dans l'épisode 5 lorsque ce dernier tente de sauver Starbuck coûte que coûte? Quant à retourner Starbuck c'est d'une imbécilité sans borne. Déjà que la pauvre Kara n'est pas toujours intelligente, si on lui bousille le reste du cerveau...
    L'épisode 8 marque pour moi le vrai tournant, lorsque face à Leoben elle revient sur sa parole et l'exécute sans autre forme de procès. J'ai trouvé ça tellement indigne d'elle et de ce qu'elle était au départ. Le pouvoir l'a changée et certes elle agit toujours pour le "bien de l'humanité" mais ses incohérences politiques m'insupportent. Elle a un programme et elle le suit envers et contre tout parfois jusqu'à l'absurde. Je me demande ce que sa destitution par Adama à la fin de la série va apporter comme conséquences et si elle va retourner au pouvoir puisqu'Adama est momentanément hors-service.

    L'épisode 8 est aussi un épisode fort pour moi à cause de Starbuck. Starbuck je ne l'aime pas, je ne l'ai jamais aimé. Elle peut avoir toutes les excuses du monde elle me tape constamment sur le système. Elle n'est pas badass elle est stupide. On se demande même comment elle a pu rentrer dans l'armée avec son sale caractère. Du coup lorsqu'elle est nommée pour interroger Leoben, je râle. Je râle parce que je pense sincèrement que ce n'est pas la meilleure personne pour ce genre de poste et effectivement elle se révèle plus qu'incompétente face à un Leoben spirituellement en forme. Là intervient la présidente qui se montre odieuse, faisant de fausses promesses à Leoben et l'envoyant ad patres sans sommation. C'est véritablement là que s'opère un petit miracle pour moi: Starbuck se montre humaine envers un cylon, lui tend la main alors même qu'il s'apprête à mourir. Victoire pour Leoben, quelqu'un doute déjà. Pour le reste de la saison, elle se montre fidèle à elle-même mais dans cet épisode 8 je trouve qu'elle a un beau geste.

    Leoben justement est un cylon que j'aime énormément. J'ai hâte de le voir plus. Il a, à mon sens, un rôle assez proche de celui de Somni dans Cloud Atlas. C'est l'élément qui apporte le questionnement et le doute.

    Lee Adama est un personnage que je trouve fade et j'attends de le voir se révéler. A cheval entre la présidente et son père, son balancement m'agace. Dans une situation pareille, avec un poste militaire aussi important que le sien, je ne pense pas que faire la girouette soit réellement stratégique. Son tête-à-tête face à Zarek dans l'épisode 3 est assez révélateur d'ailleurs du personnage. Personnellement, je sens le potentiel d'Apollo, contrairement à Starbuck et j'ai hâte de le voir s'exprimer pleinement parce que moralement, Lee est intéressant. Ses doutes dans l'épisode 1 avec l'Olympic Carrier est révélateur de sa personnalité. Il garde un côté humain même sous les ordres militaires. J'avoue cependant que son retournement dans le dernier épisode m'a donné envie de lui crépifier la tronche. A suivre donc...

    Boomer/n°8 est l'un des personnages qui arrivent à me toucher le plus. Au fil des épisodes, on voit Boomer s'enfoncer de plus en plus dans ses doutes. C'est physiquement violent de la voir se demander si elle est un cylon, alors qu'elle voue sa vie tous les jours à la flotte. Sa résistance lors de l'épisode sur la recherche de l'eau force le respect. Les derniers épisodes, de sa tentative de suicide à la révélation suprême pour elle qu'elle est un modèle de cylon, sont poignants. Boomer est une femme qui perd tout: ses certitudes, son passé, l'homme qu'elle aime et jusqu'à son humanité. J'admets que je n'ai jamais vu venir la dernière minute du dernier épisode. Après qu'elle ait fait exploser le vaisseau cylon avec son modèle à bord, je pensais qu'elle ferait profil bas. Cylon activé lorsqu'elle tire sur Adama, hallucination totale de l'autre côté de l'écran. Parallèlement à la déshumanisation de Boomer, n°8 sur Caprica se prend à son propre piège. Prévue pour piéger Helo, elle finit non seulement par en tomber amoureuse mais est aussi prête à tout pour lui sauver la vie, ce que ce dernier comprend in extremis. Quant à la révélation du "Je suis enceinte" je le voyais bien venir même si cela rajoute de nombreuses questions sur la nature profonde des cylons. Finalement ils sont peut-être aussi humains que les humains. Les destinées de Boomer et n°8 sont vraiment construites en miroir ce qui est passionnant à suivre.
    Comme n°8, Helo est du côté des personnages justes, qui n'hésiteront pas, je pense, à sauver des ennemis qui auraient une personnalité propre et une envie de vivre en commun. C'est un personnage que j'aime beaucoup, notamment son amour inconditionnel pour Sharon et je suis heureuse qu'il finisse par retrouver Starbuck. Sa storyline en solitaire va maintenant prendre fin et le couple qu'il forme avec Sharon et leur futur bébé va amener une dynamique nouvelle pour la saison 2 en même temps que des questions sans fin!

    Je pense que je reparlerai de Zarek plus tard, je veux avoir plus de cartes en mains avant d'en donner un avis. Enfin, je pense que Gaeta a vocation a devenir un personnage de premier plan. J'ai toujours pensé qu'il était un cylon, je pensais d'ailleurs que ce serait lui le quatrième cylon dévoilé dans le pilot. Nous verrons bien si j'ai raison. Dee Dualla aussi a vocation a devenir importante je pense, tout comme la femme de Tigh que je ne supporte pas.

    J'ai aimé tous les épisodes mais si je devais parler d'un seul en particulier ce serait: The hand of God, lorsqu'ils doivent récupérer du Tylium pour la flotte. Accrochée du début à la fin, j'ai trouvé les rebondissements parfaits!

    Voila, je pense que je ne rends pas tout à fait justice à la série. J'espère néanmoins vous avoir donné envie de voir ou de revoir cette saison 1 de Battlestar Galactica. Soyez gentils si dans les commentaires vous laissez des spoilers, précisez-le. Cela évitera à des néophytes de se gâcher cette saison.
    Chronique à suivre pour la saison 2. 

    Et si on se mettait à la BD? Episode 2: Le Scorpion

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    Nous continuons notre exploration du monde de la BD avec une autre série culte de Dargaud: Le Scorpion  (je vous conseille le site de Dargaud, il est extrêmement bien fait pour chacune de ses séries: extraits de BD, interview, fonds d'écran etc.)

    Présentation de l'éditeur: tome 1: Pour les habitants de la basse ville, il est le Scorpion. Les hommes l'évitent, redoutant son épée plus virevoltante que la nuée de moustiques d'une chaude nuit d'été. Les femmes le cherchent, fascinées par la prestance de ce beau brun qui sait les aimer comme personne.

    Pour les habitants de la haute ville, il est Armando Catalano, l'homme à la perruque poudrée qui sait dénicher aux fins fonds des catacombes romaines les reliques des saints de l'antiquité et du Moyen âge que princes et évêques s'arrachent à prix d'or.

    Pour le cardinal Trebaldi, l'impitoyable maître des moines-guerriers, l'homme qui n'hésite pas à faire empaler dans son confessionnal un prêtre trop bavard, il est le témoin d'une époque maudite qui doit disparaître. 

    Pour cela, Trebaldi demandera à une gitane égyptienne experte en poisons de lui apporter la peau de l'homme qui porte sur l'épaule droite un tatouage en forme de scorpion. Tatouage infamant rappelant à tous que la mère du héros a péri brûlée vive sur le bûcher réservé aux sorcières.

    Mais la gitane manquera son coup, déchaînant la colère du Scorpion. Les murs du Vatican en tremblent encore.

    Le Prince pas si Charmant de Tam-Tam m'avait conseillé Le Scorpion la dernière fois que j'étais passée en Tam-Tam Land et vu que mon marin mangeur de muffins m'a assuré que c'était une excellente série, j'ai craqué pour les deux premiers tomes du Scorpion que j'ai dévoré en quelques heures.

    Après leur collaboration pour L'étoile du désertune bande dessinée en deux tomes se déroulant à Washington en 1870, Stephen Desberg (scénario) et Enrico Marini (dessin) ont décidé de se lancer dans une série de cape et d'épée. Si au départ ils comptaient adapter Les trois mousquetaires, ils finissent par se décider pour une histoire originale qui a donné naissance au Scorpion.

    L'histoire se passe au XVIIIe siècle dans une Rome dominée en secret par les neuf familles, descendantes directes d'une secte romaine qui présidait déjà à la destiné de la cité. Au milieu de ces complots, Armando Catalano, dit le Scorpion est un pilleur de tombe et receleur de reliques que le cardinal Trebaldi veut voir mort.

    C'est fou mais je n'ai lu que deux tomes et j'ai déjà énormément de choses à dire alors même que je n'en suis qu'au début. Oui c'est bon signe!

    Il est bien évident que les auteurs sont des fous de cape et d'épée, on sent les amateurs du genre dans chacune des planches de la série. Le héros tient de Scaramouche et de d'Artagnan avec humour et légèreté, les passes d'armes sont nombreuses et élégantes (conseillées par deux maîtres d'armes, c'est toujours appréciable) et le côté pilleur de reliques qui les revend ensuite à l'aristocratie romaine est assez drôle. On est bien dans ce monde fait de duels, de complots, de course-poursuites sur les toits (le côté hussard étant d'ailleurs souligné par le surnom de l'ami du héros, Hussard...). Les amoureux de capes et d'épées se sentent immédiatement à l'aise dans cet univers tout en reconnaissant une individualité propre à la série. Je n'ai pas eu l'impression d'être dans quelque chose de déjà-vu, juste reconnaissable.

    Si Le Scorpion est une BD de cape et d'épée à forte inspiration historique, on sent également chez les auteurs la volonté de ne pas faire seulement une BD d'Histoire. Si le Scorpion n'a pas la prétention de Murenade ce point de vue là, il n'en reste pas moins que la série est très agréable sans anachronisme horrible qui vous attendrait, tapi derrière une ruine pour vous sauter au visage.

    Même si l'intrigue se passe dans une Rome du XVIIIe et non dans le quasi sacro-saint Paris du XVIIe (pour le cape et d'épée j'entends), c'est pour mieux servir le propos. Quoi de mieux que Rome en effet, centre de la papauté, pour établir un questionnement sur la naissance des religions? A travers les neuf familles, se pose la question de savoir si le bien et le mal n'ont pas été créés dans un but purement politique afin de contrôler la ville et à plus vaste échelle, le monde. Je n'en suis qu'au tout début de la série et donc je ne sais pas encore où ils veulent aller mais je subodore une réflexion intéressante sur la question. Les neuf familles et surtout les Trebaldi sont diablement fascinants et je suppose que les tomes suivants nous en apprendrons plus sur eux, leur histoire, leur fonctionnement et leur inimitié sous-entendue.
    Parallèlement à cette intrigue politique, qui transcende les époques, il y a l'intrigue du Scorpion. Qui est-il? Sa mère est morte sur le bûcher des sorcières mais pourquoi? Qui est son père? Pourquoi porte-il sur l'épaule, cette tâche de naissance en forme de scorpion, signe du Malin?
    Et question subsidiaire: si Trebaldi est un homme qui, bien que cardinal ne croit pas en Dieu, pourquoi cherche-il à se débarrasser du Scorpion?
    Je trouve l'idée de mêler les deux intrigues vraiment intéressante, cela permet de les faire se répondre l'une l'autre et de ne jamais laisser le lecteur souffler. Lorsqu'on ne cherche pas les origines du Scorpion c'est sur les neuf familles que l'on se casse la tête. J'ai vraiment hâte d'en savoir plus sur les origines du Scorpion.

    En parlant de lui, je trouve que le personnage est fascinant. Un vrai héros de cape et d'épée comme on les aime. Il est drôle, léger mais sait être grave lorsque les circonstances l'exigent, il est habile au maniement des armes, séducteur ... un héros parfait en somme. A côté, nous avons Le Hussard son fidèle compagnon qui nous offre un sidekick efficace. Mejaï l'égyptienne est une femme mystérieuse que j'aimerai voir évoluer. Les évènements du tome deux me font dire que tout espoir n'est pas perdu pour elle. Ses talents d'empoisonneuses pourraient bien servir à Armando. La représentante des Latal est flippante, avec sa peau pâle, elle me fait penser aux monstres horlogers de "The girl in the fireplace" (pour ceux qui connaissent Doctor Who). Quant à Trebaldi....he gives me the creeps.

    J'ai également tout de suite accroché aux dessins. Je les trouve très réalistes et je dois admettre que Armando est magnifique. Il me fait penser à Sheemar Moore par les traits (un peu comme Matt Montgomery de leur première série me fait penser à Sean Connery). Les personnages sont bien dissemblables les uns des autres, j'aime notamment le Pape, dont la bonté se reflète bien sur son visage.

    Une série que j'ai donc hâte de poursuivre. Il existe à leur actuelle 10 tomes et 1 hors-série:

    1. La marque du diable
    2. Le secret du pape
    3. La croix de Pierre
    4. Le Démon au Vatican
    5. La vallée sacrée
    6. Le trésor du temple
    7. Au nom du père
    8. L'ombre de l'ange
    9. Le masque de la vérité
    10. Au nom du fils
    Hors-série: Le Procès de Scorpion

    Le jeu d'échecs dans la littérature

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    L'histoire des échecs est riche et complexe. Je vais tenter de vous en faire un résumé correct mais succinct. Sinon je vous renvoie sur ce site et sur la page Wikipédia sur l'Histoire des échecs pour en savoir plus sur le jeu et son histoire et au livre de H.R.J Murray A history of chess qui semble être une bible en la matière. 


    Le jeu d'échec est l'un des plus vieux jeu du monde. Il existe des variantes dans quasiment toutes les civilisations. On trouve des jeux d'échecs persans, indiens, arabes, mongols, européens, birmans, thaïs, malais, chinois, coréens, japonais etc. Si la naissance du jeu d'échecs fait encore débat avec une multitude de théories et de légendes à son sujet, on sait cependant comment les échecs sont parvenus jusqu'à l'Europe. 

    Lorsque les Arabes envahissent la Perse, ils adoptent le jeu d'échecs que l'on retrouve très tôt chez les Perses. C'est à partir de là que le jeu connait un développement fulgurant. Dès le IXe et Xe siècle, apparaissent des champions et des traités sur le jeu. Les pièces prennent alors une forme qui se rapproche de notre jeu actuel avec des mouvements proches des mouvements de nos pièces. Les échecs arrivent sans doute en Europe en passant par l'Espagne arabe ou la Sicile à partir du XIe siècle. 
    Une légende a longtemps attribué un jeu d'échecs à Charlemagne qui l'aurait reçu du calife Haroun al-Rachid, légende dont on reparlera. 
    Le poème latin Versus de scachis qui date du Xe siècle contient les premières règles écrites en Europe. Le jeu est condamné une première fois au Concile de Paris en 1212 puis par Saint Louis dans sa Grande Ordonnance de 1254 (à cause du fait que les joueurs finissaient par s'écraser le plateau du jeu en pierre sur la tronche...ça fait évidemment désordre, pensez. Et puis c'est dur à nettoyer la cervelle vous n'imaginez même pas). L'interdiction est peu appliquée car le jeu d'échec est particulièrement populaire. Il connait son apogée entre le XIIe et le XVe siècle où le jeu devient une partie intégrante de l'éducation des chevaliers et qu'il se répand dans la bourgeoisie au XIVe siècle. En 1475 à Valence en Espagne les règles que nous connaissons actuellement sont presque fixées. Elles le seront complètement vers 1650. 

    Si les premiers traités sont arabes, l'établissement des règles des échecs au XVIIe siècle, donne lieu à une littérature théorique très riche avec la création des premiers systèmes d'ouverture. L'analyze des Echecs publié en 1749 par François-André Danican Philidor est l'un des premiers traités en langue française.  

    Les Russes puis les Soviétiques s'emparent du jeu dès le début du XXe siècle et s'en servent comme terrain de combat durant la guerre froide où s'affrontent les meilleurs joueurs soviétiques et américains. 

    Pour ceux qui n'ont jamais joué aux échecs voici rapidement un récapitulatif des règles. 

    Le jeu d'échecs oppose l'équipe des blancs contre celle des noirs sur un plateau de 64 cases alternant les cases noires et blanches. Les blancs commencent, le but étant de mettre le roi en échec et mat c'est-à-dire dans l'impossibilité de jouer. Chaque pièce se déplace de façon spécifique et on ne peut pas déplacer un de ses pions sur une case déjà occupée par un pion de son propre camp. On peut prendre des pièces de son adversaire et les sortir de l'échiquier. 
    - Les pions se déplacent d'une case à la fois, sauf dans le double déplacement initial et prenne les autres pièces par la diagonale.
    - Le fou et la tour sont des pièces de longue portée. Le fou se déplace sur ses diagonales et la tour de façon verticale ou horizontale (sur sa ligne et colonne). 
    - La reine est la pièce la plus puissante des échecs. Elle combine les déplacements du fou et de la tour, de longue ou de courte portée. En pratique, elle peut jouer comme toutes les autres pièces à l'exception du cavalier. 
    - Le cavalier saute jusqu'à sa case d'arrivée. Il se déplace de deux cases en ligne puis d'une case sur le côté. 
    - Le roi peut se déplacer dans toutes les directions mais d'une seule case, sauf lorsqu'il roque avec la tour. 

    Lorsque le roi est menacé on dit qu'il est en échec. Si la menace est imparable, qu'il ne peut plus jouer sans se faire prendre, on dit alors qu'il est en échec et mat. 
    Si le jeu se retrouve dans une impasse, il s'agit d'une position de pat. La partie est nulle et sans vainqueur. 
    Les règles sont en soi peu complexes mais demandent une capacité d'analyse, d'anticipation et de stratégie qui en font l'un des jeux les plus exigeants au monde. 

    Il est temps à présent de s'intéresser aux échecs dans la littérature.

    Templiers jouant aux échecs - 1283
    NOTE: Afin d'être plus pertinente sur le sujet, je ne parlerai ici que de romans dont les échecs sont soit un élément narratif majeur, soit une composante essentielle de l'intrigue. Il ne s'agira pas de faire un catalogue de tous les romans où l'on mentionne les échecs ou où une partie est jouée car on ne peut pas considérer, de fait, que ces romans parlent des échecs. Harry Potter and the Philosopher's stone ne fera pas parti de la liste mais vous pouvez toujours crier votre amour pour la saga, ça ne me dérange pas. 

    C'est en lisant Le tableau du maître flamand d'Arturo Pérez-Reverte (dont je vous reparlerai bientôt) que m'est venue l'idée de cette mini-thématique littéraire. Je ne suis pas une joueuse d'échec. J'ai bien essayé étant enfant de faire quelques parties avec mon père, sous le regard méprisant de Cheshire, chat à échec comme de bien entendu mais dans l'ensemble mes tentatives pour comprendre ce jeu sont restées plutôt vaines. A côté de ça, je me faisais régulièrement écraser aux dames par mon grand-père ce qui ne m'a pas poussée à persévérer dans la version 2.0 du jeu. Cependant, je connais les règles, les déplacements des pions et même l'importance des ouvertures et autres jeux "à la ..." (à compléter). Plus encore, J'ADORE ça. Si si, vraiment, j'adore les échecs. Je ne suis pas à un paradoxe près. 
    En fait, ce jeu est si complexe, si stratégique, qu'il me fait penser aux stratégies militaires et autres politiques de cour. En bonne historienne c'est une dimension qui me fascine (et qui explique sans doute pourquoi j'aime Game of Thrones mais je m'égare).

    Ma première remarque est que les romans qui ont les échecs pour thème, je veux dire pour thème majeur, sont assez rares. Je pense que cela tient au fait qu'il s'agit d'un jeu difficile et exigeant et qui demande une très grande précision de la part de l'auteur. Lorsque l'on enlève les romans où les échecs sont simplement mentionnés, sans autres dessein particulier, on s'en rend compte qu'il ne reste plus grand chose.

    Ensuite, petit éclaircissement. Lorsque je parle du jeu d'échec comme élément narratif, cela veut dire que le roman même, sa structure ainsi que ses personnages, sont conçus comme une partie d'échecs. Les personnages et leurs actions sont donc définis comme un ensemble logique et tactique de coup permettant à mettre le roi ou l'ennemi en échec et mat. Lorsque je parle du jeu d'échec comme élément de l'intrigue, cela signifie que d'une façon ou d'une autre, le jeu physique et/ou ses règles composent le récit. Souvent si le jeu d'échec est utilisé comme élément narratif la composante de l'intrigue suit. Les personnages sont à la fois les pions d'une partie qui se joue à leur dépend et eux-mêmes se retrouvent joueurs. En revanche, les échecs peuvent être une composante de l'intrigue sans que l'oeuvre en elle-même ne soit écrite comme une partie d'échec. (j'ai mal au crâne d'un coup...).

    Enfin, on trouvera plusieurs romans où le jeux d'échecs agit comme une métaphore de la vie et où les humains se retrouvent être des pions ce qui menace directement leur vie. Une dimension et une réflexion finalement peu éloignée de L'Iliade et de L'Odyssée d'Homère non?

     Alors, quels sont ces livres?

    De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll

    Résumé: Dans la maison du Miroir, tout est inversé. Alice, fascinée, s'empresse de passer de l'autre côté. S'ouvre alors à elle un monde merveilleux où les fleurs parlent, où un oeuf érudit marche sur un mur, et où, aux côtés de la Reine Blanche et de la Reine Rouge, elle devra prendre part à une partie d'échecs grandeur nature.

    Ecrit en 1871, il fait suite aux aventures d'Alice au pays des merveilles. De l'autre côté du miroir est un roman "chess-themed" comme disent les anglo-saxons. Le jeu d'échec est un élément de la narration à part entière c'est-à-dire que le roman est construit comme une partie d'échecs et les personnages sont eux-mêmes des pions. Alice en particulier est un pion. Elle devra d'ailleurs jouer une partie d'échecs entre la reine blanche et la reine rouge (que l'on confond souvent avec la reine de coeur d'Alice au pays des merveilles). C'est assez peu surprenant de la part de Lewis Carroll qui aimait beaucoup les jeux mathématiques et les échecs.

    La défense Loujine de Vladimir Nabokov


    Résumé:  «De tous mes livres russes, La défense Loujine est celui qui contient et dégage la plus grande "chaleur" - ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d'abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même aux gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est fruste, sale, laid - mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y a quelque chose en lui qui transcende aussi bien la rudesse de sa peau grise que la stérilité de son génie abscons.»Vladimir Nabokov.

    La défense Loujine écrit en 1930 est un "roman russe" de Vladimir Nabokov et en bon roman russe du XXe siècle, il aborde la question des échecs. Son personnage est tellement obnubilé par le jeu qu'il finira par avoir des problèmes mentaux.

    Le joueur d'échecs de Stephan Zweig

    Résumé: Sur un paquebot s’opposent deux champions d’échecs que tout sépare : le champion du monde en titre, d’une origine modeste mais tacticien redoutable, et un aristocrate qui n’a pu pratiquer que mentalement, isolé dans une geôle privée pendant l'occupation de l'Autriche par les nazis.

    Publiée en 1943 à titre posthume cette nouvelle de Zweig fut écrite durant les quatre derniers mois de la vie de l'auteur avant son suicide le 22 février 1942. Ici le jeu d'échec tient la place prédominante de l'histoire et permet de concilier autour de lui un récit en abîme. Qu'il s'agisse du narrateur, de Czentovic ou de Mr B., le récit nous embarque dans un monde au-delà des échecs en croisant plusieurs histoires.

    All the King's horses de Kurt Vonnegut (uniquement en VO)

    Résumé: Durant la guerre froide, le colonel américain Bryan Kelly et son avion s'écrase en terre asiatique. Avec lui se trouve ses deux fils, sa femme, le pilote, le co-pilote et dix hommes de cabines. Les seize membres d'équipage sont capturés par le chef de la guérilla communiste Pi Ying qui propose de jouer une partie d'échec avec Kelly à une condition: lui et les quinze autres américains seront les vraies pièces blanches. Chaque pièces prises donnera lieu à l'exécution immédiate de l'américain correspondant. Si Kelly gagne, lui et les survivants seront libérés. Une partie d'échecs diabolique débute. 

    All the King's horses dont le titre s'inspire de la comptine de Humpty-Dumpty (sans doute une référence à Alice) est une nouvelle du recueil Welcome to the Monkey House écrit en 1951. La partie d'échecs est ici un élément narratif et de l'intrigue puisque de l'issue de la partie dépend la vie des otages et que ceux-ci se retrouvent être des pièces du jeu. Dommage que cette nouvelle ne soit pas traduite, elle semble passionnante.

    Forbidden planet de Lionel Fanthorpe

    Résumé: Jeu d'échecs inter-stellaire joué par des entités super-humaine et où les humains sont utilisés comme des pions. 

    Publiée en 1961 sous le pseudonyme de John E. Muller il s'agit d'un roman de Science-fiction toujours pas traduit en français.

    Là encore nous retrouvons l'idée de parties jouées avec de vrais humains à la place des pions.




    La ville est un échiquier de John Brunner

    Résumé: Ciudad de Vados est l'orgueil de la république d'Aguazul. Cette mégalopole futuriste, surgie du néant au beau milieu d'un pays imaginaire d'Amérique Centrale, est l'œuvre d'un groupe de promoteurs, d'architectes et d'urbanistes venus de tous pays. Grâce à elle, le président Vados espère passer à la postérité. Pourquoi fait-il encore appel à un expert international en matière de trafic urbain ? Boyd Hakluyt est-il vraiment chargé de résoudre un problème de circulation ? Et s'il s'agissait plutôt d'éliminer le bidonville qui, en plein cœur de la cité, rappelle de façon gênante la misère du peuple d'Aguazul et ternit les rêves de grandeur du dictateur ? Peu à peu, Boyd découvre qu'il est manipulé comme une simple pièce dans un jeu dont la signification lui échappe. Quel est l'enjeu de cette partie impitoyable où tous les coups sont mortels ?

    Roman de science-fiction écrit en 1965, La ville est un échiquier est encore une fois un roman dont la narration est construite comme une partie d'échec. Le roman est d'ailleurs célèbre pour la mise en scène de la 16e partie du match du Championnat du monde d'échecs de1892 opposant Steinitz à Tchigorine.

    Szachista (le joueur d'échecs) de Waldemar Lysiak

    Roman polonais écrit en 1980 et centré autour de la partie d'échec jouée entre Napoleon Bonaparte et le Grand Turc.

    The Queen's Gambit de Walter Tevis

    Résumé: The Queen's Gambit nous fait suivre l'histoire de Beth Harmon depuis son enfance dans un orphelinat, sa lutte contre les tranquillisants et l'alcool jusqu'à son ascension triomphale au rang de Grand maître des échecs.

    The Queen's Gambit désigne une ouverture célèbre des échecs. Depuis sa découverte du jeu, jusqu'à sa consécration, toute la vie de Beth Harmon est structurée par le jeu.



    Le Huit et Le Feu sacré de Katherine Neville

    Résumé: New York, 1972. Alors qu'elle s'apprête à gagner le Maghreb, Catherine Velis apprend d'un mystérieux antiquaire qu'elle court un grand danger : dans la désolation du Sahara, l'attendrait depuis toujours un fabuleux jeu d'échecs d'origine mauresque. Un jeu qui, en 782, envoûta Charlemagne avant d'exciter onze siècles durant la convoitise de Richelieu, Robespierre, Catherine de Russie et Napoléon. Tous voulurent mettre au service de leurs funestes desseins car, selon la légende, il ferait de son détenteur l'égal de Dieu...
    En Afrique du Nord, la jeune femme, plongée dans un quête où se joue l'avenir même de l'humanité, découvrira qu'elle n'est pas la seule à vouloir percer le secret du jeu maudit. 

    Incontestablement l'un de mes livres préférés. Je vous en parlais un peu ici  et de la suite là. Le Huit est un livre à l'image des échecs. Complexe et envoûtant à condition d'aimer ce jeu et l'Histoire. Se servant de la légende d'un jeu d'échecs offert par une délégation maure à Charlemagne, nous suivons les intrigues qui entourent le jeu de Montglane.

    Le brio du roman tient en plusieurs points: tout d'abord, le jeu d'échecs est ici à la fois un élément narratif important puisque les personnages sont eux-mêmes les pièces d'un immense échiquier où il faut se méfier de sa propre famille et de ses amis. En plus d'être construit comme une partie d'échecs géantes, Le Huit place aussi le jeu, physique aussi bien que théorique, au centre de l'intrigue. Enfin, Katherine Neville mêle avec intelligence et finesse l'histoire de la Révolution française et de l'Empire à sa fiction. Le feu sacré en est la suite. Deux livres à lire absolument!

    Le tableau du maître flamand d'Arturo Pérez-Reverte

    Résumé: Julia, restauratrice d'oeuvres d'art à Madrid, travaille sur un tableau du XVe siècle représentant deux chevaliers jouant aux échecs. Une expertise révèle, sous la peinture, une phrase en latin pouvant se traduire par "qui a tué le chevalier". Avec l'aide d'un antiquaire, d'un joueur d'échecs et d'un historien, son ancien amant, Julia tente de déchiffrer l'énigme du tableau. Pure devinette de spécialistes ? Non, car un mystérieux inconnu reprend la partie d'échecs du tableau de façon bien macabre...

    Ecrit en 1990, ce roman est sans aucun doute dans la même veine que Le huit.
    Le tableau La partie d'échecs d'un peintre imaginaire flamand Van Huys met en scène Ferdinand de Ostenbourg, sa femme Béatrice et le chevalier Robert d'Arras. L'inscription "Quis Necavit Equidem" autrement dit: qui a tué le chevalier, pousse Julia a en savoir plus. En reconstituant à l'envers la partie que les deux hommes ont joué, elle résout une énigme et un meurtre vieux de 500 ans, mais la partie continue.

    Bien évidemment le jeu d'échecs est au centre de l'intrigue, c'est en recomposant la partie que Julia pourra deviner qui a tué le chevalier mais quelqu'un semble décidé à poursuivre la partie. Cette partie qui se joue à présent dans et hors de l'échiquier. Ici encore le jeu est à la fois un élément narratif et une constituante de l'intrigue. Pour les passionnés, le lecteur joue lui aussi une vraie partie.

    L'échiquier du mal de Dan Simmonds

    Résumé: Ils ont le Talent. Ils ont la capacité de pénétrer dans notre esprit pour nous transformer en marionnettes au service de leurs perversions et de leur appétit de pouvoir. Ils tirent les ficelles de l'histoire. Sans eux le nazisme n'aurait peut-être jamais existé et nombre de flambées de violence, tueries, accidents inexpliqués n'auraient peut-être pas ensanglanté notre époque. Car ils se livrent aussi entre eux à une guerre sans merci, selon les règles empruntées à celles des échecs. À qui appartiendra l'omnipotence ? À celui qui saura maîtriser pleinement son Talent. Ce sont des vampires psychiques...

    Le jeu y est à la fois présent au travers de parties, comme ultime raffinement pour les principaux protagonistes, et dans la structure même de l'intrigue. (Merci à La Dame pour son commentaire).

    ***

    Voila pour ce rapide petit tour dans le monde des échecs. Si je devais vous en conseiller personnellement quelques uns, il s'agirait sans doute De l'autre côté du miroir, du joueur d'échecs, du Huit et Du Tableau du maître flamand. J'en ai sûrement oublié, des romans francophones au anglophones pas traduits alors comme d'habitude, n'hésitez pas!

    J'espère que ce petit tour vous a plu. Quant à moi je vous laisse, j'ai mon chafouin qui me fait signe, il a préparé les pions...il semblerait que je joue les noirs.

    Astérix chez les bretons - 1986

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    Résumé: Jules César lance une expédition pour conquérir la Bretagne. Il profite de la pause de cinq heures où les bretons boivent la "chaude eau"pour soumettre le pays. Un village d'irréductible breton résiste encore et toujours à l'envahisseur, mais plus pour longtemps. Son chef, Zebigboss, envoie Jolitorax en Gaule voir son cousin Astérix dont il connait les exploits. Obélix en manque de romains puisque ces derniers sont tous en Bretagne, saute sur l'occasion d'aider Jolitorax. 

    VOXOGRAPHIE

    Roger Carel .................................................. Astérix / Idéfix
    Pierre Tornade .............................................. Obélix
    Graham Bushnell .......................................... Jolitorax
    Pierre Mondy ................................................ Cétinlapsus
    Maurice Risch ............................................... Chateaupetrus
    Roger Lumont .............................................. Stratocumulus
    Henri Labussière ........................................... Panoramix
    Nicolas Silberg .............................................. Motus
    Serge Sauvion ............................................... Jules César
    Michel Gatineau ............................................ Cétotaumatix / Chef des pirates

    Pour les fans de le culture britannique, je n'aurais pas mieux pu vous présenter de dessin animé que celui-là.
    Pour ceux qui n'auraient pas compris, Astérix chez les bretons ne se passe pas en Bretagne actuelle, dans cette région de France où l'on danse gaillardement dans des fest-noz et où l'océan est magnifique (oui j'aime la Bretagne) mais bien dans cette Grande-Bretagne où il pleut souvent, où le fog tombe sur vous comme la misère sur le pauvre monde et où bien évidemment le Tea-time de cinq heures est sacré. (Oui j'aime la Grande-Bretagne). 

    Et César pose un pied en Angleterre
    Vous comprenez mieux pourquoi je suis particulièrement enthousiaste devant ce dessin animé? 
    Astérix chez les bretons est le huitième album produit de la collaboration entre René Goscinny au scénario et Albert Uderzo au dessin. Il fut publié en album en août 1966. 

    L'adaptation est sortie en 1986 et j'avoue qu'il est dur d'en parler sans mentionner l'album original. Il s'agit d'une excellente adaptation car même si elle modifie quelques éléments de la bande dessinée (par exemple le personnage de Gaulix, un marseillais qui tient La Gauloise amphore à Londinium dans le dessin animé est en fait Relax dans la BD), l'humour et les caractéristiques britanniques sont bel et bien là. 

    On retrouve par exemple les anachronismes chers à Uderzo et Goscinny avec une parodie des beatles notamment mais c'est surtout, toute la culture anglaise qui se trouve en condensé dans ce dessin animé à côté d'une sympathique parodie de la syntaxe anglaise. 

    Commençons par les personnages. Comme d'habitude ils ont tous des noms rigolos. Si les espagnols termnent en -on, les romains en -us, les bretons eux ont des noms en ax. Nous avons donc Jolithorax le cousin d'Asterix (on remarquera la parenté entre -ix et -ax), O'Torinolaringologix (la caution irlandaise sans doute) et Ipipourax. Seul se distingue le chef Zebigboss (j'adore cet humour) mais après tout c'est le chef. 

    Les références à notre monde moderne ne sont jamais bien loin même si parfois elles sont involontaires. Dans le dessin animé alors que le général romain s'adresse à César: "Tu vas la soumettre cette petite Bretagne" et César de répondre comme de bien entendu: "Non cette Grande Bretagne". Et plus loin, Obélix de préciser que la traversée n'est pas pratique et qu'il faudrait un tunnel sous la Manche. Il sera entendu puisque la construction débutera un an après la sortie du film. 

    Les amoureux de la culture britannique ne finiront pas de s'extasier devant toutes les références disséminées un peu partout dans le dessin animé. Je ne voudrais pas toutes les pointer ce serait spoiler mais elles sont quasiment toutes dans l'article de Wikipédia sur la Bande-dessinée. Je vous laisse vous y reporter si vous connaissez déjà la série! 
    Rien que pour le plaisir en voici quelques uns. 

    Une de celles que j'aime le plus, c'est l'anecdote sur le gazon anglais, coupé au millimètre près et la phrase qui va avec: "Mon jardin est plus petit que Rome mais mon pilum est plus solide que votre sternum". Les références à la pluie et au mauvais temps sont nombreuses entre le fog et les parapluies et j'aime beaucoup toutes les références au thé enfin à l'eau chaude bue à cinq heures. Ayant vécu en Angleterre je peux certifier que l'amour des anglais pour le thé n'est pas qu'une légende. 

    Ce qui m'a en fait le plus amusée dans le dessin animé, ce sont les déformations du langage de Jolithorax que Goscinny traduit de façon littérale: les shocking deviennent choquant!, les I say deviennent Je dis (cette phrase revient tout le temps) et une que j'adore: Let's shake hands devient littéralement Secouons-nous les mains. Je vous laisse imaginer ce qui arrive à Jolithorax lorsqu'il propose de se secouer les mains avec Obélix: 

    Bad idea Jolithorax! 
    Mais le plus drôle ce n'est pas tant la traduction littérale que l'utilisation de la synthaxe. Je suis complètement fan des n'est-il pas censés remplacer les question tags à l'anglaise. Quant à l'inversion de l'adjectif et du nom cela donne des choses vraiment amusantes: la romaine patrouille, la magique potion, la chaude eau ou la gauloise amphore, le tout , parlé avec un délicieux accent britannique. 

    Que ce soit la BD ou le dessin animé je ne peux que les conseiller à tous les amoureux d'Astérix d'abord et de l'Angleterre ensuite. Il n'y a pas de moquerie dans le propos, c'est très tendre et renforcé par le fait que Jolithorax et Astérix sont cousins mais aussi parce qu'ils se battent contre le même ennemi, le seul à être véritablement idiot: Rome. 

    Pef et Le Prince de Motordu

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    Je vous en parlais l'année dernière en décembre lors duSalon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, j'avais rencontré PEF une idole de ma jeunesse. Il avait gentiment dédicacé le pop-up de La belle lisse poire du prince de Motordu pour ma maman (une traitresse des écoles) et le petit livre pour moi.

    Oui, PEF est mon idole parce que La Belle lisse poire du Prince de Motordu est sans aucun doute le livre que j'ai le plus lu depuis le CP. Je devais l'emprunter toutes les deux semaines à la bibliothèque à tel point que les bibliothécaires le mettaient de côté pour moi. Je me demande si d'autres enfants ont pu y avoir accès durant cette période. J'étais complètement toquée de cette histoire à tel point que mes parents m'ont offert Le dictionnaire de motordu que j'ai fini par connaitre plus ou moins par coeur également. 

    Alors voila, je suis carrément retombée en enfance lorsque j'ai eu la chance de le rencontrer l'année dernière. Un père Noël avant l'heure avec ses cheveux neiges hirsutes et sa grosse barbe blanche. PEF est auteur-illustrateur d'album pour enfant mais il a aussi fait des dessins humoristiques pour la presse. Un auteur à l'écoute des enfants, qui s'intéresse à ce qu'ils sont et qui se bat contre l'illettrisme. 

    C'est pourquoi aujourd'hui j'ai envie de consacrer cette mini-thématique à ce personnage attachant qu'est le prince de Motordu, ami des enfants qui apprennent à lire.

    Mais qui est-il ce prince de Motordu? 

    Le prince est quelqu'un qui se trompe. Il se trompe sur les mots. Il n'est pas vraiment doué, ce n'est vraiment pas son truc. Comme les enfants, il les écorche, les déforme, leur donne un tout autre sens. PEF les illustre au pied de la lettre ce qui donne des planches comiques mais aussi poétiques à voir et à interpréter. 

    Pour vous donner une idée, voici le début de La belle lisse poire.





    "A n'en pas douter, le Prince de Motordu menait la belle vie. Il habitait un chapeau magnifique au-dessus duquel, le dimanche, flottaient des crapauds bleu blanc rouge qu'on pouvait voir de loin."






    Toutes ses histoires sont sur le même modèle. Des mots déformés, illustrés tel quel pour un résultat hilarant et très bon pour les enfants. Aux parents qui craindraient de leur donner de mauvaises habitudes en mélangeant les mots: détrompez-vous. Le Prince au contraire, par les dessins premiers degrés de PEF, pointe les absurdités et incohérences des mots détournés. Je pense aussi que ce sont des livres à lire avec son enfant pour le faire réfléchir et lui demander de corriger les erreurs du prince. Cela leur apprend du vocabulaire et des jeux de langage parfaits pour mieux appréhender notre difficile mais belle langue française.
    La popularité du Prince de Motordu n'est plus à démontrer. Si le premier album est sorti chez Gallimard en 1980 (confidences: je n'étais même pas née!), Pef a continué à publier les histoires de son prince rigolo jusqu'en 2007! 19 albums publiés sans compter les éditions spéciales, pop-up, livre avec CD audio et tout ce qui tourne autour du prince.

    J'irais bien refaire un tour du côté de chez Motordu [tout rapport avec une chanson des années 70 est....absolument voulue j'en ai peur].

    Pour prolonger notre thématique, je vous propose un petit tour du côté des 19 albums de Motordu!

    La belle lisse poire du Prince de Motordu


    Il s'agit de la première histoire mais aussi la plus connue. Celle où l'on rencontre Motordu et la Princesse Dézécolle.

    Résumé: Le jeune prince de Motordu habite un magnifique chapeau. Avec ses coussins, il y joue aux tartes dans la grande salle à danger. Un jour, une jeune institutrice, la princesse Dézécolle, l'invite dans sa classe pour remettre le langage à l'endroit...



    Le Dictionnaire de Motordu

    Pour tout savoir sur le mot qu'emploie Motordu des petites billes aux grands Harengs, ce dictionnaire est un condensé de drôlerie sur l'univers du prince. Un abécédaire farfelu et attachant!

    Résumé: Dans le pays de Motordu un prince vivait de tous les mots. Heureusement, il s'était fait de nombreux amis parmi les petits glaçons et les petites billes qui, à leur tour, s'étaient mis à tordre les mots. Le dictionnaire est vraiment celui des amis du prince de Motordu. On y parle de tout. Du maillot de porc à la traîtresse d'école, en passant par le patin à poulettes…

    Les belles lisses poires de France

    L'Histoire revisitée par Motordu. Prenez garde où vous risquez de vous retrouver avec le cerveau à l'envers!

    Résumé: Un prince se penche sur son passé. Pour la princesse Dézécolle, Motordu accepte de feuilleter le livre des belles lisses poires de France. On frémit au récit des combats opposant Jules Lézard au vert singe Étorix. Notre pays s'appelait alors la Gaule. Ses habitants avaient appris à cultiver, à tisser, à fabriquer des armes… Les Gros-doigts étaient donc à la fois costauds et habiles…


    Le livre de nattes

    Apprendre à compter avec Motordu? C'est à vos risques et péril mes amis!

    Résumé: «Pour pratiquer le calcul, il est indispensable de bien connaître les gifles. Les gifles sont aussi appelées numéros. Les numéros pairs sont les 2-4-6-8 puis le 10, formé d'un 1 et d'un zéro en forme d'O, c'est-à-dire en forme d'eau. Les numéros pairs prennent donc l'eau !» À ne pas confondre avec les numéros imperméables !



    L'ivre de français


    Quand le Prince de Motordu décide d'aider sa femme à faire apprendre aux élèves leur grammaire et leurs conjugaisons, cela donne des résultats pour le moins étonnant!

    Résumé: «Abbé, cédez œufs et feu j'ai agi car elle aime l'énorme pré cuit hier et resté duvet doux, bleu, vert, glisse dix grecs zèbres.» Ou les méthodes particulières d'un célèbre professeur de français… Ce soir-là, la princesse Dézécolle rentra fatiguée de sa fournée de travail. Le prince de Motordu, son époux, décida de l'aider et prit en charge l'apprentissage du français. Ainsi naquit, entre autres, un nouveau type de conjugaison : «Je sonne, tu sonnes, il sonne, nous sonnons, vous êtes sourds ? Ils ne sont pas là.» Les vingt-six élèves ne tardèrent pas à devenir les vingt-six maîtres de l'alphabet !

    Leçons de géoravie

    Motordu emmène ses élèves en voyage! Petit tour de France pour cette leçon particulière

    Résumé: La Chance est un pays aux reliefs avariés. Et le prince de Motordu a décidé de donner un cours de géoravie aux élèves de la princesse Dézécolle. À bord de l'autoplus scolaire, ils font un saut dans les monts d'âne, au bord de la mère et dans les grands pagnes. Les élèves ont, bien sûr, une foule de questions à poser à leur professeur.


    Motordu est le frère Noël

    Quand Motordu essaye d'aider le Frère Noël...

    Résumé: Marie-Parlotte et Nid-de-Koala, les enfants Motordu, ont déposé leurs pantoufles au pied du lapin. Ce soir-là, à leur grande surprise, le père Noël ne passe pas par la cheminée mais frappe à la porte du chapeau.«Mon traîneau est en panne. Quel malheur ! C’est la première fois que ma tournée est compromise !» avoue le Père Noël à la princesse Dézécolle qui vient de lui ouvrir la porte. Toujours prêt à rendre ses vis aux gens, le prince de Motordu propose au vieil homme de l’aider, devenant ainsi frère Noël le temps d’une nuit. Quand il rentrera, dans sa robe de cendres rouges, ses enfants découvriront la vérité sur le Père Noël…

    Motordu et son père Hoquet

    La famille Motordu au zoo!

    Résumé: Le prince de Motordu qui adore les amis mots reçoit en gâteau d'anniversaire un père hoquet. L'oiseau fait tellement de bêtes hips qu'on doit le mettre en cage. Un soir, le père hoquet s’échappe. La princesse Dézécolle, le prince et leurs enfants, le petit Nid-de-Koala et Marie-Parlotte, partent à sa recherche et arrivent au zoo. Ils découvrent l'hydroprogramme, l'ailé flanc d'Afrique, les linges étendus sur les fils et le bigre qui se plaint de tourner en rond… Mais une surprise attend le prince à la sortie !


    Le petit Motordu





    SCOOP! Motordu n'a pas toujours parlé tordu! Le petit motordu parlait détendu!

    Résumé: Au début de sa longue vie, le tout jeune prince de Motordu appelle un chapeau un chapeau, au grand désespoir de ses parents, car dans la famille Motordu on doit parler en mots tordus. Ainsi, on ne dit pas «papa» à son père, mais «tata», et un château est toujours nommé chapeau... C'est le début d'un apprentissage éprouvant !



    Motordu as à la télé

    Motordu va recevoir un prix. L'occasion pour la famille de découvrir les plateaux de télé.

    Résumé: Le prince de Motordu a gagné le grand cri de l’Académique grande chaise et pour cela il va passer à la télévision ! À peine arrivé dans les studieux avec toute sa famille, le prince de Motordu fait le pitre à l’antenne. Les camélias vont tour à tour le surprendre, commentant la météo grâce à une photo prise par un chat d'élite ou faire le tube d'un produit qui élimine les taches de gars. Ses deux enfants, Marie-Parlotte et le petit Nid-de-Koala, sont très fiers du succès de leur père : Motordu fait exploser l'eau des tomates !

    Motordu et les petits hommes vers

    Les extra-terrestres revus et corrigés par Motordu

    Résumé: «On veut boire papa goutte que goutte !» Marie-Parlotte et son frère, le petit Nid-de-Koala, réclament leur père absent : le prince de Motordu va être le premier Terrien à explorer le système scolaire ! Après un entraînement intensif, il embarque enfin dans son engin spatial. Au cours d'un inoubliable voyage, il frôle des gommettes, la Dune et Jules Peter. Il atterrit sur Mars et découvre que la planète est pleine de trous…


    Motordu au pas, au trot, au gras dos


    Quand Marie-Parlotte se met à l'équitation c'est toute la famille qui s'y met!

    Résumé: La sœur du petit Nid-de-Koala, Marie-Parlotte, est amoureuse des chevaux. Ses parents, le Prince de Motordu et la Princesse Dézécolle, après avoir hésité, acceptent de lui en offrir un. Ce sera une jument, naturellement, puisqu'elle a une queue de cheval. On l'appelle Belle-Chic. Il faut la dresser, lui apprendre à aller au pas, au trot, au gras dos. Et, comme elle aime courir, le Prince décide de l'engager sur un hippodrame. Vont-ils gagner la bourse ?

    Motordu a pâle au ventre

    Pour les enfants malades ou qui vont être opérés: Motordu y est passé aussi!

    Résumé: Le prince de Motordu a pâle au ventre. Le docteur diagnostique : lapin dix huîtres ! Car le prince a mangé trop de civet et de coquillages. Pas de doute, il faut l'opérer. «Plein pot… Plein pot !» L'ambulance donne de l'avertisseur pour emmener le prince de Motordu à l'hôpital. Tout se passe bien et la princesse Dézécolle, accompagnée de ses deux enfants, retrouve son mari dans la chambre douce. «La vie est pelle, déclare le prince, mais je dois encore me recauser.»

    Motordu et le fantôme du chapeau


    Pour les enfants qui n'ont pas peur ou qui veulent se faire peur?

    Résumé: Une nuit, la Princesse Dézécolle entend des poux dans le mur. Ne cherchez pas la petite bête : il s'agit d'un fantôme de famille dont le Prince de Motordu retrouvera l'origine dans son arbre génialogique. Les deux enfants du couple princier vont même devenir les amis du fantôme. Hélas ! au premier chant du coq, l'apparition devra rejoindre le grenier du chapeau…


    Motordu sur la Botte d'Azur



    Les Motordu en vacances!

    Résumé: Les colles terminées, la famille Motordu décide de partir en balance. Mer ou montagne ? Les enfants ne sont pas d'accord. Leur père décide alors qu'ils partiront à la devanture ! Après un voyage mouvementée, finalement les Motordu vont goûter aux charmes de la Botte d'Azur. Vite, de la crème polaire pour éviter les fous de soleil !



    Motordu champignon olympique

    Motordu champion? Qui l'eut cru?

    Résumé: Saut en moteur, seau en largeur, lancer de manteau, du poêle, mare à thons, le choix est grand pour le prince de Motordu décidé à entrer dans la légende des champignons olympiques. Évidemment ses deux enfants, Marie-Parlotte et Nid-de-Koala, viennent le soutenir et notent ses résultats aux différentes épreuves. Ils pensent que leur père va devenir un grand champignon. Mais la lutte est rude et le prince va souffrir ! Repartira-t-il avec une médaille ?

    Motordu papa


    Motordu est drôlement inquiet. Comment va se passer l'arrivée du bébé?

    Résumé: La princesse Dézécolle attend la venue au monde de son dédé. Le prince de Motordu s'inquiète déjà : «Sera-t-il poulanger, spécialiste en chirurscie esthétique ou bien mécanichien ?».





    L'ami vert cerf du Prince de Motordu


    Motordu a un an de plus, ça se fête

    Résumé: Aujourd'hui, le prince de Motordu a un an de plus. Ses enfants l'entraînent par une petite année dans la forêt de chaînes dont les planches abritent quantité d'oiseaux. Au cœur de la forêt l'attend une belle surprise : son ami vert cerf en personne est là pour fêter l'événement, avec toute la famille Motordu et leurs amis…


    Au loup tordu


    Résumé: Le jeune prince de Motordu garde son troupeau de boutons. Survient un loup venu de l'étranger. Ce loup désire manger quelque chose de bon dont il ne sait plus le nom : - Mais je sais que cette chose, dit le loup, fait des bêêê, des bêêê...- Des bêtises, l'aide le prince, des bégonias, des bérets... ?





    Pour finir, je voudrais juste vous parler du pop-up de la Belle lisse poire que j'ai offert à ma maman. Le livre est juste magnifique. Un superbe pop-up pour toute la famille!

    (source)
     Voila, il y en a pour tous les goûts et les couleurs: envie de rire? L'ami vert cerf ou le dictionnaire conviendront parfaitement. Pour soigner les angoisses des plus jeunes lecteurs: motordu a pâle au ventre ou les livres ciblés écoles (nattes, ivre de fançais, géoravie etc) pour les réconcilier avec la matière et dédramatiser l'affaire!

    Le tableau du maître flammand - Arturo Pérez-Reverte

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    Présentation de l'éditeur: Julia, restauratrice d'oeuvres d'art à Madrid, travaille sur un tableau du XVe siècle représentant deux chevaliers jouant aux échecs. Une expertise révèle, sous la peinture, une phrase en latin pouvant se traduire par "qui a tué le chevalier". Avec l'aide d'un antiquaire, d'un joueur d'échecs et d'un historien, son ancien amant, Julia tente de déchiffrer l'énigme du tableau. Pure devinette de spécialistes ? Non, car un mystérieux inconnu reprend la partie d'échecs du tableau de façon bien macabre...(j'ai délibérément amputé le résumé que je trouvais trop détaillé). 

    Je vous parlais récemment de ce roman dans la mini-thématique sur Le jeux d'échec en littérature. Peinture, échecs et meurtres composent ce roman impressionnant par bien des aspects. 

    Arturo Pérez-Reverte met en scène un tableau complètement fictif, avec des personnages fictifs, un peintre fictif, dans une Histoire fictive et pourtant tout fonctionne parfaitement. Le tableau, La partie d'échecs, est décrit avec un luxe de détails et de façon répétée. Le lecteur fini par réellement le voir, alors même qu'il n'est jamais représenté. Pour peu que vous connaissiez les tableaux flamand du XVe siècle, il est plus que facile d'imaginer cette partie d'échecs qui se joue entre Ferdinand d'Ostenbourg et Robert d'Arras, Béatrice de Bourgogne, les yeux posés sur son livre d'heures, au fond de la pièce près d'un miroir. Il en va de même pour ces personnages auxquels Pérez-Reverte invente une biographie complète parfaitement inscrite dans la chronologie et l'Histoire de la Bourgogne et de la Flandre de la deuxième moitié du XVe siècle. L'invention d'un duché d'Ostenbourg est une excellente idée. Cela permet à l'auteur d'inventer une Histoire qui s'insère sans difficulté dans la grande Histoire du Nord de la France. C'est fait de façon très fine et très appréciable pour un historien. Je dirais même que c'est plus intelligent que d'utiliser des personnages historiques. L'auteur a alors une plus grande liberté d'action sur ces personnages, il peut raconter ce qu'il veut, inventer des meurtres sans pour autant tordre le cou à l'Histoire. 
    Non seulement il s'agissait d'une bonne idée mais il se trouve qu'elle est intelligemment pensée et écrite. 

    Le soin qu'apporte Arturo Pérez-Reverte au tableau et à son inscription dans l'Histoire, se retrouve également dans le jeu d'échecs. Je ne sais pas s'il joue mais je suis sûre qu'il s'est au moins renseigné pour écrire ce roman. La partie d'échecs ici n'est pas que métaphorique. Elle est certes dans la narration, puisque les personnages sont des pièces d'un jeu d'échecs géant mais aussi physiquement incarnée par la partie d'échecs du tableau. Au départ, il s'agissait de jouer à l'envers afin de recomposer la partie pour comprendre et résoudre le mystère du chevalier. Cependant, la partie continue lorsqu'un mystérieux joueur propose de la poursuivre, laissant les blancs (alors en mauvaise position) à l'équipe de Julia, César et Munoz. 
    Les gens qui jouent aux échecs savent que le premier coup revient aux blancs et que de façon purement traditionnelle, la stratégie agressive est aux blancs tandis que les noirs jouent à la défensive. Ici, les rôles sont inversés et les noirs mènent la danse. Pour quelqu'un qui aime les échecs, ce roman est intéressant car le lecteur est amené à jouer une vraie partie avec une stratégie à anticiper, des coups à penser. Plusieurs fois l'échiquier est dessiné avec, dessus, la position exacte des pièces. Il est donc simple de s'y référer pour comprendre les explications de Munoz. Toute l'attention autour du jeu est intéressante mais elle est en plus soulignée par un second aspect. Là où dans le Huit, on nous en apprend plus sur l'invention des échecs, les manoeuvres des joueurs et les ouvertures, Le tableau du maître Flamand, par la personnalité de Munoz, nous fait plonger dans la personnalité des joueurs et leur psychologie.

    Je dois admettre que j'ai rarement lu de romans dans lequel la personnalité des protagonistes principaux est si équilibrée. C'en est presque magique. Julia est une femme intelligente et indépendante mais jamais écrasante. Jamais elle ne nous envoie de faux messages à la face, elle est mesurée, pondérée et calme. Même si elle se montre courageuse envers tout ce qui lui arrive, elle n'est pas exceptionnelle au point de ne pas avoir peur et en même temps n'est jamais la demoiselle en détresse à secourir. J'ai immédiatement accroché avec son personnage et l'ambiance de son studio même si elle fume beaucoup trop. Julia est un personnage qui a sa propre personnalité mais sans jamais être "trop". Il est facile d'éprouver de l'empathie pour elle, de l'apprécier et de s'identifier à elle.
    A côté de Julia nous avons César, un homme d'une soixantaine d'année, homosexuel un peu dandy sur les bords qui est une sorte de père de substitution pour Julia. C'est un personnage extravagant avec une très forte personnalité et attachant par bien des côtés. J'imagine bien Ian McKellen dans le rôle, très élégant et avec une pointe d'humour et de cynisme requis. Même si je trouve assez malsaine la relation qu'il entretient avec Julia, on sent qu'il ferait n'importe quoi pour la protéger. 
    Enfin, parmi les protagonistes principaux, il y a Munoz, le joueur d'échec. C'est véritablement un personnage passionnant. Dans la quarantaine, il est terne et effacé, mal fagoté et mal rasé mais dès qu'il parle d'échecs, sa physionomie change et il devient alors quelqu'un d'autre. Brillant joueur d'échecs, il ne gagne pourtant jamais une partie car gagner ne l'intéresse pas. Il préfère montrer aux autres les coups à jouer et se perd dans sa propre imagination.
    Les trois personnages se répondent parfaitement, les personnalités s'équilibrent, chacun occupe sa place propre sans déborder sur celle des autres. On sent un vrai travail sur les personnages, leur psychologie, leur profondeur aussi. Cela conforte l'idée d'un roman murement réfléchi et maîtrisé. Peut-être un peu trop?

    Même si je lui reconnais toutes ces qualités, il n'en reste pas moins que Le tableau du maître flamand conserve quelques défauts. 
    Je l'admets, j'ai lu ce roman en VF et non en espagnol. De ce fait je ne sais pas si ma remarque tient véritablement à l'écriture voulue par Arturo Pérez-Reverte ou à la traduction. Je penche cependant fermement pour l'écriture de l'auteur. Je sais qu'il a écrit les aventures du capitaine Alatriste sûrement dans un style bien différent et s'il y a bien une chose que j'apprécie c'est la capacité d'un auteur à changer de style pour mieux servir son propos. Pierre Pevel par exemple y arrive très bien. 
    Cependant, dans le cas présent, je pense que Pérez-Reverte a voulu en faire un peu trop. Le premier chapitre est terriblement ampoulé et bavard. Les descriptions des sentiments de Julia sont interminables et on a même du mal à différentier les pensées du personnages principal des vraies lignes de dialogue. Cet effet s'atténue cependant assez vite. Pris dans l'intrigue, le lecteur fait moins attention à ce style un peu lourd. Malheureusement il nous revient en pleine face pour les deux derniers chapitres. Il faut être doté d'un cerveau pour comprendre l'intrigue, compliquée par bien des aspects, et sincèrement, la fin a été pour moi complètement gâchée par ce style d'une lourdeur effrayante qui appesantit ce qui n'avait pas lieu d'être. J'estime que le dénouement se doit d'être limpide, pour que l'on comprenne les motivations des protagonistes. Ici nous sommes perdus dans un ensemble verbeux indigeste. J'en suis la première désolée parce que l'auteur a su faire preuve de plus de légèreté pendant les autres 80% du roman mais clairement la fin rejoint le début dans un verbiage inutile. 

    Au-delà du problème du style, il y a également pour moi un problème dans la narration. Le mystère du tableau est résolu dans le premier tiers du roman et par la même occasion l'action se transfère du mystère du tableau vers la partie d'échecs dans la vraie vie. Je trouve cependant que le tableau et ses personnages sont trop vite abandonnés, surtout pour un roman dont le titre parle clairement du tableau. Pourquoi ne pas avoir nommé le roman La partie d'échec dans ce cas? Cela induit le lecteur à penser que les deux mystères: celui du meurtre du chevalier et de la partie d'échecs sont liés alors que non. Je persiste à penser que les deux mystères auraient pu être mené de façon parallèle afin de maintenir un suspens. De plus, les explications concernant la mort du chevalier sont un peu décevantes au regard du temps passé par l'auteur à construire le tableau, son histoire et les personnages qu'on ne connait pas. On finit par éprouver, comme Julia, beaucoup d'empathie pour Ferdinand, Roger et Béatrice et je trouve un peu triste la mise de côté de ces personnages, alors même qu'ils reviennent, tels des fantômes, hanter les deux dernières pages sans que l'on sache vraiment pourquoi. L'abandon de cette ligne de l'intrigue est une déception, j'aurai aimé une exploration plus profonde du duché d'Ostenbourg et du peintre Van Huys.

    Je pense enfin que ce n'est pas un vrai roman policier dans tous les sens du terme. Le fait que l'on perde de vue le tableau dans le premier tiers du roman est en soi un problème. De même, il y a finalement peu de meurtres et peu de personnages. Il n'y a pas de course-poursuites haletantes - même si je reconnais que ça ne fait pas un bon polar - et cela induit finalement l'idée que les protagonistes ne sont pas vraiment en danger. Je ne me suis pas sentie impliquée à fond dans l'histoire des meurtres. Le meurtrier est aussi facile à trouver si on se pose cinq minutes les bonnes questions. Du coup, sans que cela soit finalement un véritable défaut, je pense que le côté "polar" du Tableau du maître flamand est finalement un élément bien secondaire de l'intrigue par rapport au jeu d'échecs et à la psychologie des joueurs. 

    Un excellent roman malgré quelques défauts. Cependant je ne le recommanderai certainement pas à tout le monde. Un public averti, qui aime les échecs et les récits un peu complexe, trouvera sûrement son plaisir dans le Tableau du maître flamand. Pour les autres, je conseille plutôt un polar plus léger ou Le Huit, plus "historique" et entraînant.

    Mini-thématiques littéraires

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    Bienvenue dans cette nouvelle thématique un peu fourre-tout! Il y a plein de thèmes que je souhaitais aborder mais tous ne sont pas assez grands pour occuper un espace à eux tout seuls. Vous trouverez ici la liste des mini-thématiques abordées, il vous suffit de cliquer sur l'icône! 
    Bonne visite. 



    Fenêtre sur cour (1954)

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    Résumé: A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d'action et amateur d'aventure, il s'aperçoit qu'il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l'immeuble qu'il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l'amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d'en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d'abord pas au sérieux, ironisant sur l'excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu...


    CASTING

    Alfred Hitchcock ....................................... Réalisateur/ homme à la pendule
    James Stewart ............................................ L.B. Jeffries
    Grace Kelly ............................................... Lisa Fremont
    Wendell Corey .......................................... Lt. Thomas J. Doyle
    Thelma Ritter ............................................. Stella
    Raymond Burr ........................................... Lars Thorwald
    Judith Evelyn ............................................. Miss Lonelyhearts
    Ross Bagdasarian ...................................... Compositeur
    Georgine Darcy ......................................... Miss Torso
    Sara Berner ................................................ Voisine du deuxième étage
    Frank Cady ................................................ Voisin du deuxième étage

    Nous voila plongés pour deux articles dans l'univers d'Alfred Hitchcock. Comme beaucoup de monde je connais ce grand monsieur du cinéma de nom et de réputation mais je dois admettre que sa filmographie me reste assez mystérieuse. 
    J'ai eu la chance de voir Rebecca au cinéma il y a quelques années et j'avais adoré sa vision du roman de Daphne du Maurier et son travail sur la lumière. 

    Dans ce huit clos qu'est Fenêtre sur cour, Alfred Hitchcock montre là aussi un intérêt prononcé pour la lumière. Peu satisfait de la lumière réelle sur les bâtiments qu'il choisit, il décide de recréer entièrement en studio la cour et les 31 appartements qui la compose dont 12 appartements aménagés. Cela fait de Fenêtre sur cour le film avec le plus grand décor reconstruit de son époque. C'est assez impressionnant parce que si effectivement l'ensemble a un petit côté studio que l'on sent malgré tout, il n'en reste pas moins que tout est reproduit avec un luxe de détails. Impossible d'échapper à l'ambiance qui émane de cette cour et des vies qui s'y croisent.


    Au milieu de tout ça nous retrouvons notre héros, L.B Jeffries, grand reporter, habitué des situations et pays dangereux, qui entretient une relation avec une jeune beauté des quartiers chics Lisa Fremont. Malheureusement pour lui, Jeffries s'est cassé la jambe et cette 7ème semaine d'immobilité commence à le rendre fou. Pour passer le temps et parce que vraiment, aucun voisin ne met de rideaux à ses fenêtres - sérieux, on peut vraiment voir toutes leurs pièces (!!!) - Jeffries commence à observer la vie de ses voisins. 

    Nous avons donc: Miss Torso, une ballerine qui passe ses journées à s'entraîner, en petite tenue, toutes portes et fenêtres ouvertes. Le soir venu, elle reçoit des hommes qui ne restent jamais et part travailler. Dans l'immeuble voisin, au rez-de-chaussée, Miss Lonelyheart mène une vie solitaire. Elle fait à manger pour deux, pour un deux qui ne vient jamais. A l'étage supérieur Mr et Mrs Thorwald. Lui est un représentant en bijoux, qui s'occupe de sa femme malade. Celle-ci passe sa journée au lit, attendant d'être servie et se plaignant souvent de son mari. Au deuxième, un homme et sa femme dorment sur le balcon et descendent leur petit chien par un panier et une corde. Enfin, il ne faut pas oublier le jeune couple sur la gauche de l'appartement de Jeffries et sur la droite, l'antre d'un compositeur et pianiste. 

    Tout ce petit monde passe sous les yeux de Jeffries. J'avoue que la narration est bien construite car si Jeffries n'apparaît pas comme particulièrement sympathique au début du film, notamment dans son traitement complètement idiot et absurde de Lisa Fremont, on finit par se prendre de sympathie pour lui. Les dernières minutes sont pleines de tension, le genre de tension lorsqu'un évènement horrible peut arriver. Lisa en revanche, tout comme Stella, apparaissent d'emblée comme agréables. Lisa est vraiment mignonne dans son envie de plaire et de bien faire. Quant à Stella, personnage plus caustique, elle complète vraiment bien le trio, lui donnant une pointe d'humour un peu acide qui manque à Lisa ou Jeffries. J'ai beaucoup aimé la prestation des trois protagonistes principaux. Je suis une fan de James Stewart depuis que je l'ai découvert dans les westerns (les vrais, avant les spaghettis qui ont aussi leur charme). J'aime beaucoup sa diction - oui c'est l'une de mes fixettes, jurisprudence Hiddleston oblige. Grace Kelly, que je découvre en tant qu'actrice, est non seulement superbe mais très douce et arrive à imposer un personnage malicieux et intelligent sans jamais forcer le trait. Enfin Thelma Ritter offre un personnage plus énergique et dynamique que le couple principal ce qui donne une balance de rythme bienvenue. 

    Filmé en technique du champ/contre-champ, (un plan sur Jeffries puis un plan sur la cour etc.) Fenêtre sur cour arrive parfaitement bien à nous faire oublier le caractère artificiel de cette mise en scène. Bien sûr, tous les films sont artificiels mais il s'agit ici de filmer un acteur - James Stewart - censé voir et réagir à des actions qu'il ne voit pas. Je pense surtout que pour remédier à l'artificialité de l'ensemble, Hitchcock sait très bien jouer sur le suspens et l'intrigue policière, distillant des informations ici ou là, donnant même parfois des indices au spectateur alors même que le héros dort et ne peut, de ce fait, recomposer l'ensemble de ce qu'il voit. 
    J'ai trouvé très intéressant de voir comment Hitchcock manipule à la fois ses personnages et le spectateur afin de construire son histoire. Même s'il s'agit d'un policier puisque Jeffries enquête sur un "meurtre", je pense aussi que Fenêtre sur cour tient plus du huit-clos et d'une réflexion sur ce que peut produire l'ennui et un bon appareil photo. 

    Le Lt. Doyle marque un point - bien que je n'aime pas son personnage misogyne au possible - lorsqu'il reprend Jeffries. En effet ce dernier lui fait remarquer qu'il observe ses voisins, trahit leur intimité sans pour autant comprendre celle-ci. Il y a une critique assez malicieuse du voyeurisme et de l'attention que l'on porte à la vie des autres. Le même procédé est d'ailleurs utilisé dans le film de Robert Zemeckis Apparences avec Harrison Ford et Michelle Pffiefer. Quarante-six ans plus tard, le thème de Fenêtre sur cour se retrouve dans le cinéma américain, même si le propos de Zemeckis est plus être plus incisif et moins drôle que celui d'Hitchcock. 

    On retrouve bien dans ce long métrage les marques du cinéma hitchcockien: une vedette féminine blonde et éthérée en la personne de Grace Kelly, un caméo, il apparait encore une fois dans ce film et un humour pince-sans-rire. 

    C'est assez frustrant car je suppose qu'il y a encore plein de choses à dire sur le cinéma d'Hitchcock et que ce film doit être bourré de petits détails qui en font le sel. J'ai hâte de poursuivre mon exploration de sa filmographie. 

    Fenêtre sur cour est un classique du cinéma et le maître du suspens ne faillit pas à sa réputation. Bien qu'il n'ai pas été diffusé au cinéma pendant près de quarante ans, le film a été entièrement restauré dans les années 80. A découvrir si vous ne connaissez pas encore. 

    La Bobine d'Alfred - Malika Ferdjoukh

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    COUP DE COEUR DE PERSEPHONE
    SORTIE PREVUE LE 24 OCTOBRE 2013

    Présentation de l'éditeur: Harry Bonnet, 16 ans, fils d'un cuistot montmartrois, est fou de cinéma. Comment s'est-il retrouvé à Hollywood ? C'est simple. Il lui aura suffi d'une gifle, d'une caille rôtie et d'une assiette de pommes de terre pour traverser l'Atlantique et atterrir sur la colline mythique. L'Amérique ! Des stars à tous les coins de rue ! Une nuit, il suit son père à la cantine, s'introduit en catimini sur le plateau n° 17, remplace au pied levé un second rôle souffrant et... tombe nez à nez avec Alfred Hitchcock. Le metteur en scène le plus célèbre du monde commence le tournage dont il rêve depuis quarante ans : l'adaptation d'une pièce de J. M. Barrie, l'auteur de Peter Pan. C'est un secret absolu. Le film porte un faux titre et Hitchcock lui-même a pris un nom de code. Mais pourquoi diable Harry a-t-il voulu voir les premières minutes du film fantôme ? Pourquoi a-t-il désobéi au maître du suspense ?

    Comment vous rendre l'état d'excitation qui s'est emparé de moi lorsque j'ai reçu La bobine d'Alfred? En fait, je l'attends depuis que je sais que Malika était en train de l'écrire et comble de malchance, mon facteur a perdu mon premier exemplaire: j'ai dû attendre! Ouverture du colis, horreur: le roman ne fait que 174 pages....c'est comme si on vous montrait un potentiel d'1kg de pâte d'amande pour ne vous en donner que 100gr. Une vraie torture. J'ai donc englouti La bobine d'Alfred dans la soirée, comme il se doit...

    Malika Ferdjoukh est une amoureuse d'Alfred Hitchcock et plus encore du cinéma américain de l'âge d'or. Elle est incollable! Je vous l'assure puisque j'ai eu la chance de la rencontrer et de parler cinéma avec elle. Plus encore, elle est capable de chanter tous les airs des comédies musicales de ces années là, celles que j'adore avec Fred Astaire, Ginger Rogers, Gene Kelly, Jean Hagen etc. et bon sang qu'est-ce que cela se sent!

    La bobine d'Alfred, au-delà d'être une histoire sur un adolescent découvrant un univers qu'il adore mais ne connait que de loin, est une ode au cinéma et aux cinéphiles. De la première à la dernière page, le roman est truffé de références plus ou moins fines, plus ou moins évidentes au cinéma et bien sûr à Hitchock.

    Le personnage principal, Harry Bonnet, est un cinéphile. Il tient cette passion de son père, Gustave Bonnet, cuisinier montmartrois et grand amateur de cinéma qui voulait au départ baptiser son fils Cary. Comme pour Cary Grant. Nous sommes dans les premières lignes du roman et déjà ça fleure bon les années 60.
    Le côté cinéphile de Gus et Harry n'est jamais un prétexte au développement narratif, il y a bien derrière une vraie passion pour le cinéma partagée par Malika Ferdjoukh. Pour ceux qui connaissent le cinéma de cette époque, c'est un véritable délice de chercher les références disséminées un peu partout dans le roman. Allez, je suis gentille je vous en donne un, qui m'a faite sautiller comme une folle: "Me voila débarrassé d'un poisson nommé Vandamm."

    Si Malika Ferdjoukh aime le cinéma en général, La Bobine d'Alfred nous permet aussi de mesurer son amour pour les comédies musicales "à l'ancienne". J'ai littéralement hurlé (de joie, d'excitation, je précise) en découvrant l'un des personnages: Lina Lamont. Pour ceux à qui vraiment Lina Lamont et Don Lockwood ne disent rien, je vous conseille urgemment voir Chantons sous la pluie (Singin' in the rain) avec Gene Kelly, Donald O'Connor, Debbie Reynolds et Jean Hagen. Outre le fait qu'il s'agisse de ma comédie musicale préférée, c'est aussi l'une des plus célèbres. Pour vous rappeler un peu de quoi il s'agit: Don Lockwood et Lina Lamont sont deux stars du cinéma muet or voici que sort "The jazz singer" (Le chanteur de jazz), premier film parlant. La transition pourrait se faire en douceur si seulement Lina Lamont n'avait pas la voix la plus affreuse de la planète. Pour la doubler, ils engagent alors une jeune comédienne à la voix délicieuse Kathy, dont Don Lockwood tombe bientôt amoureux.
    Malika Ferdjoukh décide ici de faire de Don et Lina des personnages réels du cinéma muet et non de simples personnages (bien que l'on ne voit jamais Don). Derrière ce choix sympathique d'inclure Singin' in the rain dans l'intrigue, il s'agit sans doute, pour Malika Ferdjoukh, de rendre hommage à Jean Hagen, actrice un peu oubliée par rapport aux grandes vedettes de l'époque mais qui n'en reste pas moins une grande artiste. Lina Lamont a vraiment le mauvais rôle dans Singin' in the rain et peu de gens savent qu'en réalité Jean Hagen avait une très jolie voix et qu'elle chante elle-même la chanson "would you" du film. D'ailleurs ici, Lina et son fils imaginaire Grant, sont tous deux de très bons personnages, gentils et accueillants envers Harry et Gus. Un hommage discret mais vibrant qui a su me toucher.
    Mis à part Singin' in the rain et Jean Hagen, il nous arrivera de croiser un certain gentlemen, sautillant, en jaquette rayée, passionné de courses hippiques, un sourire éclatant sur le visage. Je vous laisse l'apercevoir, j'en étais ravie!

    Bien évidemment, on ne s'appelle pas La bobine d'Alfred avec le maître sur la couverture sans parler un peu d'Alfred Hitchcock. Les références à son travail (McGuffin, caméo) et à sa filmographie sont nombreuses. Quand ce n'est pas l'auberge écossaise dans laquelle s'arrête Harry et sa femme au début du roman, qui s'appelle Tavern of Jamaica (une référence à Jamaica's Inn, film d'Hitchcock adapté du roman de Daphné du Maurier), c'est la caissière du cinéma qui s'appelle Mme Rebecca. Chaque chapitre est une référence à un film d'Hitchcock. De la même façon, l'intrigue autour du film Mary Rose est une véritable anecdote liée à l'histoire d'Hitchcock. J'ai beaucoup aimé le fait qu'elle se serve de la personnalité du réalisateur et de ses projets pour construire son intrigue. De la sorte, l'histoire ne sort pas de nulle part, elle a une cohérence avec l'histoire personnelle du réalisateur.

    Il est évident qu'il y a plusieurs niveaux de lectures dans La bobine d'Alfred. Si vous êtes vous-même un passionné de cinéma le plaisir n'en est que redoublé. Personnellement je suis un peu frustrée car je suis sûre d'avoir loupé des références. On pourrait croire en revanche que si ce monde là vous est inconnu, il vous faut passer votre chemin. Cette affirmation est on ne peut plus fausse.
    Au contraire! Un peu comme dans les films Shrek ou avec 3000 façons de dire Je t'aime de Marie-Aude Murail, cette construction autour du cinéma est un écrin à l'histoire que l'on peut parfaitement apprécier sans maîtriser les références.
    Car avant tout, l'histoire parle de Harry, ce jeune français cinéphile plongé d'un coup dans le monde des paillettes d'Hollywood. Il découvrira que les apparences sont souvent trompeuses et que le cinéma et ses plateaux ne rendent pas toujours heureux. C'est l'histoire d'un adolescent qui grandit, fait des erreurs qui le poursuivront longtemps et qui découvre que parfois il ne faut pas s'approcher trop près des mythes que l'on aime car en gros plan, le verni craque et le réalité n'est pas toujours belle.

    Mission réussie pour Malika. On ne peut pas lire La bobine d'Alfred sans avoir envie en le refermant de prolonger l'expérience dans ce monde du cinéma américain des années 50-60. A présent, j'ai vraiment vraiment envie de découvrir Alfred Hitchcock et de revoir/découvrir des films du ciné américain du golden age.
    Oui je vais sûrement commencer par du Fred Astaire. Comment avez-vous deviné?

    Le Grimoire d'argent - Mercy Thompson #5 - Patricia Briggs

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    ATTENTION SPOILERS POSSIBLES


    Présentation de l'éditeur: Mercy ne cracherait pas sur quelques jours de vacances. Après avoir passé les derniers mois à tenter d’échapper aux griffes de la Reine des Vampires, elle découvre que le grimoire des faes est tombé dans de très mauvaises mains : les secrets qu’il renferme sont sur le point d’être révélés. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. Non contente de devoir régler cette crise majeure, Mercy a des problèmes personnels : sa maison a brûlé, son ami Samuel file un très mauvais coton et on lui reproche les dissensions apparues au sein de la meute. Elle va devoir faire preuve de la plus grande diplomatie… pas facile quand on est sous pression !

    Chronique du tome 1 : L'appel de la lune, tome 2: Les liens du sang, tome 3: Le baiser du fer, tome 4: La croix d'ossements.

    Ce genre de série est extrêmement complexe à maintenir dans la durée. Il faut être capable d'amener les personnages à une évolution logique et cohérente, qui ne soit ni trop rapide, ni trop lente, tout en conservant un intérêt pour l'intrigue ou les intrigues. C'est extrêmement difficile. Un travail de jongleur et de précision en même temps. Si vous lisez ce blog régulièrement, vous avez sans doute remarqué que c'est une critique que j'adresse au tome 4 de Charley Davidson qui marque pour moi un tournant dans lequel le modèle des trois premiers tomes s’essouffle et où le tome suivant devra évoluer pour conserver son intérêt. Que l'on se rassure, Patricia Briggs maîtrise sa série des Mercy Thompson d'une façon remarquable ce qui en fait, pour moi, l'une des meilleures séries d'Urban Fantasy de ces dernières années.

    Il fallait avoir sacrément la foi pour me vendre le tome 3 de la série. Deux tomes plus tard, j'en suis encore traumatisée mais Patricia Briggs a parfaitement su tenir cette ligne et on en sent encore les effets dans le tome 5. L'exploitation de ce qui est arrivé à Mercy est brillamment géré par l'auteure ce qui amène un tome 5 où d'une part l'héroïne reprend du poil de la bête et ce qu'elle a mis de côté le temps de se reconstruire et où elle peut enfin s'engager dans une nouvelle action dont elle n'est pas la victime. 

    Comme d'habitude, les intrigues sont multiples et complexes. D'un côté nous avons Samuel qui perd pied. Le vieux loup-garou sent peser sur lui le poids des ans et avec Mercy qui a choisi Adam, il se laisse dépérir. Heureusement que Sam, son loup prend le relais et empêche Samuel de commettre l'irréparable. Appelant Mercy à la rescousse, il s'agit pour la jeune femme de sauver à la fois Sam le loup mais aussi Samuel. Le sauver non seulement de lui-même mais aussi et surtout des autres loups qui abattent systématiquement les hommes dont le loup prend le contrôle. Comme si cela ne suffisait pas, elle se retrouve en possession d'un livre fae que tout le monde recherche et doit encore une fois faire attention à sa peau. Pour compliquer encore un peu, elle est accusée dans dissensions dans la meute d'Adam et décide cette fois d'y faire face en montrant les dents. 

    J'apprécie toujours autant comment l'auteure jongle avec ses intrigues, nous fait passer de l'une à l'autre et arrive toujours à nous surprendre sur le fonctionnement d'une communauté. Cette fois-ci pas de vampire, Stephan n'apparait pas ce qui de mon côté fait grimper la tension sur ce qu'il est et ce qu'il veut. Ici, c'est encore une fois le monde des faes et surtout des loups-garous que nous explorons. Patricia Briggs arrive toujours de tome en tome à nous surprendre par un aspect non connu ou développé de la sociologie du monde surnaturel. 
    On avance toujours, pas à pas, en apprenant de nouveaux éléments sur le monde qui compose l'univers de Mercy Thompson. C'est ce qui fait aussi qu'elle arrive toujours à produire des tomes dynamiques qui ne s'essoufflent pas.

    Le personnage introduit à la fin du tome par l'auteure va sans doute amener un nouveau dynamisme ou un déplacement de l'intrigue même si pour ma part j'aurai souhaité un traitement un peu plus long, plus important de ce personnage et de ses relations avec un autre protagoniste principal. Je chipote sans doute parce que Patricia Briggs développera sûrement tout ça dans le tome 6 ou 7 mais c'est vrai que sur le coup je suis un peu restée sur ma faim. 

    Le tome 6 vient de sortir en France chez Milady tandis que le tome 8 est sorti aux Etats-Unis. Avis aux amateurs!

    Au bonheur des ogres (2013)

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    FILM DOUDOU INSIDE

    MALAUSSENE? AH LA PLUPART DU TEMPS IL EST DANS LA LUNE, IL REDESCEND QUE POUR SE METTRE DANS LA MERDE!

    Résumé: Dans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d’anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c’est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel et frère aîné responsable de cette marmaille, la vie n’est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital pour le héros de trouver pourquoi, comment, et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point-là ? Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d’une journaliste intrépide surnommée Tante Julia pour trouver des réponses.

    CASTING
    Nicolas Bary ................................................. Réalisateur
    Raphaël Personnaz ........................................ Benjamin Malaussène
    Bérénice Bejo ............................................... Tante Julia
    Guillaume de Tonquédec ............................... Sainclair
    Emir Kusturica .............................................. Stojil
    Thierry Neuvic .............................................. Inspecteur Carrega
    Mélanie Bernier ............................................. Louna
    Dean Constantin ............................................ Cazeneuve
    Marius Yelolo ................................................ Divisionnaire Coudrier
    Lehman ......................................................... Bruno Paviot
    La Pédopsychiatre ......................................... Alice Pol
    Amar ............................................................ Youssef Hajdi
    Thérèse ......................................................... Armande Boulanger
    Jérémy .......................................................... Adrien Ferran
    Le Petit ......................................................... Mathis Bour
    Constantin .................................................... Joël Demarty
    Miss Hamilton ............................................... Marie-Christine Adam
    Mr. Muscle ................................................... Ludovic Berthillot
    La reine Zabo ............................................... Isabelle Huppert

     

    Tout réalisateur décidant de s'attaquer à un monstre de la littérature doit s'attendre à se prendre pas mal de nions. Entre les puristes qui s'attendent à un copier-coller du roman sans parfois prendre de recul sur l’œuvre ou d’œil critique qui construit nécessairement le passage du papier à l'écran - n'oublions pas qu'une adaptation est avant tout la vision d'un réalisateur sur un produit littéraire et qu'il y a autant de versions d'un roman que de lecteurs - et ceux qui vont voir le film sans connaître l’œuvre d'origine, il y a, ceux qui comme moi, y vont en se disant "advienne que pourra".


    D'une façon purement personnelle, et cela construit irrémédiablement ma vision d'une adaptation, ne l'oubliez pas merci, je pars du principe que le film ne pourra jamais être identique au roman encore plus lorsque le livre est écrit à la première personne. Pourquoi? Tout simplement parce qu'à l'intérieur de ma tête tordue, de mon esprit féministe et farfelu, de mon envie de divertissement et de rire, je m'invente à la lecture ma propre vision du roman, de son intrigue et de ses personnages. Ne nous voilons pas la face, nous le faisons tous. C'est pourquoi et je dirais même "heureusement" que les livres ne nous touchent pas de la même manière, au même moment et pour les mêmes raisons. Ensuite, le papier et l'écran étant deux supports différents, ils ne montrent pas les choses de la même façon. Rendre les pensées d'un personnage à l'écran est extrêmement complexe et parfois doit être condensé, synthétisé, remanié parfois même sur l'intégralité du film pour obtenir la même métaphore filée. A mon sens, une vraie adaptation est celle, qui tout en gardant l'essentiel du roman, est capable de passer outre les limites émises par le papier et de transcender ces difficultés en transmettant l'information essentielle sur pellicule.


    Forcément, lorsque le livre adapté n'est nulle autre que Le bonheur des ogres de Daniel Pennac, les réactions ne peuvent être que vives. Pour ceux qui ont lu la série Malaussène - que je recommande plus que chaudement - vous savez à quel point le style, l'histoire et le contexte même du roman sont largement inadaptables tel quel. Le style? Une oralité qui n'est pas sans rappeler Zazie dans le métro mais qui reste peut-être plus naturelle et parfois, au gré des humeurs de Benjamin, plus lyrique, envolée ou bordélique c'est selon. L'histoire? un polar brouillon, où tout est un peu à l'image de la famille Malaussène et des gens qui les entourent, un vrai foutoir! Le contexte? Le Belleville cosmopolite des années 80, une sorte d'âge d'or du multiculturalisme prôné par Pennac, un attrait décomplexé pour l'autre et le mélange des genres.

    Du coup, adapter un truc pareil ça demande pas mal de compromis et c'est ce que réussi très bien Nicolas Bary. Certes le film n'est pas une adaptation parfaite - on y reviendra - mais elle a le mérite d'être cohérente avec elle même et de retirer suffisamment de ce qui fait le sel du Bonheur des ogres pour que le spectateur ne se sente pas perdu.

    Tout d'abord, la famille Malaussène est là au grand complet ou presque. On retrouve donc Benjamin, le Benjamin dans les nuages, pilier de famille un peu indolent, toujours dans la merde mais terriblement attachant. Une gageure de prendre un beau gosse comme Raphaël Personnaz mais qui montre une fois encore par ses talents d'acteur qu'il va au-delà de son physique pour nous offrir un Benjamin Malaussène terriblement touchant et décalé à souhait:
    "Vous ne voulez pas qu'on fasse connaissance? Je suis très doué pour réchauffer les pieds".
    On retrouve aussi Thérèse, la sombre de la famille, le visage grave derrière ses lunettes qui tire les cartes et prévoit le malheur. Elle sait cependant avoir une bonne bouille et ses échanges un peu vif avec Jérémy sont très drôles. Jérémy est dans le ton, petit garçon frondeur et vulgaire, toujours dans les derniers mauvais coups il en fait voir de toutes les couleurs à son frère aîné. Heureusement qu'il y a Le Petit, que l'on "débranche" lorsque cela arrange pour pouvoir s'engueuler en paix sans que cela pourrisse la tête du môme. Le Petit - mais pas aux lunettes roses - qui déforme les mots et qui dessine des monstres qui effrayent sa psychologue mais adore les girafes. Quant au chien Julius il a tendance à tomber en crise d'épilepsie dès que quelque chose déconne chez les Malaussène, c'est-à-dire souvent. Seul bémol à cette famille, c'est la contraction que Nicolas Bary a faite entre Louna la soeur aînée mariée et infirmière et Clara la deuxième sœur Malaussène que Benjamin protège comme la prunelle de ses yeux. Sans doute pour simplifier les relations, empêcher de s'éparpiller dans les péripéties d'une famille déjà nombreuse. Je regrette un peu parce que Clara est vraiment un personnage intéressant, elle qui voit tout à travers son appareil photo et elle m'a manqué dans l'intrigue.


    L'intrigue en elle-même est un polar un peu foutoir à l'image du livre. Il faut cependant se rendre compte qu'Au bonheur des ogres n'est pas un livre pour enfant contrairement à ce qu'on pourrait croire. Il s'agit bien d'un livre pour adulte, de par le langage déjà mais aussi des thèmes abordés et des morts. Même si Pennac est toujours drôle et décalé, il s'agit ici d'une disparition d'enfants. Alors oui, Nicolas Bary a intentionnellement atténué ce côté là de l'intrigue pour en faire un film familial. Pas besoin de montrer des scènes un peu gore de disparition d'enfants, cela n'a jamais été un prétexte pour Pennac qui voulait tirer son concept de bouc-émissaire jusqu'au bout. Pour voir un polar noir bien glauque, rabattez-vous sur Millenium pas un Malaussène. A mon sens, la critique de la société et des grands magasins ou entreprises qui ont besoin d'un bouc face aux consommateurs crédules est plus forte que l'intrigue policière. C'est d'ailleurs sans doute pour ça que la place du métier de Malaussène et de la journaliste Tante Julia, domine sur le reste. Du coup Nicolas Bary détourne l'action du côté sombre de l'intrigue mais les clins d’œil au spectateur adulte ne manquent pas. Dans une scène où Louna explique que des ogres ont enlevé des enfants dans le magasin mais qu'ils vont bientôt disparaitre, Jeremy commence par dire qu'il a vu une emission où...Louna l'arrête, précisant que son petit frère, Le Petit, n'avait pas besoin de savoir et Thérèse d'ajouter qu'elle non plus ne veut pas savoir. Le spectateur enfant dans la salle se retrouvera dans la position du Petit qui ne sait pas ou de Thérèse qui sait mais ne veut pas vraiment savoir et l'adulte à la place de Louna. Chacun y trouve alors son compte dans cette histoire policière où les flics (ah...Thierry Neuvic....) sont décidément un peu lents et la famille Malaussène pleine de ressources.


    Côté mise en scène, Nicolas Bary garde le côté brouillon du roman et le décalage de ton si délicieux chez les Malaussène. Les histoires racontées par Benjamin dans lequel il est le héros sont tout bonnement géniales, avec la girafe du magasin et les employés qui hurlent "Malaussène président". Je n'avais pas aimé la prestation de Berenice Bejo dans The artist, je trouvais son jeu forcé et pour tout dire horripilant mais ici, en Tante Julia, elle fait une parfaite Corrençon. Alerte, vive, drôle, indépendante, intelligente, aussi décalée que Malaussène, elle ne pouvait que me plaire. L'alchimie passe bien entre les deux protagonistes et leurs échanges sont souvent très drôles.


    J'ai beaucoup aimé le fait que même si l'action se déroule toujours à Belleville, ils n'aient pas cherché à resituer l'histoire dans le contexte des années 80. Même si le personnage de Stojil (Emir Kusturica!) est là pour nous rappeler  - en théorie - que le mur n'est pas encore tombé (le roman est écrit en 1985), je trouve plutôt intelligent d'avoir gardé l'action dans le paris de 2013. Le Bonheur des ogres prend la place d'un magasin parisien bien connu, comme son homonyme Le bonheur des dames et je pense que cela permet d'éviter le piège de reconstruire un Belleville des années 80, des costumes etc. qui pourraient vite tourner au kitsch et empêcher directement de rentrer dans l'histoire. Le spectateur peut d'avantage reconnaître l'univers de Benjamin Malaussène comme le sien et se dire que finalement, les histoires foldingues de cette tribu pas comme les autres sont intemporelles.


    Je pourrai parler des Malaussène encore longtemps, tellement j'aime les livres mais je vais m'arrêter là.

    Alors voila, je ne prétends pas détenir la vérité sur le cinéma, je ne revendique aucune culture ou connaissance légitime pour écrire mes chroniques. Cependant, si vous me lisez, vous savez que je donne toujours mon avis sans esprit revanchard, sans hargne, juste comment je ressens ou vois les choses.
    Sans être le film de l'année, si Nicolas Bary me pond la suite des aventures de ma tribu préférée, j'irai le voir sans hésiter parce que pour moi Au bonheur des ogres au cinéma c'est comme être en famille à la maison.
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